بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Celui qui n’efface pas ta considération des directions n’est pas un Shaykh

Allâh –subhânahu wa ta’âla- dit :
« Allâh est la Lumière des cieux et de la terre. Un exemple de Sa Lumière est tel qu’une niche dans laquelle se trouve une lampe. La lampe est dans un cristal, et le cristal est semblable à un astre de grand éclat. Son combustible provient d’un Arbre béni, un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans que le feu ne la touche. Lumière sur Lumière, Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut. Et Allâh donne des exemples aux hommes. Et Allâh est Omniscient. » [s24.v35].

Allâh nous dit dans le Coran que « Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre » [s6.v38]. Absolument tout ce que nous pouvons chercher se trouve donc mentionné dans le Coran, et c’est en lui que se trouvent les réponses à toutes nos questions. De toute évidence, celle de savoir où et comment trouver un Shaykh à même de nous mener jusqu’à Lui ne fait pas exception à la règle.

La réponse à cela se trouve justement mentionnée dans ce verset, où Allâh –subhânahu wa ta’âla– commence par nous dire : « Allâhu noûr / Allâh est Lumière ». Comme nous le voyons, originellement dans ce verset il ne se trouve aucun mot, et donc aucun voile, entre le Nom de l’Essence « Allâh » et l’Attribut de Lumière « Noûr ». Ceci veut dire que lorsque le cheminant accède à la vision de la Lumière divine, il accède par là même à la vision d’Allâh.

Il en aurait été autrement si Allâh –ta’âla- avait dit : « Allâh ar-Rahmân ar-Rahîm Noûr us-samâwâti wal-ard / Allâh, le Clément, le Miséricordieux, est la Lumière des cieux et de la terre ». Dans ce cas-là, en accédant à la vision de la Lumière divine telle que décrite à la suite du verset, le cheminant n’aurait pas pu considérer que sa vision soit une vision exempte de tout voile entre lui et Allâh, mais plutôt qu’en voyant cette Lumière il accèderait au Nom Attribut ar-Rahîm… puis qu’il lui faudrait franchir de nouveaux voiles afin de parvenir au Nom ar-Rahmân, qui n’est que le Nom Attribut indicateur de l’Essence (c’est à dire indicateur de « Allâh »), et non pas le Nom de l’Essence (ism al-dhât) Lui-même… une fois parvenu au Nom ar-Rahmân, il aurait donc fallu encore une fois franchir de nouveaux voiles avant de pouvoir parvenir au Nom de l’Essence « Allâh »…

Or ce n’est pas le cas, car Allâh –ta’ala– dit bien : « Allâhu noûr », Allâh est Lumière. Puis, Il nous donne quatre exemples concrets de manifestation de Sa Lumière. Et le Message Coranique étant universel, ces exemples sont parfaitement connus de l’ensemble de l’humanité. Le premier est celui d’une niche, soit dit autrement une forme circulaire au centre de laquelle se trouve une lampe. Cette lampe, comme toutes les lampes que nous connaissons, est cernée par un cristal, ou un voile en verre, qui a la particularité de séparer la source Lumineuse de ce qu’elle éclaire. Ou dit autrement, le cristal permet l’interaction de la source Lumineuse vers le monde extérieur ténébreux, mais pas l’inverse (en aucun cas les ténèbres de ce qui entre en existence ne peuvent atteindre cette source Lumineuse incréée). Donc même si nous voulions accéder directement à la source de cette Lumière, nous en serions incapables, à cause ou plutôt grâce à ce voile de cristal, sans lequel nous brûlerions et nous consumerions littéralement. Enfin, le quatrième exemple donné nous dit que ce cristal, vu de loin, est « semblable à un astre de grand éclat. », c’est-à-dire semblable à l’étoile la plus brillante que nous puissions voir la nuit.

Puis, Allâh –ta’âla– nous informe que cette Lumière est une Lumière « dont le combustible provient d’un Arbre béni ». La symbolique de l’Arbre nous renvoie, comme nous l’avions vu et expliqué précédemment  à l’Arbre des Shouyoûkh détenteurs de l’héritage Prophétique, par l’intermédiaire de la Porte de la Ville de la Science, comme le précise le Hadîth : « Je suis la Ville de la Science et ‘Ali en est la Porte ».

Cet Arbre béni n’est pas de n’importe quel type : il ne s’agit pas d’un pommier, ni d’un oranger, ni d’un sapin… il ne s’agit pas non plus d’un figuier ni d’un grenadier, bien que ceux-ci soient mentionnés ailleurs dans le Coran : « un olivier, ni oriental ni occidental ». Cet Arbre béni est donc un olivier, soit un arbre qui par nature pousse autour de la mer méditerranée, et dont les meilleures huiles produites proviennent (biologiquement parlant) du nord de l’Afrique et du Moyen Orient. Le Coran nous dit donc clairement que le Shaykh ne peut en aucun cas se trouver ni être originaire de régions du monde telles que l’Amérique, l’Inde ou l’Afrique subsaharienne, car ce ne sont pas des régions favorables à la culture d’oliviers… Et que l’héritier Muhammadien représentant vivant de l’Arbre béni doit nécessairement se trouver dans la région allant du Maghreb jusqu’au Moyen-Orient, c’est-à-dire la région du monde qui constitue le barzakh entre le nord et le sud, le Alif, ou le sirat al-moustaqîm… les musulmans étant ceux qui répètent cinq fois par jour « ihdina s-sirât al-moustaqîm ».

Nous savons donc à présent où doit nécessairement apparaître le Shaykh détenteur de l’héritage spirituel Muhammadien. Mais cette région du monde, quoique limitée, comprend tout de même plusieurs pays… Alors, comment savoir où trouver le Shaykh ?

Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit dans un Hadîth: « Les gens de l’ouest (gharb) ne cesseront d’être supérieurs (dhâhirîn) sur la Vérité jusqu’à ce que l’Heure survienne. » [Rapporté par Muslim].

On rapporte aussi de sayidina ‘AbdelQadir al-Jilaniy (quddisa sirruh), inhumé en Irak, la parole suivante : « Le Moyen Orient est la terre des Prophètes, tandis que le Maghreb est la terre des Awliya ».

Par conséquent, étant donné que nous vivons à une époque où il n’y a plus de Prophètes, qui étaient dans les communautés passées les représentants de l’Arbre Béni, contemporains à leurs peuples respectifs… il nous faut rechercher aujourd’hui le représentant vivant de cet Arbre en la personne d’un Waliy, qui se trouvera non pas au Moyen-Orient (terre de Prophètes) mais dans la région du Maghreb.

Si l’on recherche, au cours des cinq derniers siècles, quelles ont été les Voies Soufies majeures en Afrique du nord, on remarque que toutes les Voies Vivantes prennent source au Shaykh de nos Shouyoûkh, Mawlây ‘Abdessalâm ibn Machîch (quddisa sirruh), dont la Tariqa fut répandue dans le monde entier par l’intermédiaire de son disciple et héritier, sidi Abou l-Hassan al-Shâdhiliy (quddisa sirruh). Cela dit, au fil des siècles et jusqu’à nos jours, il faut savoir que tous les membres de cette silsila Bénie de Shouyoûkh sont originaires du Maghreb occidental (région du Maroc), bien que beaucoup n’y aient pas ou très peu vécu, et aient été inhumés dans des pays tels que l’Egypte (sidi Abou l-‘Abbâs al-Mursi) ou la Lybie (sidi Ahmad Zarroûq)…

« un olivier, ni oriental ni occidental », dans cette description « ni oriental ni occidental » de l’Arbre béni se trouve une indication claire de l’effacement de toute direction relative au plan horizontal, et donc à la nafs, comme nous l’avons traité dans l’article précédent.
Ceci veut donc dire que celui qui t’appelle à autre chose qu’à l’effacement total, par la Lumière divine, de ta considération des directions : ce n’est pas un Shaykh.
« un olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans que le feu ne la touche. ». Le feu désigne ici le feu de la moujâhada, c’est-à-dire la multiplication d’actes d’adoration comme le dhikr, la prière, le jeûne etc. De cet Arbre béni nous parvient donc une Lumière, qui éclaire sans que le feu ne la touche : sans que cette Lumière ne soit le fruit de nos propres efforts et actes d’adoration. Par conséquent, il est absolument inutile d’espérer pouvoir parvenir à la vision de cette Lumière en s’enfermant chez soi et en vouant tout son temps aux actes d’adoration, car le seul moyen d’y accéder, c’est par l’intermédiaire du Waliy et représentant vivant de l’Arbre Muhammadien.

Dans son tafsîr du Coran, sayiduna ibn ‘Arabi (quddisa sirruh) explique :

« « Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’Arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs » en termes de sincérité et de volonté à rester fidèle à l’engagement, ainsi qu’à préserver la Lumière qui l’accompagne.  « et Il a fait descendre sur eux la quiétude » par l’étincellement de la Lumière des Attributs théophaniques. Cette Lumière étant une Lumière de perfection superposée à une Lumière d’Essence, ils purent ainsi accéder au degré de certitude (yaqîn). » [tafsîr al-Qur’ân – ibn ‘arabi].

« Lumière sur Lumière, Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut. » Celui dont Allâh –ta’âla– voudra le bien et la guidée, Il le mènera à la personne qui le mènera à Lui, c’est-à-dire à Sa Lumière. « Et Allâh donne des exemples aux hommes. Et Allâh est Omniscient. ».