بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Combien font réellement 1+1
Chez le disciple sincère, 1 + 1 peut faire 10, ou 100, ou 1000, suivant son degré de sincérité et à la mesure de son avancement dans la Lecture du Nom « Allâh ».
Chez le disciple qui n’est pas sincère en revanche, 1 + 1 font toujours 1.
Sayiduna Mohamed Faouzi al-Karkari (quddisa sirruh) nous faisait remarquer dernièrement que le disciple se doit de se réaliser par le zéro de son égo d’une part, et d’autre part par la singularité spirituelle de son Shaykh. Les informaticiens n’ont donc vraiment rien inventé : tout n’est finalement qu’une affaire de 1 et de 0.
Si le mourid est sincère, il veillera à toujours s’appliquer au suivi de son Imam, et ne jamais dépasser ses limites en tant que ma’moûm… Car le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Que celui d’entre vous qui relève sa tête avant l’Imâm craigne que Allâh lui assigne la forme d’un âne. » [Unanimement reconnu authentique].
Le disciple sincère veillera ainsi donc, en tant que zéro, à toujours se placer derrière son Imâm. Dès lors, si ce disciple est un cheminant ayant réalisé le degré du « Huwa », par son Shaykh il atteindra une valeur de 10. S’il est réalisé dans les degrés du « Lahu », par son Shaykh il atteindra une valeur de 100. Et s’il est réalisé dans les degrés de « lillâh », par son Shaykh il atteindra une valeur de 1000. Nous précisons bien que ceci n’est possible que par la Wâsita… car isolé, le zéro peut être multiplié autant qu’on veut : il demeure toujours un zéro.
En revanche si le mourid entend précéder son Shaykh en quoi que ce soit, qu’il ait atteint la Connaissance par Huwa, par Lahu ou par Lillâh… 01 ; 001 ; 0001 ne font jamais que 1, et l’Imâm est et demeure à jamais tel qu’il est…
C’est en ce sens que l’on pourra dire que 1 + 1 font toujours 1… car en tant que cheminant vers Allâh, le 1 du mourid n’est jamais rien d’autre que zéro.
Si maintenant le mourid estime s’être entièrement anéanti en son Shaykh, si le feu de l’Amour l’a entièrement fait fondre dans la singularité de son Esprit… alors, 1 + 1 feront bel et bien 1, mais sans aucune valeur ajoutée, et la mort d’un tel disciple sera dès lors préférable à sa vie : « (lorsque le mourant) sera convaincu que c’est la séparation, et que le sâq s’enlacera au sâq » [s75.v28/29] c’est-à-dire lorsque les deux Alif constitueront le lâ de l’Esprit ( ا + ا = لا ), comprenant le confinement Moulki de la Risâla, l’illimité Malakoûti de la Noubouwa, et l’absolu Jabaroûti de la Wilâya représenté dans le confinement du confinement (le croisement des deux Alif en leur centre) : « c’est vers ton Seigneur, ce jour-là, que tu seras conduit » [s75.v30]
Pour finir, ajoutons que dans la Haqîqa, ceux qui affirment que 1 + 1 = 2 sont ceux que désigne le verset :
« Le Jour où le sâq (le Alif) sera dévoilé et où ils seront appelés à la prosternation, mais ne le pourront pas. Leurs regards seront abaissés, et l’avilissement les couvrira. Or, ils étaient appelés à la prosternation du temps où ils étaient sains et saufs… » [s68.v42/43].
C’est-à-dire le Jour où l’Essence divine sera pleinement révélée et manifestée à leurs yeux, leur Imâm les appellera à le suivre dans le suivi de l’Unique et à se prosterner à sa suite, c’est-à-dire dans la même direction que celle où il se prosternera lui-même… mais ils ne le pourront pas. Se considérant eux-mêmes comme des Imâm, ils ne seront alors capables de suivre que leur propre aveuglement.
Et dans un Hadîth connu à propos du Jour dernier :
« Demeureront Muhammad ﷺ et sa communauté. Le Seigneur ﷻ Se manifestera alors, Il viendra à eux et leur dira : « Pourquoi n’êtes-vous pas partis comme les gens sont partis ? »
Ils répondront : – Nous avons un Dieu que nous n’avons pas encore vu.
– Et si vous Le voyiez, Le reconnaîtriez-vous ?
– Il y a entre Lui et nous un signe qui, si nous le voyions, nous Le reconnaîtrions.
– Quel est-il ?
– Qu’il dévoile Son Sâq (litt. tibia).
C’est alors qu’Il dévoilera Son Sâq, et se prosterneront tous ceux qui auront un dos apte à se prosterner, tandis que ceux dont les dos sont comme des cornes de vaches demeureront tels quels : ils voudront se prosterner, mais en seront incapables « ils étaient appelés à la prosternation, du temps où ils étaient sains et saufs ».
Puis Il dira : « Relevez vos têtes » (référence au Hadîth précité). Ils les relèveront, et Il leur remettra alors leur Lumière à la mesure de leurs œuvres. Certains recevront leur Lumière comparable à une énorme montagne, qui avancera devant eux. Certains autres recevront leur Lumière plus petite que cela. D’autres la recevront comparable à un palmier à leur droite. Et d’autres encore la recevront plus petite que cela, jusqu’à ce que le dernier d’entre eux reçoive sa Lumière sur le pouce de son pied, tantôt éclairant, tantôt s’éteignant. Lorsque sa Lumière éclaire, il avance, et lorsqu’elle s’éteint, il s’arrête.
Le Seigneur ﷻ, qui Se trouve devant eux, traverse le Feu, laissant derrière Lui une trace comparable au tranchant d’une épée.
Il leur dira alors : « Traversez ! » et ils traverseront, chacun à la mesure de sa Lumière. Certains passeront en un clin d’œil, certains à la vitesse de l’éclair, d’autres à la vitesse des nuages, d’autres à la vitesse des étoiles filantes, d’autres à la vitesse du vent, d’autres à la vitesse du cheval au galop, d’autres à la vitesse d’un homme courant… jusqu’à ce que traverse celui qui aura reçu sa Lumière sur le dessus de son orteil, rampant sur sa face, ses mains et ses pieds. Lorsqu’une de ses mains tombera, l’autre s’agrippera, et lorsque l’un de ses pieds trébuchera, l’autre se rattrapera. Le feu brûlera ses côtés, et ainsi jusqu’à ce qu’il parvienne enfin à traverser, après quoi il dira : « Louange à Allâh qui m’a fait grâce de ce dont Il n’a fait grâce à personne d’autre, en me sauvant du feu après que je l’aie vu ! » » [At-Targhîb wa at-Tarhîb].