بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le Sheykh sidi Mawlay al-Hassan
(radiAllâhu ‘anhu)


Son nom et sa lignée :

Il est l’Imâm, le pieux, le dévot, caché entre les Maîtres des gens d’Allâh, océan de gnose et de mysticisme, source des secrets de la Connaissance divine (ma’rifa), notre Maître et Sheykh de notre Sheykh, le Connaissant par Allâh, Mawlay al-Hassan al-Karkariy, fils du Connaissant par Allâh Mawlay at-Tâhir al-Karkariy, fils du Connaissant par Allâh Mawlay Muhammad al-Fardiy, fils du Connaissant par Allâh Mawlay at-Tayyib, fils du Connaissant par Allâh Mawlay Muhammad ibn Qaddoûr al-Wakîliy, par lequel la lignée remonte jusqu’à Sayidinâ wa Mawlânâ RassoûliLlâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

Sa chaîne initiatique de succession :

Il reçut (radiAllâhu ‘anhu) la Connaissance suprême de son père, le Sheykh Connaissant par Allâh (ta’âla) Mawlay at-Tâhir al-Karkariy, qui la reçut du Connaissant par Allâh sîdî Ahmad Al-‘Alawiy, qui la reçut du Connaissant par Allâh sîdî Muhammad ibn al-Habîb al-Boûzîdiy, qui la reçut du Connaissant par Allâh sîdî Muhammad ibn Qaddoûr al-Wakîliy, et de ce dernier le sanad remonte jusqu’à sayidinâ ‘Aliy (karramAllâhu wajhah), qui la reçut de sayidinâ RassouliLlâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), qui la reçut de sayidinâ Jibrîl (‘alayhi s-salâm), qui la reçut du Seigneur Tout-Puissant, exalté soit-Il.

Il est donc (radiAllâhu ‘anhu) un charîf (noble, descendant du Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) de par le lien du sang et le lien spirituel. Et si, parmi les rapporteurs de Hadîth, il n’est pas de plus grande fierté que celle de rapporter le Hadîth de son propre père, qui lui-même rapporte de son père, il en est de même pour la science des cœurs et le maqâm de l’Ihsân. C’est donc un immense honneur pour un homme que de transmettre depuis le cœur de son père, selon son grand-père, ce qui fut le cas de sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu), qui prit la Connaissance divine de son propre père sîdî at-Tâhir (qaddassAllâhu sirrahu), héritier du secret (sirr) de sîdî Ahmad al-‘Alawiy (rahimahuLlâhu ta’âla). Sîdî at-Tâhir fut en outre le Sheykh de son propre père sîdî Muhammad al-Fardiy, le grand-père de sîdî al-Hassan, duquel on rapporte de nombreuses karâmâtes… Sîdî Muhammad al-Fardiy est par ailleurs le fils de Mawlay at-Tayyib, qui lui-même est le fils aîné du grand Connaisseur par Allâh, surnommé Aboû l-mawâhib (l’homme aux karâmâtes extraordinaires), sîdî Muhammad ibn Qaddoûr al-Wakîliy, qu’Allâh les agrée tous et nous fasse bénéficier d’eux et de leurs bienfaits, Amîn.

Sa naissance :

Il naquit (radiAllâhu ‘anhu) en 1358 de l’Héjire, (1936 a. J-C) et reçut l’éducation pieuse de ses deux nobles parents, participant depuis tout jeune aux assises de dhikr et aux enseignements spirituels.

La cause de son entrée dans la Voie :

Bien que sîdî al-Hassan (rahimahuLlâhu ta’âla) eut le privilège de grandir auprès de son père, dans une zâwiya remplie de d’aspirants, de fouqarâ’ et de Connaissants par Allâh, ses premières années ne furent pas marquées par un intérêt particulier pour la Voie… jusqu’à ce que son frère, sîdî Ahmad (rahimahuLlâh) accomplisse le retirement spirituel dans la khalwa et en sorte avec le sirr. Il partit donc à sa rencontre afin de lui demander conseil, et le trouva en état d’euphorie, ivre du secret qu’il venait de recevoir. Cet état provoqua l’étincelle qui enflamma le cœur de sîdî al-Hassan d’un désir insoutenable du divin. Il partit dans un endroit non loin de la zâwiya connu pour abonder en grottes et cavernes, où il se consacra exclusivement au dhikr par l’Ism al-Moufrad (Allâh), totalement majdhoûb, aspiré en Lui, et ceci durant environs un mois… jusqu’à ce que se soit levé pour lui le voile, et alors partout où il posait les yeux, il voyait apparaître l’Ism Allâh écrit en lettres de Lumières. Lorsqu’il revint auprès de son père et Sheykh, sîdî at-Tâhir, celui-ci le fit entrer dans la khalwa bénie, et alors Allâh lui accorda le grand Fath et dévoila pour lui Ses secrets ainsi que les merveilles de Son malakoûte.

Son parcours et sa patience dans la quête de la science :

Il fut (radiAllâhu ‘anhu), tout au long du compagnonnage de son Sheykh, d’un comportement exemplaire, patient et ferme sur la Voie, jamais il ne se détournait de son objectif. Il s’en remettait à son Sheykh à chaque fois qu’il rencontrait un obstacle et bénéficiait ainsi, de la meilleure manière qui soit, de son expérience et de son flux spirituel (madad). Durant la période où il dut partir en Algérie pour travailler, il n’hésitait pas à voyager jusqu’à Temsemên où se trouvait son Sheykh, supportant la rudesse du voyage dans l’unique but d’obtenir la réponse à une ou deux question, avant de revenir aussitôt en Algérie. Il avait l’habitude de retrouver son père au marché, près de son étalage. Il le questionnait alors à propos des secrets des Noms divins et lui relatait ses visions et ses dévoilements, puis retournait en Algérie immédiatement après avoir reçu les réponses à ses questions. On imagine aisément les difficultés que représentent un tel voyage et la patience ainsi que la persévérance dont il faut faire preuve pour le mener à bien, sans tenir compte de l’aspect financier qui lui non plus n’était pas négligeable, ni des risques encourus face aux bandits et aux bêtes féroces qui jonchaient le chemin… tout ceci dans le but d’acquérir la science, et pas n’importe quelle science puisqu’il s’agit de la plus noble et distinguée : la science par Allâh (ta’âla), répondant ainsi à l’ordre contenu dans le verset: « Sache qu’il n’y a point de divinité à part Allah » [s47 v19].

Allâh lui a fait don d’une science laduni et a fait de lui un ‘ârif accomplit, voyant Son unité (jam’) dans Sa diversité (farq) et Sa diversité dans Son unité, ayant goûté aux secrets des Noms divins (Asmâ’ ul-Husnâ) ainsi qu’à différentes visions de manifestations divines. Sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu) fut ainsi un savant par la « poignée de Lumière » (al-qabdat ul-noûrâniyya) ainsi que des états de cette dernière, un détenteur de la science des chiffres et des lettres, un océan sans rivage dans l’immensité de la Haqîqa.

Ses qualités morales :

Sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu) était doté des qualités morales des gens accomplis dans la connaissance divine, revêtu des vertus et des mérites, débarrassé de ce qui est vil et abject, il manifestait toujours de la bonne humeur, faisait preuve d’une grande patience et donnait sans craindre la pauvreté. On raconte à ce sujet qu’il avait l’habitude, en rentrant au marché, de faire don en aumônes de tout ce qu’il avait, sans regarder ce qu’il donnait ni à qui il le donnait, et ce jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus un sous en poche, et alors il rentrait chez lui comme il était venu. On raconte également de lui que sa maison ne se vidait jamais d’invités ni de gens dans le besoin, et qu’il traitait tout le monde de la meilleure des manières.
Il pardonnait et ne tenait pas rigueur aux gens, était doux avec les adultes et soucieux pour les enfants. Aucune victime d’injustice ne s’en remit à lui sans le trouver disposé à lui venir en aide, et aucun injuste n’a croisé son chemin sans avoir été remis en place. Il était un exemple en termes de modestie, il s’habillait de ce qu’il trouvait et s’asseyait là où il trouvait de la place. Les gens étaient à ses yeux tous égaux les uns par rapport aux autres, et parmi les exemples de manifestation de sa modestie le fait qu’on le voyait parler à l’enfant en lui accordant la même attention qu’à l’adulte. Son comportement respirait l’enjouement et la gaieté, il agissait par indulgence et douceur, mais savait également faire preuve d’intransigeance et de dureté quand il le fallait. Et si nous voulions faire l’inventaire de toutes ses qualités, nous ne le pourrions… nous nous contenterons donc de ce qui a été dit ici.

Comment il accéda au statut de Sheykh :

Lorsque son père et Sheykh, sîdî at-Tâhir al-Karkariy (qaddassAllâhu sirrahu), constata l’excellence et la profonde connaissance des Noms Divins de son fils et élève sîdî al-Hassan (rahimahumâLlâh), il lui octroya le idhn (permission) faisant de lui un Sheykh apte à éduquer et guider des aspirants à Allâh, ceci avant son décès et en présence de tous. Parmi les témoins de l’octroiement de ce idhn figure l’Imâm et Connaissant par Allâh (ta’âla) sîdî as-Sayid (radiAllâhu ‘anhu), qui était un grand Mouhaqqiq ayant suivi les enseignements de sîdî at-Tâhir, lequel le chargea par ailleurs de laver son corps après sa mort –qu’Allâh leur fasse à tous miséricorde. Après la mort de sîdî at-Tâhir, en 1976, sîdî al-Hassan devint le Sheykh de la tariqa… cependant il vécu caché jusqu’à la mort, et très peu de personnes avaient connaissance du rang qui était le sien.

On raconte à ce sujet que lorsque sîdî at-Tâhir décédà (rahimahuLlâh), un mourid se présenta à la zâwiya comme ayant été envoyé par un Sheykh d’une tariqa connue, lequel lui aurait dit : « Si tu recherches la Connaissance d’Allâh et de l’Ism, alors rends toi auprès de sîdî at-Tâhir à Temsemên ». Mais lorsque ce mourid parvint sur place, on lui apprit que sîdî at-Tâhir était décédé… et sîdî al-Hassan, héritier du secret (sirr) de son père, l’accueillit dans la zâwiya. Le mourid lui dit alors : « Je suis venu trouver Mawlay at-Tâhir désirant accéder à la Connaissance d’Allâh, et maintenant je vais devoir rechercher son héritier afin qu’il me guide jusqu’à Lui. » Sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu) lui répondit alors : « Si Allâh t’accordait de voir d’une vision clairvoyante, tu le trouverais debout devant tes yeux… ».
L’homme repartit alors d’où il était venu, et s’il avait été sincère dans sa recherche, Allâh lui aurait permis de reconnaître en lui le Sheykh qu’il demandait.

Malgré donc le fait qu’il n’ait pas réellement été révélé et connu des gens de son vivant pour son haut degré spirituel, certains ont toutefois pu profiter de ses enseignements, et même grâce à lui accéder à une Connaissance divine pure et exquise, au travers du témoignage visuel, et parmi ceux-là figure notre Sheykh sîdî Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu), qui l’accompagna durant deux années consécutives, au cours desquelles il accéda à tout ce que sîdî al-Hassan (qaddas Allâhu sirrahu) avait à transmettre. Ce dernier disait d’ailleurs à ce propos, s’adressant à l’assemblée : Ce qui se trouve ici, indiquant son cœur, se trouve ici, et il indiquait celui de notre Sheykh sîdî Muhammad Fawziy (radiAllâhu ‘anhu).

Ses karâmâtes :

Lorsque nous parlons de karâmâte, nous n’oublions évidemment pas que la véritable karâma est belle et bien l’istiqâma, c’est-à-dire la rectitude et la droiture par rapport à ce qu’Allâh (subhânahu wa ta’âla) a révélé, ajouté à la vision permanente du Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), ainsi que la fermeté de l’attachement à toutes les stations divines. Cependant il n’y a pas de mal à mentionner ici quelques karâmâtes physiques qu’Allâh fit apparaître par la main de sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu). Parmi celles-ci, on peut mentionner qu’un jour la sœur de son épouse était venue les visiter chez eux et était restée là trois mois. Lorsqu’elle voulut donc rentrer chez elle, il lui proposa de rester un peu plus longtemps si elle le désirait, mais elle eut peur que l’eau ne pénètre dans sa maison et n’en endommage les meubles… et elle décida ainsi donc de partir. Sîdî al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu) lui dit alors de rester jusqu’au matin, et il l’informerait de l’état de son habitation. Le lendemain matin, il l’informa par dévoilement (kachf) que tout ce qui se trouvait chez elle était en bon état, sauf un plateau dont on se sert pour transporter le service à thé et dont la couleur avait changé à cause de l’humidité… Elle se souvint alors de ce plateau qu’elle avait mis là et oublié depuis longtemps, et lorsqu’elle rentra chez elle, elle trouva sa maison dans l’état qu’il lui avait décrit (qaddas Allâhu sirrahu). Parmi ses karâmâte également le fait qu’il ait précisément déterminé l’endroit où il serait enterré, et il pria à cet endroit deux unités de prière. Et d’une manière générale, on considère que sîdî al-Hassan est tout entier karâma, et parmi ses plus grandes karâmâte, à n’en pas douter son élève sîdî Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu).

Son décès :

Peu avant sa mort (radiAllâhu ‘anhu), l’héritier de son sirr sîdî Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu) lui a raconté la vision à l’état d’éveil qu’il avait eu concernant son décès et ce qu’il se passerait exactement à ce moment là. Il répondit alors : « in shâ’a Allâh, il en sera ainsi… ».. Et effectivement, tout se déroula exactement de la manière vue par sîdî Muhammad Fawziy (qaddas Allâhu sirrahu). Il mourut ainsi au cours de l’année 1428 de l’Héjire, soit 2006 a.J-C, après avoir prié al-‘ishâ’ en groupe, dans sa maison sur son lit, il partit rejoindre son Seigneur, répétant l’Ism al-Moufrad : « Allâh… Allâh… Allâh… ». Il perdait connaissance quelques temps, puis lorsqu’il reprenait ses esprits, il chargeait ses enfants de régler pour lui les affaires qu’il avait en cours, et son esprit ne partit pas complètement jusqu’à ce qu’il ait donné toutes les prescriptions qu’il avait à donner. Qu’Allâh lui fasse miséricorde et lui accorde les plus hauts degrés, Amîn.


Source: at-Tuhfat ul-Karkariya fi Tarâjim l-Shâdhiliya