بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Tafsir Ruzbehan al-Baqiliy
Sourate Ar-Rahman, verset 26-27
Allâh ta’âlâ dit: « Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaître, [Seule] subsistera La Face (Wajh) de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. » [sourate al-Rahmân, verset 26/27].
Si l’on considère donc l’univers et ses habitants selon la Haqiqa (Vérité), on se rend compte de sa nature inexistante, bien qu’en s’en référant aux apparences on puisse à premier abord s’imaginer le contraire. Ceci est pourtant vérifié par le fait qu’une chose ayant besoin d’autre chose pour exister est, dans la Haqiqa, inexistante. On ne parle d’existence réelle que pour un être existant par lui-même, et c’est pourquoi on ne peut attribuer l’Existence qu’à Allâh Seul. Comment ce qui entre en existence à un moment déterminé peut-il prétendre Exister par lui-même alors que ce « lui » n’est que néant? La véritable existence est l’existence pré-éternelle, et c’est la raison pour laquelle Allâh ta’âlâ dit: « [Seule] subsistera La Face (Wajh) de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. » [sourate al-Rahmân, verset 27], et la réalité de ce qu’on appelle en arabe « al-baqâ’ » n’est attribuable qu’à ce qui est de toute éternité: pré-éternellement et post-éternellement. Quant à celui dont le commencement est néant et la fin est néant, son existence est bien différente de l’existence de celui dont le commencement est pré-éternel et la fin post-éternelle (autrement dit, qui n’a ni commencement, ni fin). Lorsqu’on perçoit une manifestation divine, on constate que le divin est Existant par Lui-même, tandis que la création n’existe que par Lui… et c’est à ce moment là qu’on accède à la Réalité de ce qui est néant (fanâ’) et de ce qui est éternel (baqâ’), de ce qui Existe (Woujoûd) et de ce qui est inexistant (‘adam).
Allâh subhânahu wa ta’âlâ a fait connaître Sa pré-éternité et Sa post-éternité à Sa création au travers de la nature éphémère (et donc inexistante) de ce bas-monde et de ce qu’il contient… ceci parce que celui qui rentre dans la post-éternité (baqâ’) sans s’être anéanti en l’Existant (sans avoir réalisé le fanâ’) ne peut être parvenu au véritable baqâ’. On questiona l’Imâm al-Juneyd à propos du verset « Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaître », et il répondit: « Celui qui se trouve entre deux inexistances (c’est à dire celui dont le début est néant et la fin est néant) est lui même inexistant. ».
[tafsîr ‘arâ`is ul-bayân fî Haqâ`iq il-Qur`ân]