بسم الله الرحمن الرحيم
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و على اله و اصحابه أجمعين

Tafsir de Ruzbehan al-Baqiliy [S39.V22]

« Est-ce que celui dont Allah ouvre la poitrine à l’Islam et qui détient ainsi une Lumière venant de son Seigneur… Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis contre l’évocation d’Allah. Ceux-là sont dans un égarement évident. » [s39.v22].

« Est-ce que celui dont Allâh ouvre la poitrine à l’Islam et qui détient ainsi une Lumière venant de son Seigneur » Allâh –subhânahu– met ici en évidence la prévalence et l’honneur accordés aux véridiques d’entre les gens de la vision (mouchâhada), les illuminés par les Lumières sanctifiées. Il a prédisposé leurs esprits, avant que la création ne fut, et Il leur dévoila les Lumières de Sa Beauté (jamâl) et de Sa Majesté (jalâl). Illuminés par Sa Lumière, Il les a parés du vêtement étincelant de Sa Suprématie et de la Magnificence de Son Orgueil. Voilà le sens de l’ouverture (charh) des poitrines, après quoi Il diffuse la Lumière de Sa manifestation dans les esprits (de ces gens) ainsi que dans leurs intellects, jusqu’à ce que s’élève en eux la Lumière de la servitude (‘ouboudiya), et qu’apparaisse la Lumière de la certitude (yaqîn), la Lumière de la Connaissance (‘irfân), la Lumière de la Foi (imân) et la Lumière de l’Islâm. La toute première caractéristique de l’ouverture de la poitrine est l’apparition en elle des Lumières de Ses Attributs. Quant à la dernière, il s’agit de l’apparition en elle de la chatoyance de l’Essence divine. Ces gens se basent donc sur une Lumière issue de Lui, et de cette Lumière ils se vêtissent. Ils voient le Vrai par la Lumière du Vrai, et ils voient tout en dehors du Vrai, depuis ce qu’il y a de plus élevé jusqu’à ce qu’il y a de plus bas, par Sa Lumière également.

Puis, [Allâh –ta’ala-] réprimande les gens dont l’état est opposé à celui précédemment décrit, et qualifie leurs cœurs d’endurcis. Leurs intentions sont mauvaises, ils sont voilés de la Lumière de Son évocation, ceci après qu’Il les ait Lui-même abandonnés et privés de la Lumière de la soumission (islâm) et de la foi en Lui (imân). Il les avertit donc du châtiment qui les attend par Sa Parole : « Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis ». Cet endurcissement est dû au suivi de leurs égos, ainsi qu’à leur refus d’obéir à leur Maître. Puis, Il établit que ces gens sont dans un égarement qui les empêche de parvenir à Lui : « ceux-là sont dans un égarement évident »D’aucun dirent : Il a ouvert la poitrine de Son serviteur à Sa Connaissance, de sorte que ce dernier se trouve sur une Lumière provenant de son Seigneur. Par cette Lumière, il contemple les mondes inconnus (ghayb). Il est entièrement présent, par l’esprit et par le Secret, dans le degré parfait de l’Islâm. Ja’far as-Sâdiq dit : Il a ouvert la poitrine de Ses Saints, car elle constitue Son coffre-fort, la Source de Ses signes, la maison de Son dépôt. Les clefs de cette maison sont auprès de Lui, son gardien est Allâh Lui-même, et nul autre que Lui ne peut voir ce qui s’y trouve. Et comme le dit le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « Certes, Allah ne regarde pas vos images (grand ou petit corps, en bonne santé ou malade, beau ou moche) ou vos biens, mais Il regarde plutôt vos cœurs et vos actes »Al-Noûriy dit : Ils se livrèrent au Secret par la Lumière de la Proximité, et c’est là la véritable ouverture (charh).

D’autres ont dit : « et qui détient ainsi une Lumière venant de son Seigneur », c’est-à-dire qu’il se base sur la certitude (yaqîn), atteint par la contemplation (mouchâhada) de son Seigneur, qui elle-même est accessible par le détournement et l’effacement total et absolu du monde physique (Moulk) et du monde esotérique (Malakoûte). Il ne lui reste ainsi donc plus aucun degré par lequel il ne soit passé, ni aucun état spirituel qu’il n’ait pleinement réalisé. Al-Wâsitiy dit : Il s’agit là d’une faveur immense, que ne peuvent recevoir que les personnes soutenues par la préservation (‘inâya) et la protection (ri’âya) divines : la préservation protège les enveloppes corporelles, tandis que la protection sauvegarde les Réalités ésotériques et les esprits. Certains ont dit : Il Se fit Connaître aux fous, de manière à ce qu’ils Le Connaissent, et Il les dota de vision intérieure afin qu’ils puissent Le voir : ceci a lieu lors de l’ouverture (charh) de leurs cœur à la vision. Puis Il aveugla leurs yeux de la vision de tout autre que Lui, et c’est alors par l’ouverture (charh) de leurs poitrines qu’ils Le Connurent, et par l’aveuglement de tout autre que Lui qu’ils Le virent.
[…]

Al-Ustâdh dit : La Lumière qui provient de Lui –subhânahu– est dans un premier temps la Lumière des écrits transmise par les étoiles de la Science. Puis, cette Lumière désigne la brillance Lumineuse de la bonne compréhension (de ces textes). Puis, il s’agit de la Lumière de l’enseignement oral affermissant la certitude. Puis, de la Lumière du dévoilement, par la manifestation des Attributs divins. Puis, de la Lumière de la contemplation (mouchâhada) par l’apparition de l’Essence divine. Puis, des Lumières samadiya (vers lesquelles on se tourne pour toute chose en exclusivité) par la réalisation du Tawhîd. A ce moment-là, il n’y a plus ni passion, ni objectif, ni présence, ni éloignement… Non, mais plutôt : Lui, Allâh, l’Unique, le Coercitif. « Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis », il s’agit là des cœurs durs n’ayant pas été apaisés par l’accès à la Connaissance divine, et qui de ce fait demeurèrent concernés par le caractère détestable de l’absence de foi religieuse (jahd). Ceux-là sont dans un égarement persistant, plongés dans une ignorance éternelle.

[Explication pour les disciples Karkariy :]

 » La Lumière qui provient de Lui –subhânahu– désigne dans un premier temps la Lumière des écrits transmise par les étoiles de la Science. « 

==> avant de rentrer dans la tariqa, quand vous lisiez les livres des grands maîtres soufis.

 » Puis, cette Lumière désigne la brillance Lumineuse de la bonne compréhension (de ces textes). »

==> Lorsque, en lisant ces ouvrages soufi, vous étiez touchés par la profondeur des mots, et que ces derniers marquaient vos cœurs…

« Puis, il s’agit de la Lumière de l’enseignement oral affermissant la certitude. »

==> Lorsque vous êtes venus à la zawiya, que vous avez rencontré sayiduna Mohamed Faouzi al-Karkari (qaddas Allâhu sirrahu), dont vous avez bus les paroles mot par mot…

 » Puis, de la Lumière du dévoilement, par la manifestation des Attributs divins. »

==> Lorsque vous avez pris la bay’a, et qu’il plaça dans vos cœurs le dépôt divin : cette graine de Lumière que vous regardez durant votre dhikr… sachez que cette Lumière n’est autre que la manifestation de l’Attribut d’Allâh al-Noûr : la Lumière…

 » Puis, de la Lumière de la contemplation (mouchâhada) par l’apparition de l’Essence divine. »

==> Lorsque, à force de dhikr, de prières, de jeûne, de lecture du Coran… votre Lumière s’est mise à grandir et à s’intensifier… au point de vous voir disparaitre en elle, et que vous ne voyiez plus rien autour de vous si ce n’est la Lumière d’Allâh.

 » Puis, des Lumières samadiya (vers lesquelles on se tourne pour toute chose, en exclusivité) par la réalisation du Tawhîd. » 

==> Lorsque, dans la khalwa, vous avez accédé à la réalisation du Tawhîd et que vous avez compris que tout, absolument tout, est de cette Lumière, vers cette Lumière, par cette Lumière, en cette Lumière, pour cette Lumière… A ce moment-là, il n’y a plus ni passion, ni objectif, ni présence, ni éloignement… Non, mais plutôt : Lui, Allâh, l’Unique, le Coercitif.

[Fin d’explication]

Les Mashaykh nous ont certes transmis d’excellentes exégèses de ce verset, mais la Réalité de son tafsir ne se trouve nulle part ailleurs que dans la Parole du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), qui dit lorsqu’on le questionna sur l’ouverture (charh) mentionnée dans le Coran : « « Quand la Lumière entre dans le cœur, la poitrine s’élargit et s’ouvre (infataha) » On demanda « est ce qu’il y a un signe pour reconnaître cela ? » Il dit « ce signe est le languissement pour la demeure de l’éternité, le détournement de la demeure de l’illusion et la préparation pour rencontrer la mort avant la mort » »