بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Dans la langue arabe :

As-Siyâha : marcher à travers les terres dans l’intention de réaliser en cela même une adoration, de se promener ou encore de s’éloigner (de problèmes ou autre).

Dans la Tarîqa Karkariya :

As-Siyâha désigne le fait de partir sans considération de l’endroit, dans l’endroit lui-même, et de cheminer sans considération du temps, au cœur du temps lui-même. Ceci se fera sur la base du dépouillement total, selon les différents degrés de la remise totale et absolue en Lui (as-samadiya), exprimée au travers des traces de l’Acte Créateur. Le but de la pérégrination est la réalisation de la négation de tout autre que Lui, soit de tout obstacle entravant l’ascension du cheminant. Elle vise au transpercement des voiles subtiles, à l’acquisition du goût de l’absorption divine (jadhba) basée sur les vibrations circulaires du désir ardent, au sein du cercle de tout ce qui est possible… et sa finalité est l’anéantissement de la divinité du « moi ».

Dans le Saint Coran :

Le mot Siyâha fut évoqué en tout trois fois dans le Coran, sous diverses formes dérivées de la racine du mot. En voici deux :

« Ils sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (as-Sâ’ihoûn), qui s’inclinent, qui se prosternent, qui commandent le convenable et interdisent le blâmable et qui observent les lois d’Allah… et fais bonne annonce aux croyants » [1].

« Parcourez la terre durant quatre mois; et sachez que vous ne réduirez pas Allah à l’impuissance, et qu’Allah couvre d’ignominie les mécréants » [2].

Dans le Hadîth :

Selon Abou Oumâma (radiAllâhu ‘anhu), un homme dit : « Ô Messager d’Allâh, autorise-moi à accomplir la pérégrination. » Il répondit : « La pérégrination (Siyâha) de ma Communauté est le Jihâd dans le sentier d’Allâh. » [3].

Selon ibn Mas’oûd, le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Allâh a des anges parcourant la terre (siyâhiyoûn) et qui transmettent le salâm de ma Communauté »[4].

Selon Abou Houreyra, le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Allâh –ta’ala-a des anges qui parcourent les routes à la recherche des cercles d’évocation d’Allâh. Dès qu’ils trouvent des gens en train d’évoquer Allâh honoré et glorifié, ils s’appellent les uns les autres : « Venez à l’objet de vos recherches ».
Ils étendent sur eux leurs ailes jusqu’au ciel inférieur. Leur Seigneur leur demande (et Il sait mieux qu’eux) : « Que disent Mes serviteurs ».
Ils disent : « Ils Te glorifient, Te purifient, proclament Ta grandeur, Ta louange et Ta gloire ».
Il dit : « Ne M’ont-ils jamais vu ? »
Ils disent : « Non, par Allâh. Ils ne T’ont jamais vu ».
Il dit : « Que feraient-ils donc s’ils Me voyaient ? »
Ils disent : « S’ils Te voyaient ils mettraient encore plus d’ardeur à T’adorer, à Te louer et à Te glorifier ».
Il dit : « Que demandent-ils ? »
Ils disent : « Ils Te demandent le Paradis ».
Il dit : « Ne l’ont-ils jamais vu ? »
Ils disent : « Non, par Allâh. Ils ne l’ont jamais vu ».
Il dit : « Que serait-ce s’ils l’avaient vu ? »
Ils disent : « S’ils l’avaient vu, ils y tiendraient encore plus, le demanderaient avec plus de force et le désireraient avec plus d’ardeur ».
Il dit : « Contre quoi demandent-ils Ma protection ? »
Ils disent : « Contre l’Enfer ».
Il dit : « Ne l’ont-ils jamais vu ? »
Ils disent : « Non, par Allâh. Ils ne l’ont jamais vu ».
Il dit : « Que serait-ce donc s’ils l’avaient vu ? »
Ils disent : « S’ils l’avaient vu ils le fuiraient encore plus et le craindraient davantage ».
Il dit : « Je vous prends à témoins que Je les ai absous ».
L’un des anges dit : « Il y a parmi eux untel qui ne fait pas partie de leur cercle. Il y est seulement venu pour une affaire le concernant ».
Il dit : « Ils représentent le cercle idéal et celui qui leur tient compagnie ne saurait être malheureux ».» [5]


[1] Sourate al-Tawba, verset 112.
[2] Sourate al-Tawba, verset 2.
[3] Al-Mustadrak ‘ala s-Sahîhayn, Hadîth n°2333.
[4] Sahîh ibn Hibbân, Kitâb al-Raqâ’iq, Bâb al-Ad’iya, Hadîth n°922.
[5] Al-Boukhâriy et Muslim.


Source : Les fondements de la Tariqa Karkariya, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.