Durant son dernier voyage aux USA, le Shaykh soufi marocain, Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari – qu’Allah sanctifie son secret – est intervenu dans deux universités majeures de Californie, l’Université de Stanford et Berkeley. Des interventions de références qui ont l’innovation de replacer le soufisme et ses enseignements dans son esprit de contemporanéité à laquelle elle a toujours appartenu. C’est en tant que représentant de son Institut, l’Institut al-Karkari fondé en 2023, que le Shaykh a exposé ses enseignements.

Université de Stanford, 12 décembre 2024.

Le 12 décembre, l’université Stanford à accueilli un atelier consacré à la poésie du célèbre soufi, Shaykh al-Hallaj (m. 922). Diverses intervenants, parmi eux des chercheurs de l’université de Yale et Harvard, ont offert à l’audience des réflexions sur les thèmes du fana (l’anéantissement de soi) et du témoignage du divin. Quant au Shaykh Mohamed Faouzi al-Karkari, son intervention a mis en lumière les dimensions philosophiques et éthiques d’al-Hallaj, suscitant une discussion animée sur la pertinence des concepts dans les débats contemporains sur la subjectivité, la transcendance et la responsabilité morale. Il a d’ailleurs en écho mentionné son propre poème :

Au-dessus des sept paradis
du trône et du piédestal

Le secret de l’Ihsan a rayonné
mon soleil s’est enflammé pour moi.

UC Berkeley, 14 décembre 2024.

Un second atelier, cette fois-ci à l’UC Berkeley, avec une thématique articulée autour du célèbre maître soufi de Séville et du Maghreb, le Shaykh Abu Madyan (m. 1198). L’atelier s’est penché en particulier sur son fameux poème Quand je me souviens de mon Seigneur, que le Shaykh Mohamed Faouzi al-Karkari a situé dans son contexte historique et intellectuel.

Le Shaykh a expliqué la théologie d’Abu Madyan, qui met l’accent sur la primordialité de l’essence, des attributs, des noms et des actions divins en tant qu’ensemble indivisible. Dans cette vision, Dieu seul existe vraiment, tandis que toute la création n’est qu’une simple trace, un reflet de la révélation divine dans le miroir cosmique. La discussion qui a suivi, enrichie par les questions d’universitaires confirmés et d’étudiants de troisième cycle, a illustré la manière dont les textes classiques éclairent encore les conceptions contemporaines de l’épistémologie religieuse, de la philosophie morale et de l’expérience mystique. Les participants se sont demandé comment traduire cette théologie complexe dans le discours philosophique moderne et comment apprécier sa pertinence sans déformer sa signification spirituelle originelle.

L’institut al-Karkari

Ces ateliers font partie d’une initiative plus large de l’Institut Al-Karkari visant à encourager le dialogue entre les praticiens soufis traditionnels et les universitaires, quelle que soit leur affiliation religieuse personnelle. Marouen Jedoui, doctorant en études religieuses à Yale, a facilité la traduction et l’interprétation. Son rôle a illustré les avantages de la collaboration interdisciplinaire, en veillant à ce que les perspectives du Shaykh soient communiquées avec précision et que les termes métaphysiques islamiques spécialisés soient rendus de manière significative pour un public universitaire. Cette médiation minutieuse a souligné les défis méthodologiques inhérents à l’introduction de connaissances ésotériques dans les cadres universitaires. Alors que les études universitaires privilégient souvent la distance analytique, une approche émique cherche à respecter la cohérence interne et les réalités spirituelles du soufisme. Il en résulte une compréhension plus nuancée de la littérature et de la pratique soufies, qui honore les dimensions vécues du mysticisme plutôt que de les réduire à des points de données historiques ou à des théories abstraites.