بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

La Lumière est la guidée contre les ténèbres de la perdition

« Ô gens du Livre ! Notre Messager vous est certes venu, vous exposant beaucoup de ce que vous cachiez du Livre, et passant sur bien d’autres choses ! Une Lumière et un Livre explicite vous sont certes venus d’Allah.
Par ceci (le Coran), Allah guide ceux qui cherchent Son agrément aux chemins du salut. Et Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière par Sa permission. Et Il les guide vers un chemin droit. » 
[1].

Le Waliy est une Lumière d’entre les Lumières du Vrai, dont il est le vicaire sur terre. Celui qui suivra ses Lumières, issues de la Niche de la Prophétie, sera guidé vers le Chemin droit.

Le Vrai fit précéder la mention de la guidée vers les chemins du salut, qui correspondent aux Lumières des débuts initiatiques. Puis il dit : « Et Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière », c’est-à-dire qu’Il les débarrasse de tout ce qui en eux relève des ténèbres et les mène vers les Lumières Muhammadiennes Ahmadiennes. Celui dont l’état est celui-ci a certes été guidé vers le Chemin droit (sirât al-moustaqîm). On distingue donc en réalité deux types de guidée : la première concerne les gens recevant les théophanies des Lumières des Attributs et des Actes : ce sont là les chemins du salut. La deuxième est la guidée des gens de la Haqîqa, c’est-à-dire des Secrets de l’Essence divine constituant le Chemin droit, ou le Alif Singulier : le Alif du Tawhîd. Quant à la mention du « Livre explicite » juste après celle de la « Lumière », elle recèle un Secret et un sens profond : le Livre est un support, et les Lumières sont les étoiles de ce support. Allâh ﷻ dit : « Non, Je jure par les positions des étoiles ! Et c’est vraiment un serment immense, si seulement vous saviez : c’est un Coran noble. » [2].

La quintessence du verset

Lorsque le Vrai Aime l’un de Ses serviteurs, Il fait descendre l’Etoile de l’Amour dans le ciel de son âme apaisée. Par les Lumières de cette Etoile, le Savoir caché illumine le jardin de son cœur, et lui apparaissent les arbres du Secret divin. Alors, la colombe de son esprit vient se poser sur la branche de l’éternité, et si le Souffle du Tout-Miséricordieux lui parvient, son cœur (qalb) vibre à la perception du dévoilement et son tréfonds (fou’âd) s’agite par les visions de l’ouverture spirituelle (fath). Son esprit revient alors ivre de l’emprise des océans du Jamâl et du Jalâl, porteur de l’eau de l’établissement (istiwa) par laquelle il abreuvera son cœur assoiffé. De cela germera l’Arbre du Tawhîd, porteur des fruits de la Singularité, de sorte que par sa magnification du divin, l’individu ne soit plus enclin à l’égarement, et que plus aucune pensée ni idée ne traverse son esprit sans que ce ne soit une inspiration céleste. Alors, s’il se rapproche et descend encore davantage de la délimitation de l’horizon ultime vers le centre des océans du Jabaroûte Essentiels, et si la Toute-Puissance divine le projette dans la mer de la Réalité des Réalités… alors, il se verra parer du vêtement de « Je fus Lui », il demeurera entre l’arc-de-cercle de l’éternité et de la prééternité, en dehors de toute considération du temps et de l’espace, là où il n’y a plus ni Jonction (wasl) ni Scission (fasl), là où il n’y a plus ni Proximité ni éloignement, et c’est ainsi qu’il réalisera et atteindra la perfection du monothéisme pur (ikhlâs).

Dans al-Bahr al-Madîd, sayidi Ahmad ibn ‘Ajîba dit au sujet des premiers versets de la sourate al Najm :
« Allâh ﷻ jure par l’Etoile de la Science lorsqu’elle s’élève vers l’horizon du ciel des cœurs purs : ce cœur dans lequel est montée l’Etoile de la Science par Allâh et dans lequel est apparu le Soleil de la Haqîqa, son détenteur ne peut pas être sujet à l’égarement ni à la perdition. De même, il ne prononce rien sous l’effet de la passion, du fait qu’il est noyé dans la contemplation du Vrai et que rien en dehors du Vrai ne Se manifeste dans son cœur. « Ce n’est rien d’autre qu’une révélation inspirée » : ne se manifeste en lui qu’une révélation qui lui est divinement inspirée. « que lui a enseigné celui à la force prodigieuse » il s’agit là du flux Seigneurial, « doué de sagacité » du fait qu’il relève du domaine de al-Qahhâr (Celui qui impose Sa Contrainte sur toute chose), dont nul ne saurait s’opposer à Lui sans être immédiatement repoussé. « c’est alors qu’il se montra sous sa forme réelle, alors qu’il se trouvait à l’horizon ultime. Puis il se rapprocha » du cœur « et descendit encore plus », de sorte qu’il fut par rapport au cœur « à portée de deux arcs, ou plus près encore ». Allâh révéla alors, par l’intermédiaire de ce flux, « à Son serviteur ce qu’Il lui révéla » en terme de Réalités ésotériques et de Secrets, ainsi qu’en terme de dévoilement de l’inconnu. « le cœur n’a pas menti en ce qu’il a vu » puisqu’il ne s’agit de rien d’autre que de la Vérité, mais la coercivité de l’état de servitude a dissipé la vision au moment où elle eut lieu. « Et il L’a pourtant vu » : le cœur a vu les Secrets de l’Essence du Vrai, « lors d’une autre descente » dans le monde du Jabaroûte, c’est-à-dire en dehors du domaine des théophanies manifestées dans le monde créé : ce sont là les Secrets subtiles cernant les Lumières du Moulk et du Malakoûte. « près de Sidrat al-Muntaha » qui est l’Arbre de la Poignée de Lumière Muhammadienne, à laquelle s’arrête la Science des savants ainsi que les esprits des martyrs, du fait qu’en aucun cas les pensées des gnostiques (‘Arifin) ne sont en mesure de franchir les limites de son cercle. « près d’elle se trouve le Jardin de Ma’wa », vers laquelle convergent les pensées des ‘Arifin et les Secrets des Savants fermement ancrés dans leur Savoir. « alors que la Sidrat » c’est-à-dire l’Arbre de l’Existence « était couverte de ce qui la couvrait » : ce que l’on considère comme fana et se dissipant à l’apparition du Soleil des Réalités (Haqâ’iq). « la vue n’a nullement dévié » : la perception intérieure n’a pas été détournée de la contemplation de ces Secrets : ni la Terre, ni le ciel, ni le Kursiy ni le ‘Arch ne sauraient l’en voiler, parce que le ‘Arif les perçoit d’une manière subtile et transcendante. « ni outrepassé la mesure » : il n’a pas outrepassé l’état de la servitude et n’a pas montré d’intérêt pour ce qui l’entourait en vertu de la magnificence de l’état de Seigneurie. Il est impossible de s’approprier ce qui nous entoure, ni dans ce monde ni dans l’autre. Au contraire, l’élévation spirituelle par le dévoilement demeure éternelle, de même que la délectation dans la contemplation augmente de manière infinie… « Il a bien vu certaines des grandes merveilles de son Seigneur », du fait qu’il put accueillir Celui que ni la Terre ni le ciel ne purent contenir. » [3].


[1] Sourate al-Ma’ida, versets 15 et 16.
[2] Sourate al-Wâqi’a, versets 75 à 77.
[3] Al-Bahr al-Madîd – ibn ‘Ajîba, page236/volume7