بسم الله الرحمن الرحيم
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و على اله و اصحابه أجمعين

La reconnaissance pour les bienfaits d’Allâh
Assise du 30 octobre 2015

Mawlana Mohamed Faouzi al-Karkari ( قدس الله سره ) disait vendredi dernier dans son cours :

Allâh –ta’ala– dit : « Et soyez reconnaissants pour les bienfaits d’Allah, si c’est Lui que vous adorez. » [s16.v114]. En ce verset se trouve donc l’ordre de Le remercier. Mais, comment Le remercier réellement ?

Se montrer reconnaissant vis-à-vis des bienfaits qu’Il nous a octroyés, ce n’est pas répéter un certain nombre de fois une formule par la bouche, sans réalité dans le cœur… plutôt, la manière de se montrer reconnaissant vis-à-vis des bienfaits d’Allâh, c’est en accordant la plus grande importance et en sacralisant ces faveurs. Et plus les bienfaits d’Allâh auront en nous de l’importance, plus nous réaliserons l’état de reconnaissance. Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) priait toutes les nuits au point que ses pieds se fendaient, et lorsqu’on lui demandait pour quelle raison il s’infligeait une telle peine, il répondait : « Ne serais-je point un serviteur reconnaissant ? ».

La reconnaissance provient du cœur, non pas de la langue, et il est tout à fait possible qu’un serviteur passe ses nuits à répéter « al-hamdu lillâhi wa ch-chukru lillâh », sans jamais faire réellement preuve de reconnaissance vis-à-vis du bienfait de son Seigneur.
De ceci nait l’injonction à ne pas gaspiller les bienfaits dont Allâh nous a fait grâce: « Et ne gaspille pas indûment : les gaspilleurs sont les frères des diables, et le Diable est très ingrat envers son Seigneur » [s17.v27].

Ô mourid, si donc ta Vision de la Lumière divine (qui est le plus grand de tous les bienfaits qui puissent être accordés à un homme) s’accomplit sans que tu ne lui accordes d’importance, alors saches que tu n’as aucune part dans l’état de reconnaissance vis-à-vis de ton Seigneur… quand bien même tu le prononcerais par la langue, en soujoûd, au minimum 200 fois par jour. Dès lors, ne t’attends pas à voir s’opérer en toi une évolution, ni à t’élever spirituellement vers la réalité de l’Esprit : « Votre Seigneur proclama : « Si vous êtes reconnaissants, très certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous. Mais si vous êtes ingrats, Mon châtiment sera terrible » » [s14.v7].

Et sache, ô mourid, que quoi qu’il arrive, jamais tu ne pourras te montrer reconnaissant comme il se doit. Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) faisait référence à cette incapacité (‘ajz) propre à la créature, vis-à-vis du Créateur, disant : « Je ne saurais Te louer comme il se doit, tu es tel que Tu T’es Toi-même loué ». Et Allâh –ta’ala– dit : « Ils n’estiment pas Allâh comme Il le mérite (Haqqa qadrihi) » [s6.v91].

En ceci se trouve une indication du fait que malgré toute l’importance (ta’dhîm) que l’on peut prêter à ce qui provient d’Allâh, nous sommes incapables de L’estimer comme il se doit (taqdîr). Les nafs qui aiment le moins la mort sont les nafs qui détestent le plus le Shaykh. Ce dernier contredit toujours la nafs des gens, jusqu’à ce qu’ils atteignent la connaissance de qui ils sont vraiment.

Rien au monde ne rapproche plus le mourid d’Allâh que les assises en compagnie d’un ‘Arif billâh : il s’agit là de l’une des plus grandes, si ce n’est la plus grande des adorations qui soit. Si tu n’as pas cette chance, la seule chose qui puisse approcher la valeur de ces assises en termes de mérite, ce serait de te retirer et de pratiquer le dhikr jour et nuit, exclusivement et sans t’arrêter… mais bien évidemment tu es incapable de cela.

Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Les actes ne valent que par leur intention ». Pose-toi donc la question à toi-même : Pourquoi fréquentes-tu un Shaykh ? Qu’attends-tu réellement de ce compagnonnage ? La Connaissance d’Allâh… ou bien quelque chose relatif à ce bas monde ?

Une fois que tu auras trouvé la réponse à cela, tu devras savoir que la seule chose qui puisse te permettre de triompher sur la Voie du Soufisme, c’est de toujours garder une bonne opinion de ton Shaykh. Dès lors qu’une mauvaise opinion vient habiter ton cœur à son égard, bien que lui n’en ait jamais eu contre toi… sache alors qu’il n’y a aucun bien en toi.

Sache également que le Shaykh n’a pas été suscité aux gens pour mener chacun d’entre eux à la ma’rifa, la Connaissance d’Allâh… Bien sûr que non, que de gens se méprennent à ce sujet ! Le Shaykh n’est là que dans un seul et unique but : te faire connaître toi-même.

Si tu es un croyant et un aimé d’Allâh, le Shaykh te permettra d’ôter les voiles qui t’empêchent de le réaliser… Et si tu es un hypocrite, le Shaykh t’en fera prendre conscience. Et si tu prends la fuite et décides de sortir de la Voie d’Allâh, sache que ce n’est pas le Shaykh que tu fuis, mais plutôt ta propre image qui se reflète en lui. Dans le Hadîth : « Le croyant (al-moumin) est le miroir de son frère ». Il est bien ici question de al-moumin, que l’on traduit par le croyant, et qui désigne surtout l’Homme qui se sera pleinement réalisé dans le Nom divin al-Moumin. Il s’agit donc d’un degré spirituel extrêmement élevé, ne t’imagine donc pas voir en n’importe quel musulman l’authentique miroir qui te permet de connaître la réalité de toi-même !

Le ‘Arif billâh est un Soleil, mais les gens ne le voient pas car ce Soleil est caché par des nuages. Si les nuages se dissipaient, et si ce Soleil apparaissait aux yeux de tous, tout le monde le reconnaitrait. Mais c’est ainsi que lorsque Allâh –ta’ala- veut du bien pour l’un de Ses serviteurs, Il lève une part de ces voiles et lui permet de voir… et à l’inverse lorsqu’Il veut éloigner l’un de Ses serviteurs, Il rajoute à ses voiles et le fait persister dans un état d’aveuglement plus ou moins profond.