بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Les Livres révélés sont Lumière

« Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et Lumière. C’est sur sa base que jugent les Prophètes qui se sont soumis à Allah, les Rabbâniyoun et les Ahbâr. On leur a confié la garde du Livre d’Allah, et ils en sont les témoins. Ne craignez donc pas les gens, mais craignez-Moi. Et ne vendez pas Mes enseignements à vil prix. Quant à ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants.
Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, œil pour œil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allâh a fait descendre, ceux-là sont les injustes.

Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui. Et Nous lui avons donné l’Evangile, où il y a guide et Lumière, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui, et un guide et une exhortation pour les pieux.
» [1].

Cause de révélation de ces versets :
Selon Abou Houreyra : « Un jour un homme juif commit l’adultère avec une femme, les gens se concertèrent et conclurent : « Amenez-nous auprès de ce Prophète, car il a certes été suscité pour alléger les gens. Ainsi, s’il nous donne une Fatwa moindre que celle qui veut qu’ils soient tous deux lapidés, nous l’accepterons et nous la prendront comme gage auprès d’Allâh en disant : ceci est la réponse d’un Prophète d’entre Tes Prophètes. »
Ils vinrent donc au Prophète ﷺ alors qu’il se trouvait assis dans la mosquée, en présence de ses compagnons, et ils demandèrent : « Ô Aboul Qâssim, que dis-tu sur le cas d’un homme et d’une femme ayant commis l’adultère ? »
Il se rapprocha d’eux et leur répondit, une fois à la porte (de la mosquée) : « Je vous le demande par Allâh qui a fait descendre la Thora sur Moussa, qu’y trouvez-vous au sujet de la personne qui commet l’adultère (en étant mariée) ? »
Ils répondirent : « On les couvre de goudron, on les met dos-à-dos sur un âne qu’on fait tourner (dans les rues), puis on les fouette ». Mais un jeune homme d’entre eux resta sans rien dire. Lorsque le Prophète ﷺ le vit, il insista en sa direction, et le jeune homme finit par admettre : « Par Allâh puisque tu nous le demandes, ce que nous trouvons dans la Thora c’est la lapidation. »
Le Prophète ﷺ s’exclama : « Que m’avez-vous dit en premier lieu, auriez-vous ainsi bradé l’Ordre d’Allâh –‘azza wa jall– ? ».
Il répondit : « Un homme proche de l’un de nos rois a commis un jour l’adultère, et la lapidation lui a été épargnée. Puis, un autre homme vint à commettre le même péché, le roi voulut lui infliger la lapidation, mais ses proches s’interposèrent à leur tour et dirent : Tu ne feras pas lapider notre compagnon tant que tu n’auras pas ramené et lapidé le vôtre ! Dès lors, les gens adoptèrent cette coutume. »
Le Prophète ﷺ dit alors : « Dans ce cas, mon jugement est celui qui se trouve dans la Thora. » Il fut ordonné qu’on lapide les deux personnes, et ainsi fut fait. »
Az-Zuhriy dit : « Il nous fut transmis que le verset suivant fut révélé pour eux : « Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et Lumière. C’est sur sa base que jugent les Prophètes qui se sont soumis à Allah » et le Prophète ﷺ fait certes partie d’eux. » [2].

Le Zaboûr est le support de manifestation des Actes divins, la Thora celui des Attributs, l’Evangile celui des Noms, quant au Coran il comprend le tout. Le Coran est ainsi la réunion du Zaboûr, de la Thora et de l’Evangile, c’est-à-dire la réunion des Actes, des Attributs et des Noms. Il est ce qui fit apparaitre les sciences du Tawhîd de l’Essence divine, il est donc le support de manifestation du tout, et les autres Livres révélés sont ses ramifications. Ou tu peux dire aussi que le Coran est l’emplacement (de l’Etoile) tandis que les Livres révélés sont les supports de manifestation de cette Etoile, en vertu du verset : « Non, Je jure par l’emplacement des étoiles, et c’est vraiment un serment énorme, si seulement vous saviez : c’est certainement un Coran Noble » [3].

Le Noble Coran dans le vocabulaire de la Tariqa Karkariya :
Il s’agit d’un Attribut divin établi par l’Essence prééternelle, transcendant le concept de lettres et la dimension sonore. C’est le rappel ultime, le monde supérieur manifesté dans l’emplacement des étoiles ; le support de manifestation de l’Exclusivité du « Lui », descendue et personnifiée dans les caractères de al-Insân al-Kâmil, notre Maître le Messager d’Allâh ﷺ. Le Coran détient cette caractéristique réunissant le tout, raison de sa prévalence : en lui se trouve l’ensemble des Lois, des Attributs et des Noms divins. Et dans le Noble Hadîth, il est rapporté que ‘Omar ibn al-Khattâb vint un jour au Prophète ﷺ avec un livre qu’il avait trouvé auprès des gens du Livre (ahl al-Kitâb). Il le lut au Prophète ﷺ, qui se mit en colère et dit : « Vas-tu t’y lancer, ô fils de al-Khattâb ? Par Celui qui tient mon âme en Sa Main, je vous l’ai apportée parfaitement blanche. Ne les interrogez pas sur quelque sujet que ce soit, car ils pourraient vous informer d’une vérité que vous démentiriez, ou d’un mensonge auquel vous prêteriez foi. Par Celui qui tient mon âme en Sa Main, si Moussa était vivant, il n’aurait pas eu d’autre possibilité que de me suivre. » [4]. 

Allâh ﷻ n’a absolument rien omis de mentionner dans le Coran : absolument tout ce que l’on retrouve dans l’existence est consigné dans Son Majestueux Livre, aussi important ou insignifiant que cela puisse paraître, que cela relève de l’évidence même ou bien du détail, de ce qui est apparent ou de ce qui est caché… tout ce qui se trouve entre le Trône et ce qu’il y a de plus bas y est mentionné. Ainsi, tout ce que les yeux peuvent percevoir des choses physiques du Moulk est déjà inscrit et consigné. Et tout ce qui se manifeste des sens subtils du Malakoûte se trouve inscrit également, et tout ce qui peut nous échapper des Secrets du Jabaroûte est latent [5] et caché dans Son encre.
On rapporte du Shaykh Fakhreddîne (radiAllâhu ‘anhu) qu’un jour un homme vint le questionner à propos du Coran, et plus particulièrement du fait que Allâh ﷻ l’ait décrit comme étant écrit dans un « arabe clair ». Le Shaykh répondit : « Oui, mais l’arabe de notre Seigneur n’est pas comme votre arabe à vous. » Puis le questionneur poursuivit : « Mais il se trouve dans le Coran des lettres ajoutées qui, si on les retirait, la syntaxe du texte n’en deviendrait que meilleure, car ces lettres ne rajoutent absolument rien au sens des mots. » Ce à quoi le Shaykh répondit, (radiAllâhu ‘anhu) : « C’est un point de vue qu’il faudrait appuyer d’un exemple, afin de prouver ce que tu avances. » L’homme dit alors, en toute bienséance : « Lorsque Allâh ﷻ relata l’histoire de Qâroûn, il dit : « Nous lui avions donné des trésors dont (inna) les clefs pesaient lourd à tout groupe fort les portant » [6] ici, le mot « inna – إن  » (intraduisible en français) est en trop, il ne rajoute rien au sens du verset, et si le verset l’omettait ce serait même plus éloquent et plus correct. Le Shaykh répondit : « Quel est le groupe fort qui peinait à porter ces clefs ? » L’homme, surpris et ne comprenant pas quel rapport il pouvait y avoir entre sa question concernant le mot « inna » et le groupe fort portant les clefs, dit : « Il fut dit dans les livres qu’elles étaient portées par des mules. » Le Shaykh demanda : « Combien y avait-il de mules ? » L’homme répondit, encore plus surpris : « Je ne sais pas ». Et c’est alors que le Shaykh expliqua : « La réponse à cette question se trouve justement dans le mot « inna », que tu voudrais supprimer ! Le nombre de mules est au nombre de « inna – إن  » : la valeur numérologique du Alif est un, tandis que le noûn vaut cinquante. Le nombre de mules qui portaient les clefs de Qâroûn était donc de cinquante-et-une. Par conséquent, si nous effacions « inna » de ce verset, cette information serait ôtée du Coran… Et si certains se demandent quel est l’intérêt d’une telle information, nous lui répondons par la Parole du Créateur : « Nous n’avons rien omis de mentionner dans le Livre ». C’est de cette manière que sayiduna ‘Abdullâh ibn ‘Abbâs retrouvait où était son chameau, dans le Coran… et c’est pour cela que nous disons que la langue du Coran est la langue arabe de notre Seigneur et non pas l’arabe de nos compréhensions.
Voici donc l’une des particularités manifestes du Noble Coran, illustrant le fait qu’il réunit en son sein les sens profonds et les Lois de tout ce qui fut révélé avant lui, aussi bien de Livres que de Feuillets, et qu’il est la manifestation de tous leurs secrets et de toutes leurs subtilités.

Allâh ﷻ dit : « Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et Lumière. C’est sur sa base que jugent les Prophètes qui se sont soumis à Allah, les Rabbâniyoun et les Ahbâr ».
« Le sens de Rabbâniy renvoie ici au Seigneur (Rabb), c’est-à-dire à Sa Connaissance, à Son Amour et à Son Unicité. Lorsque l’individu parvient à Lui par ces différents degrés et qu’il s’établit dans la contemplation de Sa Beauté (Jamâl) et de Sa Majesté (Jalâl), lorsqu’il se trouve lui-même décrit par les Attributs d’Allâh, porteur des Lumières de Son Essence… ou dit autrement : lorsque son ego est retourné au néant du fana, et qu’il ne demeure plus que par son Seigneur, il devient alors Rabbâniy, et son cas est à l’image du fer que l’on place dans le feu. C’est-à-dire qu’il est disposé à supporter et recevoir le feu, sans pour autant devenir lui-même feu. S’il parvient jusqu’au feu, et s’il y devient rouge, on le décrit alors comme étant incandescent, c’est-à-dire paré d’un qualificatif renvoyant directement au feu. Il en est de même pour le ‘Arif, illuminé par la manifestation de son Seigneur et devenant par là-même Seigneuriel (Rabbâniy), spirituel, Lumineux, un être du Malakoûte et du Jabaroûte : ses paroles sont les paroles de son Seigneur, vers son Seigneur, avec son Seigneur. Les bien-aimés d’Allâh et les épris de Son Amour sont plongés dans Sa Présence, contemplant la Face d’Allâh ﷻ.
Quant aux « Ahbâr », ils sont ceux qui entendent par Allâh sans intermédiaire, ceux qui différencient le Vrai du faux par la Lumière d’Allâh.
Il fut dit que les « Rabbâniyoûn » étaient ceux qui reviennent au Seigneur quelle que soit la nature de leur état, tandis que les « Ahbâr » sont les Savants par Allâh et par Ses Signes.
Ou il fut dit que les « Rabbâniyoûn » étaient les Savants par Allâh, tandis que les « Ahbâr » sont les Savants des Lois d’Allâh.
Ibn Tâhir dit : Ce sont les Compagnons qui prirent la Parole du Seigneur de la bouche de son représentant suprême, l’intermédiaire le plus Proche ﷺ, tandis que les « Ahbâr » sont les Savants de la Oumma mettant en pratique la Parole divine : « Quant à ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants ».
Concernant le ‘Arif connaissant et agissant par l’Ordre divin dans le moindre de ses faits et gestes, la révélation inspirée (wahiy al-ilhâm) d’Allâh descend sur son cœur. Et il se peut même qu’Il s’adresse à lui directement, qu’Il lui parle et S’exprime à lui de l’Expression qui est la Sienne, conformément au Hadîth Prophétique : « Il se trouve dans ma communauté des gens à qui Allâh S’adresse et Parle, et Omar est certes l’un d’entre eux ». Si donc une telle personne ne juge pas conformément à ce que Allâh a fait descendre dans son cœur, en le faisant sortir du doute vers la certitude, des ténèbres vers la Lumière, de la non-conformité vers le juste suivi, du mensonge vers la véridicité, du chirk vers le Tawhîd, de l’injustice vers la justice et de la désobéissance vers l’obéissance… il est alors décrit par ce troisième verset. Il a renié (kafara) le Bienfait d’Allâh que constitue le degré spirituel dans lequel Il S’adresse à nous, il a fait preuve d’injustice en n’agissant pas conformément à ce qu’il savait, et de perversion en se détournant d’Allâh et en Lui préférant Sa création. » [7].


[1] Sourate al-Ma’ida, versets 44 à 46.
[2] Asbâb Nouzoûl al-Qor’ân, page 199.
[3] Sourate al-Wâqi’a, versets 75 à 77.
[4] Musnad Ahmad ibn Hambal.
[5] Latent : qui existe de manière diffuse, sans être apparent, mais qui peut à tout moment se manifester.
[6] Sourate al-Qasas, verset 76.
[7] ‘Ara’is al-bayân fi haqâ’iq al-Qor’ân, al-Baqilliy, tome 1 page 314.