بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le disciple peut-il divorcer du Shaykh ?

Depuis plusieurs années, la Tariqa Karkariya fait beaucoup parler d’elle… tantôt en bien, tantôt en mal. Nous vous proposerons dans cet article une manière d’aborder le sujet, avec un certain recul, afin de mieux appréhender ce qui se déroule sous nos yeux depuis plusieurs années, tout ceci bien entendu à la Lumière de la ma’rifa, ou Connaissance ésotérique.

La nafs peut-elle divorcer de son Esprit quand bon lui semble ?

Le gnostique (‘arif billâh) se doit de contempler chaque jour que fait son Seigneur depuis ce que le Vrai lui a dispensé en terme de Connaissance divine (ma’rifa). Chaque chose de la vie, chaque élément de ce qui constitue notre monde, plus ou moins proche, aussi bien physique que sentimental et affectif… absolument tout est articulé par la Sagesse divine. Le gnostique s’accomplit donc spirituellement en apprenant à appréhender cet univers qui est le sien, un monde vastissime et d’apparence illimité, mais que pourtant il apprend à retrouver tout entier au plus profond de lui-même, aux tréfonds de son cœur : là où la création prend forme, là où la Vie germe et s’épanouit « tel un Arbre fermement enraciné » dans sa nafs terrestre, « et dont les ramifications s’élancent dans le ciel » de l’Esprit. [s14.v24].

A l’inverse, chez la personne dont les prétentions à l’ésotérisme dépassent et ne rejoignent jamais les réalités profondes de l’âme, l’arbre germant en lui est « tel un mauvais arbre, déraciné de la surface de la terre et qui n’a point de stabilité ». [s14.v26].

Autrement dit, sans nafs terrestre dans laquelle l’Arbre de la spiritualité viendrait prendre racine et qu’il prendrait comme support… les réalités mystiques qu’érigerait cet Arbre ne seraient que des branchages secs et morts, ballotés par le vent, à l’image des paroles des prétendants à la spiritualité qui volent et virevoltent dans les airs, sans jamais ensemencer la terre des cœurs de ceux qui les écoutent.

Pour apprendre à retrouver cette part de nafs dans la création, et constater comment la Sagesse divine la fait interagir avec les manifestations de l’Esprit, il faut tout d’abord savoir et considérer que, d’une manière générale, le terme d’Hommes (rijâl) renvoit à l’Esprit, tandis que celui de femmes (nisâ’) renvoit à la nafs. « Ô êtres humains ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, puis qui de ces deux-là répandit beaucoup d’hommes (rijâl) et de femmes (nisâ’). » [s4.v1].

Il s’agira cependant de bien distinguer les Hommes (rijâl) des hommes (mar’), ces derniers étant considérés comme des nafs. En effet, l’être humain, sans considération physiologique, ne peut être déterminé comme étant Esprit que dans le cas où il serait un « rajoul (singulier de rijâl) ». Autrement dit, cette nature hautement spirituelle qu’ont atteint les « rijâl » est accessible pour tous les êtres humains, bien évidemment, aussi bien hommes que femmes, sans considération physiologique.

Aussi, on considèrera qu’en Islam, le couple est constitué d’un Homme représentant l’Esprit, et d’une femme représentant la nafs. Mais en considérant ce même Homme (ce mari) du point de vue de la Tariqa, soit la Voie spirituelle dans laquelle il s’est engagé, son statut d’Homme change pour devenir celui d’une femme. Ainsi, le Shaykh constitue l’Esprit, soit l’Homme véritable, tandis que tous ses disciples, hommes et femmes sans distinction, sont des nafs. Et par nature, la nafs est un réceptacle prédisposé à être fécondé par le Alif de l’Esprit parfaitement réalisé… soit à recevoir la graine de Lumière divine. C’est ce que l’on appelle la bay’a : la fécondation de la nafs par l’Esprit.
C’est cela même qui poussa les disciples (les nafs) aux perceptions les plus superficielles à accuser d’homosexualité les Hommes de la Voie, incapables qu’ils étaient de faire abstraction des considérations physiologiques du genre humain. Car dans la Voie, chacun exprime les sens profonds qu’il perçoit de son cheminement à la mesure de ce que peut en traduire sa nafs. Ainsi, ceux dont les nafs sont viles et exécrables, traduiront leurs ressentis de manière vile et exécrable : inconsciemment, ils s’acharneront à faire passer l’ésotérisme transcendant la matière et la considération spatio-temporelle depuis état latent et subtil, vers la grossièreté vulgaire du monde physique.

En Islam, dans la jurisprudence du mariage, il est connu que la formulation du divorce et la séparation du couple ne peut être effective que si elle est émise de la bouche de l’homme. Quant à la femme, seule, elle n’a pas la capacité de rendre effectif un quelconque divorce. Il est donc étonnant de voir aujourd’hui des femmes musulmanes mariées parler de leur « ex-mari » et se vanter de l’avoir quitté… alors que devant la Loi, elles sont et demeurent leur femme.

Il en est de même dans la Voie (tarîqa) vers Allâh : les nafs des serviteurs se rattachent à l’Esprit en prêtant allégeance au Shaykh. Puis, fuyant l’adversité et ne supportant point le poids des épreuves, certains d’entre eux se détournent de l’Esprit et se présentent dès lors comme « ex-Karkaris »… Or, évidemment, seul le Shaykh (l’Esprit) a la capacité de rompre le lien qui le lie à son disciple (sa nafs), comme l’illustre pour nous l’exemple de sayiduna Moussa dans son compagnonnage de sayidina al-Khidr (‘alayhima s-salâm), lorsque celui-ci dit à son disciple : « Ceci marque la séparation entre toi et moi » [s18.v78]

Notez bien la précision du propos de sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm), lorsqu’il avança que « Ceci » marquait la séparation de leur binôme. En effet, toujours selon le fiqh, il y a une exception permettant à la femme (la nafs) de déclarer le divorce de son mari, et bien sûr de le rendre effectif : il faut pour cela qu’elle pose ceci comme condition préalable, dans le pacte de mariage, avant que l’accord ne soit conclu (en Présence du Waliy [*]). Ce fut effectivement le cas de sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm), lorsqu’il dit au serviteur Savant d’une Science qui le dépassait : « Puis-je te suivre, à la condition que tu m’apprennes de ce qu’on t’a enseigné de la Guidée ? » [s18.v66] Notons bien ici qu’il s’agit du verset 66 de la sourate, car nous reviendrons au sens de ceci.
[*] Voir article : qu’est-ce qu’un Waliy ?

La condition établie par le disciple dans le suivi du Shaykh est ici le fait d’apprendre de ce dernier une « part » de cette Science infuse dont il avait été gratifié. Lorsque vint donc l’heure pour ce disciple de réaliser la teneur de l’enseignement qui lui avait été transmis, le Shaykh marqua leur séparation, puis il prit le temps de lui expliquer ce pour quoi il n’avait pas su faire preuve de patience : « Ceci marque la séparation entre toi et moi, dit [al-Khidr] : je vais t’apprendre l’interprétation de ce que tu n’as pas pu supporter avec patience. » [s18.v78].

Sayiduna Moussa avait cherché puis s’était engagé dans le suivi de sayidina al-Khidr (‘alayhima s-salâm), afin d’apprendre de celui-ci une Sagesse qui lui échappait. Il s’évertua en cela, et comme tout disciple, il commit plusieurs erreurs au cours de son cheminement. Après chacune de ces erreurs, il revenait au Shaykh et renouvelait avec lui son engagement… mais la dernière fois qu’il le fit, il ajouta une spécificité à la condition de son compagnonnage : « Si après cela je t’interroge sur quoi que ce soit, dit [Moussa], alors ne m’accompagne plus. Tu seras dès lors excusé de te séparer de moi. » [s18.v76].

Sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) ne put s’empêcher d’interroger le Maître, malgré son engagement, ce qui fit dire à ce dernier : « Ceci marque la séparation entre toi et moi ». [s18.v78].

Cela dit, le cas de sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) n’est évidemment pas comparable à celui de n’importe quel cheminant néophyte… Evidemment, nous ne sommes que de simples mortels, tandis que sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) est un Prophète et un Messager d’Allâh. Dès lors, lorsqu’il vint à la rencontre du Shaykh, à savoir sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm), il ne vint pas avec l’objectif de tout néophyte sincère : parvenir à Allâh… car ceci, il l’avait évidemment déjà réalisé, comme en témoigne le numéro du verset marquant le commencement du compagnonnage de son Shaykh : « Puis-je te suivre, à la condition que tu m’apprennes de ce qu’on t’a enseigné de la Guidée ? » [s18.v66]
Il s’agit bien du verset 66.
Or, le Nom Suprême Allâh (الله) est constitué de quatre lettres : Alif (ا), lâm (ل), lâm (ل) et hâ’ (ه), ce qui nous fait, selon les valeurs numérologiques des Lettres arabes :
Alif (1) + lâm (30) + lâm (30) + hâ’ (5) = 66.

Le Livre d’Allâh l’Attribut divin manifesté, de transcendance absolue ; et de toute évidence, rien, pas même le moindre Point, ne saurait y être mentionné au hasard, sans raison, sans être porteur d’un savoir caché… caché, mais toutefois rendu accessible aux cœurs de ceux que Allâh aura gratifié de Sa Lumière.
Nous avons ainsi donc, à la Lumière de cette démonstration, la certitude du fait que lorsque sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) vint à la rencontre de sayidina al-Khidr, il le fit après avoir parfaitement accompli et s’être entièrement réalisé dans la Lecture du Nom Suprême : Allâh.

Ce n’est évidemment le cas d’aucun des serviteurs et faibles pécheurs de notre temps. Lorsque donc la nafs rejoint l’Esprit, qu’elle prenne garde à l’objectif qu’elle se fixe elle-même, dans le suivi de celui qu’elle prend effectivement pour Shaykh… car à l’instar de sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm), dès lors que son objectif sera atteint, le Shaykh déclarera le divorce de sa nafs. Après quoi, il n’est évidemment plus du ressort du disciple de décider si oui ou non il peut continuer à cheminer sur la Voie. Affirmer le contraire serait, à la Lumière de cet argumentaire, contraire au Message Coranique.

Le Shaykh ne renvoie jamais le disciple de la Tariqa. Plutôt, c’est le disciple qui croit s’en détourner et s’illusionne, lorsque ses intentions dans le cheminement changent, lorsque l’Objectif n’est définitivement plus la quête d’Allâh. Cependant, ce n’est pas parce que le disciple affirme être sorti de la Voie qu’effectivement il n’en fait plus partie ! Tenez-vous bien de croire une telle chose ! L’affiliation de la nafs (le disciple) à l’Esprit (le Shaykh) ne prend fin que lorsque celui-ci le décide et qu’il formule : « Ceci marque la séparation entre toi et moi » [s18.v78].

L’intention retenue et considérée par le Shaykh, c’est celle que tu mentionnes de ta bouche, et non pas celle que tu tiens dans ton cœur. Voilà la raison pour laquelle les Sages de la Oumma n’ont eu de cesse de recommander, au cours des siècles, que celui qui s’assoit en Présence des gens d’Allâh le fasse avec son cœur, et rien d’autre.
Si tu formules comme intention le fait de parvenir à Allâh, Unique, sans associé, alors sache que tu te lies de manière éternelle et irrévocable à ton Shaykh, car jamais on ne parvient à Allâh. Sayiduna al-Junayd (radiAllâhu ‘anhu) disait ainsi que celui qui prétend être parvenu à Allâh n’est parvenu nulle part ailleurs qu’en Enfer, car Allâh est sans début ni fin.
De ce fait, si ton intention en te liant au Shaykh est de parvenir à Allâh, sans associé… si donc, ton But est une réalisation vers laquelle tu ne feras jamais que tendre, sans jamais l’atteindre… comment le Shaykh te dirait-il : « Ceci marque la séparation entre toi et moi » [s18.v78] ?

Si ton intention en t’affiliant au Shaykh avait été autre qu’Allâh, il t’aurait suffi de la formuler en renouvelant ton engagement avec lui… et alors, dès que tu aurais atteint ton objectif, le Shaykh t’aurait laissé repartir avec le fruit de tes efforts. Mais en mentant au sujet de tes intentions, tu chemine hypocritement sur la Voie d’Allâh, tu agis en apparence comme tout disciple avançant vers le But Ultime… mais lorsque tu atteints ton objectif réel, celui que tu gardes secret au fond de ton cœur, ta réalité hypocrite te rattrape, et tu te dévoiles sous ton vrai jour. Tu te pares alors des attributs des ennemis d’Allâh et tu cherches à en éteindre la Lumière : « Ils veulent éteindre avec leurs bouches la Lumière d’Allâh, alors que Allâh ne veut que parachever Sa Lumière, quelque répulsion qu’en aient les mécréants. » [s9.v32] … et c’est ainsi que tu te vois goûter sans le savoir au degré de la mécréance (maqâm al-kufr), comme le stipule le verset.

Et puisque tu n’as pas formulé la condition de ta séparation d’avec le Shaykh (l’Esprit) lors de ta prise ou de ton renouvellement de bay’a ; en tant que nafs, tu n’as aucunement la capacité de t’en séparer de toi-même… Car lorsque le cheminant sincère vient s’affilier au Shaykh, il le fait dans l’Unique But de parvenir à Allâh ﷻ, or on ne parvient jamais à Allâh, et la Connaissance de Celui qui n’a ni début ni fin ne saurait être complétée par un simple mortel. Sachant cela, si tu te lies au Shaykh avec pour intention officielle de parvenir à la Connaissance divine (ma’rifa) uniquement, alors sache que tu te lies à lui de manière éternelle et irrévocable.
Quant au Shaykh, jamais il ne se séparera de son disciple sans raison l’y obligeant, pas plus que l’homme aux prétentions spirituelles ne se séparerait de son épouse ! N’as-tu donc jamais pris connaissance de la Parole Prophétique à ce sujet : « La chose permise la plus détestée d’Allâh est le divorce. » [Rapporté par Abou Dawoud]

Tu restes et demeures donc, ô nafs souillée d’hypocrisie, attachée à l’Esprit de ton Shaykh, que cela te plaise ou non. Et si tu démens cela, alors explique nous, tout croyant et fin connaisseur de la Roqia que tu puisses être, comment se fait-il que depuis que tu as pris la bay’a, tu n’as pas cessé de voir la Lumière ?
Ne lis-tu pas le Coran ? Ne t’attaches-tu pas scrupuleusement à l’accomplissement de tes adorations, à l’acquittement de tes obligations et à l’éloignement de tout ce qui est blâmable, comme tout bon croyant irréprochable ?

Ô toi qui prétends détenir le pouvoir de rompre à ta guise le pacte d’allégeance qui te lie au Shaykh de ce temps, retourne-lui la Lumière qu’il t’a transmise, si tu le peux ! Et si tu en es incapable -et de toute évidence tu l’es- alors fais au moins en sorte de ne plus avoir à attester de sa vision !
Dans le cas contraire, tu te dois d’admettre que tu es et demeures à jamais un disciple Karkari, Mawlana Mohamed Faouzi al-Karkari (qaddasAllâhu sirrahu) disant et répétant sans cesse : « Notre Voie est la Voie de la vision : celui qui ne voit pas, je ne suis pas son Shaykh, et il n’est pas mon disciple. »

Les deux groupes de disciples :

A présent donc que nous savons que toute personne, ou toute nafs, ayant contracté la bay’a avec un Shaykh, un Waliy authentique, reste et demeure quoi qu’il arrive attachée à son Esprit, considérons l’illustration suivante :

Que se passe-t-il avec la Karkariya ?

Les disciples de la Voie sont ainsi donc répartis en deux groupes opposés l’un à l’autre, chacun défendant sa Vérité. Cependant, malgré leurs divergences diamétralement opposées, ils gardent tout de même en commun la vision de la même Lumière divine… mais surtout ils œuvrent tous, bon-gré mal-gré, pour l’apparition de la Tariqa Karkariya, ou plus précisément, pour l’apparition du Shaykh de ce siècle.

« Certes, Allâh suscite pour cette Communauté, au commencement de chaque siècle, quelqu’un qui revivifie pour elle sa religion » [Rapporté par Abou Dawoud, Hadîth n°4291].
Le rôle du revivificateur, désigné également par le nom de Waliy, est de renouveler l’écriture de la Basmala… dans l’humanité elle-même ! Allâh ﷻ dit en effet : « Est-ce que celui qui était mort, que Nous avons ramené à la Vie et à qui Nous avons assigné une Lumière par laquelle il marche dans les gens… » [s6.v122]
De son côté le Shaykh de nos Shouyoûkh, sidi Ahmed al-Alawi (qaddasAllâhu sirrah) dit en ce sens dans l’une de ses Sagesses : « Si vous ne trouvez pas Allâh parmi les humains, vous ne Le trouverez nulle part ».

Comme nous l’avions dûment expliqué dans de précédentes leçons de notre Shaykh, sidi Mohamed Faouzi al-Karkari (qaddasAllâhu sirrah), la Basmala se présente symboliquement sous la forme d’un triangle (voir : Introduction au Secret de la Basmala). Ce triangle originel de la Basmala, ou triangle de Vérité, projette une ombre de faux et de mensonge, une ombre triangulaire elle aussi, mais que l’on désigne comme vile (soufli). Le tout constitue un losange, à l’image de la Sainte Ka’ba à laquelle se rend tout musulman au moins une fois dans sa vie afin d’accomplir le pèlerinage (Hajj), sachant bien que le Bien-Aimé ﷺ dit : « Le Hajj, c’est ‘Arafa* ».
(*) ‘arafa : Connaître.

Apprends donc à Connaître, ô cheminant vers Allâh, la Maison Sacrée de ton Seigneur, qui n’est pas de forme carrée comme le pense à tort une majorité de gens… Plutôt, il s’agit d’un parallélépipède aux côtés inégaux, soit un triangle et son ombre projetée. Réalise donc le pèlerinage ésotérique réunissant tous les cœurs de la Oumma, recherche et affilie-toi au Shaykh qui te révèlera à toi-même, comme t’y invite le Hadith : « Celui qui se connaît lui-même, Connaît son Seigneur ». Chemine, connais-toi toi-même et découvre de quelle partie de la Ka’ba ésotérique tu fais partie : es-tu du groupe de la Basmala, ou bien plutôt de ceux que réunit l’ombre de celle-ci ?
Une fois que tu auras atteint cette Connaissance de toi-même, garde bien à l’esprit et tâche d’agir conformément à l’enseignement du Prophète ﷺ, s’adressant à la Ka’ba : « Comme tu es pure, comme ton odeur est pure, et combien ta sacralité est immense ! Par Celui qui tient l’âme de Muhammad dans Sa Main, la sacralité du Croyant est plus grande auprès d’Allâh que toi ! » [Rapporté par Ibn Mâjah]

Distinction des deux groupes :

De toute évidence, les deux groupes que réunissent les deux triangles de la Ka’ba ésotérique proclament tous deux détenir la Vérité… ils se prétendent être du Parti d’Allâh et de Son Prophète ﷺ… mais comment distinguer les gens de la Basmala des gens de son ombre ?

Très simplement, la Basmala est la base fondamentale, tandis que l’ombre de celle-ci n’est qu’une ramification issue et découlant de la base. Il en est de même pour les gens affiliés à leurs deux groupes respectifs : les réactions des uns ne sont que la conséquence de l’état des autres.
L’ombre n’a aucune existence propre, par elle-même, elle n’est et ne subsiste que par le support sur lequel se manifeste la Lumière du Waliy. Les agissements des gens de l’ombre ne sont donc jamais plus que la projection de l’ombre des gens de la Basmala.

Plus les gens de la Basmala seront éloignés des enseignements et de la mise en applications des recommandations du Waliy, plus la Lumière de la Wilâya sera éloignée d’eux… et plus la Lumière s’éloignera de son support de manifestation, plus l’ombre de ce support sera grande. A l’inverse, plus les gens de la Basmala se conformeront aux enseignements du Waliy, plus la Lumière de la Wilâya sera proche d’eux, et plus leur ombre sera réduite… jusqu’à disparaître entièrement. L’Objectif Ultime du cheminant, ou la parfaite réalisation spirituelle, étant bien entendu dans le suivi de notre Bien-Aimé Prophète ﷺ, dont on rapporte dans les livres de Sîra qu’il n’avait pas d’ombre.

Les gens de l’ombre n’existent qu’au travers de ceux de la Basmala. En qualité d’ombres, ils n’ont pas d’identité dans leur rôle de contestataire : ce sont des gens qui sont et demeurent sans nom et sans visage. Ils n’existent qu’en qualité d’ »anti-quelque chose », à tel point que si la « chose » venait à disparaître, ils disparaîtraient eux aussi.

Ils n’agissent que par rapport aux autres et se limitent au fait de singer les moindres faits et gestes de leurs opposés. Leur unique fonction est de chercher à détruire ce que les gens de la Basmala construisent, mais sans jamais eux-mêmes proposer de quelconque alternative. S’ils remettent en cause une discipline de la Voie, jamais ils ne proposent rien de meilleur ou au moins égal à ce qu’ils critiquent, pour le remplacer. Ils invitent les gens à tourner le dos au Waliy et aux gens de la Lumière, mais ne proposent pas pour autant de les suivre. Les suivre ? Vers quoi ? Vers où ?
Ils enjoignent à délaisser le wird quotidien, à savoir le qiyâm al-layl, le dhikr matin et soir, la lecture du Coran… mais jamais n’invitent à remplacer ces pieuses occupations par quoi que ce soit d’autre.
Ils ne mettent en avant aucune Science, aucun savoir, aucun enseignement, quand bien-même leurs prétentions en la matière seraient ce qu’elles sont. Leur message tout entier ne se résume qu’au dénigrement systématique de tout ce qui leur parvient des gens de la Basmala…

De même, l’ombre d’un corps ne se résume qu’à la manière dont évolue ce corps par rapport au Soleil. Telles des ombres, ils sont absolument incapables de produire et d’innover quoi que ce soit par eux-mêmes, c’est-à-dire indépendamment du corps dont elles sont issues. Ils renient et prétendent se détacher de ce corps, sans jamais réaliser qu’ils ne persistent que par lui. Ils veillent nuit et jour, complotent et fomentent sans cesse dans un seul et unique But : faire apparaître « Tariqa Karkariya » dans l’humanité toute entière, afin que plus aucun être humain sur terre n’ignore la Voie du Waliy de ce siècle.
La différence entre les deux groupes, c’est que le corps duquel est issu l’ombre œuvre et avance volontairement vers un objectif connu… tandis que l’ombre ne fait que suivre ce que lui impose le corps.

Voilà donc le seul et unique objectif des disciples du Waliy du siècle : faire apparaître, bon gré mal gré, consciemment ou inconsciemment, le Nom de la Voie d’Allâh de ce siècle : Karkariya.