بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Définition au sein de la Tariqa Karkariya

Il s’agit de la réalité apparente du hâ’, comprenant l’ensemble de l’existence et englobant absolument toute chose. Considérant donc le Nom Suprême « Allâh », si l’on en effaçait le Alif et les deux lâm, il demeurerait la lettre hâ’, qui est accompagnée d’un wâw (sous-entendu) constituant ainsi le mot « Huwa », lequel est une indication de l’Unicité divine. Allâh ﷻ dit dans le Coran :

« Quant à moi, c’est Lui (Huwa), Allah, qui est mon Seigneur; et je n’associe personne à mon Seigneur. » [sourate al-Kahf, verset 38]

« Gloire à Lui! C’est Lui (Huwa) Allah, l’Unique, le Dominateur suprême. » [sourate al-Zumar, verset 4]

« C’est Lui (Huwa) Allah. Nulle divinité autre que Lui (Huwa), le Connaisseur de l’Invisible tout comme du visible. C’est Lui (Huwa), le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. » [sourate al-Hachr, verset 22]

« C’est Lui (Huwa), Allah. Nulle divinité autre que Lui; Le Souverain, Le Pur, L’Apaisant, Le Rassurant, Le Prédominant, Le Tout Puissant, Le Contraignant, L’Orgueilleux. Gloire à Allah! Il transcende ce qu’ils Lui associent. » [sourate al-Hachr, verset 23]

« C’est Lui (Huwa) Allah, le Créateur, Celui qui donne un commencement à toute chose, le Formateur. A Lui les plus beaux noms. Tout ce qui est dans les cieux et la terre Le glorifie. Et c’est Lui (Huwa) le Puissant, le Sage. » [sourate al-Hachr, verset 24]

« Dis: «Il est (Huwa) Allah, Unique. » [sourate al-Ikhlâss, verset 1]

Le mot Huwa est un indicateur de l’Antériorité et de la Postériorité divine. La lettre hâ’ est la lettre qui sort du plus profond de la gorge, tandis que le wâw est une lettre que l’on prononce à l’aide des lèvres… le dhikr par « Huwa » est un dhikr permettant à la bouche de rester ouverte et donc de dessiner le cercle du hâ’.

Le Nom « Huwa » est de plus le premier des Noms divins, comme il apparaît dans le Hadîth énonçant les Asmâ’ Allâh ul-Husnâ rapporté par sayidinâ Aboû Houreyra (radiAllâhu ‘anhu) : le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Allâh a certainement quatre-vingt-dix-neuf Noms, cent moins Un, Il est Impair et aime ce qui est impair, quiconque les énumère (ahsâhâ) entrera au Paradis. Il [Huwa] est Allâh, Celui en dehors duquel il n’existe pas de dieu, al-Rahmân, al-Rahîm, al-Malik, al-Quddoûs, al-Salâm, al-Moumin, al-Mouhaymin, al-‘Azîz, al-Jabbâr, al-Moutakabbir, al-Khâliq, al-Bâri’, al-Moussawwir, al-Ghaffâr, al-Qahhâr, al-Wahhâb, al-Razzâq, al-Fattâh, al-‘Alîm, al-Qâbid, al-Bâssit, al-Khâfid, al-Râfi’, al-Mou’izz, al-Moudhill, al-Samî’, al-Bassîr, al-Hakam, al-‘Adl, al-Latîf, al-Khabîr, al-Halîm, al-‘Adhîm, al-Ghafoûr, al-Chakoûr, al-‘Aliy, al-Kabîr, al-Hafîdh, al-Mouqît, al-Hassîb, al-Jalîl, al-Karîm, al-Raqîb, al-Wâssi’, al-Hakîm, al-Wadoûd, al-Majîd, al-Moujîb, al-Bâ’ith, al-Chahîd, al-Haqq, al-Wakîl, al-Qawiyy, al-Matîn, al-Waliy, al-Hamîd, al-Mouhsiy, al-Moubdi’, al-Mou’îd, al-Mouhiyy, al-Moumît, al-Hayy, al-Qayyoûm, al-Wâjid, al-Mâjid, al-Wâhid, al-Ahad, al-Samad, al-Qâdir, al-Mouqtadir, al-Mouqaddim, al-Mouakkhir, al-Awwal, al-Akhir, al-Dhâhir, al-Bâtin, al-Mouta’âl, al-Birr, al-Tawwâb, al-Mountaqim, al-‘Afouw, al-Raoûf, Mâlik ul-Mulk, Dhul-Jalâli wa l-Ikrâm, al-Mouqsit, al-Mâni’, al-Ghaniyy, al-Moughniyy, al-Jâmi’, al-Dârr, al-Nâfi’, al-Noûr, al-Hâdiy, al-Badî’, al-Bâqiy, al-Wârith, al-Rachîd, al-Saboûr. » [Sahîh ibn Hibbân]

Et il a été dit par ailleurs que le verset suivant avait réuni toute la Science : « C’est Lui (Huwa), Allah. Nulle divinité que Lui (Huwa) » [sourate al-Hashr, verset 23]
De fait, le verset commence par Huwa et termine par Huwa, comme pour nous montrer que la Science toute entière fut réunie dans le Secret de Huwa.

On rapporte ainsi que l’Imâm Aboû l-Qâssim al-Juneyd (qaddas Allâhu sirrahu) dit un jour, s’adressant à ses disciples rapprochés : « Le Nom Suprême d’Allâh, al-Ism al-A’dham, est Huwa car c’est le premier Nom qu’Allâh ﷻ fit apparaître dans Son Nom « Allâh », et Il le dissimula finalement dans la lettre hâ’ de Son Nom « Allâh ». Il est Huwa, et l’évidence de Son Apparence est telle qu’Il en devint Caché, au point même de ne plus être Connu… Il fut tellement évoqué qu’Il Apparut, puis fut oublié sans avoir été décrit. » [al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]

L’imâm ibn ‘Atâ Allâh al-Iskandariy dans ce même livre explique de plus que le verset du Trône est le meilleur des versets du Coran de par le fait qu’il contienne 10 lettres « ha » renvoyant au Nom « Huwa » , de même qu’il y a 10 Lectures de l’Ism al-Moufrad

On rapporte par ailleurs cette histoire racontée par Aboû Bakr al-Chibiliy qui dit :

« Je croisais un jour le chemin d’une esclave éthiopienne qui marchait d’un pas accéléré. Je lui dis :
– Oh servante d’Allâh, doucement, ménagez-vous un peu.
Huwa Huwa
– D’où venez-vous ?
– De Huwa.
– …et où allez-vous ?
– A Huwa.
– Qu’entendez-vous par « Huwa » ?
Huwa.
– Quel est votre nom ?
Huwa.
– Ne vous passez vous donc jamais d’évoquer « Huwa » ?
– Ma langue ne cessera de mentionner Huwa jusqu’à ce que je rencontre Huwa.

Puis elle prononça ces vers de poésie :

Impossible de trouver remplaçant à l’Amour pour Vous
Et je n’ai en dehors de Vous aucun intérêt

Du fait de ma folie pour Vous les gens dirent elle est malade
Et je répondis dans ce cas, que la maladie ne me quitte jamais.

– Oh servante d’Allâh… par votre mention de « Huwa« , entendriez-vous « Allâh » ?
Et au moment même où le Nom Allâh fut évoqué, elle poussa un soupir et rendit l’âme. Qu’Allâh lui fasse miséricorde.

Je voulus alors prendre en charge ses funérailles, mais on m’interpela : « Oh Chibiliy, la personne qui d’Amour pour Nous s’est éprise, qui de Nous demander en perdit la raison, qui de Nous évoquer en perdit la tête, et qui par Notre Nom mourut… laisse-Nous le soin de la prendre en charge. »

Je me détournais alors afin de voir qui s’était adressé à moi… et lorsque je regardais de nouveau dans sa direction je la vis plus, si bien que ne je pus savoir si elle avait été élevée ou bien enterrée, qu’Allâh la comble de Ses Grâces. »

[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]

L’Imâm ibn ‘Ata Allâh al-Iskandariy mentionne dans le même ouvrage que les gens du Tawhîd (al-mouwahhidoûn) sont de quatre catégories :

La première catégorie regroupe les gens qui dirent « lâ ilâha illa Allâh » entre la négation et l’affirmation: la négation de tout ce qui est futile et l’affirmation de l’Unique en dehors de tout contraire ou semblable.

La deuxième catégorie regroupe les gens qui dirent « Allâh », se contentant de l’évocation de l’Ism al-Moufrad et ne voyant dans la négation suivie de l’affirmation que désert et sécheresse.

La troisième catégorie regroupe les gens qui dirent « Huwa Huwa« , véritablement et en réalisant l’Affirmation de l’affirmation, c’est à dire le dhikr perpétuel, le dhikr du cœur et non celui de la langue.

La quatrième catégorie regroupe les gens qui restèrent muets et ne prononcèrent aucune parole, qui par Lui perdirent conscience d’eux-mêmes, qui s’évanouirent dans l’évocation du tawhîd accompagnée de la vision de l’Evoqué, l’Unique. L’évocation de leur tawhîd se réalisait alors pas les yeux, et non plus par la langue.

[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]


Source : Les fondements de la Tariqa Karkariya, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.