بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

La mouraqqa’a recèle de nombreux bienfaits, dans cette vie et dans l’autre, et l’Imâm ibn al-Banâ as-Sarqustiy (qu’Allâh l’agrée) les a recensé dans son ouvrage : « al-Mabâhith al-Asliya », qui a été commenté par sayidinâ Ahmad ibn ‘Ajîba, et qui dit en ces vers :

Les gens du tassawwuf n’ont choisi la mouraqqa’a
que pour les particularités que nous allons mentionner :

La première est qu’elle permet de débarrasser (le mourid) de l’orgueil,
qu’elle protège du froid et de la châleur

Elle ne coûte pas cher et également
ne rend envieux aucun avide de ce bas monde

Elle avilit l’égo et rallonge la durée de vie
ainsi que la capacité à patienter et endurer, [son utilisation est] le suivi de l’exemple de ‘Omar

Et on ne voit pas celui qui la porte avec khouchoû’
car elle le fait rester modeste

La mouraqqa’a: Il s’agit du vêtement constitué d’un grand nombre de morceaux de tissus colorés ou non, qui peuvent être de laine, de poils ou de cuir, et les gens du tassawwuf l’ont préféré à tout autre vêtement pour dix raisons :

  • La première : Elle permet de débarrasser la personne de l’orgueil et de le combattre par son contraire : la modestie… excepté si celui qui la porte a l’intention en cela de se faire passer pour quelqu’un de pieux, auquel cas son port devient interdit (harâm), ou encore si celui qui la porte le fait afin de se démarquer en bien par rapport à ceux d’entre les fouqara qui ne la portent pas, ou bien si il voit en le fait de la porter quelque chose qui le rend supérieur aux autres, dans ces cas-là l’effet obtenu devient l’inverse de celui recherché.
  • La deuxième : Elle est ainsi faite qu’elle protège de la chaleur de par le fait qu’elle est faite de morceaux de tissus simplement joints les uns aux autres, et du froid de par le fait de l’épaisseur de son tissus.
  • La troisième : Elle est très bon marché, étant donné qu’elle est faite à partir de tissus destinés à la poubelle qui ne coûtent rien à celui qui les donne. Et si celui qui les demande choisissait les morceaux de tissus de bonne qualité, il sortirait alors de la réalité de ce pour quoi la mouraqqa’a est portée et ne donnerait donc plus les fruits escomptés, devenant ainsi comme n’importe quel autre vêtement.
  • La quatrième : De par sa composition, elle ne donne pas idée au voleur de s’en emparer, non pas par ce que l’acte en lui-même soit harâm… si donc le faqîr vêtu d’une mouraqqa’a venait à se la faire voler, les coupables n’en tireraient aucun profit, c’est-à-dire qu’elle ne leur permettrait pas d’accéder à une quelconque Connaissance spirituelle, et bien au contraire ils la rendraient à son propriétaire et imploreraient le pardon d’Allâh pour leur geste, comme ça a déjà été vu par le passé. Quant au fait de la porter par conformité (avec le reste des fouqara par exemple), le Shaykh sidi Ahmad Zarroûq (qu’Allâh l’agrée) a permis cela.
  • La cinquième : Son port éloigne beaucoup de maux, si on considère celui qui la porte par conformité avec les gens de sa tariqa, de par le fait qu’elle le relie aux gens de bien. Mais ceci est permis si l’intention est d’éloigner (repousser) les gens, non pas pour attirer leur attention, ceci en se basant sur le verset : « Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d’être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » [sourate al-Ahzâb, verset 59]. Ceci vient en explication de l’hémistiche du poème : (lamouraqqa’a) ne rend envieux aucun avide de ce bas monde.
  • La sixième : La mouraqqa’a est un moyen d’accéder à l’avilissement de la nafs de celui qui la porte parmi ses semblables, et en cet avilissement se trouve sa mort, et dans sa mort trouve sa vie… en ce senssidi al-Shushtariy (qu’Allâh l’agrée) a dit en ce vers : Si tu veux nous rejoindre, ta mort est une condition – N’atteint pas la réalisation spirituelle celui en qui il reste quelque chose. Et dans l’avilissement de la nafs on trouve également la perte de sa dignité et de son rang, et ceci est une condition pour se réaliser dans le maqâm de l’Ikhlâss. Par l’avilissement de la nafs on accède à une vie à l’abri des regards, oublié par les gens, et ceci est un repos et une sécurité pour celui qui le vit car il ne risque pas d’être connu pour être ce qu’il n’est pas, il n’est pas informé des affaires importantes… au contraire s’il s’absente on ne l’attend pas, et s’il est présent on ne tient pas compte de son avis. Et en ce sens le Prophète ﷺ a dit : « (Il est un maître) – rabb – hirsute et poussiéreux, aux vêtements de haillons et qui ne possède rien – dhû timrayn –, à qui on ne prête aucune attention… si il jurait par lui sur Allâh, Il l’exaucerait. »
  • La septième : Le port de la mouraqqa’a rehausse l’aspiration spirituelle et détourne le mourid de la création, l’opinion des gens n’apporte que du mal au commun des croyants, quant à celui qui porte la mouraqqa’a, il ne prête plus aucune attention à la création : l’élogieur et le critiqueur sont égaux à ses yeux. Un Shaykh dit ainsi à un jeune homme : Attention avec cette mouraqqa’a, car vous l’honorez beaucoup… Le jeune homme répondit : nous ne l’honorons que pour Allâh. Le Shaykh dit alors : Comme il est bon d’honorer pour Allâh.
  • La huitième : On a dit que le fait de porter la mouraqqa’a rallongeait la durée de vie, se basant en cela sur le fait qu’elle procure des bénédictions à celui qui la porte, et cette personne atteint en peu de temps des connaissances et des degrés spirituels que celui qui ne la porte pas n’atteint qu’en de nombreuses années, et c’est en ce sens que sayidunâ ibn ‘Atâ’iLlâh al-Iskandariy (qu’Allâh l’agrée) a dit dans ses Hikam : « Celui qui a reçu la baraka dans son temps connaîtra en peu de temps ce que les longues explications ne peuvent englober, et que ne peuvent indiquer les signaux. » Et le résultat de l’adoration des ‘ârifîn est multipliée de très nombreuses fois. Il a dit également dans ses Hikam : « L’œuvre prenant source dans le cœur d’un ascète n’est jamais moindre, quant à l’œuvre prenant source dans le cœur d’un désireux, elle n’est jamais grande ». Il fut dit également : Ceci est bien réel, et c’est quelque chose de particulier, (la mouraqqa’a) laisse présager à celui qui la porte une longue vie, et Allâh ﷻ sait mieux.
  • La neuvième : Apprendre la patience et pratiquer la contradiction de la nafs, et en cela se trouve un bien que personne n’ignore. Allâh ﷻ dit : « les endurants auront leur pleine récompense sans compter. » [Coran 39/10]et Il dit : « Et fais la bonne annonce aux endurants. » [Coran 2/155]et Il dit aussi : « Ô les croyants! Cherchez secours dans l’endurance et la Salat. Car Allah est avec ceux qui sont endurants. » [Coran 2/153] Certains sahaba (qu’Allâh l’agrée) ont dit : « La patience (as-Sabr) est à la religion ce que la tête est au corps, et la patience est la monture à la fois de ceux qui dirigent et de ceux qui suivent. Allâh ﷻ dit : « Et Nous avons désigné parmi eux des dirigeants qui guidaient (les gens) par Notre ordre aussi longtemps qu’ils enduraient et croyaient fermement en Nos versets. » [Coran 32/24] Dans le fait de porter la mouraqqa’a se trouve aussi une barrière contre l’accomplissement des grands péchés connus, de par le fait que celui qui la porte ne peut, tout en la portant, approcher de telles choses… elle constitue donc une protection contre les plus grands péchés, et la patience dont il faut faire preuve en portant la mouraqqa’a est en quelque sorte équivalente à celle qu’il faut pour patienter face à l’ensemble des grands péchés
  • La dixième : Le suivi de l’exemple du commandeur des croyants sayidunâ ‘Omar ibn al-Khattâb (qu’Allâh l’agrée). Et le Messager d’Allâh ﷺ a dit en ce sens : « Suivez l’exemple de ceux qui viennent après moi, Aboû Bakr et ‘Omar. » Le fait de les suivre est donc obéir à l’ordre du Prophète ﷺ, et celui qui la porte suit ainsi donc l’ensemble des raisons pour lesquelles ‘Omar (qu’Allâh l’agrée) la portait… Et il portait belle et bien une mouraqqa’a : entre ses épaules se trouvaient treize morceaux de tissu rapiécés, dont un était de cuir, et lorsqu’il l’a échangé pour un autre vêtement, le jour de la prise de Jérusalem, suivant le conseil des musulmans, il dit : « Je me suis renié moi-même. » Et il l’a remis de nouveau. Le port de la mouraqqa’a par ‘Omar (qu’Allâh l’agrée) était donc un choix et une expression de modestie de sa part, et non pas une contrainte qui lui était imposée, car il disposait d’argent et de biens qui lui étaient propres et ce avant et après avoir accédé au Khilâfa. »

[Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba / al-Foutoûhâte al-Ilâhiya fi Charhi l-Mabâhithi l-Asliya]

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Source : <a href= »https://les7lectures.com/les-fondements-de-la-tariqa-karkariya/ »>Les fondements de la Tariqa Karkariya</a>, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.