بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le Chemin de la Basmala

Notre Shaykh, sidi Mohamed Faouzi al-Karkari (qu’Allâh sanctifie son Secret), nous répète souvent dans ses enseignements : « Ne sors pas de ta propre tombe ! », c’est-à-dire de ton propre corps. Et il explique dans l’un de ses ouvrages : « car en toi fut plié et réuni l’univers tout entier ainsi que son ésotérisme, en toi se trouvent l’ensemble des Noms divins et leurs Secrets. Tu es la forme apparente et manifestée des opposés deux-à-deux, tu es l’isthme des deux mers, tu es le seigneur de ce monde et de l’au-delà… ne t’imagines donc pas que tu n’es qu’un être insignifiant, car en toi fut réuni le monde supérieur ».

Dans ce sens, considérons ces vers de poésie attribués à sayidina ‘Aliy ibn Abiy Tâlib (karram Allâhu wajhah) :

Ton remède se trouve en toi-même, mais tu ne le vois pas
quant à ton mal, il ne provient que de toi-même, mais tu ne le perçois pas

Prétendrais-tu n’être qu’un corps minuscule
alors qu’en toi le grand univers fut plié ?

Tu es le Livre explicite
dont les lettres font apparaitre ce qui est caché

En réalité, notre univers n’est rien d’autre que la réalité intérieure de l’Homme, avec d’un côté l’égo (nafs), et de l’autre l’esprit (roûh). Or ceux-ci ne forment qu’un, comme le stipule clairement le Shaykh de nos Shouyoûkh, sidi Mawlay al-‘Arbiy ad-Darqâwiy (qu’Allâh sanctifie leur Secret) : « L’Esprit n’est rien d’autre que l’égo (nafs), et il ne se troubla (ne devint nafs) que parce qu’il s’appuie sur le monde de la corruption. S’il quittait ce monde et s’en séparait, il rejoindrait la patrie dont il est venu, à savoir la Présence Seigneuriale. » [majmou’at rasail mawlay al-‘arbiy ad-darqâwiy].

Schématiquement, nous représenterons donc notre système solaire, qui n’est rien d’autre qu’une forme agrandie de ce qui se trouve en notre for intérieur, de la manière suivante :

Le Chemin du Juste Milieu

Au centre de notre monde, c’est-à-dire au plus profond de notre âme, se trouve le Soleil de la Haqîqa, la qibla Muhammadienne, ce vers quoi doit se diriger l’esprit de l’Homme. En ce sens, Allâh –ta’ala- dit : « Certes il vous est parvenu un Messager de vous-mêmes (min anfusikum, c’est-à-dire littéralement : de vos propres nafs) » [s9.v128]. Et dans un autre verset, Allâh –ta’ala- nous décrit Son Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) comme étant un Flambeau illuminant (sirâj mounir) : « Ô Prophète! Nous t’avons envoyé [pour être] témoin, annonciateur, avertisseur, appelant (les gens) à Allah, par Sa permission; et comme un Flambeau illuminant. » [s33.v45-46]. L’individu doit donc réaliser que tout son être s’organise autour de ce Flambeau illuminant, que l’on considère également comme étant le Soleil. Le corps de l’Homme est la planète Terre, qui tourne par Amour autour du Soleil, de la même manière que le pèlerin tourne autour de la Ka’ba. Quant à la Lune, elle est le cœur de l’Homme.

Selon les scientifiques, la lune serait apparue suite à une collision de la Terre avec un objet céleste, entrainant la formation d’un épais nuage de poussière tout autour de la Terre, nuage dont la poussière se serait petit à petit agglutinée pour former ce que nous appelons aujourd’hui la Lune. La Lune est donc un morceau de la Terre elle-même, mais un morceau pas comme les autres… de même que le cœur est une partie du corps humain, mais pas comme les autres parties. Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit ainsi : « Il y a dans le corps un organe, s’il est sain, tout le corps l’est aussi. Mais s’il est malade, le corps l’est également. Cet organe est le coeur » [Hadîth unanimement reconnu authentique]. La Lune a en effet la particularité de nous éclairer pendant la nuit, mais pas avec une lumière dont elle serait elle-même la source… plutôt, sa lumière n’est que le reflet des rayons du Soleil. Et de même, le cœur du croyant est la partie du corps dans laquelle se reflète la Lumière du Flambeau illuminant, c’est-à-dire le Soleil Muhammadien. C’est ainsi que nous comprenons la description faite dans les Hadîth du premier groupe de gens à entrer au Paradis. Notre Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Un groupe de ma communauté entrera au Paradis, il est constitué de soixante-dix mille personnes dont les faces (wajh) illuminent à l’image de la lune. » [Rapporté par al-Boukhâriy]. Et dans un autre Hadîth : « Puis, les croyants seront sauvés, et le premier groupe d’entre eux (à être sauvés) auront des faces (wajh) semblables à la lune lorsqu’elle est pleine. Ils sont au nombre de soixante-dix mille, et ils (entreront au Paradis) sans jugement. Puis les suivront (des gens dont les faces) sont telles que l’étoile la plus brillante dans le ciel » [Rapporté par Muslim]. Et dans un autre Hadîth encore : « Soixante-dix mille personnes de ma communauté entreront au Paradis, les premiers d’entre eux n’entreront pas tant que les derniers ne seront pas entrés eux aussi, leurs faces (wajh) sont à l’image de la lune lors d’une nuit de pleine lune. » [Rapporté par al-Boukhâriy].

Or, ce qui est ici désigné par la face (wajh), ce n’est évidemment pas la partie apparente comprenant des yeux, un nez et une bouche… car, dans un autre Hadîth : « Certes, Allâh ne regarde pas vos apparences ni vos biens matériels, mais plutôt il regarde vos cœurs et vos œuvres. ». [Unanimement reconnu authentique].

Notre Shaykh, sidi Mohamed Faouzi al-Karkari (quddisa sirruh), nous enseigne que le wajh se réfère plutôt la réalité ésotérique, l’entité spirituelle de l’individu… c’est-à-dire, ce que l’on désigne couramment comme étant le cœur. Les faces (wajh) des croyants sont donc des cœurs dans lesquels se reflète la Lumière du Soleil Muhammadien. Sachons par ailleurs que l’Amour divin se manifeste dans la création sous la forme d’un Amour proclamé pour le Soleil Muhammadien chez le croyant, et sous la forme d’un Amour refoulé mais bien réel chez le mécréant. A l’échelle de notre système solaire, cela se manifeste concrètement au travers du fait que, que la Lune (le cœur) soit illuminée ou non, la Terre (le corps) ne cesse de graviter autour du Soleil. A l’échelle humaine, cela veut donc dire que, que le cœur de l’être humain soit revenu à la vie grâce à l’illumination par le Soleil Muhammadien, ou bien qu’il demeure dans un état de mort spirituelle, et donc plongé dans les ténèbres de son égo… il n’empêche que son corps est bien vivant puisqu’il bouge, marche, mange et boit.

En ce sens, Allâh –ta’ala- dit : « Est-ce que celui qui était mort, que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une Lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir ? » [s6.v122]. Comme nous le confirment les lois de la mécanique des forces, le Soleil exerce sur la Terre une force d’attraction, ce qui a pour conséquence que la Terre fasse le tour du Soleil en 365 jours, selon une trajectoire bien particulière. A l’échelle humaine, cela signifie qu’en tant qu’Homme, chaque individu (croyant ou non-croyant) est habité par une force intérieure qui le pousse irrémédiablement vers le retour à son Origine : la Lumière Muhammadienne, à partir de laquelle l’univers tout entier fut créé. Autrement dit, tant que l’être humain est cliniquement vivant (cad tant que sa Terre tourne), il est appelé à un retour à la Vie Véritable, qui est la Vie par l’illumination de son cœur (la Lune) par le Soleil Muhammadien… Et en se penchant sur la biologie, nous découvrons que la vie n’est apparue sur Terre que grâce au mouvement des marées généré par l’attraction de la Lune… ainsi donc la vie sur Terre (le corps), qu’elle soit considérée dans son sens ésotérique comme exotérique, est intrinsèquement liée à la Lune (le cœur). Par conséquent sans cœur, aucune des deux formes de vie (biologique et spirituelle) n’est possible à l’être humain. Ici, nous affirmons que tout être humain est intérieurement habité d’une force irrésistible qui le pousse continuellement à retourner à son Origine, c’est-à-dire à la réalité spirituelle Prophétique : le Flambeau illuminant… Et nous devons savoir que ce désir ardent concerne aussi bien le croyant que le mécréant, conformément au Hadîth dans lequel Prophète bien-aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit à la sayida ‘Aïcha : « O ‘Aïcha, malheur, malheur et encore malheur à toute personne qui sera privée de la vision de cette face (wajh). Il n’est pas un seul croyant ni un mécréant qui ne désire regarder ma face (wajh). » [Relaté par ibn ‘Assâkir, al-Asbahâniy et as-Souyoûtiy].

Ainsi donc, personne ne reste indifférent vis-à-vis de ce Soleil éclatant, et tous convergent inexorablement vers lui : Les croyants sont ceux qui marchent sur le Chemin droit, le Chemin de al-Mahajjat al-Bayda, le Chemin du Wasl (Jonction). Ce Chemin est l’isthme (barzakh) sur lequel se rencontrent les théophanies de Beauté (Jamâl) et de Majesté (Jalâl) : il s’agit du Chemin du juste milieu. C’est aussi le Chemin par lequel on accède à la Réunion, celle de l’esprit humain avec l’Esprit Prophétique, et la recherche de cette Réunion est manifestée au début du cheminement par les deux points de la lettre yâ ( ي ) du Nom al-Rahîm (c’est-à-dire sous une forme de Scission). Deux points qui, une fois réunis, rejoignent le Point Primordial Muhammadien, raison pour laquelle Allâh –ta’ala- décrit Son Prophète (‘alayhi s-salât wa s-salâm) en disant : « Envers les croyants, (il est) compatissant et miséricordieux (rahîm) » … comme pour nous montrer que le chemin des croyants est encadré par les deux points du Nom rahîm, par lequel notre Bien-Aimé est décrit (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

Les croyants cheminant sur le Chemin droit du juste milieu sont croyants par la vision et la contemplation de la Lumière Muhammadienne : ils sont ceux qui cheminent sur le barzakh réunissant les deux points du yâ (ي ) du Nom al-Rahîm de la Basmala (cf introduction au Secret de la Basmala).

Afin de comprendre un peu mieux ceci, arrêtons-nous sur cette illustration :

Le Chemin du Juste Milieu

Ces deux points, notre Shaykh sayiduna Mohamed Faouzi al-Karkari (quddisa sirruh) les désigne en parlant de la Science des premiers et de la Science des derniers (‘ilm al-awwalin wa ‘ilm al-akhirin), une Science qui ne fut parfaitement réunie que dans le Soleil de la Haqiqa Muhammadienne. Considérons et comprenons donc bien, à présent, la portée de la parole rapportée de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah) : « La Science est un Point que les ignorants ont rendu multiples. ».

Lorsque le mourid réalise qu’il n’est capable de produire de bien que par la baraka de son Shaykh, et qu’en ce sens il lui retourne tout le mérite de ses actions, il avance sur le Chemin qui tend vers la Réunion de la Science des premiers et des derniers, et il se trouve sur le Chemin du juste milieu… Mais si en revanche il s’accorde à lui-même un mérite quelconque, alors il se détourne de la réalité de sa non-existence et emprunte le sentier des mécréants au sujet desquels Allâh –ta’ala- dit :  « Ils veulent éteindre avec leurs bouches la Lumière d’Allah, alors qu’Allah ne veut que parachever Sa Lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants. » [s9.v32]. Il commencera alors à évoluer le long d’un autre chemin que celui du juste milieu : le chemin du fasl (Scission). Ce chemin du fasl est un chemin qui entend entraver la réalité de la Réunion, en l’occurrence celle des deux Points du yâ (la Science des premiers et la Science des derniers), afin d’établir la multiplicité, opposée à l’Unicité: Allâh –ta’ala- est Unique, de même que la Science véritable (le Tawhîd) est Unique. Par conséquent, toute connaissance apprise et qui ne ramène pas celui qui l’assimile à la réalité du Tawhîd, aussi insignifiante et dérisoire puisse paraître cette connaissance (recette de cuisine, considération du déplacement d’un insecte, nombre de pétales d’une fleur, etc..) constitue un voile et une forme d’associationnisme (chirk).

En ce sens le Shaykh de nos Shouyoûkh, sayiduna Ahmad al-‘Alawiy (quddisa sirruh) dit dans ses Hikam : « Sa Connaissance ne consiste pas en le fait de Le Connaître dans l’ensemble de Ses Beaux Noms, mais plutôt il s’agit de Le Connaître dans chaque locution et chaque sens subtil ». Qu’Allâh purifie nos cœur de toute forme de chirk. Ceci dit, bien que la méthode des mécréants soit opposée à celle des croyants, dans la mesure où ces derniers recherchent l’anéantissement en la Lumière Existante afin de ne plus être que par elle, tandis que les mécréants voudraient l’extinction de la Lumière divine afin de la remplacer par les ténèbres de leur inexistence… Malgré ce fait, le But et l’être tout entier des uns comme des autres demeure éternellement dirigé dans une seule et même direction : le Soleil Muhammadien, vers lequel toute l’existence converge. C’est en ce sens que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Il n’est pas un seul croyant ni un mécréant qui ne désire regarder mon visage ».

Nous sommes donc maintenant en mesure de comprendre en partie l’organisation de notre système solaire et des quatre étapes notoires de la rotation de la Terre autour du Soleil : deux solstices (fasl) et deux équinoxes (wasl). Les équinoxes sont associées au wasl (Jonction) pour la simple et bonne raison qu’elles correspondent aux jours de l’année durant lesquels la durée des nuits est égale à celle des jours… soit douze heures pour la nuit (Haqiqa), correspondant aux douze lettres de la Parole « lâ ilâha illa Allâh » ; et douze lettres pour le jour (Chari’a), correspondant aux douze lettres de la Parole « Muhammadun Rassoulullâh ». Le chemin des croyants est le chemin réunissant les deux équinoxes parceque c’est au moment de l’équinoxe qu’un équilibre parfait unit la Chari’a et la Haqiqa (deux fois 12h), conformément à la célèbre parole de notre Imâm Mâlik (radiAllâhu ‘anhu) :
« Quiconque s’initie au Fiqh (jurisprudence) sans s’initier au Tasawwuf tombe dans la perversion. Et quiconque s’initie au Tasawwuf sans s’initier au Fiqh tombe dans l’hérésie. Quiconque allie les deux atteint la Vérité. »

Quant aux solstices, ils sont associés au fasl (Scission) parce que c’est au moment du solstice que se trouve le plus grand décalage entre la durée du jour et celle de la nuit. Les gens du fasl sont donc ceux qui ont perdu cet équilibre parfait de la réalisation du Tawhîd, et sont ainsi sorti du chemin du juste milieu.

Il est important de visionner la vidéo pour mieux comprendre l’Article.