بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

La Lumière est la preuve évidente venant du Seigneur

« Ô gens ! Certes, il vous est venu une preuve évidente de la part de votre Seigneur. Et Nous avons fait descendre vers vous une Lumière éclatante. Alors ceux qui croient en Allah et qui s’attachent à Lui, Il les fera entrer dans une miséricorde venue de Lui, ainsi que dans une grâce. Et Il les guidera à Lui dans un chemin droit. » [1].

Sayidi al-‘Alawiy (qaddas Allâhu sirrahu) dit dans l’un de ses poèmes :
Nous sommes la colombe de la Jonction (wasl), après la Scission (fasl)
et par Allâh nous sommes parvenus à la Réunion (jam’) sans force de notre part

Nous sommes les rois de la Terre de par Sa Proximité
Ayant sacrifié nos nafs dans Son Amour, ainsi que nos familles

Nous sommes dans la Lumière du Soleil tandis que les autres sont dans les ténèbres
Nous sommes dotés d’une vision perçante, où qu’Il Se manifeste

Et nous détenons de la Lumière du Vrai Lumière sur Lumière
Allâh guide vers la Lumière du Waliy celui qui en est digne

La preuve évidente du Vrai pour Ses serviteurs, c’est le Maître de la création ﷺ, puis ses frères les Awliya après lui : ils sont les héritiers des Prophètes et les guides vers le Vrai. Le Seigneur a fait d’eux un isthme (barzakh) entre le créé et l’incréé, et c’est ainsi qu’ils devinrent des colombes de la Jonction (wasl) menant à la contemplation de l’Attribut divin de Lumière. Ils sont la preuve du Vrai en faveur des serviteurs ayant réalisé la droiture et le parfait équilibre dans les domaines de la différenciation (farq). Purifiés de toute considération du monde physique et de l’opalescence des illusions, c’est eux qu’Il fait marcher sur les traces du Messager d’Allâh ﷺ.

Et du fait que le Bien-Aimé ﷺ est la preuve évidente (burhân) de Son Essence, la Lumière immaculée et la Poignée Sanctifiée, il n’était concerné par aucune des directions physiques, de sorte que la direction du devant était pour lui sensiblement égale à celle du derrière, et il dit ainsi ﷺ : « Voyez-vous ma Qibla ici-même ? Par Allâh, votre état de recueillement (khouchou’) ne m’échappe pas un instant, pas plus que votre inclination (roukoû’) : je vous vois dans mon dos. » [2].

Il transcende les défauts et les faiblesses de la condition humaine, il est celui au sujet de qui le Vrai a révélé : « et lorsque tu lançais, ce n’était pas toi qui lançait, mais plutôt Allâh qui lançait » [3]. Les Awliya après lui suivent ses pas, leurs entités sont la manifestation de sa Lumière éclatante. Allâh ﷻ dit au sujet de Yoûssouf le Véridique : « Elle le désira. Et il l’aurait désirée n’eut été ce qu’il vit comme preuve évidente (burhân) de son Seigneur. » [4]. La preuve évidente (burhân) n’est autre que la manifestation de l’intermédiaire (Wâsita), sayiduna Jibrîl, sous l’apparence des Lumières prééternelles se présentant au cœur du serviteur. Il vit alors Zulaykha dans le chas de l’aiguille, d’une vision de Réunion (jam’), et Zulaykha finit par disparaître dans les Lumières du Tawhîd.

La preuve évidente (burhân) du Vrai sont des Lumières que voit celui dont la vue intérieure perçoit les Lumières prééternelles, par l’intermédiaire d’un Shaykh qui aura ôté de son cœur les voiles des illusions de ce qui est considéré en dehors de Lui.

Sayidi al-‘Alawiy (qaddas Allâhu sirrahu) dit en ce sens :
Il enlève les voiles qui étaient pour son cœur
des obstacles l’empêchant de parvenir au plus haut degré

Celui donc qui n’a pas de vision intérieure (mouchâhada), n’a pas non plus de preuve évidente (burhân), et celui qui n’a pas de burhân, son adoration n’est qu’illusion.
Allâh ﷻ dit : « Et quiconque invoque avec Allâh une autre divinité, sans avoir la preuve évidente (burhân) à son sujet, il devra en rendre compte à son Seigneur » [5].

Si tu ne détiens pas le Burhân des Lumières, c’est que ton associationnisme (chirk) caché a toujours le dessus sur toi-même, et que tu invoques avec Allâh la Zulaykha de ta nafs et de tes passions. Le Prophète ﷺ dit : « Le chirk est encore plus discret que le pas d’une fourmi noire sur une pierre noire dans la nuit noire. » Ah si seulement tu pouvais la voir… Mais pour cela, tu as besoin des Lumières du Tawhîd, afin que te soit dévoilée la fourmi de ton chirk caché, et que t’apparaissent les défauts de ton intérieur et tes maladies les plus enfouies… ce serait alors les Lumières du Tawhîd elles-mêmes qui, petit-à-petit, te mèneraient à la guérison. Et lorsque ces Lumières s’intensifieraient et t’illumineraient, les maladies dans lesquelles tu t’enlises s’effaceraient d’un seul coup, et ton Tawhîd serait alors valide.

En ce sens, sayidi Ahmad ibn ‘Ajîba dit dans son tafsîr du Coran :
« « Certes, il vous est venu » quelqu’un qui vous fait Connaître et qui vous mène à Allâh, et il s’agit là des Saints. Ils disposent d’une preuve évidente (burhân), excepté pour ceux qui sont à l’image des chauves-souris (cad qui vivent dans les ténèbres de la nuit).
« et Nous avons fait descendre vers vous une Lumière éclatante » issue de Notre Secret Sanctifié et de l’océan de Notre Jabaroûte. Vous contemplez en elle les Secrets de l’Essence divine ainsi que les Lumières de Ses Attributs : il s’agit là de ce qu’il parait des manifestations de la Poignée Primordiale Muhammadienne.
« Alors ceux qui croient en Allâh et qui s’attachent à Lui » tout au long de leur cheminement vers Lui « Il les fera entrer dans une miséricorde venue de Lui » : il s’agit là de la Présence Sanctifiée (Hadrat al-Quds) « ainsi que dans une grâce » c’est-à-dire une élévation infinie dans les Secrets de la Connaissance (ma’rifa). « Et Il les guidera à Lui », à la contemplation de cette Lumière, sur le chemin menant à Lui et en un temps très restreint. Notons que ce verset mentionne un ordre d’étapes successives : Il va les guider sur un chemin droit qu’ils emprunteront, jusqu’à arriver à Lui, après quoi Il les fera entrer dans la miséricorde de Sa Présence et dans la grâce de l’augmentation de Sa Connaissance. Et Allâh –ta’ala– est plus Savant. » [6].


[1] Sourate al-Nisâ’, versets 174 et 175.
[2] Sahîh al-Boukhâriy
[3] Sourate al-Anfâl, verset 17
[4] Sourate Yoûssouf, verset 24
[5] Sourate al-Mouminoûn, verset 117
[6] Al-bahr al-madîd fi tafsîr al-Qor’ân al-majîd – Ibn ‘Ajîba.