بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Allâh ﷻ dit : « Nous n’avons envoyé, avant toi, que des hommes auxquels Nous avons fait des révélations. Demandez donc aux gens du rappel (dhikr), si vous ne savez pas. » [1]

En évoquant le dhikr, Allâh ﷻ évoque ici la porte de la Présence divine et l’annonce de la contemplation, le Secret des théophanies, la porte des ouvertures spirituelles, l’eau des ablutions purifiant à la fois de la souillure mineure que constitue la contingence des mondes, et de la souillure majeure que sont les perceptions sensorielles physiques. C’est par lui (le dhikr) que l’individu atteint la réussite dans ce bas-monde, et l’honneur dans l’au-delà. Nous encourageant ainsi au dhikr, et faisant l’éloge de ceux qui le pratiquent, il dit ﷺ : « Passez, voici Jumdân, les moufarridoûn ont devancé. Les compagnons demandèrent alors : Qui sont les moufarridoûn, ô Messager d’Allâh ? Il répondit : Ceux d’entre les hommes et d’entre les femmes qui évoquent Allâh abondamment. » [2]

Et selon Abdullâh ibn Basr (radiAllâhu ‘anhu), un homme dit : « Ô Messager d’Allâh, les Lois de l’Islam sont trop pour moi, informe-moi donc de quelque chose à laquelle je puisse m’accrocher. Il répondit : Que ta langue ne cesse d’être humidifiée du dhikr d’Allâh. » [3]

Et selon Abou Moussa (radiAllâhu ‘anhu), le Prophète ﷺ dit : « L’exemple de celui qui évoque son Seigneur et de celui qui ne l’évoque pas, est comparable à l’exemple du vivant et du mort. » [4]

Et selon Abou al-Dardâ’, le Prophète ﷺ dit : « Vous informerais-je au sujet de la meilleure de vos œuvres, celle qui suscite le plus la satisfaction de votre Souverain, la plus élevée dans vos degrés, qui vaut mieux pour vous que le don d’or et des biens de ce monde, et mieux encore que le fait que vous rencontriez votre ennemi, que vous le tuiez et qu’il vous tue ? Ils dirent : De quoi s’agit-il, ô Messager d’Allâh !? Il répondit : Le dhikr d’Allâh. » [5]

Les gens du dhikr sont ainsi donc les prédécesseurs dans la Gloire enveloppante du divin. Ils sont une miséricorde pour les gens de la terre, ceux qui prennent part à leurs assises ne sont pas affligés, et ceux qui s’accrochent à eux ne subissent aucune oppression. Le plus petit d’entre eux est en réalité très grand auprès d’Allâh, et le plus méprisé d’entre eux est en vérité glorieux et honoré auprès d’Allâh. Leur état de Présence divine illumine leurs cœurs, purifie leurs cœurs de toute considération d’autre que Lui, de sorte qu’ils soient en mesure d’y accueillir la Magnificence du Maître. Leur dhikr est l’établissement d’un lien Lumineux que ne sauraient interrompre les tourments de l’insouciance. Ni l’achat ni la vente ne les détournent du dhikr d’Allâh, et Il dit ﷻ : « Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d’eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie terrestre. Et n’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier. » [6]

Et Il ﷻ évoqua par ailleurs la prévalence des gens du dhikr dans les degrés de la Proximité en disant : « Les musulmans et les musulmanes, croyants et croyantes, obéissants et obéissantes, loyaux et loyales, endurants et endurantes, craignants et craignantes, donneurs et donneuses d’aumônes, jeûnants et jeûnantes, gardiens et gardiennes de leur chasteté, invocateurs abondants et invocatrices d’Allâh : Allâh a préparé pour eux un Pardon et une récompense énorme. » [7]
Ce verset énumère dix degrés, le dhikr étant le plus noble et le plus élevé d’entre eux.

Considère donc, puisse le Maître te guider, comme le Vrai nous a enjoint à demander aux gens du dhikr, comme Il les a choisis et élus d’entre tous les gens de science… car ce sont les gens du dhikr qui sont véritablement les gens de science (‘ilm) : ils sont ceux qui agissent conformément à ce qu’ils savent, les connaisseurs des méandres et des louvoiements de la nafs, les contemplateurs de la Capacité (qudra) divine par-delà le voile de la Sagesse, ceux qui plongent dans les Océans du Savoir Seigneurial.

Si tu as une question, dirige-toi donc vers les gens des Lumières, car ils sont les dépositaires du remède menant à la Présence du Vrai. Leur proximité est une miséricorde, et l’entrée dans leur présence une faveur et une élection divine.

Questionne ceux dont l’être est perpétuellement imprégné de l’état de Présence, ceux dont le Savoir par Allâh est établi, ceux qui ont lu, par le Nom de leur Seigneur, la réalité de leurs propres âmes, de sorte que lorsqu’ils l’eurent connue, ils connurent par elle l’ensemble de toutes les âmes. Dès lors, aucune maladie (intérieure) ne saurait leur être cachée. Leurs antidotes sont les Lumières de la Proximité, guérissant des ténèbres de la différenciation et du monde créé.

Et qu’Allâh récompense sayidi al-Bouzidiy qui dit sous forme de vers :

Tout juriste est connaisseur des obligations (fard) et des sunna
Quant à moi, mon Savoir est incommensurable, sans fin

Je suis celui qui abreuve, et le vin est mien
Je suis celui qui lève le voile, et la Présence est mienne

Combien d’ignorants sont venus et sont entrés dans ma Voie
Ils sont devenus des gens des sens profonds, des rois de la divine providence

Retire tes sandales et efface ton être, si tu veux me rencontrer
Si tu veux nous connaître : je suis la Source (‘aïn) de Vie

Je suis la réalisation même (‘aïn at-tahqîq), ô toi qui demandes à me voir
Je suis le cheminement de la Voie, et l’univers est dans ma Poignée (qabda)

L’univers est tel un mirage, comme en fait état le verset
de la poussière pulvérisée dans l’air, chez les gens de la réalité ésotérique

Depuis les Océans du Jabaroûte, mon Point est apparu
Il se colora du Nassoûte, et du Secret du Malakoûte.


[1] Sourate al-Nahl, verset 43.
[2] Sahîh Muslim, Hadîth n°4840.
[3] Jâmi’ at-Tirmidhiy, Hadîth n°3322.
[4] Sahîh al-Boukhâriy, Hadîth n°5955.
[5] Sunan ibn Mâjah, Hadîth n°3788.
[6] Sourate al-Kahf, verset 28.
[7] Sourate al-Ahzâb, verset 35.