بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Détourne-toi de ta qibla égotique

Le dévoilement et la connaissance d’Allah ta’ala n’est réservé qu’a une partie de personnes qui acceptent de mettre leur nafs de côté… Mais ceci ne veut pas dire grand-chose au final. Concrètement, cela veut dire qu’il faut accepter qu’un autre être humain, comme nous, soit meilleur que nous et puisse être capable de nous mener à Allah. N’es ce pas cela l’épreuve du cœur? Quand on y regarde de plus près, c’est ce que les Compagnons (qu’Allah les agrée) ont du faire… Accepter que le Prophète (sallAllahu ‘alyhi wa sallam) qui dans son aspect extérieur, est un être humain comme eux, puisse les guider vers la connaissance d’Allah ta’ala. D’ailleurs, le Coran fait à de nombreuses reprises référence à cette épreuve.

Le fait donc que les Prophètes, les Messagers (et les Awliya) soient des humains constitue pour certains la preuve et pour d’autres la raison pour laquelle ils ne les ont pas suivi : « Et ils disent : « Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui (Muhammad) un Ange?  » Si Nous avions fait descendre un Ange, ç’eût été, sûrement, affaire faite ; puis on ne leur eût point donné de délai. Si Nous avions désigné un Ange [comme prophète], Nous aurions fait de lui un homme et Nous leur aurions causé la même confusion que celle dans laquelle ils sont. » [Sourate 6 verset 8-9].

Pour accepter cela, la personne doit remettre la qibla (spirituelle) au niveau de l’intermédiaire désigné par Allah ta’ala (la wassita). Tout d’abord par la langue et c’est ce qu’il est demandé à la personne pour rentrer dans l’Islam. En effet, le fait de dire « ach-hadu allâ ilâha illa Allâh » ne suffit pas à être musulman, les juifs le disent aussi…. Mais ce qu’il faut, c’est reconnaître également la wassita qu’Allah ta’ala a instauré et dire « wa ach-hadu anna Muhammadan Rassoûlullah ». Avant cela, la personne situe la qibla dans sa propre nafs. Elle pense pouvoir accéder seule à la Connaissance et pense prendre directement d’Allah. Alors que la sira nous montre que le Prophète (sallAllahu ‘alayhi wa sallam) a dû avoir un intermédiaire entre lui et Allah qui est l’Ange Djibril (‘alayhi sallam). Ce hadith montre assez bien la relation de Shaykh à disciple qu’il y avait entre les deux : « L’Ange Djibril n’a cessé de me faire des recommandations au sujet du voisin, au point que j’ai cru qu’il allait l’imposer comme héritier. » [Rapporté par Al-Bukhârî]. La personne n’ayant pas trouvé la qibla spirituelle de son temps, aura peut être prononcé avec la langue la chahada mais son cœur sera toujours dirigé vers sa nafs. La preuve est que si elle ferme les yeux, elle ne voit que des ténèbres. Quelqu’un voulant cheminer de la sorte, va malheureusement tomber dans de nombreux pièges et hérésies. C’est alors qu’elle va se mettre à prononcer des paroles communes à l’ensemble des spiritualités non- musulmanes : « Je suis le Tout »,  » Nous faisons partie du Tout », « Il faut accéder au Soi suprême », « Cherchons l’être Divin en nous »… Allah en fait mention dans le Coran notamment en ce verset : « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu´à ce que tu suives leur religion. – Dis : Certes, c´est la direction d´Allah qui est la vraie direction. Mais si tu suis leurs passions après ce que tu as reçu de science, tu n´auras contre Allah ni protecteur ni secoureur » [sourate 2, verset 120].

Ils ne se rendent malheureusement pas compte que ce genre de paroles sont la conséquence du fana dans les ténèbres de leur nafs et donc, dans l’éphémère. Ils en sont venu à considérer le néant ( ce qu’ils désignent par le « Tout » ) et à lui donner une existence. Ils pensent donc ne faire qu’un avec l’univers, ne se rendant pas compte qu’eux et ce qui les entourent ne sont que néant et que seul Lui Existe. Ils pensent ainsi prononcer des paroles de la science du Tawhid en disant : « Nous ne faisons qu’un! » alors que le vrai Connaissant (‘arif) dit:  » Nous ne sommes que fana (néant) et Lui est Un! » Sans cette qibla, la personne ne fait que contempler le ciel ténébreux de sa nafs. C’est en ce sens que Allâh –subhânahu wa ta’ala- dit : « Puis quand le ciel se fendra et deviendra tel une rose écarlate…
Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? Alors, ni aux hommes ni aux djinns, on ne posera des questions à propos de leurs péchés. » 
[s55.v37-39]. L’Imâm al-Quchayriy (radiAllâhu ‘anhu) explique : « « Puis quand le ciel se fendra » c’est-à-dire fondra et s’effacera par le dhikr du Nom Allâh, dhikr fait par le Connaissant (‘arif) « et deviendra tel une rose » dont les pétales exhalent le parfum des sens profonds « comme de l’huile  » c’est-à-dire comme l’huile fondue, lorsque par la pensée purifiée elle fond et se liquéfie. Et en réalité, toute chose fond et se liquéfie lorsque les sens profonds qui les maintiennent en place se manifestent et les recouvrent. ». Rappelons ce que le Shaykh al-Akbar Muhyî-d-Dîn Ibn ‘Arabî dit dans les « Futûhât » à propos du dhikr de l’Ism « Allah » donné par la qibla spirituelle : « Ce dhikr est notre dhikr et celui du maître qui nous a fait entrer dans la Voie. Aucun autre dhikr n’a une utilité comparable. » Quand Dieu a dit : « En vérité le dhikr d’Allâh est plus grand » (…) Ce dhikr produit à l’intérieur de l’invocateur la Lumière du dévoilement qu’il est seul à pouvoir produire »

Pour en revenir au sujet principal de cet article, la personne, si elle veut cheminer, devra trouver la qibla spirituelle de son temps. Une fois trouvée, elle devra prendre le pacte avec cet autre être humain qui est comme elle (d’un point de vue extérieur). Pour ce faire, elle devra avilir sa nafs, en acceptant qu’il est meilleur qu’elle et qu’il est plus à même de la mener à Allah ta’ala. Enfin, il faut savoir que notre Prophète (sallAllahu alayhi wa sallam) a dit qu’une personne viendrait « revivifier » le din à la tête de chaque siècle. Cela veut aussi dire, qu’à la tête de chaque siècle, la oummah va être à nouveau testée dans le suivi de la qibla… N’es ce pas en envoyant notre Prophète ( sallallahu alayhi wa sallam), la meilleure des créatures, que fut la meilleur manière pour Allah ta’ala de savoir qui, parmi ses créatures, ferait partie des soumis à Lui (musulman)? Il est donc fort probable que ce test, l’épreuve du cœur, soit répété à la tête de chaque siècle. « Telle est la règle d’Allah appliquée aux générations passées. Et tu ne trouveras jamais de changement à la règle d’Allah. » [Sourate 48 verset 23]. Comme conclusion, nous pouvons dire que la reconnaissance de la qibla au niveau de la wassita par la langue ne suffit pas, mais il nous faut aussi la reconnaître quand elle se présente à nous sous la forme d’un être humain en contractant le pacte d’allégeance avec elle comme il est mentionné dans le Coran : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d’Allah est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment, ne le viole qu’à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense. » [s48.v10].

La preuve que le pacte a été contracté avec la wassita instaurée par Allah est que, lors de la prise du serment d’allégeance, apparaît la vision d’une Lumière dans les ténèbres de la nafs dont la description est faite dans le Coran ( « Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa Lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat (…) »). Ceci pour la simple raison que cette Lumière est la qibla de toute la création conformément au hadith qudsi : « Lorsque Je voulu créer la création, je pris une poignée de Ma Lumière et lui dis : « Sois Muhammad ! », et Je créais ensuite toute chose de sa Lumière ». Cette prise de pacte avec la wassita établie par Allah sera alors la conséquence d’un avilissement de la nafs, à la chahada de la langue sera ajouté une chahada avec les actes. C’est sans doute en ce sens que nous pouvons aussi comprendre ce verset :  « Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : « Nous croyons! » sans les éprouver? » [s29 v2].

Et Allahu a’lam.


Auteur : Sidi ‘Issa Emmanuel