بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

L’Imâm al-Ghazâliy, Hujjat ul-Islâm, (radiAllâhu ‘anhu) confirme ceci à propos du wajd (balancement) en disant : « Ceci s’observe dans des moments d’émotions intense, d’allégresse ou de désir profond du divin, le statut juridique du balancement est donc déterminé en fonction de la personne :

  • Si son allégresse est noble de nature, et que la danse lui rajoute et confirme cette émotion, alors le mouvement est de nature noble lui aussi.
  • Si son allégresse est de nature permise, le mouvement l’est aussi.
  • Si son allégresse est infâme et condamnable, le mouvement l’est aussi. »

[Aboû Hâmid al-Ghazâliy – Ihiya ‘oloûm ad-dîn]

Le Qâdiy ‘Iyâd rapporte quant à lui dans son livre as-Shifâ, à propos de l’Imâm Mâlik (rahimahuLlâh) : « Lorsqu’on mentionnait le Prophète en sa présence, la couleur de sa peau changeait et il se penchait d’avant en arrière (yanhaniy) au point que la vision de ceci devienne peinant pour les gens présents. »

[al-Qâdiy ‘Iyâd – as-Shifâ]

L’Imâm as-Suyoûtiy (rahimahuLlâh) a dit : « Et il est juridiquement correct de se lever et de danser au cours d’une assise de dhikr et d’écoute de poèmes pieux, ceci selon un ensemble de grands Imâm, parmi eux Sheykh al-Islâm ‘Izz ud-Dîn ibn ‘Abdas-Salâm. »

[al-Imâm as-Suyoûtiy – al-Hâwiy lil-Fatâwiy]

Et sîdî Ahmad ar-Rifâ’iy (qaddas Allâhu sirrahu) nous donne, dans son livre, les différents statuts et types de balancements : « Vous évoquez Allâh dans cette salle et ce faisant vous bougez, vous vous balancez. Les savants de la Loi dont les cœurs sont voilés disent alors : « les aspirants ont dansé », et les connaissants par Allâh disent de même. Celui donc d’entre vous dont le mouvement n’était qu’imitation mensongère, dont l’intention était mauvaise, et dont le dhikr de la langue était réalisé en vue d’obtenir ou d’accéder à quelque chose de vain, celui-là est effectivement un danseur, comme l’ont affirmé les juristes… En revanche il est des gens dont le balancement est sincère, dont l’objectif recherché est noble et pieux, et qui ne font qu’appliquer la parole d’Allâh ﷻ : « Ceux qui prêtent l’oreille à la Parole, puis suivent ce qu’elle contient de meilleur. Ce sont ceux-là qu’Allah a guidé et ce sont eux les doués d’intelligence ! » [s39, v18]. Il est des gens qui, lorsqu’ils entendent la Parole, sont guidés et recherchent directement son sens profond, c’est-à-dire répondre à l’appel divin prééternel : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ?» Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons… » [s7, v172]. Ceux qui entendirent à ce moment-là entendirent une parole sans son, sans lettres, qui ne peut être décrite. En eux s’est ancré la saveur exquise de l’écoute de cet appel, et lorsque Allâh ta’âla créa Âdam (‘alayhi s-salâm), le façonna et le fit descendre lui et sa descendance dans ce bas monde (dounia), le secret de la divinité, préservé et insondable, se manifesta en eux.

Alors, quand leur parvient une mélodie agréable, accompagnée d’une bonne parole, la mélancolie, la tristesse et le désarroi les transportent vers leur origine et ce qu’ils ont entendu de cet appel divin. Ceux-là sont les connaissant par Allâh (‘arifoûna bi-Llâh), qui le sont depuis avant la création, ils sont ceux qui s’aiment en Lui, ceux qui se visitent pour Lui, les évocateurs constants totalement absorbés et ivres de Lui… Le faqîr est dans ce cas-là appelé dhâkir, son esprit s’est balancé et son intention était juste, sa raison fut parachevée et sa page blanchie, il capta alors de son écoute les effluves cachées et insondables d’un secret plié et préservé en lui. Ceci car le secret révélé par l’écoute des poèmes pieux chantés se trouve en toute personne dotée d’un esprit, et chacun entend et comprend de la manière que lui permet sa nature, et comprend donc de cette écoute en fonction des limites de l’ardeur de son désir du divin.

Ainsi on voit que lorsque l’enfant écoute une douce mélodie, il s’endort, et de même lorsque le chameau entend la mélodie du Hâdiy, il oublie la lourdeur de son fardeau et accélère sa marche… et c’est ce que recherchent les connaissants (‘ârifoûn) au travers du balancement (tawâjud) et de la psalmodie de poèmes pieux, et on n’accède évidemment pas à cela au travers de danses prohibées comme le prétendent certains juristes ignorants… C’est quelque chose que ne peut atteindre que celui qui maîtrise ses pensées, et dont le cœur n’est pas constamment préoccupé ni sujet au waswas. »

[Sheykh Ahmad ar-Rifâ’iy – Al-Burhân al-Mu’ayyad]


Source : Les fondements de la Tariqa Karkariya, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.