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Mieux comprendre ce qu’est la khatmiyah

Le terme khatmiya n’est pas quelque chose de nouveau chez nos maîtres soufis, il s’agit plutôt de la science des sciences, dont le sanad remonte à notre bien aimé Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), comme c’est le cas de la science du hadîth, du fiqh, du Qur’an al-karîm, la hijâma et autres. Mais la sagesse divine a voulu que la khatmiya Mouhammadiya reste méconnue de la majorité des gens du commun, ainsi qu’elle l’est de la majorité des soufis. Quelle est donc la compréhension correcte de la khatmiya, et quel est son rôle dans le tassawwuf ? Quelles sont les preuves de la khatmiya dans le Coran et les hadith? Il s’agit d’un degré parmi les degrés de la sainteté, elle concerne un waliy et est nommée du nom de ce waliy: le khatm (qaddasa Allâhu sirrahu). La khatmiya est donc pour le khatm telle que la ghawthiya pour le ghawth, la qutbaniya pour le qutb, et comme la badaliya pour le badal. La première personne ayant parlé de la khatmiya est, à ce que je sache, sayidi Muhyi d-diyn ibn arabiy, wa Allâhu a3lam. Et à cause de l’ignorance de beaucoup de soufis concernant le degré de la khatmiya, certains lui ont associé beaucoup de noms, chacun y allant de son gré. Sâhib uz-zamân, Sâhib ul-waqt, wârith ul-haqîqa, wârith ul-Muhammadiy, al’insân ul-kâmil et d’autres. Quant aux gens du tahqîq, da la ma3rifa et du kachf parmi ceux que Allâh a honoré de la connaissance du khatm et de sa réalité, ils l’appellent le khatm. En effet tous ces noms renvoient à des degrés spirituels connus, quant à celui du khatm, il les surpasse tous. Ce degré est le plus haut degré dans le cercle de la sainteté (da’irat ul-wilaya), au sein de la oumma de sayidina Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et si nous appelions celui qui a atteint un tel degré ghawth ou qutb, nous ferions certainement preuve d’un mauvais comportement envers Allâh et son Messager, en plus du khatm lui-même. Beaucoup de khoutoûm (sg: khatm) ont par le passé fait le tanzih d’eux même par rapport au degré de ghawth ou de qutb (ils s’en sont «innocentés»).

Citons à titre d’exemple Sayidunâ Abd al-Azîz ad-Dabbâgh (qaddasa Allâhu sirrahu) qui fut un jour questionné par l’un de ses disciples: es-tu le qutb? Ce à quoi il répondit Exempte (nazzih) ton Sheykh de la qutbaniya. Le disciple demandait alors: es-tu le ghawth ? et il répondait: Exempte ton sheykh de la ghawthaniya, car il connaissait son degré de khatm. Et nos grands maîtres soufis ont beaucoup écrit au sujet du degré extrêmement élevé qu’est celui du khatm, à destination de qui a un cœur sain avec lequel il appréhende le monde qui l’entoure. Pour plus de clarté dans la compréhension de la khatmiya, il faudra donc d’une part comprendre la définition du waliy et de son rôle, et d’autre part la définition du cercle de la sainteté (da’irat ul-wilaya) ainsi que son organisation. Le cercle de la sainteté est découpé en 360 fonctions, de même qu’un cercle se découpe en 360°. Et pour chacune de ces 360 fonctions, Allâh a chargé l’un de Ses waliy. Cette fonction est en lien direct avec le sarayân de chacun des Noms divins, permettant le bon déroulement des affaires de notre monde. Et l’ensemble de ces fonctions est organisé dans des ensembles connus de nos maîtres soufis : l’ensemble des naqaba’, l’ensemble des abdal, l’ensemble des najaba’, l’ensemble des awtâd, l’ensemble des deux Imâm et l’ensemble du qutb. Bien que le qutb soit une seule et même personne, nous parlons d’un ensemble: celui des Noms divins que réunit le qutb. Chaque ensemble est relié au sarayân des Noms divins selon la règle «fâ3il (acteur) / maf3oûl-bih (celui sur qui s’exerce l’action)». Par exemple le qutb réunit l’ensemble des Noms divins pour lesquels il est fâ3il, excepté pour ism ul-Jalâlah «Allâh», Nom pour lequel le qutb est maf3oûl-bih. La cause de cela est liée au khatm, et nous reviendrons sur ce point par la suite. Quant aux Imâmayn (les deux Imâm), ils réunissent l’ensemble des Noms divins en qualité de fâ3il, excepté les Noms «Allâh», «ar-Rahmân» et «ar-Rahîm», Noms pour lesquels ils sont maf3oûl-bih. Le Nom «Allâh» est réservé au khatm, quant aux Noms «ar-Rahmân» et «ar-Rahîm», ils sont ceux du qutb. Il en va de même pour les awtâd avec le reste des Noms divins, excepté «al-Awwal, al-Akhir, al-Dhâhir, al-Bâtin». Et ainsi de suite jusqu’au dernier ensemble. Donc selon le degré du waliy, on retrouve en lui le sarayân d’un Nom parmi les Noms divins, soit en qualité de fâ3il, soit en qualité de maf3oûl-bih. Et pour cette raison on trouve le Nom ar-Razzâq parfois fâ3il et parfois maf3oûl-bih, selon la volonté divine. Donc pour résumer, le waliy est le sarayân des Noms dans l’essence.

Le cercle de la sainteté comporte, de tous temps:

  • Un Qutb, qui est le point du centre du cercle. Le qutb est le point de descente de la khatmiya, il dispose, dans le cercle, des 360 degrés d’amplitude.
  • Deux Imâm, qui sont quant à eux positionnés sur le cercle, respectivement aux deux intersections du diamètre avec le cercle, de telle sorte que la jambe droite du qutb se trouve sur l’Imâm de droite et sa jambe gauche sur l’Imâm de gauche. Ici la droite et la gauche ne font pas référence à une quelconque direction, mais plutôt à leur rôle dans le cercle. L’Imâm de droite tourne de la même manière que les pèlerins autour de la ka3ba tandis que l’Imâm de gauche tourne dans le sens inverse. La cause de cela est le fait que l’un soit fa3il tandis que l’autre est maf3oûl-bih, de même que le sont les Noms divins et leurs contraires. Ainsi, le Nom «an-Nâfi3» est toujours en équilibre, au sein du cercle, avec le Nom «ad-Dârr» de façon à ce que ce qui profite (an-naf3) et ce qui nuit (ad-durr) soient conforme à la Sagesse divine et dans les proportions voulues par Allâh (subhanahu wa ta3ala). Chaque Imâm dispose de 180 degrés d’amplitude dans le cercle de la sainteté.
  • Quatre awtâd, qui sont placés sur le périmètre du cercle, de telle sorte qu’il y en ait un dans chacune des quatre directions: l’est, l’ouest, le nord et le sud. Les awtâd maintiennent l’équilibre du cercle de la même manière que les montagnes maintiennent l’équilibre de la terre. Chaque watad dispose de 90 degrés d’amplitude dans le cercle.
  • Douze Nujaba’, qui sont disposés sur le périmètre du cercle de la même manière que le sont les chiffres d’une pendule. Les nujaba’ se divisent en deux catégories: si leur sarayân est puisé dans les Noms fâ3il, ils sont selon «lâ ilâha illa Allâh», et si leur sarayân est puisé dans les Noms maf3oûl-bih, ils sont selon «Muhammadun rasoûluLlâh», ceci dû au fait que Allâh subhanahu wa ta3âlâ est le Fâ3il azaliy (éternel), tandis que la Haqîqat al-Muhammadiya «Muhammadun rasoûluLlâh» est le maf3oûl-bihi azaliy.

« Nous les répartîmes en douze tribus, (en douze) communautés. Et Nous révélâmes à Moïse, lorsque son peuple lui demanda de l’eau: «Frappe le rocher avec ton bâton.» Et voilà qu’en jaillirent douze sources. Chaque tribu sut son abreuvoir. » [sourate al A3raf, verset 160]. « Quand Nous voulons une chose, Notre seule parole est: «Sois». Et, elle est. » [sourate an-Nahl, verset 40].

Le najîb (singulier de nujaba’) dispose de 30 degrés d’amplitude dans le cercle. Quarante abdâl, de telle sorte que dans chacune des 4 directions se trouvent 10 abdâl. Il faut savoir que le badal (singulier de abdâl) n’a pas été nommé badal en raison du fait qu’un autre waliy du même rang le remplace après sa mort, comme le disent beaucoup, car le qutb également est remplacé après sa mort, ainsi que les deux Imâm et tous les awliya’ ayant une fonction dans le cercle… non, le badal a été nommé badal car il remplace le sarayân des Noms par un autre, selon la règle divine du du3a’ et de la réponse à ce du3a’ : Et votre Seigneur dit: « Appelez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans l’Enfer, humiliés »[sourate al-Ghafir, verset 60]. « Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi.. alors Je suis tout proche: Je réponds à l’appel de celui qui Me prie quand il Me prie. Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin qu’ils soient bien guidés. » [sourate al-baqara, verset 186]. Nous voyons donc que Allâh (subhanahu wa ta3âlâ) se manifeste par Son Nom ar-Razzâq par exemple, et octroie de ce fait des biens, des enfants, la santé, la science… Le badal change alors, pour le domaine du 3ilm, le Nom ar-Razzâq par le Nom al-3âlim, pour le domaine des enfants on retrouve le Nom al-Hayy, et ainsi de suite selon les du3a’ et leur réponses. Chaque badal dispose de 9 degrés d’amplitude dans le cercle.

  • 300 Naqaba’, de telle sorte qu’on retrouve 75 naqaba’ dans chacune des 4 directions. Naqîb (singulier de naqaba’) signifie le seigneur d’un peuple, leur plus grande personnalité, leur représentant… Mais pourquoi donc 300 naqaba’?

Il faut savoir que Allâh a honoré chaque oumma de 12 naqaba’, de même qu’on retrouve 12 lettres dans la parole «lâ ilâha illa Allâh». Il faut savoir également que 24 oumam (communautés) ont précédé celle de Sayidinâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), nous sommes donc la 25eme communauté. En multipliant 25 par 12, nous obtenons bien 300. On multiplie 25 par 12 car Allâh nous a clarifié dans le Coran que la communauté de baniy Isrâ’il comportait 12 naqaba’ : « Et Allah certes prit l’engagement des enfants d’Israël. Nous nommâmes douze chefs (naqîb) d’entre eux. Et Allah dit: «Je suis avec vous, pourvu que vous accomplissiez la Salāt, acquittiez la Zakāt, croyiez en Mes messagers, les aidiez et fassiez à Allah un bon prêt. Alors, certes, j’effacerai vos méfaits, et vous ferai entrer aux Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux. Et quiconque parmi vous, après cela, mécroit, s’égare certes du droit chemin » [sourate al-ma’ida, verset 12]. Et quand Allâh décida de la venue de Sayidinâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam) en tant que Messager pour toutes les communautés, Il réunit pour lui les naqaba’ des 25 communautés sous sa bannière, afin qu’il soit une rahma et une guidée pour les univers. C’est la raison pour laquelle Il dit aussi : « Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur pour eux, il y en a qui ont la foi, mais la plupart d’entre eux sont des pervers. » [sourate âlu 3imrân, verset 109]. C’est-à-dire vous êtes la meilleure des communautés: il y a parmi vous 300 naqaba’ prenant en charge les affaires de toutes les autres communautés, tandis que les communautés qui vinrent avant vous étaient représentées par 12 naqaba’ prenant en charge leur propres affaires seulement et non celles des autres. Vous êtes donc meilleurs qu’eux du fait que vous êtes bénéfiques pour vous-mêmes aussi bien que pour les autres, tandis que eux ne bénéficiaient qu’à eux-mêmes. Et pour cette raison al-Habîb al-Mustafa (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit, dans le sens : « L’un de vous n’est pas croyant, jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même ». Ainsi nous nous faisons une idée de la place et de l’élévation sans pareille de notre Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam). C’est par les naqaba’ que jaillissent les décisions divines (aqdâr) depuis les Noms divins vers les actions divines, et chaque Oumma reçoit, de par ses naqaba’, la part de ce pour quoi elle a agit, et ils ne seront point lésés. « Et craignez le jour où vous serez ramenés vers Allah. Alors chaque âme sera pleinement rétribuée de ce qu’elle aura acquis. Et ils ne seront point lésés. » [sourate al-baqara, verset 281].

Chaque naqîb dispose de 1.2 degré d’amplitude dans le cercle. En faisant donc le calcul des différentes fonctions évoquées plus haut au sein du cercle de la sainteté, on obtient 359 et non 360 (1 qutb + 2 Imâm + 4 awtâd + 12 najaba’ + 40 abdâl + 300 naqaba’= 359). Où donc est la 360ème fonction ? Il s’agit en réalité de la fonction du khatm, qui est supérieure à celle du qutb puisqu’il il s’agit de celui qui remplace le qutb dans le cercle si ce dernier devait ne pas être présent pour une raison ou pour une autre. Le qutb et le khatm disposent de 360 degrés d’amplitude dans le cercle.

Quelle est donc la différence entre le khatm et le qutb?

En réalité le khatm n’est pas présent dans le cercle, mais plutôt au dessus du cercle. En regardant à la verticale, il se trouve à l’emplacement du qutb : au centre du cercle. En revanche si l’on considère le cercle à l’horizontale, nous le voyons au dessus du qutb. En reliant le qutb et le khatm par un trait horizontal, nous obtenons un alif, qui est le alif de la Haqîqat ul-Ahmadiya, par laquelle descend la volonté divine au noûn de « kun fayakoûn », par le flux du sarayân des Noms au sein de la Haqîqat ul-Mouhammadiya. Ou dit d’une autre manière, la khatmiya est la manifestation de la Haqîqat ul-Mouhammadiya dans la personne du khatm, et par elle le khatm devient la manifestation de l’homme complet (kâmil) en son temps, (qaddasa Allâhu sirrahu). Ceci est la raison pour laquelle le qutb est de nature maf3oûl-bih dans le sarayân du Nom « Allâh », comme nous l’avons précisé au début. Le khatm est donc la seule personne chez laquelle se sera accompli l’ensemble des secrets du Nom « Allâh », par ses 7 lectures complètes, la seule personne de son temps ayant atteint le degré de fana’ (extinction) complet dans l’Essence divine. La Sagesse divine voulut que la fonction de l’Homme Complet (kâmil), qui est sans l’ombre du moindre doute Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), parachève la religion de l’humanité: « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché… alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » [sourate al-ma’ida, verset 3]. Si le dîn a été parachevé voila 1400 ans, alors quelle est la cause de l’apparition de l’homme complet (kâmil), en des temps différents, au travers de la khatmiya ? La réponse, nous la trouvons dans la dernière partie du verset précité: Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché… alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. Al-makhmasa (traduit ici par la faim) signifie dans la langue arabe une faim très intense et l’absence totale de nourriture dans le ventre.

Quelle est donc la relation entre la faim et le parachèvement de la religion pour que tous deux soient ainsi mentionnés dans un seul et même verset ?

Notre dîn subit au fil du temps ce que nous pourrions comparer à de l’usure, les musulmans commencent alors à ressentir la faim, une faim qui serait en fait un désir profond de retrouver le dîn complet. Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit en effet ce qui signifie: « Renouvelez votre foi, car la foi s’use dans le cœur à l’instar du vêtement qui s’use ».  Et comme nous le savons la foi (imân) fait partie de la religion. Allâh (subhanahu wa ta3ala) nous dit donc que notre religion a été parachevée par la main de l’Homme Complet (kâmil) Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et Il nous a informés, dans le même verset, que cette religion va s’user et que les gens vont être contraints par la faim, puis que Allâh sera Pardonneur et Misericordieux. Et pour que Allâh soit Pardonneur et Misericordieux, il est nécessaire qu’il se produise un renouvellement, ou une revivification de ce dîn, et cette revivification du dîn consiste en le fait de retirer toutes les souillures s’étant associé à lui au fil du temps, au gré du bon vouloir des gens, accompagné d’un retour vers ce vêtement blanc que nous a laissé le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), comme nous le montre le hadîth suivant, dans sons sens rapproché: « Je vous ai laissé sur une voie blanche dont la nuit ne diffère pas du jour et dont nul ne s’éloignera sans périr. Suivez donc ce que vous aurez connu de ma sunna et de la sunna des successeurs et guides bien guidés, vous y accrochant en mordant avec vos molaires. Obéissez leur, quand bien même il s’agirait d’un esclave noir, car le croyant est comme le chameau: il va là où on l’emmène » ce hadîth clarifie pour nous le sujet tout entier, sans laisser l’ombre du moindre doute. S’y trouve également de belles expressions exprimant la khatmiya ainsi que les khoutoûm (sg: khatm), appelés par le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) « khulafa’ ar-râchidiyn al-mahdiyn : les successeurs et guides bien guidés ».

Le mot khulafa’ (successeurs) nous indique la réalisation de l’homme complet (kâmil), le mot râchidoûn indique la conformité et l’accord de leur sunna avec la sienne (sallAllâhu alayhi wa sallam), quant au mot mahdiyoûn il se réfère à la force du sarayân du Nom «al-Hâdiy» retrouvée en eux, pour la guidée de l’humanité et son retour vers la voie blanche (al-Mahajjat ul-bayda’). L’ordre de mordre dedans avec les molaires veut dire qu’il nous faut appliquer leur sunna, car leur sunna est la sunna de notre Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), qu’il nous faut appliquer leurs enseignements qui sont aussi les siens, et d’y mettre tout le notre. Il nous demande de leur obéir, quand bien même il s’agirait d’un esclave noir. Le musulman doit donc agir de la sorte, écoutant et appliquant l’ordre du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) conformément au verse t: « Nous n’avons envoyé de Messager que pour qu’il soit obéi par la permission d’Allah. Si, lorsqu’ils ont fait du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d’Allah et si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, Très Accueillant au repentir, Miséricordieux. Nous n’avons envoyé de Messager que pour qu’il soit obéi par la permission d’Allah. Si, lorsqu’ils ont fait du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d’Allah et si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, Très Accueillant au repentir, Miséricordieux. » [sourate an-Nisa’, verset 64].

Maintenant, il nous apparaît clair que le dîn fut parachevé par la main de l’Homme Complet par excellence, qui n’est autre que Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et que ce dîn « s’use » au fil du temps, raison pour laquelle Allâh (subhanahu wa ta3ala) le revivifie par la main d’un successeur (khalifa), un homme complet (kâmil), un khatm, par lequel le dîn est revivifié, par lequel les gens reviennent vers la voie blanche (al-mahajjat ul-bayda’). Comment connaitrions-nous donc la régularité de cet événement ? Comment savoir qui revivifie ce dîn et quand? Pour connaître la réponse à cette question, il faut s’en référer à la parole du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) qui dit dans le sens: «Allâh suscite au début de chaque siècle quelqu’un qui revivifie le dîn de cette oumma». Ce hadîth nous informe donc que tous les 100 ans Allâh suscite le khatm qui revivifie le dîn. L’étape de revivification est l’étape avant laquelle le khatm ne peut œuvrer pour elle. Cette étape ne s’effectue pas tout au long de la vie du khatm, il s’agit plutôt d’une durée limitée de 7, 8 ou 9 ans, comme nous l’enseigne le hadîth qui concerne l’Imâm al-Mahdiy, rapporté par Aboû Sa’îd al-Khudrî, il rapporte du Mahdî ce qui signifie: « Je vous annonce l’arrivée de Mahdi, il sera envoyé alors que des divergences opposeront les hommes et les tremblements de terre se multiplieront, il emplira la terre de justice et d’équité après qu’elle ait été emplie d’injustice et de tyrannie, l’habitant du ciel comme l’habitant de la terre en sera satisfait, il partagera l’argent comme il se doit ».Un homme lui demanda : « Que veut dire « comme il se doit ».Il dit : « Equitablement entre les gens, Allah emplira les coeurs des gens de la nation de Muhammad, que le salut et la prière soient sur lui, de richesses, cet homme les traitera avec équité, à un point tel que l’on criera parmi les gens : «Qui a besoin d’argent?» Personne ne réclamera rien sauf un homme qui dira : « Moi! » Il lui dira : « Va voir le trésorier et dis lui : « Al-Mahdi, t’ordonne de me donner de l’argent. » Il lui dira : « Donne. » Puis lorsqu’il aura saisi l’argent, il regrettera son geste. Et il dira : « Je suis le plus cupide des hommes de la nation de Muhammad, que le salut et la prière soient sur lui. » Il rendra l’argent et refusera de le prendre, cependant on lui dira : « On ne reprend pas quelque chose que l’on a donné. »Cela durera sept, huit ou neuf ans, puis la vie ne vaudra pas la peine d’être vécue ! ».

Et ces 7 ou 8 ou 9 années sont après que le khatm ait atteint 40 ans de vie, de même que le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) fut suscité en tant que messager à 40 ans. « puis quand il atteint ses pleines forces et atteint quarante ans, il dit: «Ô Seigneur! Inspire-moi pour que je rende grâce au bienfait dont Tu m’as comblé ainsi qu’à mes père et mère, et pour que je fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité saine. Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis » [sourate al-Ahqaf, verset 15]. Le khatm (qaddasa Allâhu sirrahu) est donc une copie parfaite de Sayidinâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), dans son être et dans son comportement. Dans le déroulement de sa vie on retrouve également de nombreuses similitudes. Le temps que peut éventuellement vivre le khatm après la période de revivification du dîn sert à assurer la solidité de son enseignement et à augmenter les bénédictions de ce dernier, jusqu’à ce qu’il décède, après quoi reprend de nouveau la période d’usure du dîn, et il est certain qu’il n’y a aucun bien dans la vie après lui.

La khatmiya se reconnaît donc à la présence de ces deux étapes, la première étant une étape d’action cachée généralement longue, suivie d’une seconde qui est une étape d’apparition au grand jour et qui est quant à elle de courte durée. Cette étape d’apparition n’a lieu qu’une fois tous les cent ans. Allâh ta3ala nous dit dans le Qur’ân al Karîm : Et voilà ce que ton Seigneur révéla aux abeilles: « Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les treillages que [les hommes] font. Puis mangez de toute espèce de fruits, et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous. De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle il y a une guérison pour les gens. Il y a vraiment là une preuve pour des gens qui réfléchissent. » [sourate an-Nahl, versets 68 et 69].

Ce verset, dans son sens caché (bâtin), traite du cercle de la sainteté, selon la compréhension que nous avons précédemment exposée. Il indique que la revivification du dîn n’a lieu que par la main du khatm (qaddasa Allâhu sirrahu), il traite également des deux étapes de la khatmiya: une étape d’action cachée (khifa’) et une étape d’action apparente (dhouhoûr). Durant la seconde étape, l’étape d’apparition, la khatmiya se manifeste en un waliy (saint) parmi les saints d’Allâh. En revanche durant l’étape cachée, la khatmiya n’est pas active et l’organisation du cercle revient au qutb qui gère le stock de miel laissé par le khatm avant lui. « Et voilà ce que ton Seigneur révéla aux abeilles : « Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres » », nous montre les difficultés et les épreuves que subit le cercle de la sainteté (dans le verset, les abeilles) durant la période d’action cachée (khifa’), qui est une période au cours de laquelle la khatmiya est marfoû3ah (non effective), de même que furent élevés (rufi3at) les montagnes et les arbres. Et du fait que les abeilles (c’est-à-dire le cercle) se trouvent désormais dans les montagnes et les arbres, les gens ne profitent plus de leur miel. « et les treillages que [les hommes] font » signifie la ruche que fabrique l’homme afin d’en récolter le miel, et grâce à cette ruche les abeilles (le cercle) font profiter aux hommes de ce miel.

Alors apparaît le khatm, qui dans le verset serait désigné comme étant la reine des abeilles, et commence la revivification par la fabrication du miel, qui de nouveau remplit les alvéoles après une période de vide: la période durant laquelle les gens avaient terriblement faim. Les gens du cercle sont alors les premiers à recevoir le précieux miel, qui revivifie leurs corps et enivre leurs esprits, après quoi il leur est dit : « mangez de toute espèce de fruits », c’est-à-dire mangez des fruits de la khatmiya, des fruits qui augmentent votre volonté d’avancer vers Allâh (al-himma) et raccourcissent pour vous le long cheminement, « et suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous. », c’est-à-dire suivez le chemin indiqué, le chemin d’Allâh, le chemin qui a été rendu facile pour vous. Une fois la revivification interne au cercle accomplie et une fois les abeilles pourvues d’une quantité suffisante de miel, commence l’étape de revivification extérieure: « De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées » après que les gens se soient habitués à une ou deux couleurs seulement, apparaît alors de nouveau la sagesse spirituelle à travers l’enseignement du khatm et l’ensemble des saveurs colorées par lesquelles se manifeste al-Haqq (subhanahu wa ta3âlâ) est dévoilé aux gens, leur nombre est de 12 couleurs, quant à leurs saveurs : « dans laquelle il y a une guérison pour les gens », se référant à cette faim extrême qui affecta la Oumma, par ces saveurs les gens sont guidés et retournent vers le chemin blanc (al-mahajjat ul-baydâ’), par elle le dîn est revivifié, de même que le miel agit contre la faim au sens matériel. « Il y a vraiment là une preuve pour des gens qui réfléchissent. » Et soubhanAllâh, la science moderne a prouvé que les abeilles sont incapables de produire du miel en l’absence d’une reine. Au contraire, si la précédente reine n’avait pas laissé de progéniture que les abeilles élèveraient pour donner une nouvelle reine, elles se sépareraient, se disperseraient et finiraient par mourir de faim. Ceci nous montre que les abeilles n’agissent que par leur reine, qui est le point de descente de la Sagesse divine, par laquelle elles sont guidées et en l’absence de laquelle elles se perdent et retournent au néant. Et il en est ainsi du cercle de la sainteté avec le khatm: sans lui la progression finit par se stopper tandis qu’avec lui la progression est accélérée. Le cercle serait donc le corps dont le khatm est l’esprit ou le cœur.

ElhamduliLlâh qui nous a permis de rendre plus claire la compréhension de la khatmiya ainsi que son rôle dans le cercle de la sainteté, qui est la diffusion du sarayân des Noms divins dans leur Essence, ainsi que la façon par laquelle Allâh revivifie la religion de l’Homme Complet par excellence (sallAllâhu alayhi wa sallam) tout les 100ans par la main d’une copie de ce dernier: le khatm. Maintenant que nous connaissons l’importance et le degré élevé du khatm, espérons d’Allâh qu’Il nous fasse bénéficier de la baraka de ce dernier, qu’Il nous guide jusqu’à lui et nous fasse cheminer à travers ses enseignements sur la voie qu’Il a rendue facile, qu’Il fasse sortir de nous un breuvage abondant aux multiples saveurs et aux couleurs variées, un breuvage qui soit profitable aux gens. Nous Le louons (soubhanahu wa ta3âlâ) d’avoir fait coïncider nos âge avec celui de l’apparition d’un khatm, alors que nous sommes encore jeunes et en bonne santé.

Ô Allâh, c’est à Toi qu’appartiennent les louanges de la manière qu’il convient à la grandeur et au nombre de manifestations de Ton essence.


Auteur : Sidi Mohammed ach-Charif