بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

« Allah égare qui Il veut, et Il guide qui Il veut. Il est le Puissant, le Sage. » (Coran 14 ; 5).

Suite aux récentes attaques contre la Tariqa dans la sphère francophone, nous allons partager dans cet article les compréhensions qui nous sont venues par le flux spirituel (madad) de notre Shaykh, Sidi Mohamed Faouzi Al Karkari, qu’Allah sanctifie son secret.

Quand on regarde dans le Coran, on observe la répétition d’un cycle, dans lequel un envoyé d’Allah (messager et/ou prophète) apparaît au sein d’un peuple qui va se diviser entre ceux qui le suivent et ceux qui le rejettent. Ces derniers vont alors l’attaquer lui, ainsi que ceux qui l’accompagnent.

Allah dit en ce sens au verset 214 de la sourate al-Baqara : « Pensez-vous entrer au paradis alors que vous n’avez pas encore subi des épreuves semblables à celles que subirent ceux qui ont vécu avant vous ? Misères et maladies les avaient touchés, et ils furent secoués jusqu’à ce que le messager et avec lui, ceux qui avaient cru s’écrièrent : « quand viendra le secours d’Allah ? » Très certainement le secours d’Allah est proche. »

On retrouve également ce phénomène de répétition dans les insultes verbales émises à leur encontre, traités de sorciers, de menteurs et d’autres choses du même acabit.

L’apogée de ce cycle étant l’arrivée de notre prophète Mohamed, paix et prière d’Allah sur lui. Il est la synthèse de tous les envoyés d’Allah, de sorte qu’ils ne sont tous que des parties, des facettes de lui-même. Sa mort « physique » signe l’arrêt du cycle dans lequel apparaissaient au sein des peuples, prophètes et messagers, qu’il est venu parachever.

Cependant, cela ne signifie pas qu’après cela, Allah n’a plus fait apparaître d’envoyés pour illuminer sa religion à travers les siècles. C’est plutôt la station spirituelle sous laquelle ils se manifestent qui a changé, car il ne s’agit plus d’un prophète ou d’un messager mais d’un waliy que l’on pourrait traduire de manière approximative dans la langue française par le terme « Saint ».

En effet, comment pourrait-il en être autrement quand il nous est dit dans un Hadith prophétique : « Au début de chaque siècle, Allah envoie un réformateur (mujjaddid) qui renouvelle à cette communauté les affaires de leur religion. » (Rapporté par Abû Dâwûd).

Ces awliya (saints) à travers les époques n’échappent pas à la règle. Ils subissent le même type d’épreuves, puisque détenant eux-aussi une part dans l’héritage prophétique, comme l’expliquait notre Shaykh dans l’une de ses assises :

« Il est inévitable que les nafs s’expriment et tombent en désaccord les unes avec les autres, car les héritiers (du Secret spirituel) héritent également de la part de l’héritage relative à la considération que les gens ont d’eux.

De même donc que les Prophètes ont été reniés, rejetés et traités de menteurs… Les Saints doivent supporter eux aussi leur lot de négateurs, surtout lorsque les gens commencent à entendre les disciples parler des faveurs qu’Allah leur ont octroyé en termes de Lumières et de Secrets. » [1]

On peut donc se demander comment s’explique ce phénomène qui semble se reproduire inlassablement ?

Il s’agit en réalité d’un principe sur lequel est fondé notre univers : plus une personne s’éteint dans la Lumière divine, plus son entité égotique disparaît jusqu’à devenir un miroir pour ceux qui l’observent. Un miroir du cœur de chacun, de sorte que celui qui le contemple y voit sa propre réalité spirituelle, qu’elle soit ‘olwi (élevé) ou soufli (basse). Ainsi, si cet envoyé répugne quelqu’un au point qu’il ne cesse de l’attaquer et de le calomnier, c’est simplement parce qu’il se dissimule à lui-même sa propre réalité ténébreuse perçue dans ce miroir.

Cet effet de miroir dépend du degré de réalisation dans la vérité de chacun, ce ne sont pas seulement les envoyés (prophètes, messagers et saints) d’Allah qui reflète à la création sa réalité intérieur. Chaque personne, à partir du moment où on lui prête une intention qui n’est pas la sienne, peut devenir un miroir pour autrui.

Pour clarifier cela, nous allons donner plusieurs exemples à travers les rapports entre les différentes stations, de la plus basse à la plus élevée.

Nous commencerons par celle qui est en dehors de l’Islam, la mécréance, puis ensuite celles qui se trouvent au sein même de la religion : la station de l’Islam, celle de l’Iman (la foi), et celle et de l’Ihsan (l’excellence). [2]

Commençons donc par observer l’un des reproches provenant de la station de la mécréance vis-à-vis de celle de l’Islam :

Le port du voile serait une soumission de la femme à l’homme.

Si la supposition de départ est avérée puisqu’il s’agit en effet d’une soumission, celle-ci est en réalité vis-à-vis d’Allah. Ces personnes tentent donc d’opposer le concept de soumission à celui de liberté : les femmes qui ne portent pas le voile seraient libres.

Cette apparente liberté proclamée n’est cependant qu’une chimère, utilisée pour masquer une vérité simple : celui ou celle qui refuse de se soumettre aux prescriptions de la loi divine (Shari’a) se soumet de fait aux passions de son âme ténébreuse. Il n’y a pas de compromis ou de juste milieu sur ce sujet.

Nous retrouvons donc une première fois ce principe du miroir : ce sont celles qui refusent cette injonction d’Allah qui se soumettent en réalité à l’homme et le prennent en adoration, cherchant même au prix de la pudeur, à se rendre apparentes à ses yeux.

Poursuivons maintenant la démonstration en prenant la station de l’Islam, vis-à-vis de l’Iman :

Celle des croyants en quête de purification intérieure par la Lumière de la certitude, conformément au Hadith qui nous dit : « L’Iman est une Lumière qu’Allah place dans le cœur de Son serviteur croyant, cette Lumière augmente et diminue en fonction de l’accomplissement de bonnes œuvres. » (Rapporté par Ibn’ Abbas).

Nous ne disons pas que ceux qui ne contemplent pas cette Lumière ne sont pas des croyants, simplement ce n’est pas le même type de foi : l’une se basant sur une vision concrète et évidente corroborée par de nombreux hadiths, il s’agit à notre époque de celle de notre Shaykh et de ses disciples. L’autre se basant sur l’acquisition de savoirs par l’intermédiaire de sciences livresques, étudiées et apprises. La différence entre ces degrés étant comparable à celui qui aurait goûté au miel vis-à-vis de celui à qui on l’aurait simplement décrit.

Pour revenir au sujet principal, on voit donc aujourd’hui certains musulmans faire des reproches aux disciples de notre Tariqa, parmi eux, nous en citerons deux :

La première étant l’accusation de shirk (associationnisme) car nous avons un intermédiaire vivant, en la personne de notre Shaykh pour nous mener à la connaissance d’Allah, et la seconde est de chercher à attirer le regard sur soi et à se différencier par le port du vêtement rapiécé dans le but de s’enorgueillir.

Pour ce qui est de la première, nous citerons une parole de notre Shaykh y répondant durant l’une de ses assises :

« Pire, les musulmans sont petit à petit poussés à rejeter tout intermédiaire (toute wassita) entre eux et leur Seigneur, sous prétexte que cela constituerait de l’associationnisme (shirk)… Alors qu’en réalité, le véritable shirk serait plutôt de se considérer être capable d’atteindre la Connaissance d’Allah par un autre moyen que celui qu’Il a Lui-même instauré pour Ses créatures…

Allah a pourtant créé l’homme de sorte que dans chacune des étapes de son apprentissage, tout au long de sa vie, il ait besoin d’un intermédiaire : lorsqu’il est enfant, sa mère lui apprend à parler… puis lorsqu’il grandit, son père lui apprend à prier… puis il va à l’école, où son instituteur lui apprend à lire… puis il va étudier auprès de professeurs qui lui enseignent des matières différentes selon son orientation… et ainsi de suite. L’être humain ne naît pas savant de toute chose, et son apprentissage ne se fait pas comme ça, tout seul…

Comment peut-on donc penser sérieusement qu’il puisse ne pas en être ainsi avec la religion, avec la purification de nos intérieurs et avec l’établissement d’un lien concret avec notre Créateur : la raison même de notre existence ! » [3]

Maintenant, pour ce qui est du vêtement rapiécé dont l’intention serait de chercher à attirer le regard sur soi et à se différencier par orgueil. Tout comme pour le cas du voile, le postulat de base n’est pas faux : c’est un vêtement qui effectivement, attire le regard.

Ce qui est erroné par contre, c’est de penser que le disciple s’en revêt dans le but d’en tirer un quelconque orgueil, c’est d’ailleurs tout le contraire. Il suffit de le revêtir quelques minutes pour constater qu’il n’est pas agréable de le porter et de voir autour de soi des regards moqueurs, voire même d’être humilié.

Le but est donc exactement l’inverse de l’accusation : il s’agit de chercher à rabaisser sa personne pour progressivement parvenir à annihiler le poids qu’à le regard de la création sur nous.

On observe que celui qui accuse, pensant sonder l’intention d’autrui derrière ses actes, ne fait que révéler la sienne. En effet, on ne peut prêter une intention à quelqu’un sans que celle-ci ne tire forcément son origine quelque part. Si elle n’est pas présente chez l’autre, alors c’est qu’elle l’est forcément en nous.

En ce sens, notre prophète Mohamed, paix et prière d’Allah sur lui dit : « Celui qui traite son frère de mécréant ou d’ennemi d’Allah alors qu’il ne l’est pas, son accusation se retourne contre lui. » (Rapporté par Bukhari et Muslim, riyad as-salihin n° 1733).

Pour finir, observons le comportement des personnes de la station de l’Iman, vis-à-vis de celle de l’Ihsan (l’excellence).

Tout d’abord, qui est celui qui s’est établi dans la station de l’Ihsan ?

C’est le véritable croyant, celui dont nous parle le hadith qui nous dit : « Nul d’entre vous n’est croyant jusqu’à ce que sa passion aille dans le sens de ce avec quoi je suis venu. » (Rapporté par ‘AbdAllâh ibn ‘Amr ibn l-‘Âss).

C’est celui qui a complètement éteint toute trace de son individualité dans la lumière divine jusqu’à « Adorer Allah comme si tu le voyais ».

Il s’agit de nul autre que l’envoyé d’Allah de notre siècle, notre Shaykh, Sidi Mohamed Faouzi Al Karkari, qu’Allah sanctifie son secret.

Ainsi, tout comme dans les exemples précédents, ce que le disciple Karkari reproche à son Shaykh ne renvoie en réalité qu’à sa réalité et à ses propres manquements. Il suffit que le Shaykh demande au disciple de faire quelque chose dont ce dernier ne parvient à saisir le sens, pour qu’il s’impatiente et le critique intérieurement.

Il projette les limites de son intellect sur son Shaykh alors que ce dernier les a transcendées. Chaque acte, chaque parole provenant de lui recèle un sens profond, en vertu du Hadith qudsi du waliy dans lequel Allah dit par la bouche de son Prophète, paix et prière d’Allah sur lui : « […] Lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche […]. » [4]

Cette situation fait écho aux versets de la sourate Al-Kahf, dans lesquels Moussa accompagnant en tant que disciple son Shaykh, Al-Khidr, paix d’Allah sur eux, n’est pas capable de patienter face aux agissements de ce dernier.

Pour conclure, il est important de comprendre que contrairement à toute autre personne dans la création, celle qui s’est établie dans l’Ihsan, est devenue un miroir complet et parfait pour l’ensemble des univers : Toute la création contemple la réalité de son cœur à travers elle. [5]

Les membres des autres stations n’ayant quant à eux qu’une part dans ce miroir relative à leur degré de suivi de la vérité.

Cette personne est donc également la seule en capacité de pouvoir sonder avec constance, les intentions derrière les actes de chacun tel que décrit dans le hadith : « Craignez la perspicacité (firasa) du croyant, car il voit avec la Lumière d’Allah ! » (Rapporté par at-Tirmidhi dans son Jami’).


[1] Source : https://elkarkari.fr/hadra-de-la-noubouwa-pourquoi-la-karkariya-est-elle-rejetee.
[2] Référence au hadith : Il est rapporté sur l’autorité de ‘Omar b. Al-Khattab, qu’il a dit : « Un jour, tandis que nous étions assis avec le Messager d’Allah, un homme est apparu devant nous. Ses vêtements miroitaient de blancs, ses cheveux étaient du plus sombre noir. Il ne laissait apparaître aucune trace de voyage alors qu’aucun de nous ne le connaissait ! Il avança jusqu’à ce qu’il s’asseye devant le Prophète. Il posa ses genoux juxtaposés à ceux du Prophète, et plaça ses mains sur ses cuisses. Puis il a dit :

— Ô Mouhammad ! Informe-moi sur l’Islam ?
— Alors le Messager d’Allah a dit : L’Islam c’est témoigner qu’il  n’y a pas d’autre divinité excepté Allah  (ach-hadou an la Ilaha Illa Allah) et que Mouhammad, est Son Messager (wa anna Mohammadane Rassoulou Allah). C’est encore accomplir la prière, s’acquitter de la zakât, jeûner le Ramadan et effectuer le pèlerinage à la Mecque (pour celui qui le peut).
— Il a dit : Tu dis la vérité !

Omar a dit : « Nous nous sommes étonnés, il l’interroge puis il l’approuve ! »

— Puis (cet étranger) a dit : Informe-moi sur l’Iman (la foi) ?
— Il ﷺ a dit : C’est croire en Allah, en Ses Anges, en Ses Livres sacrés, en Ses Messagers, au Jour Dernier et en la prédestination.
— Il a dit : Tu dis la vérité ! Informe-moi sur l’Ihsan (la bienfaisance/l’excellence) ?
— Il ﷺ a dit : C’est adorer Allah comme si tu Le voyais, car si tu ne Le vois pas sache que Lui te voit.
— Il dit : Tu dis la vérité ! Alors, il dit : informes-moi de l’Heure ?
— Le Messager d’Allah ﷺ, a répondu, en disant : L’interrogé n’en connaît pas plus que celui qui l’interroge.
— Il dit : Parles-moi alors de ses signes.
— Le Messager d’Allah ﷺ a dit : [Parmi] ses signes sont que la femme esclave donnera naissance à sa maîtresse (fille de son maître) et que les pauvres, nus et va-nu-pieds, les bergers, rivaliseront en élevant de grands bâtiments.

L’étranger est parti, je suis resté un moment. Le Prophète m’a dit : « Omar, sais-tu qui était la personne qui posait des questions ? » J’ai répondu que Dieu et Son Messager savaient mieux. Le Prophète a dit : « Cet homme est Djibrîl (l’Archange Gabriel) : Il est venu vous apprendre votre religion. » » (Rapporté par Mouslim).
[3] Source : https://karkariya.fr/tafsir-de-la-du-nejd-apparaitra-la-corne-du-shaytan.
[4] Allah a dit : « Celui qui montre de l’hostilité, quand bien même ce serait pour Moi, à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime ; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant ; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort. » (Sahîh al-Bukhâriy).
[5] Voir le cours suivant : https://elkarkari.fr/al-insan-al-kamil-miroir-univers.