بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le chemin de la sainteté

La Sainteté désigne le soutien et le secours intérieur des forces de la Lumière contre celles des ténèbres. Et pour devenir un Waliy, il te faudra prendre parti pour la Vérité contre les ténèbres de la nafs et de Shaytân, car l’ensemble des péchés ne sont dans le cœur que ténèbres, tandis que les bonnes œuvres en constituent la Lumière. C’est en ce sens que le Prophète (SallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit: « Si le croyant vient à commettre un péché, une tâche noire vient se placer sur son cœur.S’il se repent, cesse de désobéir et implore le pardon d’Allah, la tâche disparaît de son cœur.Et s’il persiste dans son péché, elle augmente de volume jusqu’à ce qu’elle couvre totalement son cœur.Et ceci est ce qui couvre le coeur comme Allah exalté l’a mentionné dans Son Livre : »Non, mais ce qu’ils ont accompli couvre leurs cœurs. » [Rapporté par at- Thirmidi, hadith n°3334]. Et il fut rapporté de Sayidinâ ‘Alîy (karram Allâhu wajhah) : « La foi (Imân) débute par l’apparition d’une tache blanche dans le cœur, et au fur et à mesure qu’augmente la foi, cette tache blanche s’intensifie jusqu’à occuper le cœur tout entier. Quant à l’hypocrisie (nifâq), elle débute par l’apparition d’une tache noire dans le cœur, et au fur et à mesure que l’hypocrisie de la personne augmente, cette tache augmente également jusqu’à ce que le cœur devienne tout noir ».

Lorsque le mourid rencontre le Sheykh at-Tarbiya (éducateur), et que ce dernier projette dans son cœur la Lumière Muhammadienne, il se doit alors de s’adonner au dhikr jusqu’à ce que cette Lumière occupe son cœur tout entier. Il revient donc au Sheykh de dispenser le flux Muhammadien (madad), et au mourid d’être prédisposé à le recevoir… et le véritable Sheykh ne prive absolument personne venant à lui, ne serait-ce que pour « essayer » et voir si ce que l’on dit est réel ou non… Le Sheykh remplit son rôle, et le mourid doit de même remplir le sien, de façon à ce que la Lumière ne soit pas ôtée de son cœur et qu’il ne devienne pas ainsi du nombre des grands perdants… Le Sheykh sème dans les cœurs ce noyau d’Olive Lumineux provenant de l’Arbre Béni, et il revient au mourid de la faire pousser en l’arrosant d’actes pieux, de sorte qu’elle donne ses fruits à chaque instant de la vie. Et s’il venait par mégarde à commettre un acte blâmable, il verrait alors que sa Lumière diminue… et ceci bien sûr est vu et expérimenté physiquement, sans qu’il ne s’agisse de dires courant sur les langues sans aucune réalité dans le cœur.

Que tout le monde sache donc que le chemin de la Vérité est le chemin de la Lumière.

Et si la Lumière venait à habiter le cœur, elle permettrait d’atteindre l’ensemble des degrés spirituels de l’aspirant. Par elle, ce dernier accèderait à la connaissance des maladies de son égo… à titre d’exemple, considérons l’ostentation (al-riyâ’), qui est plus cachée encore que le pas d’une fourmi noire sur une roche noire au cœur de la nuit noire… Elle ne peut être décelée que lorsque la Lumière de la foi englobe les terres du cœur, et c’est seulement à partir de là qu’il est possible de l’en déraciner. Et c’est de cette même manière que l’on traite l’ensemble des maladies du cœur. La Lumière met au grand jour toute futilité à laquelle le cœur demeure accroché, elle brûle toute partie de ténèbres qu’elle atteint. Ceci est un exemple de dévoilement provenant de la Lumière, qui se produit afin que tu connaisses tes propres défauts et que tu les corriges, par l’aide du Seigneur Tout-Puissant. Il est ainsi deux types de dévoilements (kachf) : l’un est kawniy tandis que l’autre est char’iy. Tous les deux sont connus des Connaissants (‘ârifiyn), mais le véritable cheminement vers Allâh –‘azza wa jall– se réalise au travers du kachf char’iy qui constitue l’héritage de la Prophétie. Quant à celui qui n’a pas atteint cela, il n’est pas considéré comme un Connaissant par Allâh, de par le fait que la Connaissance des gens d’Allâh est établie sur les bases d’une expérimentation (dhawq) authentique découlant d’un suivi concert de ce avec quoi nous est venu le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Et si la Lumière vient à habiter le cœur, alors ce kachf char’iy a inévitablement lieu pour le serviteur et lui dévoile ainsi une part des secrets de la divinité. « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre » [sourate al-Noûr, verset 35].

  • La Lumière te dévoilera à propos de la Beauté resplendissante de ton bien-aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). « Ô Prophète! Nous t’avons envoyé [pour être] témoin, annonciateur, avertisseur, appelant (les gens) à Allah, par Sa permission; et comme une lampe éclairante. » [sourate al-Ahzâb, verset 45/46].
  • La Lumière te dévoilera à propos des fruits véritables de l’adoration. Dans les Hadîth, on retrouve ainsi que : « La prière est une Lumière (Noûr) »« Le Jeûne est une Lumière (diyâ’) »« La patience est une Lumière (diyâ’) ».
  • La Lumière te dévoilera à propos de la réalité de la religion : « Est-ce que celui dont Allah ouvre la poitrine à l’Islam et qui détient ainsi une Lumière venant de Son Seigneur… » [sourate al-Zumar, verset 22], et le sens de « Islam » dans ce verset désigne la religion et non pas le degré spirituel.
  • La Lumière te dévoilera à propos de la réalité du Malakoût… et tu verras ainsi les Prophètes et les Messagers, les Saints, les Anges, le Paradis et l’Enfer… de manière à ce que tu accèdes à la certitude totale (al-yaqîn al-kâmil) et que tu connaisses ces choses comme elles sont réellement, et non pas seulement comme te le suggère ton esprit au travers de ce que tu peux entendre ou lire…

Parmi les Hadîth qui vont dans ce sens, nous pourrons citer celui que rapporte Thâbit, selon Anas, qui dit que Mu’âdh entra un jour chez le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), qu’il trouva allongé et qui lui demanda : « Comment te portes-tu ce matin ô Mu’âdh ? » Il répondit : « Je suis devenu un croyant véritable en Allâh ». Il dit : « A toute parole sa réalité et à toute Vérité son authentification… quelle est donc la réalité de ce que tu dis ? » Il répondit : « Ô Prophète d’Allâh, je ne passe pas un seul matin sans penser que je ne vivrai pas jusqu’au soir, et je ne passe pas une seule soirée sans penser que je ne vivrai pas jusqu’au matin. Je ne fais pas un pas sans penser que ce soit le dernier, et c’est comme si je voyais chaque communauté agenouillée être appelée vers son Livre, et avec elle son Prophète ainsi que ses idoles qu’elle adorait en dehors d’Allâh… et c’est comme si je voyais le châtiment des gens de l’Enfer ainsi que la récompense des gens du Paradis. » Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit alors : « Tu as Connu, garde le silence et persévère. ». Et dans un autre Hadîth relaté par Anas également, le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) s’adressa un jour à un jeune parmi les Ansâr : « Comment te portes-tu ce matin ô Hâritha ? » Il répondit : « Je suis devenu un croyant véritable en Allâh. » Il dit : « Attention à ce que tu dis, à toute Vérité son authentification ». Il répondit : « Ô Messager d’Allâh, je suis las de ce bas-monde, je me prive de sommeil la nuit et de boire la journée… et c’est comme si le Trône (‘arch) de mon Seigneur m’apparaissait clairement, et c’est comme si je voyais les gens du Paradis s’y rendre visite, et les gens de l’Enfer y imiter l’aboiement des chiens… ». Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit alors « Tu as Connu, garde donc le silence et persévère. Voilà un croyant dont Allâh a illuminé le cœur. (أصبت فالزم مؤمن نور الله قلبه ) ».

Ceci sont donc quelques exemples de mouchâhadates (visions à l’état d’éveil) qu’eurent les Sahâba –radiAllâhu ‘anhum-… Les Compagnons qui, de par leur accomplissement et leur réalisation dans leurs secrets de la divinité –qu’Allâh les sactifie-, utilisèrent le Kâf de l’Ihsân (ka’annaka tarâh = comme si tu Le voyais) dans le récit de leurs visions… « c’est comme si je voyais… ». Quant aux visions elles-mêmes, elles proviennent de la présence de la Lumière dans le cœur, comme le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) l’a clairement dit : « Tu as Connu, garde donc le silence et persévère. Voilà un croyant dont Allâh a illuminé le cœur. ». Cette Lumière n’est autre que la Lumière du Messager d’Allâh (‘alayhi s-salât wa s-salâm), une Lumière qui s’atteint au travers d’un sanad (chaîne de transmission) authentiquement relié à lui, transmis par ses héritiers les Connaissants par Allâh –ta’âlâ. Sayidunâ Muhammad al-Harrâq –radiAllâhu ‘anhu- dit ainsi en ces vers :

Mais c’est en ses Lumières que tout se termine
car en elles s’élevèrent les Réalités des nobles

Que la Prière d’Allâh soit sur lui ainsi que Ses Salutations
de même que sur sa famille et ses compagnons, à chaque instant qui soit

Il fut dit également :

Celui qui fut enveloppé dans la Lumière du Messager plonge
dans les mers de la vision de l’Essence jusqu’à en atteindre les abysses

Et ceci est à n’en pas douter ce que les fruits de la Lumière des cœurs donne de plus cher et de plus noble… C’est ainsi que se lèveront les voiles te séparant de l’Être Aimé… et c’est cela que les Amoureux entonnèrent en chantant leurs poèmes, il s’agit là de l’objectif même du cheminement vers Allâh et de son plus noble objet de recherche, étant donné que c’est en cela que l’on réalise le degré de servitude et qu’on observe la convenance avec le Seigneur… Et Allâh est plus Savant.


Auteur: Faqîr sîdî ‘AbdelHafidh