بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Dans la langue Arabe :

Tawâhu : fait d’enrouler une chose sur elle-même. [al-Mou’jam al-‘Arabiy al-Assâssiy]

Dans la Tariqa Karkariya :

Réunion du Livre des apparences universelles de la nature humaine et de son effacement par le registre des réalités visuelles et spirituelles.

Allâh ﷻ dit : « Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres. Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons ; c’est une promesse qui Nous incombe et Nous l’accomplirons ! » [sourate al-Anbiya’, verset 104]

« Selon la lecture de Warch : « lilkitâb : pour le livre »
Le Vrai ﷻ dit: Et ai à l’esprit « le jour où Nous enroulerons le ciel », ceci est le jour du rassemblement, alors que les gens seront en cette situation, le ciel sera plié et enroulé « tel l’enroulement du registre pour le Livre » c’est à dire: pour l’écriture qui s’y trouve, car l’écrivain plie la feuille en deux afin d’y écrire. Le lâm (lilkitâb) vient ici pour signifier l’affirmation, ou peut également être compris dans le sens « sur », c’est à dire : tel l’enroulement de la page sur l’écriture qui s’y trouve, de manière à protéger cette dernière.

Abou Ja’far a quant à lui récité « yawma tutwâ – le jour où le ciel sera enroulé », et ceci renvoie à l’effacement de ses formes et images, à l’enroulement de ses étoiles, de son soleil et de sa lune. Quant au sens premier du mot « tayy », il désigne le caractère répandu d’une chose, le fait d’être courant.

Les deux frères et Hafs ont récité « lilkoutoub – pour les livres », en employant le pluriel, ce qui veut dire pour les écritures, soit: …tel que l’enroulement des pages pour les nombreux sens ésotériques qui s’y trouvent écrits, ou bien tel que l’enroulement sur elles-mêmes afin de les préserver. »
[Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba – Tafsîr al-Bahr ul-Madîd fi tafsîr il-Qor’ân il-Malîd]

Le mourid doit obligatoirement accomplir l’enroulement du livre des illusions de la nafs et oublier ce qu’il a su et ce qu’il a ignoré au travers du registre ésotérique Lumineux et Seigneurial… car ni les cieux des Secrets, ni le paradis des sens profonds et de la Connaissance ne lui seront accessibles tant que le chameau de sa nafs ne sera pas passé par le chas de l’aiguille de son esprit. Allâh ﷻ dit : « Pour ceux qui traitent de mensonges Nos enseignements et qui s’en écartent par orgueil, les portes du ciel ne leur seront pas ouvertes, et ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètre dans le chas de l’aiguille. Ainsi rétribuons-Nous les criminels. »

[sourate al-A’râf’, verset 40]

Sayidi Ahmad al-‘Alawiy, qu’Allâh sanctifie son secret, dit :

Evoque le Nom Suprême et enroule l’univers, tu remporteras le butin
plonge dans l’océan prééternel : il s’agit là de l’océan divin

Plonge dans l’océan des Lumières, des sens profonds et des Secrets
anéantis cette demeure illusoire, et ton cœur atteindra Celui qu’il désire

L’enroulement (at-Tayy) se divise en trois catégories : l’enroulement du temps, l’enroulement du lieu et l’enroulement de ces deux-là à la fois.

L’enroulement du lieu est terrestre tandis que l’enroulement du temps est temporel… et ces deux types d’enroulement ne désignent pas le tayy auquel on fait référence dans certains livres soufi en parlant d’un tayy physique et matériel : nous nous parlons bien d’un tayy ésotérique.

La terre corporelle est le lieu de la manifestation des Noms divins, quant au temps temporel il est ce sur quoi se manifestent les Attributs divins.

Lorsque le mourid enroule l’Attribut dans le Nom, puis le Nom dans le Nommé, il contemplera alors l’Unicité du Vrai et se manifestera à lui l’Etoile de l’Existence Absolue. Alors s’érigeront les piliers de son soi, et la terre de son existence se mettra à trembler, faisant ressortir le poids de ses Connaissances profondes, et alors cette terre évoquera une part de ses Secrets. A ce moment-là, les livres de l’égo seront réunis dans le registre de l’esprit et l’aspirant retournera à sa propre origine, sa partie cachée lui apparaitra et se présenteront à lui ses Secrets, par lesquels il comprendra le sens de : « Allâh était alors que rien n’était avec Lui ».

Sayidi Abderrahmân al-Châghoûriy, qu’Allâh l’agrée, dit :

Les voiles me séparant de Lui se sont levés, et les Lumières se manifestèrent à mes yeux
des Lumières qui apparaissent sans que le lieu ne les concerne, voyez les donc ô gens du Soufisme !

Je suis le miroir de mon Bien-Aimé, mon esprit est embaumé de son désire
Mon moi-même est absent de tout autre que Lui, et rejette tout ce qui est mauvais

Depuis que ces visions ont commencé, je suis devenu incliné et prosterné
remerciant et louant, lorsqu’Il m’enroula dans le hâ’ du Nom

Et dans les Hikam de sayidi ibn ‘Ata Allâh al-Iskandariy qu’Allâh sanctifie son secret :
« L’enroulement (at-tayy) véritable consiste en le fait que tu enroules la distance de ce bas-monde par rapport à toi même, jusqu’à ce que tu voies l’au-delà plus proche de toi que tu ne l’es toi-même. »

Et ceci correspond à l’enroulement qui est attendu de toi: que ton égo soit enroulé et neutralisé (par rapport à toi-même) avec ses aspirations, ses passions, ses exigences et qu’alors tu deviennes un ascète et te passes de ce bas-monde… puis que ce bas-monde lui-même soit enroulé et neutralisé avec tout ce qu’il comprend en termes de futilités trompeuses, de beautés et d’illusions, et que tu voies alors l’au-delàs plus proche de toi que tu ne l’es toi-même… puis enfin que soit enroulé et neutralisé (par rapport à toi-même) l’au-delàs avec tout ce qu’il comprends de jardins, de palais et de femmes… et alors, alors seulement, il te sera dit: « ça y est, te voilà avec ton Seigneur ».


Source : Les fondements de la Tariqa Karkariya, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.