بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

À propos du Shaykh Ibn Lubb : Il s’agit du savant, du savantissime, le mujtahid et le qadi Abu Sa’id Faraj Ibn Qasim ibn Ahmed Ibn Lubb al Andalusi al Gharnati, né en 701. Il fut spécialisé dans le tafsir, le hadith, les usul al fiqh, la grammaire et les sciences des lectures.  Il fut un des grands savants de Grenade et d’Andalousie et un des mujtahids de l’école malikite. Il avait atteint le niveau du tarjih et fut une autorité dans toute l’Andalousie et le Maghrib. Il fut enseignant à la grande mosquée de Grenade et il ne se trouva pas un savant dans l’Andalousie qui ne prît de lui. Il mourut en782.

Question :

A propos d’un groupe de musulmans qui se rassemblent dans un ribat (zawiya) sur la côte lors des nuits spéciales. Ils lisent un juz’ du coran et écoutent ensuite des paroles d’exhortation et des choses subtiles selon un temps donné. Ils font aussi le dhikr par le Nom d’Allah et par le tahlil, le tasbih, le taqdis. Ensuite, certains d’entre eux se lèvent et entonnent des louanges du Prophète ﷺ. Ils entonnent du sama’ qui fait bouger les cœurs et fait languir celui qui les écoute d’avoir les qualités des vertueux, les caractères des pieux et fait se souvenir des signes d’Allah et ses bienfaits. Ils tremblent à l’évocation de la vie prophétique et se balancent par amour et langueur. Ensuite, ils mangent de ce qu’ils trouvent et louent Allah, répètent des prières sur le Prophète ﷺ. Ils finissent par des invocations vers Allah pour l’amélioration de leurs états, mais aussi pour les musulmans ainsi que leurs chefs. Ils se séparent ensuite. Est-ce que leur regroupement avec ce qu’on a décrit est licite ? Est-il permis de leur interdire cela et de les dénigrer pour cela ? Et celui qui les invite parmi ceux qui les aiment dans sa maison pour en prendre du bienfait, et qu’ils répondent à son invitation, est-il licite qu’ils fassent ce qu’on a décrit dans sa maison ?

Le Shaykh Ibn Lubb répondit :

Les assises de récitation du coran et de dhikr d’Allah sont les jardins du paradis, comme cela est rapporté du hadith. Allah dit : « O vous les croyants, faîtes le dhikr d’Allah abondamment. Et louangez le matin et soir. » Il dit aussi : « Ceux qui font le dhikr d’Allah debout, assis et sur leurs côtés. » Il dit aussi : « Quand la prière sera effectuée, faîtes le dhikr d’Allah debout, assis et sur vos côtés. »

Allah dit : « Ceux font abondamment le dhikr d’Allah. » Il dit aussi, selon ce qui est rapporté de la bouche du Prophète ﷺ : « Je suis avec mon serviteur quand il fait mon dhikr. Quand il fait mon dhikr en lui-même, je fais son dhikr en Moi-même. S’il fait mon dhikr dans une assemblée, je fais son dhikr dans une assemblée meilleure. » Cela est confirmé dans le livre d’Allah : « faîtes mon dhikr et je ferai votre dhikr. » Les savants ont déclaré qu’Allah n’a pas ordonné de multiplier une chose plus qu’Il ne l’a fait pour son dhikr et le fait de faire des aumônes. Il dit : « faîtes abondamment le dhikr d’Allah pour réussir. » Il dit sur les aumônes : « ceux qui dépensent de leurs biens nuit et jour, en secret ou en public, auront une récompense auprès de leur Seigneur. »

Quant au fait de déclamer de la poésie, si la poésie contient de bonnes paroles, elle est considérée comme bonne. Et quand elle contient de mauvaises paroles, elle est considérée comme mauvaise. Allah dit à propos des poètes de l’Islam : « Sauf ceux qui ont cru et font de bonnes actions et font abondamment le dhikr d’Allah, se portent secours quand ils sont lésés. » Ceci parce que Hassan ibn Thabit, ‘AbduLLah ibn Rawahah, Ka’b ibn Zuhayr et Ka’b ibn Malik, quand ils entendirent la parole d’Allah : « Les poètes, ne les suivent que les fous. Ne vois-tu pas qu’ils divaguent dans chaque vallée ? Et qu’ils disent ce qu’ils ne font pas ? », ils pleurèrent à sa récitation. Allah envoya alors ces versets pour les excepter dans cette évocation. La poésie a été déclamée devant le prophète ﷺ et sa noble personne a été attendrie et ses larmes ont coulé du fait des vers de la sœur de an Nadr (Qatilah bint Harith). Cela parce que ces vers avaient remué en lui la tendresse et la miséricorde.

Quant au fait de se balancer (tawajjud) lors du sama’, en réalité, il s’agit des signes de l’attendrissement du nafs et des troubles du corps. L’apparence extérieure est influencée par les dispositions intérieures. Allah dit : « ceux qui, quand ils font le dhikr d’Allah, leurs cœurs sont craintifs. », c’est-à-dire qu’ils sont troublés par crainte et espoir. Et c’est par le trouble du cœur que se produit le trouble du corps. Allah dit : « si tu les voyais, tu te retournerais en fuyant et tu serais rempli de crainte. » Il dit : « fuyez vers Allah. »  Le balancement est un attendrissement du nafs, une secousse du cœur, un réveil du ruh. Voici donc ce qu’est le balancement et nul ne pourra dénigrer cela du point de vue de la loi divine. As Sulamiy a rappelé dans « al haqa’iq » selon certains shuyukh qu’ils utilisaient le verset suivant pour prouver le balancement pendant le sama’ et le dhikr : « Nous attachâmes leurs cœurs quand ils se levèrent et dirent notre Seigneur est le Seigneur des cieux et de la terre. Nous n’invoquons en dehors de Lui aucun dieu. » Il disait : « les cœurs sont attachés au malakut, les lumières du dhikr les font bouger et l’art du sama’ ne peut les en repousser. » Quant au fait de feindre l’extase, cela est réprouvé du fait d’exprimer en extérieur ce qui est contraire à son intérieur.

Mais on se rapproche de cet état d’extase avec ardeur par des mouvements pour réveiller le cœur dormant. « O vous les gens, pleurez. Si vous ne pouvez pas, essayez de pleurer ! ». Mais les deux choses sont différentes (feindre l’extase et essayer d’y arriver par le balancement) comme l’a dit le poète à propos de celui qui pleure en état d’extase et celui qui n’est pas en extase et essaie de pleurer :

Et parmi les bien-aimés, se trouve un qui entre en extase
Et un autre qui essaie s’associant à lui

Si les larmes sur les joues se ressemblent
certes, celui qui pleure diffère et de celui qui essaie

Donc, celui qui invite les gens de ce groupe chez lui et qu’ils viennent, Il aura pour récompense ce qu’il avait visé et ce sur quoi portait son intention. Voici ce qui apparaît de cette question quant aux règles extérieures.  Allah se charge des affaires de l’intérieur des cœurs : « les actions ne valent que par leur intention et à chaque personne ce qu’il a eu l’intention de faire. » Et que la paix soit sur celui qui s’arrête à cela !


Source : Taqrib al amal al ba’id fi nawazil al ustadh abi Sa’id.