بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le foudroiement de sayidunâ Moussa :
la Lumière du Tawhîd

« Et lorsque Moise vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit « Ô mon Seigneur, montre Toi à moi pour que je te vois ! » Il dit : « Tu ne Me verras pas, mais regarde la Montagne : si elle tient en sa place, alors tu Me verras. « Mais lorsque son Seigneur se manifesta à la Montagne, Il la pulvérisa, et Moise s’effondra foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit : « Gloire à Toi ! A Toi je me repens et je suis le premier des croyants » [S7-V143].

Ici, l’emploi du pronom « Notre » se distingue de « son Seigneur », car lorsqu’il est dit : « Notre rendez-vous »  cela désigne le Centre du Cercle où sayidunâ Moussa (‘alayhi salam) se situe et donc parvient à la réunion des Noms du Hâ al-Hawiya, Parvenu ainsi au Centre du Cercle, la communication entre la ramification et la Racine devient alors épurée de toutes les interférences de l’égo et ainsi le serviteur reçoit le Message de son Seigneur de la façon la plus parfaite. Le lieu de ce « rendez-vous » est en réalité situé dans le cœur de sayiduna Moussa (‘alayhi salam), il s’agit du centre de son être, là où la Voix de son Seigneur se fait entendre et lui dicte Son Ordre, c’est donc le lieu de rencontre de la Seigneurie et de la servitude qui se situe sur la pointe du Lâm al-qabd où se rejoignent les deux parties de ce Lam en un seul point ; Et c’est donc pour cela que c’est en ce Lieu que Le Seigneur parle à Son serviteur car l’Entendant et le Parlant sont des attributs d’Allah et ils se rejoignent en Leur Centre.

Alors l’aimant se met à rechercher ardemment l’Union avec le Bien-aimé, il Lui dit : « O mon Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te vois ! ». Poussé par la brûlure que provoque son amour et par l’ardeur de sa passion, le désirant (murid) souhaite que Celui qu’Il aime enlève son Voile afin qu’il puisse contempler sa Face. Comme nous dit sayidi Abou Madyan (qu’Allâh l’agrée) :

Quand nous nous réjouissons ainsi que nos âmes,
et quand l’ivresse de la passion nous envahit, elle nous déshonore

Ne blâme donc pas l’enivré tant qu’il est ivre
car tant que nous le sommes, la responsabilité est ôtée de nous

Mais l’insaisissabilité Divine ne permet pas au Bien-aimé d’être vu par la vision des sens, car la fulgurance de Son Amour brûle toute distinction entre objet et sujet. C’est pour cela que le Seigneur répond à cette demande du serviteur par une indication, c’est à dire de derrière un voile. C’est l’image de la Montagne Tur qui est le Voile empêchant la vision du Seigneur et le support de la Présence Divine tout comme l’était le Buisson ardant depuis lequel le Seigneur parla à sayiduna Mussa (‘alayhi salam) afin de l’avertir de sa mission. La Montagne est indicatrice de l’Essence, et une image du Alif présent au Centre du Monde autour duquel tourne toute l’Existence, elle est le miroir de sayiduna Mussa (‘alayhi salam) et représente aux yeux de celui-ci sa fonction Califal en tant qu’il est le Vicaire d’Allah sur Terre.

Lorsque le Seigneur se manifeste par Sa Lumière dans le cœur de Son serviteur, l’image est effacée simultanément au foudroiement du serviteur car les deux étaient liés par une seule réalité, la Montagne étant en fait le reflet du prophète sayiduna Moussa (‘alayhi salam). sayiduna ibn al-Fârid (qu’Allâh l’agrée) dit en ces vers :

 Et lorsque s’approcha le rendez-vous
en la réunion de tout mon être

Ma montagne s’envola en poussière
face à la sublimité de Celui qui Se manifesta

Et se dévoila alors un secret caché
que connaît celui qui est comme moi

La mort en lui est ma vie
et dans ma vie se trouve ma mise à mort

Je suis le pauvre, retenu captif
ayez pitié de mon état et de mon avilissement

A son réveil, sayiduna Moussa (‘alayhi salam) avait réalisé que tout n’était que Fana alors que subsiste seulement  la Face d’Allah, « [Seule] subsistera La Face [Wajh] de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse » [S55-V27] et que toute chose s’éteint dans la Présence qui n’est que présence à Elle-même et à nul autre qu’Elle ; Car tout n’est que Lumière ; Elle est le Cœur battant du Monde qui ramène au néant toute chose qui en est sorti dans un mouvement de retour vers son Point d’Origine, c’est-à-dire l’Etoile que le Shaykh te donne au moment de la bay’a. C’est pour cela que sayiduna Moussa (‘alayhi salam) dit : « A toi je me repens » donc en Toi je retourne et je m’éteins car c’est de Toi que tout provient et en réalité rien n’est jamais sorti de Celui qui n’a jamais cessé d’Etre Seul.

Lorsque sayiduna Moussa (‘alayhi salam) dit être le « premier des croyants », il s’agit en fait d’un nom de l’Insan Kamil et par ce nom, la persistance (baqa) est établie malgré le degré d’anéantissement réalisé et aucune persistance dans l’Existence si ce n’est par al-Mustafa ﷺ.

Et Allah est plus Savant !
Qu’Allah nous fasse entrer dans Sa Présence Sainte et qu’il fasse de nous des êtres purifiés par l’intermédiaire des Lumières du Tawhid !
Et qu’Il bénisse notre Shaykh bien-aimé Mohamed Faouzi al-Karkari (qadassAllâhu sirahu)


Auteur du texte : le disciple Muhammad Pierre