بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 14 Mars 2014
Le Secret de la Bay’a
Cet article est une tentative de retranscription de ce que le faqir faible et incapable a pu entendre de la bouche du Sheykh, sayidunâ Muhammad Fawziy al-Karkariy (quddissa sirruhu), selon les limites de la compréhension du mourid ainsi que son incapacité à retranscrire en français la réalité spirituelle profonde de cette intervention réalisée en arabe.
Comme nous l’avions dit dans un précédent article[*], la toute première étape que franchit le mourid au cours de son cheminement est la prise de bay’ah avec un Sheykh. Décrivant cette étape de l’avancement spirituel, Allâh (subhânahu wa ta’âlâ) dit dans le Coran: « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d’Allah est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment, ne le viole qu’à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense. » [s48.v10]. La sunna nous enseigne par ailleurs que cette prise de bay’a se réalise d’une façon bien particulière… La Wassita, c’est à dire le guide menant l’aspirant à destination, prend dans sa main droite la main du mourid, au dessus de laquelle il place sa main gauche, et le mourid fait de même, de telle sorte que les quatre mains soient ainsi unies. Les deux personnes forment ainsi avec leurs corps la forme d’un 8…
Ou plutôt, ce serait effectivement un 8 si le Sheykh était un homme comme les autres… Mais il se trouve que bien au contraire, il dispose d’une Science lui venant d’Allâh (‘ilm laduni), qu’il puise au coeur de la Lumière divine, une Science inépuisable, semblable à un océan sans rivage… on sait de plus que le mourid ne parvient jamais à vraiment connaître son Sheykh, qui garde toujours quelque chose qui fait de lui le Sheykh, et de son disciple le mourid. C’est la raison pour laquelle le triangle supérieur, représentant le Sheykh, est ouvert et s’étend à l’infini dans la direction du haut, renvoyant à sa noblesse et à son inestimable élévation spirituelle. On parle de direction du haut par souci de convenance (adab), se référant par là à l’élévation spirituelle… mais en réalité le Sheykh occupe le rang se trouvant au delà de toute élévation, un rang qui ne peut être localisé, et il ne redescend que pour prendre le mourid et le faire sortir des ténèbres à la Lumière, sans que cette descente n’affecte son état de quelque façon que ce soit. Quant au triangle représentant le mourid, il est au contraire fermé, symbolisant l’étroitesse de son âme et de sa compréhension des sens profonds. Ce triangle est de plus placé dans la direction du bas, renvoyant au fait que le disciple est continuellement soumis à l’attraction de son égo vers ce qui est bas et vil.
Nous avions vu précédemment également que dans les paumes de main de chacun d’entre nous se trouvent des chiffres écrits en arabe :
(١٨) à droite, et (٨١) à gauche… soit en chiffres « français » 18 et 81, c’est à dire : 18 + 81 = 99, de même que les Asma’ Allâh ul-Husna sont au nombre de 99. Lors de la bay’ah, le mourid place donc ses 99 Noms entre les 99 Noms du Sheykh, et tous deux dessinent un lâ prohibitif, c’est à dire le lâ de la Parole Bénie « lâ ilâha illa Allâh ». Soit, dit différemment, le mourid et le Sheykh écrivent tous deux le lâ niant l’Existance de toute chose, excepté des 99 Noms divins.
Or, partant du nombre 99: 99 ==> 9 + 9 = 18 et 18 ==> 1 + 8 = 9
Les deux mains des deux personnes, une fois unifiées, rapportent donc chacune le chiffre 9… et nous savons bien (car beaucoup de livres de tassawwuf en ont parlé), que le chiffre 9 est le chiffre symbolisant la relation d’échange entre le Sheykh et le mourid et appelée “al-ilqa wa at-talaqqi / la transmission et la reception”. Le Sheykh apporte ainsi le 9 de al-ilqa, tandis que le mourid apporte le 9 de at-talaqqi, soit: 9 + 9 = 18. Et décrivant cet instant crucial dans le cheminement du mourid, Allâh dit dans le Coran: « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d’Allah est au-dessus de leurs mains » [s48.v10]. La « main d’Allâh » désigne ici le Alif al-Fardâniy, qui vient donc s’ajouter à la somme des quatre mains, soit: 18 + 1 = 19. Et le nombre 19 est connu parmi les gens du tassawwuf pour être le nombre associé à la Basmala, étant donné que en arabe, “bismiLlâhi r-Rahmâni r-Rahîm” est composé de 19 lettres… (et de la même manière, le nombre 12 est le nombre associé à la Parole Bénie “lâ ilâha illa Allâh”, cette dernière étant elle-même composée de 12 lettres.).
A la Lumière de ce verset, nous comprenons donc que lors de la prise de la bay’a, ce n’est rien de moins que la Basmala qui est écrite, accompagnée de la négation de l’Existence de tout en dehors des Noms divins. La négation de l’Existence de tout en dehors des Noms divins est représentée, dans l’illustration proposée, par le lâ prohibitif de la Parole Bénie “lâ ilâha illa Allâh”, tandis que la Basmala est représentée par le point situé à l’intersection des deux lâm… ceci allant parfaitement dans le sens de la parole prononcée par sayidinâ ‘Aliy (karramAllâhu wajhah), qui nous dit que tout ce qui se trouve dans le Coran se trouve dans la sourate al-Fatiha, que tout ce qui se trouve dans la sourate al-Fatiha se trouve dans la Basmala, que tout ce qui se trouve dans la Basmala se trouve dans la lettre ba, que le secret de la lettre ba est le point… puis sayidunâ ‘Aliy conclut en disant: « et je suis le point ».
Lors de la bay’ah donc, le 9 al-talaqqi du mourid et le 9 al-ilqa du Sheykh se rencontrent à la porte de la Ville de la Science, comme nous l’indiqua le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dans un Hadîth: « Je suis la Ville de la Science dont ‘Aliy est la porte ».
Et Allâh dit: « Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. » [s6.v38] … la Science toute entière se trouve dans le Coran, et par conséquent aussi dans la Basmala. La lettre ba est la clef des Asma’ Allâh ul-Husna, quant au Point, il en constitue le Secret… il est la Source de la Science, il est l’Etoile par laquelle Allâh -subhânahu wa ta’âlâ- jure dans le Coran: « Par l’Etoile lorsqu’elle descend » [s53.v1]. Ce point, ou cette étoile, est le kawkab ad-durriy (l’astre de grand éclat) décrit dans le verset de la Lumière, il est l’origine de la Canne (le Alif) de sayidina Moûssâ et de tous les Prophètes (‘alayhim s-salâm)… c’est donc comme si le Point était « l’Arbre Béni, l’Olivier ni oriental ni occidental dont l’huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. » [s24.v35]. Lorsque sayidunâ ‘Aliy (karram Allâhu wajhah) nous dit: « je suis le point », il veut donc dire par là qu’il est la clef du Coran… et à ce sujet justement, il fut demandé à notre mère Aicha (radiAllâhu ‘anha) de décrire le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), ce à quoi elle répondit: « C’était un Coran qui marche ».
Par conséquent, celui qui ouvre le Coran ouvre en réalité la poitrine de notre Bien-Aimé Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), et pour pouvoir y lire il lui faut obligatoirement passer par la porte, manifestée en chacun des représentants de l’Arbre Béni, issus de la descendance biologique et spirituelle de sayidinâ ‘Aliy (radiAllâhu ‘anhu)… Un arbre illuminé d’une Lumière dont la source n’est autre que le Messager d’Allâh lui même (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), celui qui fut décrit dans le Coran comme étant « sirâjan mounîran -l’astre illuminant-… le Soleil de la création, qui fut suscité au sein de l’humanité afin de séparer entre la Lumière et les ténèbres et différencier le Vrai du faux…La clef permettant de lire le Coran, et donc d’accéder à la Science Suprême de laquelle découlent toutes les autres sciences est le Point, l’Etoile par laquelle s’est entièrement réalisé le Khabîr -le « bien informé » au sujet de son Seigneur-: « Le Miséricordieux, interroge donc qui est bien informé de Lui » [s25.v59]… Etoile qu’il transmet à son tour à ses disciples, au moment même de la bay’ah, comme l’atteste le verset suivant: « Par l’Etoile lorsqu’elle descend »[s53.v1], c’est à dire lorsqu’elle descend dans le coeur du mourid… Cette Etoile qui accompagne ensuite l’aspirant tout au long de son cheminement, lui dévoilant petit à petit les secrets de la création et le guidant sur le chemin de la rectitude… car elle ne peut se manifester durablement à un cheminant sans lui apporter la guidée, étant donné que l’ordre des 99 Asma’ Allâh ul-Husna veut que le Nom al-Hadiy (le Guide) soit mentionné juste après le Nom al-Noûr (la Lumière). Et de même, Allâh -subhânahu wa ta’âlâ- dit dans le Coran: « Et au moyen de l’Etoile (les gens) se guident » [s16.v16].