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La Zakât : sens apparent et caché

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Le sens de la Zakât (Apparent et Caché)

Le sens apparent

La Zakât, ou aumône purificatrice obligatoire, constitue comme nous le savons le troisième pilier de l’Islam. Considérons donc l’un des versets Coranique se référant à la Zakât : Allâh –ta’ala- dit : « … et malheur (wayl) aux associateurs, ceux qui n’acquittent pas la Zakât et ne croient pas en l’au-delà! » [s41.v7]. L’Imâm at-Tabariy (rahimahullâh) explique dans son tafsîr : « Selon ibn ‘Abbâs, « et malheur (wayl) aux associateurs, ceux qui n’acquittent pas la Zakât et ne croient pas en l’au-delà! », désigne ceux qui n’attestent pas que « lâ ilâha illâ Allâh » ».

Selon ‘Ikrima, ce même verset désigne ceux qui ne disent pas « lâ ilâha illâ Allâh ». D’autres ont dit : « Plutôt, ce verset désigne ceux qui ne donne pas la Zakât prélevée sur leurs biens qu’Allâh a rendue obligatoire, et qui ne la remettent pas à ceux qui la méritent. »
Sa’îd rapporte que, selon Qatâda : « ceux qui n’acquittent pas la Zakât sont ceux qui ne la sortent pas et ne croient pas non plus en elle (en son obligation). Or on disait : « La Zakât est le pont de l’Islâm : celui qui le traverse est sauvé, tandis que celui qui s’y refuse est voué à la perdition. » […] Concernant ce verset, la bonne position est celle de dire comme ceux qui ont dit : « ceux qui n’acquittent pas la Zakât » sont ceux qui ne purifient pas leurs biens par celle-ci, car c’est là la définition la plus connue du mot « Zakât »»

[Tafsîr at-Tabariy]

Le sens caché

Concernant ce même verset, le Shaykh Abou Muhammad al-Baghawiy (rahimahullâh) dit :
« Selon sayidina ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu), « ceux qui n’acquittent pas la Zakât » sont ceux qui ne prononcent pas la Parole « lâ ilâha illa Allâh », qui est la Zakât (purification) des âmes, et le sens de cela est qu’ils ne purifient pas leurs âmes de l’association (chirk) au Tawhîd. »

[Tafsîr al-Baghawiy]

Le Shaykh Abou Hayyân al-Andaloussiy (rahimahullâh) rapporte dans son tafsîr, toujours au sujet de ce verset : «Ibn ‘Atiyah a dit : Il s’agit là de la Zakât (purification) du cœur et du corps, c’est-à-dire la purification du chirk et des péchés, et c’est là également ce que dirent Moujâhid et al-Rabî’»

[Al-Bahr al-Mouhît fi at-Tafsîr – Abou Hayyân al-Andaloussiy]

Justification du sens caché :

Le Shaykh Abou Hayyân al-Andalousiy (rahimahullâh) dit dans son tafsîr, concernant le verset : « et malheur (wayl : fleuve de l’Enfer) aux associateurs, ceux qui n’acquittent pas la Zakât et ne croient pas en l’au-delà! » [s41.v6] :
« la Zakât » selon Ibn ‘Abbâs, désigne ici la Parole du Tawhîd « lâ ilâha illâ Allâh », et c’est en ce sens que Moussa (‘alayhi s-salâm) dit à Pharaon : « Voudrais-tu te purifier (tazzakkâ)? » [s79.v18]« . Cette interprétation est appuyée par le fait que ces versets ont été révélés à la Mecque (avant la Hijra), tandis que la Zakât des biens matériels n’a été instaurée qu’à Médine. Ibn ‘Atiyah a dit : « Il s’agit là de la Zakât (purification) du cœur et du corps, c’est-à-dire la purification du chirk et des péchés, et c’est là également ce que dirent Moujâhid et al-Rabî’ »

[Al-Bahr al-Mouhît fi at-Tafsîr – Abou Hayyân al-Andaloussiy]

Synthèse

Ce verset peut donc être compris selon plusieurs points de vue différents :

Dans le sens Apparent (dhâhiriy)

Toute personne prononçant la chahâda entre et fait partie de la communauté des musulmans, qui mettent en pratique les cinq piliers de l’Islâm, dont fait partie la Zakât (l’aumône obligatoire). De ce fait, cette personne musulmane n’est plus concernée par l’associationnisme des mouchrikîn qu’on promet, dans le verset précité, à un fleuve de l’Enfer appelé Wayl.Cette explication est celle que l’on retrouve dans les exégèses des sens apparents du Coran telles que les Tafasir des Imam al-Zajjâj, at-Tabariy, ibn Kathîr et d’autres.

Dans le sens Profond (bâtiniy)

Toute personne prononçant la chahâda et s’acquittant des cinq piliers de l’Islâm tout en reniant l’obligation de purification (zakât) de l’âme, est certes débarrassée du chirk (associationnisme) apparent, mais pas du chirk caché, le chirk intérieur, le chirk des cœurs… Cette purification (zakât) s’opère, comme le mentionne sayiduna ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu), par la mention (le dhikr) de « lâ ilâha illa Allâh. Mais que peut-on dire sur ce dhikr faisant passer du chirk au tawhid ? Tout d’abord, la Parole du Tawhîd dont nous parle sayiduna ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu) est constituée de 12 Lettres et pour cette raison, le nombre 12 est considéré chez les Soufis comme étant le symbole de cette Parole…  C’est pourquoi notre Bien-Aimé Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) ait eu au total 12 femmes. Sayiduna ‘Issa eut 12 apôtres. Sayiduna Moussa frappa la pierre de son bâton (le Alif du Tawhîd), et jaillirent de cette pierre (c’est-à-dire sa propre nafs) douze sources pour chacune des douze tribus d’Israël. Sayiduna Ya’qoûb eut 12 fils, à qui il demanda de pénétrer la ville (la nafs) par 12 portes différentes… etc. Que la Paix soit sur chacun d’entre eux. Et en cela se trouve une indication de leurs différents degrés de réalisation de la Parole du Tawhîd, le plus élevé de ces degrés étant sa réalisation par le biais de sa propre moitié, c’est-à-dire sa propre nafs (l’épouse), ce que réalisa parfaitement notre Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) sans qu’aucune autre créature n’ait pu ni ne puisse jamais en cela l’égaler.

Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) qui nous dit dans un Hadîth : « al-Imân (la foi) est divisé en soixante-dix et quelques branches, la plus haute est : « lâ ilâha illa Allâh » et la plus basse est le fait d’enlever un obstacle nuisible de la route ». 70 et quelques branches correspondant (selon un autre Hadîth) aux 70 voiles séparant le Créateur de Sa création. Le plus haut degré de la foi étant donc la Parole « lâ ilâha illa Allâh », c’est-à-dire la réalisation de cette Parole par chacune de ses 12 lettres… et le plus bas de ces voiles consistant donc en « le fait d’enlever un obstacle nuisible de la route », c’est-à-dire se débarrasser des obstacles de la nafs dans notre route vers le plus haut degré de l’Imân : la réalisation de cette Parole. Sayiduna Ibn ‘Abbas dit que « lâ ilâha illa Allâh » signifie qu’il n’y a aucune source de bienfait, de souffrance, d’exaltation, d’avilissement, de don et de prévention si ce n’est qu’en Allah. Sayiduna Ibn ‘atâ Allâh al Iskandarî quant à lui a donné une liste de Noms de la parole « lâ ilâha illa Allâh ». Le premier de ces Noms est (tawhid)…mais au douzième Nom (comme il est dit plus haut le chiffre 12 a son importance dans la symbolique), Ibn Atâ Allâh nous donne une description de « lâ ilâha illa Allâh » comme étant une Lumière. Il l’a alors appelé « La plus Suprême des paroles d’Allâh » (kalimatu-Llâh al ‘ulyâ) et la décrit comme ayant une Lumière : « En effet, la Lumière de la Parole se révèle au cœur une fois seulement que celui-ci a reçu de Dieu la force. Par conséquent, les gnostiques, immergés dans la Lumière de la Majesté Divine, portent un regard de dédain sur les mondanités et la puissance des rois. Ils ne s’intéressent pas à la guerre et n’ont aucune considération pour les plaisirs et les beautés pour ce monde. Ne vois-tu pas que lorsque la Lumière de cette Parole apparut pour les magiciens de Pharaon, ils ne remarquèrent (même) pas que leurs pieds et leurs mains avaient été coupés ? Et ne vois-tu pas que lorsque notre maître Muhammad  salla Allâhu ‘alayhi wa sallam était noyé dans cette Lumière, il ne vit pas le monde du Royaume (al Malakût), comme Lui, le très-Haut, l’a dit : « La vue n’a nullement dévié ni outrepassé la mesure. » [s53.v17] ».

[miftâh al-falâh wa misbâh al-arwâh – traduit sous le titre « La clef de la réalisation spirituelle et l’illumination des âmes » de Sayiduna Ibn ‘Atâ Allâh]

« lâ ilâha » est la purification et le dépouillement du cœur de toute illusion et futilité le préoccupant en dehors d’Allâh. « illa » est le Secret du idhn par lequel le Shaykh permet au mourid de passer de sa propre réalité annihilée (ce qu’on appelle le fanâ’) vers la réalisation de l’Existence de l’Unique. « Allâh », le Nom Singulier de l’Être Absolu, dont on débute la Lecture, après avoir accédé au premier degré du fana’, par la Lettre hâ’… La Lettre hâ’ qui, associée au wâw de l’Imân, nous donne le Nom « Huwa », détenteur du Secret de la Réunion de tous les Noms divins, opposés les uns aux autres dans un cercle (de même que la Lettre hâ’ isolée est un cercle). Connaître « Huwa », c’est donc Connaître la Réalité de la manifestation des Noms divins dans cet univers qui n’Existait pas hier, qui n’Existera plus demain… et qui par conséquent n’Existe pas non plus aujourd’hui. Nous pouvons aussi dire que tout ce qui se trouve dans la mention (dhikr) « Lâ ilâha illa Allâh » se trouve dans (le dhikr) « Allâh ». Ceci d’un point de vue des Secrets et des Lettres, car la parole Lâ ilâha illa Allâh s’écrit avec 3 Lettres différentes (En langue arabe : Alif, Lam, Ha’) tout comme Allâh s’écrit avec ces trois même Lettres…