بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

La Lumière d’Allâh ne peut être éteinte

« Ils veulent éteindre de leurs bouches la Lumière d’Allâh, alors qu’Allâh ne veut que parachever Sa Lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants. » [1].

La quintessence du verset :
Celui qui entend éteindre la Lumière du soleil en soufflant dessus, ou qui essaye de bloquer ses rayons avec la main de ses doutes et de ses suspicions, non seulement perd son temps mais en plus ne profite pas de sa lumière. Comment pourrait être éteinte la Lumière incréée descendue dans les cœurs purs et se révélant aux intellects radieux, cette Lumière qui fait apparaître les miracles et les prodiges ? Comment pourrait s’éteindre la Lumière du soleil de l’existence se levant sur le monde ? Comment pourrait s’éteindre la Lumière du Vrai, alors que ses rayons se reflètent sur la face de toute chose ? Toute créature ne subsiste que par cette Lumière, et c’est par elle qu’ils Le désirent, consciemment ou inconsciemment. Car Sa Lumière dont ils nient l’existence, ou dont ils limitent la possibilité de sa vision à l’au-delà, est cela-même par quoi leurs corps et leurs entités sont ce qu’ils sont actuellement. Ils Le désirent, car c’est de Lui que s’éprennent leurs cœurs au travers des interférences du monde physique et de leurs considérations du monde fini ; ils L’aiment irrémédiablement, dans l’ombre englobante de l’annihilation (fanâ).

La Sunna d’Allâh veut que les ténèbres cernent et aspirent au contrôle de la Lumière : c’est là une lutte éternelle, aussi bien dans le monde des sens purement ésotériques qu’au travers des manifestations concrètes du bien et du mal, ou entre l’existant et le néant… cependant Allâh parachève Sa Lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants.

La Sunna d’Allâh dans le monde du Moulk veut que les gens aux cœurs illuminés soient affectés par le despotisme des gens aux âmes ténébreuses, à l’instar notamment des gens du Soufisme prétendant que la Sainteté dépend de l’ascendance. Ces prétendus Shouyoûkh se reposant sur des « mon père, mon grand-père.. » et qui résument le Soufisme à de belles paroles courant sur les langues, une noble ascendance, une belle tunique et un turban.
Selon Abou Hourayra, le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Aucun Homme n’emprunte une Voie à la recherche d’un savoir sans que Allâh ne lui facilite une Voie vers le Paradis, et celui que les œuvres retardent dans sa quête, son ascendance ne le fera pas accélérer. » [2].

Par ta vie, l’Homme n’a de valeur que par sa religion
Ne considère donc pas que la piété dépend de l’ascendance

Car l’Islâm a élevé Salmân le Perse
tandis que le chirk a fait perdre le noble de famille Abou Lahab

Sayiduna Salmân (radiAllâhu ‘anhu) vint de Perse, et le Bien-Aimé ﷺ dit de lui : « Salmân fait partie de nous, âl al-bayt ». Quant à Abou Lahab, il grandit et vécut à la Mecque, aux côtés du Messager d’Allâh, sans pourtant voir sa réalité ne serait-ce qu’une seule fois. Au contraire, il ne voyait que l’orphelin pris en charge par Abou Tâlib, et sur lui descendit la Parole d’Allâh ﷻ : « Que périssent les mains de Abou Lahab » [3].

Sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah) dit en ces vers :

Les gens sont, du point de vue physique, fondamentalement égaux :
leur père est Adam, et leur mère Hawwâ

Les mères des gens sont les réceptacles
tandis que l’ascendance découle des pères

Et si leurs origines leur conféraient une quelconque noblesse
de laquelle ils pourraient être fiers : il ne s’agit que d’eau et d’argile.

Si tu considères que la noble ascendance justifie la fierté
et si tu nous attribue la magnificence céleste

(Sache) que la prévalence ne revient qu’aux gens de Science : ils sont
sur la bonne guidée, et eux-mêmes des guides pour ceux qui recherchent cette guidée

La valeur d’un individu ne vaut que par ce en quoi il excelle
et les ignorants demeurent ennemis des Sages

Agis donc avec Sagesse, et ne recherche rien d’autre qu’elle
car en vérité les gens du commun sont morts, tandis que les Sages sont vivants.

Les gens de noble ascendance comptent souvent parmi les avides de pouvoir : le soutien en bois pourris. Ils sont des malandrins [4] coupant la route aux gens en quête de la Face du Vrai. Ils sont les appeleurs à l’injustice et au suivi des sentiers (subul) [5], exerçant perpétuellement leur despotisme contre les gens d’Allâh et recourant aux insultes, aux coups bas, aux calomnies et aux accusation de sorcellerie ou de folie.
Dieu soit loué, Dieu soit loué, Dieu soit loué… car nous sommes victimes des mêmes accusations qui furent portées à l’encontre de la meilleure des créatures d’Allâh, que les plus pures prières et les meilleures salutations soient sur lui.

Al-Baqilliy dit :
« Il fut dit de ce verset qu’il traitait de ceux qui s’en étaient remis à des êtres qui leurs étaient semblables, et qui auraient demandé (la Connaissance) du Vrai par d’autres moyens que ceux qui étaient établis. Les Voies d’Allâh sont pourtant claires, pour ceux dont les yeux auront été fardés par la Lumière du tawfîq, et qui auront ainsi pu percevoir quelles étaient les Voies menant à la réalisation spirituelle (tahqîq). Quant à celui qui aura été aveuglé de cela, il se verra rejeter de la Voie du Haqq et empruntera les voies de perdition des créatures. Ces gens-là sont réprimandés et sermonnés pour leur ignorance des gens de la Haqîqa. Ils s’en remettent aux gens du suivi aveugle (taqlîd) et sont tombés loin des degrés des gens du Tawhîd. Tel est le statut de ceux qui suivent et imitent les adeptes du maquillage d’entre les gens de as-salous, ces gens qui se vêtissent des apparats de Shouyoûkh et de Connaissant spirituellement réalisés (‘arifin moutahaqqiqin). Tel est le statut de ceux qui se placent derrière des gens que ce bas-monde réunit, ceux qui disent : « Nous sommes des fils de Shouyoûkh et nous sommes les maîtres de la Voie !  »
Allâh fait en réalité rire le temps pour leur ignorance, eux qui s’imaginent que la Sainteté s’hérite par lien de parenté. A Allâh ne plaise que celui qui n’a jamais goûté à la saveur de l’Arrivée en Sa Présence (wisâl), étant donné que son cœur demeure accroché à autre que Lui, soit considéré du nombre des Saints !

Al-Juneyd dit :
Si Allâh veut un bien pour le mourid, Il le guide vers le compagnonnage des soufis et le met à l’abri du compagnonnage des gens qui étudient les livres. Au sujet de ces derniers, s’ils se contentaient de mettre en valeur leur statut (de savant) et consacraient leur temps à réunir les choses de ce bas monde, sans s’en remettre pleinement aux Saints ni chercher à nuire à leur réputation… cela serait déjà amplement suffisant pour eux comme malheur (dans l’au-delà).
Mais si en plus de cela ils se permettent de dénigrer les Connaissant (‘arifin) sincères, sachez qu’Allâh –ta’ala- dit à leur sujet : « Ils veulent éteindre avec leurs bouches la lumière d’Allah, alors qu’Allah ne veut que parachever Sa Lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants. »
Comment la poussière de leurs présomptions pourrait-elle éteindre les Lumières des Soleils des Attributs divins ? Des Lumières qui émanent du devant de leurs visages et de leurs joues rayonnantes. Leur fondement est solidement ancré dans le cosmos de l’Unicité et dans les cieux de la persistance par Lui. Leur Lumière vient s’ajouter à la Lumière, parce que Allâh –ta’ala- est illimité, de même que Ses Attributs le sont. » [6].

Le Prophète ﷺ dit :
« Allâh –‘azza wa jall- créa les gens dans les ténèbres, puis Il prit de Sa Lumière une Lumière qu’Il projeta en eux. Cette Lumière atteignit celui qu’Il voulut, et elle évita celui qu’Il voulut. Et Il est parfaitement informé de qui elle atteint et de qui elle évite. Celui donc qui sera atteint par quelque chose de Sa Lumière sera bien guidé, tandis que celui qu’elle évitera il sera perdu. Et c’est en ce sens que je dis : Certes, le Qalam a séché. » [7].

La Lumière du Vrai qui est projetée sur les esprits dans l’univers précédant la création, est incontestablement parachevée dans le monde créé et contingent… quand bien même cela disconviendrait au bon vouloir des âmes ténébreuses. Ces âmes qui, à chaque fois qu’elles soufflent sur la Lumière du Vrai dans l’intention de l’éteindre, ne font en réalité rien d’autre qu’attiser son ardeur et son éclat.

Sans qu’ils le sachent, c’est par eux qu’elle est apparue. En effet les choses ne sont jamais plus mises en valeur que par leurs opposés. Reviens donc au récit de la vie de la meilleure des créatures et constate par toi-même : qui a répandu la nouvelle de l’apparition du seigneur de la création dans les marchés à la période du Hajj, si ce n’est Abou Lahab lui-même ? Il disait ainsi : « N’écoutez surtout pas ce sorcier, fils de mon frère ! ». Regarde donc comment Allâh fit d’un ennemi un diffuseur de la Religion.
En ce sens, un Hadîth nous informe : « Certes, Allâh soutient cette religion par l’intermédiaire d’hommes de débauche. » [8].

Le récit de l’entrée en Islâm de at-Tufayl (radiAllâhu ‘anhu) et racontée dans les biographies Prophétiques en est l’un des meilleurs exemples :
« Selon ibn Ishâq :
Tandis que le Messager d’Allâh ﷺ était au sein de son peuple, les invitant à se libérer de l’état dans lequel ils se trouvaient… les gens de Qoraych quant à eux mettaient en garde toute personne d’entre les arabes qui venaient vers eux. Leur parvint ainsi la nouvelle de la venue à la Mecque de at-Tufayl ibn ‘Amr ad-Doûssiy, alors même que le Messager d’Allâh ﷺ s’y trouvait. Un groupe de Qoraych partit donc aux devants de lui, et il se trouvait que at-Tufayl était un homme noble, un poète et un intellectuel. Ils lui dirent :
« Ô Tufayl, tu viens vers notre pays, alors que l’un des nôtres nous cause beaucoup de soucis, il a séparé notre groupe et dissipé notre ordre. Ses paroles sont comme de la sorcellerie, il sépare l’homme de son père et de son frère ou de sa femme. Nous craignons pour toi et ton peuple que ne vous gagne ce qui nous a touché. Ne lui parle donc surtout pas, et n’écoute pas les paroles qu’il pourrait te dire ! »
(at-Tufayl) dit : « Par Allâh, ils n’ont pas cessé d’insister jusqu’à me faire prendre la ferme résolution de ne rien écouter de lui et de ne surtout pas lui parler… au point qu’en me rendant à la mosquée, je bouchais mes oreilles avec du coton afin de m’assurer qu’aucune de ses paroles ne puisse me parvenir, car vraiment je ne voulais pas l’entendre. Je me suis donc rendu à la mosquée sacrée. Le Messager d’Allâh ﷺ s’y trouvait, priant auprès de la Ka’ba. Je me tins proche de lui… et Allâh ne voulut que me faire entendre une partie de ses paroles, et quelles belles paroles j’entendis ! Je me dis alors à moi-même : Malheur à moi ! Par Allâh, je suis un homme intelligent, un poète, capable de discerner entre le bon et le mauvais. Qu’est-ce qui me retient donc d’écouter ce que dit cet homme : si cela s’avérait bon, je l’accepterais et dans le cas contraire je le délaisserais.
Je demeurais ainsi jusqu’à ce que le Messager d’Allâh ﷺ s’en aille vers sa maison, et je le suivis, jusqu’à ce qu’il entra chez lui. J’entrais à sa suite et lui dis : « Ô Muhammad, ton peuple m’a dit telle et telle chose… et par Allâh, ils n’ont pas cessé de m’intimider et de me faire craindre ta rencontre, jusqu’à ce que j’en bouche mes oreilles avec du coton, afin de ne pas entendre tes paroles. Mais Allâh ne voulut que me les faire entendre, je les ai donc écoutées et ai constaté qu’elles étaient bonnes. Dis m’en donc davantage. »
Le Messager d’Allâh ﷺ me récita alors le Coran, et par Allâh je n’ai jamais entendu aucune parole plus belle que cette dernière, ni rien de plus juste. J’entrais alors en Islâm et témoignais du témoignage de Vérité. Puis je dis : « Ô Prophète d’Allâh, je suis une personne influente dans mon peuple, je retournerai vers eux et les inviterai à l’Islâm. Invoque donc Allâh de me donner un signe qui m’aidera et soutiendra l’invitation que je leur ferai. »
Il dit alors ﷺ : « Ô Allâh, accorde lui un signe. »
Je repartis donc vers mon peuple, et alors que je me trouvais sur la montagne de Thaniyah juste avant d’arriver chez eux, une Lumière apparut entre mes deux yeux, semblable à une lampe, et je m’écriais : « Ô Allâh, ailleurs que sur mon visage… je crains qu’ils n’en déduisent qu’il s’agit de la punition qui s’est abattu sur moi pour avoir abandonné leur religion ! »
(La Lumière) changea de place et alla alors se mettre sur l’extrémité supérieure de mon bâton, de sorte que tout le monde put voir cette Lumière sur mon bâton, comme si une lanterne y était accrochée. Je descendis ainsi la montagne vers eux, et arrivais à destination au petit matin.

[…]
Je revins plus tard auprès du Messager d’Allâh ﷺ, à l’occasion de la bataille de Khaybar, accompagné des gens de mon peuple ayant embrassé l’Islam, de sorte que lorsque nous entrâmes à Médine, comptaient parmi nous soixante-dix ou quatre-vingt maisons de la tribu de Daws. Nous rejoignîmes le Messager d’Allâh ﷺ à Khaybar et il nous remit une part du butin, comme à tous les musulmans. » [9].


[1] Sourate at-Tawba, verset 32.
[2] Sunan Abou Dâwoûd, Hadîth n°3160.
[3] Sourate al-Masad, verset 1.
[4] Malandrin : bandit qui attaque les voyageurs et leur coupe la route entre deux agglomérations.
[5] Référence au Hadîth : « Un jour, le Prophète ﷺ a dessiné un trait droit et a dit : « C’est le chemin d’Allâh. » Puis il a tracé d’autres traits des deux côtés du premier et a dit : « Ce sont des sentiers (subul), à la tête de chacun d’entre eux, un démon y appelle »… Et il a récité : « Voilà Mon chemin dans sa rectitude, suivez-le donc et ne suivez pas les sentiers qui vous écartent de Sa voie. Voilà ce qu’Il vous enjoint. Ainsi atteindrez-vous la piété. »[Rapporté par Ahmad et an-Nassâ’i]
[6] ‘Ara’is al-bayan fi tafsir al-Qor’an – al-Baqilliy – tome 2 page 12.
[7] Sahîh ibn Hibbân, Hadîth n°6304.
[8] Sahîh Muslim, Hadîth n°166.
[9] Sîrah ibn Hichâm, page 383.