بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Visite guidée de la nouvelle zawiya mère

Nous avons annoncé, il y a peu, l’inauguration de la nouvelle zawiya située à al-Araoui, petite ville dans le nord du Maroc non loin de Nador. Nous allons donc, dans cet article, tenter de vous faire une petite visite des lieux.

Tout d’abord, il convient de brièvement présenter ce qu’est une zawiya. La zawiya, également orthographiée zaouiya, zaouia ou zawiyah (arabe : زاوية) signifie le « coin ». Traditionnellement, la zawiya est un lieu ouvert à tous, un lieu de rencontre, un lieu d’accueil. On peut donc dire dans ce sens, que la première zawiya dans l’histoire de l’islam est la mosquée de « Ahl-i suffa » (gens du Banc). C’est-à-dire, une partie de la première mosquée du Prophète (sallAllahu ‘alayhi wa sallam) qui était ouverte à tous et qui accueillait surtout les plus nécessiteux, des Compagnons vivant dans une grande pauvreté. Allah ta’ala en fait mention de ces compagnons dans ce verset : « Et ne repousse pas ceux qui, matin et soir, implorent leur Seigneur, cherchant Sa Face (Wajh). Leur demander compte ne t’incombe en rien, et te demander compte ne leur incombe en rien. En les repoussent donc, tu serais du nombre des injustes. » [S6, V52]. Toujours à propos de ces Compagnons, Il est rapporté par Ibn ‘Abbâs, qu’Allah l’agrée, que le Prophète (sallAllahu ‘alayhi wa sallam), passant devant les gens du Banc, vit leur pauvreté et leur ascèse, et dit : « Réjouissez-vous ! Car quiconque dans ma Communauté persévère dans l’état où vous vous trouvez et est satisfait de sa condition, sera l’un de mes camarades au paradis. ». Pour en revenir à notre sujet principal, la zawiya, dans sa forme traditionnelle, est un lieu de vie dans lequel on y fait du dhikr et y loue Allah –‘azza wa jall-. Plus tard dans l’histoire, la fonction de la zawiya s’étendra et deviendra le point central de la communauté. Sa fonction d’accueil reste mais s’y ajoute une fonction d’enseignement. Elle est un lieu dans lequel on s’instruit où l’on mémorise le Coran, on y apprend à lire et à écrire. C’est un support pour la communauté environnante par l’aide matérielle et spirituelle qu’elle apporte. C’est dans cette perspective que la zawiya Karkariya a été construite dans ce lieu reculé de la petite ville d’al-Araoui. Après cette brève introduction du concept de zawiya, nous pouvons commencer la visite !

Tout d’abord, voici la zawiya vue de l’extérieure, nous pouvons remarquer qu’elle se situe dans un lieu rural où la modestie est de mise ainsi qu’un mode de vie traditionnel marocain. Le bruit du vent se faufilant entre les demeures tout en soulevant la terre battue est la mélodie qui nous accompagne tout au long de la journée. La vie est rythmée par les appels à la prière de la mosquée voisine à laquelle nous nous rendons par la miséricorde d’Allah tous les vendredis.

C’est par le porche que nous pénétrons dans la zawiya…

et nous voilà arrivé dans la pièce où se déroule le majma’.

Le majma’ est un moment où l’ensemble des disciples se réunissent pour faire du dhikr, cela se passe tous les vendredis soir. Tout d’abord, nous commençons par la lecture de la sourate al-Kahf, ensuite nous lisons les sourates quotidiennes qui sont les sourates Yas-sin, al-Fath, Waqiah, al-Mulk. Nous faisons la prière de magrheb et nous continuons avec le wird de la tariqa. Après cela, quelques qasida du Diwan de notre Shaykh sont lues jusqu’à ce que l’Amour et le désir Ardent pour notre Bien-aimè (SallAllahu ‘alayhi wa sallam) nous amène à la hadra. Le Diwan est récité sous forme de chant appelé samâ‘. A propos de cela l’Imâm Ahmad Ibn Hanbal, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Ne sais-tu pas que parmi les groupes, le meilleur est le-leur ? On a dit : mais, ils font le samâ‘ (chants spirituels) et connaissent l’extase (al-wajd, al-jadhb), il a dit : « Ils appellent à se réjouir en Allah… » » [Cité dans le Tanwir al-Qulûb]. De nombreux savants ont fait l’éloge du samâ’ et de sa vertu spirituelle, Dhu-l-Nùn l’Egyptien, qu’Allah lui fasse miséricorde, disait à ce propos :« c’est un messager de vérité (rasùl haqq), venu pour pousser les cœurs vers Allah. Celui qui l’écoute comme il convient, en réalise la vérité, mais celui qui l’écoute avec son âme charnelle est dans l’hérésie ». Après la hadra, une série de dou’a sont faites pour l’ensemble de la oummah. Mais que serait la majma’ sans le cours hebdomadaire de Sidi Shaykh… C’est à cette occasion que Sidi Shaykh dispense les cours que vous retrouvez traduit sur le blog. Les disciples ont souvent comparé Sidi Shaykh lorsqu’il dispense ses enseignements à un fleuve dont on ne saurait retenir l’eau. Ce dars du vendredi soir vaut à lui seul le déplacement jusqu’à al- Araoui. Nous clôturons cette soirée par un repas ouvert à tous, nous y retrouvons donc les voisins de la zawiya et ainsi que les disciples de la tariqa. C’est tard dans la nuit que nous allons nous coucher les yeux et les cœurs rempli de Lumière.

Continuons à présent la visite en prenant l’escalier principal pour accéder à la pièce principale de la zawiya. Pièce dans laquelle nous vivons et dormons le temps de notre séjour.

C’est donc ici que se recueille le disciple le temps de son séjour. Nous y partageons les repas et vivons au rythme des prières. C’est à chaque fois la surprise de savoir qui nous allons rencontrer dans cet endroit. Le « va et viens » des disciples du monde entier y est constant. Chacun désirant contempler la Lumière Mohammadienne et gouter à la Connaissance de leur Seigneur. Il y a peu, ce sont 4 frères brésiliens qui sont venu. Mais il y a eu aussi des indonésiens, canadiens, australiens, etc. Je vous laisse imaginer la richesse des rencontres qui se font dans ce lieu béni… Que celui qui désire venir rendre visite à Sidi Shaykh, s’apprête à un mode de vie communautaire ! Pas question de rester dans son coin, ici la fraternité est de mise. Lorsque Sidi Shaykh aura planté cette graine de Lumière dans votre cœur, nous allons devenir des compagnons. Ce que vous avez lu dans la sira du Prophète (sallAllahu ‘alyhi wa sallam) à propos de l’Amour qu’il y avait entre les Nobles Compagnons, vous allez pouvoir le vivre ici. Un hadith parle de cet Amour qu’il règne entre les gens de la Lumière : « Il y a parmi les serviteurs d’Allah des serviteurs qui ne sont pas des Prophètes, mais que les Prophètes envieront ainsi que les martyrs. » On dit « Qui sont-ils, pour qu’on puisse les aimer ? » Il dit « Ils sont des gens (qawm) qui se sont aimés par la Lumière d’Allah sans liens de parenté ni de lignage. Leurs visages sont Lumière. Ils se tiennent sur des chaires de Lumière. Ils n’ont pas peur quand les gens ont peur et ne sont pas tristes quand les gens s’attristent » Ensuite il récita « Certes, les awliya d’Allah n’auront ni peur ni tristesse » [Rapporté par an Nasa’i dans al Kubra, Abu Ya’la dans son Musnad et Ibn Hibban dans son sahih]. Comme le disait très bien un disciple dans son témoignage vidéo : « ici on ne lit pas le Coran et les hadiths, on est dedans» et « ici n’apprend pas le Tawhid, on vit le Tawhid ! ». C’est aussi dans cette pièce que Sidi Shaykh passe la majeure partie de la journée, assis auprès de ses disciples… Il répond à toutes nos questions, mange avec nous, prie avec nous.

Une telle simplicité étonne pour la première et même pour les fois suivantes. Rien de tel que des paroles de sincérité pour refléter cette réalité, voici donc les paroles d’une sœur (Son pseudo : Poussière Karkariya) ayant rencontré pour la première fois Sidi Shaykh Mohammed Fawzi al-Karkariy ( qaddas Allahu sirhu) : « A tous mes frères et soeurs, ce que je vis en ce moment est si beau que j’aimerai que vous tous le viviez…Vraiment si vous voulez Allah , l’Aimer de tout votre Cœur, le sentir, voir Sa Lumière…on ne mérite rien de tout ça, vraiment on ne le mérite pas, mais Allah nous l’offre malgré nos nafs pourries… Si vous voulez vraiment Allah swt …venez a Nador…wallah mes frères et sœurs c’est un Waliy qui est à Nador… si vous voulez Allah venez voir Son Waliy… Il se comporte avec ses disciples comme une maman prend soin de son nourrisson, le couve et le nourrit afin qu’il grandisse…Il nous prend par la main et petit à petit nous mène à Allah…Ça fait plus d’un an que je suis karkariy mais c’est la première fois que je vais rendre visite à Sidi Shaykh…il n’a rien avoir avec les photos…il est tellement généreux et doux…il nous rassure et nous console quand on pleure…il nous donne du courage quand on se sent faiblir…il nous montre un à un nos vices et nous les retire…je viens seulement de comprendre réellement la notion de médecin du cœur…il est un trésor…je vous le répète car il m’est impossible de me taire…à tous ceux dont le but est Allah swt…venez a Nador insha Allah »

Pour ce qui est de la pièce principale de vie, il existe la même à l’étage juste au-dessus réservé pour les sœurs. Le premier et le deuxième étage sont donc identique. Après ces paroles d’Amour, nous continuons la visite de cette zawiya bénie. Comme nous l’avons dit, la vie à la zawiya est communautaire. Que cela soit au sein de celle-ci dans le mode de vie des disciples mais aussi dans ses alentours. Pour ce qui concerne les disciples, vie communautaire ne va pas sans tâches communautaires… Une cuisine est donc à la disposition des disciples et ainsi qu’un lavoir pour nettoyer les habits.

Tradition, aide, accueil : le puit public

Pour ce qui est de ses alentours, la construction de la zawiya s’est faite en respectant l’esprit traditionnel, d’aide et d’accueil. La plupart des personnes vivant dans le voisinage de la zawiya ne bénéficie malheureusement pas d’eau courante. En s’implantant dans ce village, Sidi Shaykh a décidé que l’on se devait de faciliter la vie des habitants. Nous avons alors construit un puit à la disposition des habitants du village. Voici quelques photos des quelques étapes de la construction de ce puit.

Et voici le résultat final !

Le puit est enfin terminé et mis à la disposition des villageois. Les enfants du village sont chargés de venir chercher l’eau pour la famille.

La visite arrive tout doucement à sa fin mais avant cela il nous reste à vous présenter une pièce extrêmement importante dans la zawiya mais aussi dans le cheminement du disciple. Cette pièce est la khalwa ! Nous avons coutume d’appeler cette pièce par le nom de ce que l’on y fait, il s’agit de la retraite spirituelle. Après un certain temps (il varie pour chacun) passé à avoir fait grandir cette Lumière, que l’on reçoit lors du pacte, avec les bonnes actions, le dhikr, les lectures du Coran… Après avoir eu l’ensemble des mouchahada (vision en état d’éveil) pour compléter la « phrase spirituelle ». Notre shaykh décide que le disciple est enfin prêt pour la khalwa. Cette retraite se déroule dans une pièce, et le disciple est coupé du monde pendant 3 jours. Des sanitaires sont à disposition à côté de la pièce afin que celui-ci ne croise personne lors de sa retraite. La seule personne que le disciple voit est Sidi Shaykh qui vient lui dire quand il doit se lever, quand il doit dormir. Sidi Shaykh lui apporte aussi le repas de rupture de jeune. Lors de cette retraite le disciple verra l’expansion de l’univers (fatq) retournée à son état condensé (ratq). Allâh -ta’ala- dit : « Ceux qui ont mécru (verbe kafara), n’ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte (ratq)? Ensuite Nous les avons séparés (fatq) et fait de l’eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? » [sourate al-Ambiya, verset 30]. « C’est à dire : Ceux qui ont dissimulé (car dans la langue arabe, kafara veut dire couvrir, dissimuler…) n’ont-ils pas vu la Réalité ésotérique, la spécificité de l’Essence première, qui est que les cieux spirituels et les terres corporelles étaient une substance condensée que Nous avons ensuite étendu par l’Unicité, mettant en évidence les diversités illusoires. Et nous fîmes naître à partir de l’eau transcendante divine tout être vivant, en préservant en eux l’équilibre grâce à la balance de justice, accordant à chaque Nom divin sa part effective. Le degré spirituel de la Réunion (jam’) est un fondement d’entre les fondements de la méthodologie éducative des soufis, et celui qui n’a pas atteint le degré de la Réunion n’a en réalité aucune part dans la contemplation divine (chouhoûd)… et celui qui n’a aucune part dans la contemplation divine n’a aucune part dans la Connaissance du divin (ma’rifa). Par conséquent le renvoi des sept cieux, des sept terres, du Piédestal (Kursi) et du Trône (‘Arch) étendus vers leur état de condensation originelle, est un fondement d’entre les fondements de notre voie, de manière à ce que s’éclaircisse pour le cheminant le rôle du Un dans les différents degrés numériques… il verra ainsi les actions du Vrai au travers des différents degrés d’action des serviteurs, de sorte qu’il ne voie plus aucune action qui ne provienne de Lui -subhânahu-. Au terme de celle-ci, notre Shaykh fera don du Secret du Tawhîd qui est au-delà de toute vision, de toute expression et de toute indication. Ce Secret n’est pas un secret de mots, mais un secret qui se donne de cœur à cœur tout comme on a reçu la Lumière lors du pacte. » [al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-‘Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)].

Notre Shaykh dit aussi à propos de celui qui l’a reçu : « A partir de ce moment-là, il contemplera l’existence illusoire par Allâh. A ce moment-là se manifestera le Nom divin et Ses Lois, et se dissiperont l’image et ses illusions. Le temps présent parlera par la langue éternelle, l’unicité sera contemplée au cœur même de la multiplicité, et l’esprit se verra happé et ravi par la vision de la Beauté prééternelle. On comprendra alors que cette multiplicité n’a en réalité pas d’Existence en elle-même et qu’elle n’est qu’une ombre éphémère. La chose sera donc dès lors perçue comme existante au travers de l’Essence véritable et non pas par elle-même. Les perceptions de tout autre que Allâh s’éteindront, et le cheminant s’évanouira dans l’océan du Hâ’. »

Voici, la pièce bénie ou se déroule la khalwa. Il est à noter qu’il y en a deux à l’étage des hommes et une à l’étage des femmes, car elles aussi font la khalwa.

C’est ainsi que s’achève la visite de l’humble zawiya de Sidi Shaykh Mohammed Fawi al-Karkariy… Nous espérons avoir quelque peu démystifié le lieu et vous avoir donné envie de nous rendre visite. Mais surtout, rencontrer Sidi Shaykh. Sidi Shaykh veut que cette zawiya soit un lieu de partage, de rencontre, de fraternité pour Allah. Si vous voulez participer vous aussi à cet élan d’Amour du Divin, n’hésitez pas, vous savez à présent où nous nous trouvons…