بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le suivi de la Lumière, c’est le soutien du Messager d’Allâh ﷺ

« Ceux qui suivent le Messager, le Prophète Oummi qu’ils trouvent mentionné chez eux dans la Thora et l’Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le magnifieront, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la Lumière descendue avec lui : ceux-là seront les gagnants. » [1].

Al-Boukhâriy rapporte dans son Sahîh :
« J’ai un jour rencontré ‘AbdAllâh ibn ‘Amr ibn al-’Âs (radiAllâhu ‘anhu) et lui dis : « Informe moi au sujet des caractéristiques du Messager d’Allâh ﷺ dont il est fait mention dans la Thora. » Il me dit : « Bien sûr. Par Allâh, il est décrit dans la Thora avec certaines des caractéristiques qui le décrivent dans le Coran. Ô Prophète, Nous t’avons envoyé comme témoin, annonciateur de la bonne nouvelle et avertisseur, comme refuge pour les illettrés (oummi) : tu es Mon serviteur et Mon Messager, et Je t’ai appelé al-Moutawakkil. Il n’est ni rude ni grossier, ni de ceux qui hurlent et se disputent dans les marchés. Il ne répond pas au mal par le mal, mais plutôt il pardonne et est indulgent. Allâh ne le rappellera pas à Lui tant que la religion n’aura, par lui, été rendue droite, par le fait que (les gens) disent « lâ ilâha illa Allâh », et que par cette parole il ait ouvert nos yeux aveugles, nos oreilles sourdes et nos cœurs voilés. » [2].

Et on peut lire dans al-bahr al-madîd :
« Dans le récit de la conversion de Ka’b al-Ahbâr, qui était un Yéménite, il relata que son père était du nombre des gens de la Thora qui avaient foi en le Messager d’Allâh ﷺ avant même qu’il ne soit suscité. Il dit ainsi :
Mon père comptait parmi les plus grands savants de la Thora et des Livres des Prophètes. Il ne me cachait rien de ce qu’il savait, et lorsque la mort fut proche il m’appela à lui et me dit : « Mon fils, tu sais que je ne t’ai jamais rien caché de ce que je savais, cependant il y a deux feuilles dont je t’ai privé et qui évoquent la prochaine suscitation d’un Prophète. Son apparition est imminente, et je n’ai pas souhaité t’en faire part, et craignant pour toi que tu ne suives l’un de ces menteurs qui ne manqueront pas de se manifester, j’ai arraché ces deux pages de mon livre, et je les ai placées dans cette fente que tu vois là, et que j’ai rebouché avec de l’argile. Ne l’ouvre pas tant que ne sera pas apparu ce Prophète ! Lorsqu’il se sera manifesté, suis-le et lis les deux feuilles. Par elles, Allâh ﷻ te rajoutera de Ses bienfaits. »
Lorsque mon père mourut, rien ne m’était plus cher que le fait que ses funérailles se terminent afin que je puisse voir ces deux feuilles, et je pus y lire ceci :
« Muhammad est le Messager d’Allâh ﷺ et le sceau des Prophètes, point de Prophète après lui. Il naît à la Mecque et le lieu de son exil est bon. Il n’est ni rude ni grossier, ni de ceux qui hurlent et se disputent dans les marchés. Il ne répond pas au mal par le mal, mais plutôt par le bien. Il pardonne et fait preuve d’indulgence. Sa communauté sont des Hammâdoûn, des gens qui louent Allâh pour toute grâce et en toute circonstance. Leurs langues s’agitent par le takbîr, et Allâh soutiendra leur Prophète contre toute personne le prenant en ennemi. Ils lavent leur sexe avec de l’eau, s’entraident et se prêtent mutuellement assistance. Leurs évangiles sont dans leurs poitrines, ils mangent de ce qu’ils sacrifient et en font commerce. Leur miséricorde les uns à l’égard des autres est tel que celui d’une mère et d’un père pour leur fils. Ils sont, au Jour du Jugement, la première des communautés à entrer au Paradis, ils sont les devanciers et les rapprochés, ils sont les intercesseurs et les bénéficiaires de l’intercession. » [3].

La quintessence du verset :
Suivez ses Lumières ﷺ, jaillissant de son noble Cristal, lequel est si subtil que ce qui en paraît n’est autre que cela même qui en demeure caché. Faisant son éloge, le Vrai lui attribua le degré de la Réunion Suprême et dit en ces termes ﷻ : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh : la Main d’Allâh est au-dessus de leurs mains. » [4].
C’est-à-dire : suivez ses Lumières et accédez aux saveurs de la vision (mouchâhada), délectez-vous de la Proximité et de l’Union. Alors vous serez débarrassés de l’étreinte des voiles couvrant vos cœurs, après avoir multiplié les efforts sans accéder à la vision, ou après vous êtres dédiés aux actes d’adoration sans en tirer aucun profit. C’est dans ce bas-monde qu’il vous fera goûter au fruit des œuvres accomplies. Il vous défera des voiles que constituent les considérations d’autre que Lui, ou de la dualité, et ceci simplement au travers de la plus aisée et infime des adorations.

Je jure par ma vie qu’il s’agit là des indices du Shaykh héritier, celui qui te fera gagner l’Union en moins d’un clin d’œil, celui qui lèvera les voiles de ton cœur par le simple fait que tu lui prêtes serment d’allégeance, sans que cela ne te cause la moindre peine ni la moindre fatigue, tout ceci grâce à la force de son illumination et à l’éminence de son Secret. Il te fera don d’une Lumière issue du flambeau de la Prophétie, révélée au travers de la Sainteté. Tu goûteras alors à la saveur de la vision contemplative (mouchâhada), tu t’abreuveras au fleuve de l’Amour, tu gagneras la clef du coffre-fort des Attributs divins, regorgeant de visions subtiles et d’élévations en degrés spirituels… et tu seras sauvé des illusions du monde qui t’entoure.

Quant aux prétendus Shouyoûkh de ce temps, ils t’ordonnent de pratiquer tel dhikr un millier de fois, et tel autre mille milliers… sans qu’aucun résultat ne se produise concrètement dans le cœur. Après quoi, il te demande : As-tu « ressenti » quelque chose ? As-tu fait un rêve pieux ?

Nous ne nions pas le fait que les gens de l’effort par les actes d’adoration recevront une récompense pour leurs œuvres, et nous ne remettons pas en cause la valeur spirituelle du rêve, car comme nous en informe le Hadîth il s’agit là d’une part d’entre les quarante-six parts de la Prophétie. Ceci, ne le remet en question qu’un négateur de la Chari’a… mais, qu’a-t-on fait des quarante-cinq autre parties ?
Je te réponds tout simplement que ces quarante-cinq autres degrés sont les différents degrés de la mouchâhada, la vision contemplative à l’état d’éveil.

Ce verset rassemble pour le cheminant les degrés de la Proximité, de l’effort et de la bienséance :

-Premièrement : le suivi. On ne suit pas celui qui contrevient à la Loi du Bien-Aimé ﷺ. Comment pourrait prétendre à la Proximité celui qui est rempli d’illicite ? C’est au contraire le feu de l’éloignement divin qui lui revient en priorité.
Il dit ﷺ : « Ô gens, Allâh est Bon et Il n’accepte que ce qui est bon. Et Allâh a certes ordonné aux croyants cela même qu’Il a ordonné aux Messagers. Il dit ainsi : « Ô Messagers, mangez de ce qui est bon pour vous et pratiquez les œuvres pieuses : Je suis parfaitement Omniscient de ce que vous faites. » Et Il dit : « Ô vous qui avez la foi, mangez des bonnes choses que Nous vous avons octroyé. »
Puis il
évoqua le cas du voyageur dont le voyage se prolonge, ébouriffé et poussiéreux, il tend ses mains vers le ciel : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! »… alors que sa nourriture est illicite, sa boisson est illicite, ses vêtements sont illicites et ses provisions sont illicites : comment serait-il donc exaucé ? » [5].

-Deuxièmement : la foi en l’intermédiaire (Wâsita), une foi profonde et inébranlable, de sorte que ne demeure plus dans son cœur ne serait-ce que le moindre atome de doute.

-Troisièmement : le fait de révérer (ta’zîr), de sublimer (tawqîr) et de magnifier (ta’dhîm) l’intermédiaire.

-Quatrièmement : le soutien et l’appui par ses biens, par soi-même, par sa famille et par ses enfants. A ce sujet on retrouve dans un Hadîth admis authentique : « Nous étions avec le Prophète , et il tenait par la main ‘Omar ibn al-Khattâb, lequel s’adressa à lui : « Ô Messager d’Allâh, tu m’es plus cher que tout au monde, excepté moi-même. » Le Prophète lui répondit alors : « Non, par Celui qui tient mon âme en Sa Main, jusqu’à ce que je sois plus cher à toi que toi-même y compris ! ». ‘Omar lui dit alors : « Maintenant, par Allâh, tu m’es plus cher que moi-même. »
Le Prophète
dit : « Maintenant, ô ‘Omar… » » [6].

-Cinquièmement : le suivi de la Lumière de la Lune du Tawhîd. Le Prophète ﷺ dit en effet : « Vous verrez certes votre Seigneur, de la même manière que vous voyez cette lune, sans que cela ne vous soit difficile… » [7].

Et il s’agit là du signe indicateur de l’Héritier, de sorte que celui qui suivra sa Lumière, qui n’est autre que le flambeau de la Prophétie, en deviendra un soutien du Vrai par le Vrai. Il se débarrassera alors de la coercition de l’éloignement et des chaînes du monde fini, qui ne sont que les artefacts de la nafs et du shaytan… et il accèdera à la contemplation du Miséricordieux, par la Lumière du Bien-Aimé ﷺ.


[1] Sourate al-An’âm, versets 122 à 125.
[2] Sahîh al-Boukhâriy, n°1991.
[3] Al-bahr al-madîd fi tafsîr al-Qor’ân al-majîd – Ibn ‘Ajîba – Tome 2, page 402.
[4] Sourate al-Fath, verset 10.
[5] Sahîh Muslim.
[6] Sahîh al-Boukhâriy.
[7] Sahîh al-Boukhâriy, Hadîth n°523.