بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Le Prophète ﷺ dit : « Les cœurs se trouvent entre deux des doigts de al-Rahmân, qui les fait passer d’un état à un autre (yuqallibuha) comme Il le veut. »
Le disciple qui chemine par la vision de la Lumière sait que celle-ci à un goût particulier selon les moments du cheminement. Lorsqu’il contemple la poignée primordiale, celle-ci diffuse son souffle dans le cœur du disciple, ce souffle provoque alors un état bien particulier au disciple, il peut s’agir d’un état de ravissement comme un état de constriction, voire un mélange des deux. Ces différents souffles sont en réalité les multiples facettes de al-Rahmân qui est un Nom-Attribut (ism sifat), mais qui a la particularité de regrouper tous les Noms et d’être Indicateur de l’Essence divine.
En réalité, comme nous l’avons déjà expliqué, le Shaykh met en mouvement la nafs du disciple ; dans la mouchahada (la Vision de la Lumière en état d’éveil), le manque d’adab est, par exemple, lorsque nous voyons l’étoile, de dire que la Lumière est petite. Cette attitude reflète notre manque de ta’dhim envers le flambeau illuminant et la considération de nous-mêmes comme étant quelque chose de grand et mentionnable. Car la réalité est toute autre… Nous la voyons petite parce que c’est nous qui en sommes “éloignés”.
Une autre erreur serait de déclarer que celle-ci est en mouvement. En effet, la Lumière est incréée, elle est immuable, autosuffisante, telle qu’elle a toujours été et telle qu’elle le sera toujours, sans que la créature puisse influer d’une quelconque manière sur elle. Or dire qu’elle est en mouvement serait la cantonner dans une espace, ce qui serait la cantonner à une créature…
De cela, la réalité est telle que lorsque, de notre point de vue, nous avons l’impression que la Lumière bouge pendant la contemplation, il s’agit en vérité des mouvements de la nafs et non des mouvements la Lumière.
Certes, notre Seigneur a décidé de rendre la nafs mobile et c’est ce mouvement qui fait apparaître les formes. C’est en cela que l’on dit que toutes les images, soient-elles lumineuses relevant du moulk ou du malakoute sont des ramifications de la Lumière originelle, car l’apparition de toutes ces images sont dues aux mouvements de la nafs.
Donc, lorsque le Seigneur dit : « Par l’Étoile lorsqu’elle descend ! », il est bien question du point de vue de l’Homme, car, en réalité, ce qui est élevé reste élevé et cela d’autant plus lorsqu’il s’agit de la manifestation de la Seigneurie. Car en réalité rien n’existe en dehors d’Allah et l’Homme est inexistant (fana), la descente n’est en réalité qu’une illusion.
L’apparition de l’étoile dans le cœur du cheminant est en réalité une ouverture (fath), un mouvement de la nafs en son centre laissant apparaître un point de Lumière. L’ombre cerne alors de toutes parts la Lumière formant ainsi une image d’étoile.
Tout d’abord, le Coran est une Lumière comme nous l’informe le Prophète ﷺ. Ensuite, comme l’informe la sira, le Prophète ﷺ n’avait pas d’ombre…
Mais qu’est-ce que cela signifie ?
Le Prophète ﷺ dans sa connaissance de la Lumière Coranique avait une connaissance pure et parfaite, au-delà de tous mots, de toutes images, sans que le moindre ombrage d’une nafs vienne produire la moindre ramification.
Pourtant, le Coran est tout de même descendu sous forme de versets, et comment la sira nous dit que cela s’est produit ?
Les versets descendent en fonction des événements qui se produisaient autour de lui ﷺ… c’est en ce sens que nous parlons des « causes de la révélation », pour le Coran. Pour ce qui est du Prophète ﷺ, le Coran descendit dans son entièreté en une seule fois.
Et qu’elles sont les « causes de la révélation » ?
Comme nous l’avons dit, pour que puissent apparaître les versets, donc pour que puissent apparaître des formes de cette Lumière pure, il fallut une ombre. Et cette ombre fut les compagnons. Et attention, ne voyez pas ici le moindre rabaissement des nobles compagnons du Prophète ﷺ et qu’Allah les augmente tous en degrés !
Mais au contraire, c’est par leur qualité d’êtres les plus élevés qui soient, que le Coran est tel qu’il est, c’est à dire le Livre au sujet duquel Allâh ﷻ n’a absolument rien omis de mentionner : absolument tout ce que l’on retrouve dans l’existence est consigné dans Son Majestueux Livre, aussi important ou insignifiant que cela puisse paraître, que cela relève de l’évidence même ou bien du détail, de ce qui est apparent ou de ce qui est caché… tout ce qui se trouve entre le Trône et ce qu’il y a de plus bas y est mentionné. Ainsi, tout ce que les yeux peuvent percevoir des choses physiques du moulk est déjà inscrit et consigné.
C’est donc l’ombre des compagnons, qui ne sont en fait que les différentes facettes du Prophète ﷺ lui-même, et ce en référence au hadith : « Le croyant est le miroir du croyant » (rapporté par Abou Dâwoûd) qui fit apparaître les versets coraniques au fil des années. Et il est bien question de facettes, ayant une partie d’ombre et de Lumière. Ce n’est donc pas un hasard si ce sont les meilleurs Hommes qui ont été suscités pour être en compagnie de la meilleure des créatures ﷺ, car la pureté ne peut que refléter la pureté !
Nous disons que l’ensemble des ramifications que sont les lumières périphériques, les images du moulk et du malakoute ne sont en réalité que des illusions produites par les mouvements de la nafs qui est elle-même illusion au sein du cœur. Ainsi, le monde qui nous entoure, qu’il s’agisse du monde physique (le moulk) ou du monde du malakoute, n’est autre qu’une production de nous-mêmes, une illusion naissant d’une illusion.
Pour revenir à notre sujet principal, de la même façon, le Shaykh met en mouvement la nafs du disciple afin qu’il puisse goûter à différentes facettes du Nom al-Rahmân, autrement dit, à différents Noms divins.
Au fur et à mesure du cheminement, le Shaykh nous fait donc passer d’un Nom à un autre. Cependant, pour que le disciple puisse discerner deux Noms, il est absolument nécessaire qu’il y ait une scission entre les deux. Le disciple va donc voguer dans un souffle qui le lie à Allah ﷻ dont « Il n’y a rien qui Lui ressemble, et c’est Lui l’Audient, le Clairvoyant. » (Coran 42 ; 11).
Et ensuite, avant de passer à un autre Noms, il va goûter à la scission, à la disparition de la poignée primordiale. Et au sujet de cette scission, nous avons dit :
Un monde où rien ne subsiste,
où l’inexistence est de trop, car nul ne peut la mentionner
Lumière, Attribut et le Nom ont disparu,
Leur absence et leur présence y sont égales, car ils sont tel des mirages sans consistances,
Nulle douleur, nul plaisir, nulle envie,
Attendre patiemment que la Transcendance absolue se décide à me lier à une indication d’elle-même…
Dans cet état, le disciple goûte non seulement à la Transcendance absolue, et nous disons que lorsque l’Essence divine se manifeste, les Noms et les Attributs sont occultés, tandis que les Lois et les Actes sont anéantis. Mais il va également goûter à la réelle inexistence de sa nafs. Il va goûter à sa pure immatérialité, à sa réalité illusoire. Ne supportant pas cet état et sa réalité illusoire, la nafs va tenter de se raccrocher à la Seigneurie. Ne pouvant plus se lier à un Attribut provenant d’Allah ﷻ, elle va commettre l’erreur d’Iblis le maudit et s’attribuer la Seigneurie à elle-même. C’est dans cet état que la nafs va être le plus enclin au péché.
Pourquoi le péché ? Car lorsque l’on observe n’importe quel péché celui-ci contient en son sein un bénéfice secondaire octroyant à la nafs un Attribut appartenant normalement au Seigneur. Ainsi certain péché donne l’illusion à la nafs dominer, d’avoir pouvoir, de contrôler, d’être la meilleure, la plus belle, etc.
Cette scission que va goûter le disciple constitue aussi une épreuve de sa sincérité. Le disciple prétendant cheminer uniquement pour Allah ﷻ, c’est-à-dire pour l’ensemble de tous les Noms, est alors soucieux de respecter les recommandations divines lorsqu’il est soumis aux souffles agréables de la poignée originelle. Mais quand ces souffles cessent, que l’Essence se manifeste et qu’il se retrouve devant la réalité de sa nafs, si son intention n’est pas pure, il va inévitablement plonger dans le péché. Ceci sera une preuve de son manque de sincérité, mais aussi sera un enseignement qu’il aura sur lui-même. On retrouve ici le sens du Hadîth : « Celui qui connait sa nafs, connait son Seigneur. »
Après chaque chute, le disciple devra demander pardon, lutter contre lui-même afin de corriger sa sincérité. C’est ainsi que, par le secours divin, il réglera le problème à sa source et non plus en superficie comme il l’a toujours fait.
Par le disciple ‘Issa Emmanuel