بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Message de la Tariqa Karkariya,
à l’intention de l’ensemble des disciples.

Le Shaykh de la Tariqa, sidi Mohamed Faouzi al-Karkari s’adresse ici à l’ensemble de ceux qui se rattachent à la Karkariya, soient-ils résident au Maroc comme à l’étranger, afin de les tenir informés de ce qui suit :

Premièrement :

Le Tassawwuf auquel nous vous appelons, et pour lequel nous sacrifions tout notre temps afin de vous réunir en lui, est ce même Tassawwuf consistant en le suivi authentiques, basé sur l’expérimentation et le vécu personnel des différentes étapes du cheminement. Il s’agit de l’élévation dans les degrés de la certitude par le biais de la vision, raison pour laquelle les premiers pas dans la Voie pour chacun d’entre vous se sont fait par la contemplation (mouchâhada). Ainsi, ce qui dans les siècles passés constituait l’Objectif Ultime auquel devait parvenir le cheminant, s’appliquant et y sacrifiant de tout son être… est devenu aujourd’hui une Miséricorde d’Allâh et un privilège qui vous a été octroyé à tous, en vertu des éléments caractérisant l’époque dans laquelle nous vivons. « C’est là la Grâce d’Allâh qu’Il accorde à qui Il veut » [s57.v21].
Ceci parce que nous croyons que le fait que la mouchâhada accompagne le disciple dans le moindre de ses faits et gestes quotidiens l’encouragera à l’adoration et aux efforts dans la Voie d’Allâh, l’aidera à se débarrasser de l’amour de ce bas-monde, et le mènera à la découverte des particularités les plus enfouies et dissimulées de son âme. Et nous savons que la contemplation de la Lumière divine est la meilleure manière de faire entrer et appliquer la Loi divine dans les cœurs des disciples, car c’est par cette Lumière que l’on réalise l’état de conscience de son Seigneur, par elle que l’on connaît sa nafs, par elle que l’on préserve son engagement envers Allâh et Son Messager (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). C’est pour toutes ces raisons que nous vous disons à tous : quiconque qui vous surpasse dans le suivi du Shaykh, vous surpassera en vision Lumineuses. Et quiconque vous surpasse en efforts dans le dhikr et les actes d’adoration, vous surpassera en mouchâhada. Préservez donc ces Lumières dans vos cœurs en vous tenant fermement à votre Pacte pris avec Allâh.

Deuxièmement :

Celui d’entre vous qui recherche les plaisirs et les avantages de ce bas-monde, qu’il ne les demande pas en se cachant derrière l’habit de la religion. Certains viennent à nous en affichant leur prétendue volonté de parvenir à Allâh –ta’ala-, tandis qu’intérieurement ils penchent vers dounia. Sachez que l’état d’aucun d’entre vous ne nous échappe, ne vous rendez donc pas le cheminement difficile alors que Allâh vous l’a simplifié ! Occupez votre temps par l’obéissance d’Allâh, et vos souffles par Son évocation : le cheminement est quelque chose de très sérieux, on n’y plaisante pas. Et qu’Allâh fasse miséricorde à ceux qui travaillent à l’établissement de leurs âmes dans la pureté intérieure et persévèrent dans leur pratique quotidienne.

Troisièmement :

La réalité de la Permission (idhn) dont parlent les soufis à chaque époque, en ce qui concerne le fait de guider les gens à Allâh –ta’ala-, est un sujet sur lequel absolument tout le monde est d’accord : le idhn survient dans un cœur qui a vu se lever le Soleil éclatant de la Connaissance ésotérique, dans lequel se sont complétés et parfaits les différents degrés de l’Ihsân, dans lequel descendent les flux spirituels émanant directement du Maître des fils d’Adam (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Il s’agit d’une personne que Allâh et Son Messager ont choisi pour faire sortir les gens des ténèbres à la Lumière. Celui donc qui aura réuni toutes ces caractéristiques et en aura paré son for-intérieur, celui-là sera considéré apte à mener autrui à Allâh. Quant à celui qui se sait différent de tout cela, il n’est pas permis pour lui (Haram) de se charger de cela.

Et du fait que le fruit de la Voie du Tassawwuf consiste en une élévation par la grâce divine dans les différents niveaux des mondes inconnus, le idhn (ou ijaza) dans cette Science (contrairement à toutes les autres sciences) est lui aussi de nature cachée. Ceci parce que cette permission relève de l’inconnu, soit d’une chose dont ne peut avoir véritablement connaissance que le serviteur et son Seigneur. C’est la raison pour laquelle la connaissance du Waliy est extrêmement difficile, voire impossible, excepté chez celui qui sera soutenu de l’appui divin, ou celui que le Vrai aura dévoilé de l’intimité de l’un de Ses serviteurs. Le idhn dans le domaine du Tassawwuf n’est donc pas quelque chose d’écrit, d’où le fait que chez l’écrasante majorité des Hommes de notre sanad, la fonction de Shaykh fut transmise sans aucun idhn écrit. Plutôt, ce idhn se transmettait de manière orale, comme ce fut le cas pour sidi Mohamed Wafa et son fils sidi Ali Wafa, ou bien entre sidi Ali ad-Dowâr as-Sanhâjiy et sidi Abderrahmân al-Majdhoûb, ou bien entre ce dernier et sidi Yoûssouf al-Fâssiy, ou bien encore entre sidi al-Bouzîdiy al-Mostaghanemiy et sidi Ahmad al-Alawiy, qu’Allâh les agrée tous. Les biographies qui ont été faites de chacun d’entre eux témoignent de cela.

Et qu’Allâh couvre de Sa Miséricorde Mawlana ibn ‘Ata Allâh as-Sakandariy (radiAllâhu ‘anhu) qui décrivit le Guide spirituel authentique en ces termes :

« Ton Shaykh, ce n’est pas celui que tu entends parler, mais celui dont tu acquiers réellement quelque chose.
Ton Shaykh, ce n’est pas celui aux discours duquel tu assistes, mais celui dont l’ichâra (la Lumière) habite ton for-intérieur.
Ton Shaykh, ce n’est pas celui qui t’invite vers la porte, mais celui qui ôte le voile qui te sépare de lui.
Ton Shaykh, ce n’est pas celui dont tu reçois la parole, mais celui dont l’état spirituel te transforme sur la champs.
Ton Shaykh est celui qui te libère de la prison des passions et te fait entrer dans la Présence de ton Seigneur. Il n’aura de cesse de polir le miroir de ton cœur, jusqu’à ce que la Lumière de ton Seigneur s’y réfléchisse. Il te fait te lever vers Allâh, et c’est effectivement vers Lui que tu te lèves. Il te fait progresser jusqu’à ce que tu parviennes à Lui, il te rapproche peu-à-peu puis te pousse devant Lui et te projette dans les Lumières de la Présence divine en disant : « Te voilà avec ton Seigneur !
 » » [Latâ’if al-Minan, page 167].
Il n’est ici nullement question de permission écrite. Au contraire, on reconnaît un Shaykh authentique grâce à la présence ou non d’expériences spirituelles vécues par les disciples en sa compagnie.

Et notre Shaykh sidi al-Hassan (qaddas Allâhu sirrahu) nous a bel et bien autorisé et nous a transmis le idhn à plusieurs reprises de son vivant, et ce devant témoins, et la dernière fois qu’il le fit, ce fut dans ses derniers instants, juste avant de retourner à son Seigneur. Cette transmission du idhn fut entendue par l’ensemble des gens présents à cette occasion, et ils n’étaient pas moins de 40 hommes et femmes. Et toute personne niant cela après le départ de notre Shaykh pour la demeure dernière, entre lui et nous se trouve la Parole d’Allâh : « Qui est plus injuste que celui qui cache un témoignage qu’il détient d’Allâh ? » [s2.v140] et également : « Et ne cachez pas le témoignage : quiconque le cache a certes un cœur pécheur. Allâh est parfaitement informé de ce que vous faites. » [s2.v283].

Et par ailleurs nous attestons et prenons à témoin Allâh et Son Messager que jamais nous n’avons entendu de notre Shaykh, Mawlay al-Hassan (radiAllâhu ‘anhu) qu’il ait transmis la mashyakha (rôle de Shaykh) à son fils sidi Nourddine… ni qu’il y ait fait allusion, ni même qu’il ait ne serait-ce qu’insinué quelque chose qui fasse sous-entendre la prétendue ijâza, qui ne sera apparue que des années après le décès du Shaykh. Et si nous avions eu une quelconque connaissance de cela, nous n’aurions certainement pas tardé autant avant de l’annoncer et le rendre public, car en aucun cas nous n’avons pour ambition de réunir un grand nombre de disciples… Nous n’espérons qu’une seule chose, c’est que l’ensemble des créatures soient versées dans les sciences ésotériques, que cela se fasse par notre cause ou bien par la cause d’un autre, et Allâh est garant de ce que nous disons.

C’est bien malgré nous que nous avons à écrire cela, tout a été fait pour éviter d’en arriver là, mais voilà beaucoup trop longtemps que nous supportons en silence les calomnies, les mensonges, et les obscénités qui mettraient mal à l’aise quiconque les entendrait. Ce sont accusations assez graves pour éloigner toute forme de religiosité et éteindre la Lumière de la foi. Et ce qui est le plus dérangeant dans tout cela, c’est que toutes ces calomnies proviennent des propres enfants de sidi al-Hassan, et Dieu sait la valeur que nous accordons aux enfants de notre Shaykh. Le temps passe et nous patientons, dans l’espoir que peut-être Allâh les fasse revenir à la raison et qu’ils se repentent, ou qu’au moins ils cessent de parler sur nous… car nous en sommes arrivés au point où nous avons même honte face à nos propres enfants, à cause de ce qui se dit à notre sujet… et par Allâh, nous ne souhaitons cela à personne, pas même à eux, et nous n’acceptons pas non plus de les voir descendre à un niveau si bas et vil. Nous aimerions que des versets comme ce dernier les fasse revenir à la raison : « Il ne prononce pas une seule parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire » [s50.v18]

Si nous disons tout cela, ce n’est pas dans le but de les humilier aux yeux de tous, mais plutôt dans l’espoir qu’Allâh fasse de cela la cause de leur tawba. Et nous avons pu constater qu’ils n’éprouvent pas la moindre gêne à nous lancer les pires insultes, et ce publiquement. Au contraire, ils se hâtent même d’inventer des obscénités toutes plus ignobles les unes que les autres, et de les envoyer à toute personne en lien avec nous de près ou de loin, ne faisant pas de différence en cela entre interlocuteurs hommes et femmes. C’est pourquoi nous avons pris l’initiative de nous adresser directement à eux, bien qu’il soit profondément regrettable de devoir en arriver là, de façon à ce que vous sachiez de quoi il en retourne. Et pour ceux qui voudraient consulter par eux-mêmes ces messages écrits (en arabe), nous sommes tout à fait disposés à les leur faire parvenir, ainsi que les noms de leurs auteurs.
Et nous ne pardonnerons à aucun disciple de notre Tariqa le fait d’entretenir des relations normales avec ces gens : n’éteignez donc pas votre Lumière par ce genre de mauvais comportement.

Il est surprenant de voir que des gens agissant de la sorte puissent prétendre par ailleurs au idhn et à l’ijâza de mener les gens à Allâh… est-ce là l’éducation Soufie ? Est-ce que ces manières font partie du comportement Prophétique ? A Allâh ne plaise… plutôt, elles sont les indices et la preuve de l’état vivant de la nafs, du vide spirituel et de l’absence de crainte d’Allâh –ta’ala-.
Il est surprenant de voir comment ces gens peuvent prétendre au idhn, malgré qu’ils n’en aient aucune preuve valable. Il s’agit donc bien là d’une tromperie et d’un tadlîs manifeste.
Quant à moi, je m’adresse et dis à tous : Si ce qu’ils avancent contre nous est avéré, nous demandons à Allâh de nous pardonner. Et si au contraire ça ne l’est pas, nous demandons à Allâh de nous pardonner ainsi qu’à eux.

Ils renient par ailleurs notre Voie en se basant sur le fait que nous y acceptons les hommes aussi bien que les femmes. C’est là une nouvelle preuve de leur ignorance, car l’obligation du cheminement vers la connaissance de soi incombe aux hommes aussi bien qu’aux femmes. Et notre exemple à tous, sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) donnait la bay’a aux hommes et aux femmes sans distinction. Et s’ils rejettent la possibilité de l’éducation des femmes dans la Voie, c’est parce qu’ils n’en sont eux-mêmes pas capables. Et en cela ne se trouve qu’une preuve de plus du fait que leur propre éducation n’est pas complète.

Message de la Tariqa Karkariya, à l’intention de l’ensemble des disciples.

Quatrièmement :

Nous avons décidé d’accompagner cette lettre explicative d’une copie de la prétendue ijâza khâssa de sidi Nourddine. Nous nous adressons à l’ensemble des disciples de la Tariqa Karkariya, et particulièrement à ceux qui nourrissent des doutes à notre encontre, pour que chacun choisisse pour lui-même ce qui lui semble être le mieux. Nous nous passons volontiers de la présence de personne qui viendraient brouiller notre dhikr et polluer nos assises. La Voie est une Voie de pureté qui ne tolère aucune souillure. Elle est bâtie, d’abord et avant tout, sur la foi et la remise totale en son Shaykh. Toute personne qui aura perdu l’une de ces deux choses, nous n’avons pas besoin de lui, quand bien même il aurait atteint un ou plusieurs Secrets, quand bien même il aurait goûté à la contemplation des Lumières.

Nous ne recherchons pas un grand nombre de disciples, mais simplement un seul qui serait sincère, honnête et fidèle. Et que celui qui a goûté à quelque chose de notre Tariqa compare ce qu’il a lui-même expérimenté avec ce qu’il peut trouver dans n’importe quel livre de nos Maîtres et références soufies des siècles passés. Qu’il regarde et prenne en considération ce que son cœur recèle de dons divins, et qu’il en recherche les indications clairement évoquées dans le Coran et la Sunna. Ceci fait, qu’il ne manque pas de se montrer reconnaissant ! Car nous constatons que l’ignorance fait partie des plus grandes portes du maudit, c’est par elle qu’il s’empare des cœurs des cheminants… et sachant que le Shaytan du ‘Arif est lui-même ‘Arif, que personne ne se sente à l’abri de la Ruse d’Allâh –ta’ala-. Et ne désespérez pas de Sa Miséricorde, Lui qui vous a créés libres.

Cinquièmement :

Il est surprenant de voir que celui qui se prétend du Tassawwuf authentique renie par ailleurs et nous reproche la contemplation des Lumières divines. Il considère que la Lumière n’a absolument aucun effet positif sur les cœurs, et qu’elle n’est pas indispensable au cheminement spirituel. Mais si le cheminement (souloûk) ne se fait pas dans et par la Lumière, alors dans quoi !? Dans les ténèbres !?
C’est comme si l’auteur de ces mots avait oublié la Parole d’Allâh : « Est-ce que celui qui était mort et à qui nous avons redonné vie et lui avons assigné une Lumière avec laquelle il marche parmi les gens est comparable à celui qui est plongé dans les ténèbres desquelles il ne peut sortir ? » [s6.v122]
Ou encore : « Celui dont Allâh a ouvert la poitrine à l’Islam et qui se base sur une Lumière venant de son Seigneur»

Et que va-t-il pouvoir faire des 36 versets Coraniques dans lesquels on retrouve mentionné le mot « Lumière », et où il est question de son importance primordiale pour le croyant ? Que va-t-il faire de la Sunna du Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) qui nous enjoigne et nous guide vers la Lumière ?
A l’instar de ce Hadîth dans lequel le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Les cœurs sont au nombre de quatre: un cœur dépouillé qui ressemble à une lanterne brillante. Ceci est le cœur du croyant et cette lanterne contient de la Lumière. Ensuite, un cœur voilé, demeurant dans son voile. Et ceci est le cœur du mécréant. Ensuite, un cœur dégénéré. Et ceci est le cœur de l’hypocrite, il a connu puis a nié. Ensuite, un cœur endurci. Ceci est un cœur où se trouvent l’hypocrisie et la foi. La foi ressemble à une bonne plante que fait pousser une bonne eau. Quant à l’hypocrisie, on dirait un abcès que font vivre le pus et le sang. Chaque fois qu’une des deux prend le dessus sur l’autre, il le domine. » [Rapporté par l’imam Ahmed dans son musnad et Ibn Abi Shaybah dans son mussanaf et d’autres].

Et dans un autre Hadîth, selon Abou Sa’id al-Khudri (radiAllâhu ‘anhu), le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit :
« Comment t’es-tu réveillé, O Harithah? » Il dit « je me suis réveillé en vrai croyant » Il dit « Vois bien ce que tu dis. Car chaque parole a une réalité profonde ». Il dit « O Messager d’Allâh, je me suis retiré du bas-monde, j’ai veillé ma nuit et jeuné mon jour. Et c’est comme si je regardais le trône de mon Seigneur à l’œil nu. C’est comme si je voyais les gens du paradis dans le paradis se rendant visite. Et comme si je voyais les gens du feu s’entraidant dedans. » Il dit « Tu as vu, donc sois constant. Voici un serviteur dont Allah a illuminé la foi dans son cœur » [Rapporté par al Bazzar dans son Musnad et al Bayhaqiy dans Shu’b al Iman].

Les Hadîth allant dans ce sens sont très nombreux, et ni eux ni les versets Coraniques concernés n’ont besoin d’explications et d’interprétations pour être compris… simplement, regarde dans ton cœur : y vois-tu de la Lumière ?
Par ailleurs, n’avez-vous pas remarqué que tous les soufis sans exceptions, toutes Voies confondues, n’ont de cesse de parler de l’indispensabilité de la Lumière : leurs livres regorgent de citations allant en ce sens, et tous évoquent l’obligation pour toute personne aspirant à Allâh –ta’ala– d’obtenir cette Lumière… le cheminement (souloûk) consisterait-il en autre chose qu’en le fait d’ôter du cœur toute forme de ténèbres, et de remplacer ces dernière par de la Lumière !?
Que celui qui n’a pas trouvé le moyen d’atteindre l’état de pureté intérieure se contente donc de masquer son ignorance et les ténèbres qui l’habitent par le silence et la résignation envers les gens de condition spirituelle réalisée… plutôt que d’inventer des choses qu’il sera amené à regretter un jour, lorsqu’il sera présenté au Vivant à qui rien n’échappe de ce qui est apparent et caché.

Sixièmement :

Le Nom « Allâh », en considération du cheminement intérieur, est étudié sous sept Lectures. Dit autrement, il a sept facettes, et chacune d’entre elles te mène à un Jardin de Connaissance ésotérique par Allâh. Le serviteur n’a de cesse d’évoluer dans ces Jardins, jusqu’à la rencontre de son Seigneur. Son moyen de progression se fait avant tout par la reconnaissance de son incapacité à Le Connaître, et en réalité l’élévation vers la Connaissance d’Allâh n’a pas de fin, car Il est Lui-même sans début ni fin. Celui donc qui s’imaginera avoir atteint le summum de la ma’rifa au travers de simplement une seule de ces facettes, se fourvoie. Quant à celui qui renie les différentes degrés et Lectures du Nom « Allâh », celui qui ne Lui attribue qu’une seule et unique facette, celui-là commet une erreur plus grave encore.
Il est ainsi des gens qui ne reconnaissent qu’une seule et unique Lecture du Nom, celle du hâ’ al-hawiya. Nous aurions excusé son ignorance, si seulement il s’était tut. En réalité les gens de condition spirituelle réalisée (al-mouhaqqiqoûn) ont toujours été d’accord sur le fait que la Lecture du Nom « Allâh » débute par le hâ’, puis on s’élève vers les deux lâm et enfin vers le Alif. Celui donc qui affirme le hâ’ et renie les autres Lectures, c’est comme s’il disait (qu’Allâh nous en préserve) qu’il n’y a aucun intérêt ni dans les deux lâm, ni dans le Alif… comme si le Vrai n’en avait pas fait des Lettres de Son Nom pour une Sagesse bien déterminée. Ou bien, c’est comme s’il disait que les deux lâm et le Alif ne sont en réalité que des hâ’ eux aussi… alors que de toute évidence, ni le lâm ni le Alif ne ressemblent au hâ’. Et puisque leurs formes respectives sont différentes, les sens profonds qui leurs sont propres le sont aussi.

Et nous disons à celui qui prétendrait limiter l’étude du Nom divin à une seule et unique Lecture, si toutefois il était doté de compréhension :
Est-ce que, au sein du cercle, n’importe quel point peut-être considéré comme l’égal de n’importe quel autre ?
-Si tu dis que oui, alors nous te répondons qu’en cela même tu fais du pieux l’égal du pervers, et tu contredis ainsi ce avec quoi est venu la Chari’a.
-Si tu dis que non, alors comment peux-tu renier cette égalité absolue, sachant que tu as restreint la ma’rifa à une seule et unique Lecture ?
Et nous te demandons : Est-ce que le Point central du hâ’ est l’égal du point se trouvant sur le cercle ?
-Si tu dis que oui, alors nous te disons qu’au contraire le centre d’un cercle constitue la base et le fondement de ce dernier, car lorsqu’on veut représenter un cercle on commence tout d’abord par en établir le centre, et c’est seulement ensuite que l’on dessine un cercle autour de ce dernier. De ce fait, le point appartenant au cercle est une ramification du point central, qui constitue sa base fondamentale. Cette réponse serait donc fausse et mettrait en évidence le fait que tu ne distingues pas la base de la ramification.
-Si tu dis que non, et il s’agit là de la bonne réponse, alors pourquoi tu renies l’existence de différents degrés et de différentes Lectures, alors même que t’est apparu la différenciation et la prévalence de certains points sur d’autres au sein du degré que tu connais ?

Et si tu affirmes le premier degré en te basant sur les réalités de versets tels que : « Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché », ou « Tout ce qui se trouve sur elle est néant (fân), et ne demeure que la Face de ton Seigneur »… alors que fais-tu de cet autre verset : « Il est le Créateur de toute chose, adorez-Le donc » ?

Tout ceci est absolument Vrai, mais alors comment considères-tu la création ? Car si tu affirmes que tout ce qui t’entoure n’est que néant, dépourvu de toute existence… nous te répondons que tu te trompes… Et si tu dis que c’est Lui, l’Existent, nous te répondons que tu te trompes encore. Et tu ne trouveras jamais de solution à ce problème tant que tu persisteras à nier les différentes Lectures, car c’est par elles que parviennent les compréhensions par Allâh –ta’ala-.

Et que dirions-nous de Sa Parole « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre », a-t-elle la même portée que « Allâh est le Waliy de ceux qui croient, Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière » ?
Si tu perçois le sens émanant de ces deux versets comme étant de teneur sensiblement identiques, tu donnes la preuve définitive de ton ignorance. Et si au contraire tu vois une différence, alors quelle en est la réalité profonde ? Que tu la connaisses ou que tu l’ignores, tu es forcé de reconnaître l’existence des degrés, d’une manière ou d’une autre.

C’est pourquoi nous disons que la Connaissance par expérimentation personnelle, par laquelle Allâh fait parvenir Ses serviteurs à la Connaissance de Sa Beauté et de Sa Majesté, ne peut être atteinte qu’au travers de l’étude progressive de ses différents degrés. C’est de cette manière uniquement que les plus grandes références soufies ont pu atteindre ce qu’ils ont atteint, et c’est uniquement ainsi que le cheminant pourra différencier la réalité d’un Nom et celle d’un autre, et ainsi seulement qu’il pourra retourner chaque Nom au Nom les réunissant tous (Allâh). Quant à celui qui affirme cela par la bouche, mais le renie par les actes, c’est comme s’il ne l’avait en réalité jamais affirmé. Et celui qui ne l’affirme pas, il demeure dans un état d’éloignement du divin.


En complément de cette lettre, nous nous permettons d’ajouter le témoignage de l’une des deux personnes ayant côtoyé et été disciple de sidi al-Hajj al-Hassan (quddisa sirruh) : le faqir sidi Mohamed ibn as-Siniy :

mawlay hassan al karkariy

Au Nom d’Allâh, le Clément, le Miséricordieux. Et que les prières et les salutations d’Allâh soient sur sayidina Muhammad ainsi que sur sa famille.

Le Faqir en Allâh et mounchid de la Tariqa Karkariya, Mohamed ibn Ahmad as-Siniy :
Je suis dans la Zawiya Karkariya depuis 1999, et j’y étais à l’époque avec le Shaykh sidi al-Hajj al-Hassan, qu’Allâh l’agrée et sanctifie son Secret. J’avais pris auprès de lui la bay’a, il m’aimait beaucoup et moi de même. Je l’appelais très souvent au téléphone, et je restais assis des journées entières à ses côtés, dans la zawiya. Il nous faisait souvent le rappel, et était toujours souriant. Et puis un jour son neveu sidi Faouzi al-Karkariy est venu le voir, pieds nus et fondant de larmes. Je me trouvais alors dans la zawiya, et je le vis entrer en Khalwa le jour même, où il reçut le Fath (ouverture spirituelle). Sidi al-Hajj al-Hassan me dit alors qu’il avait reçu un très grand Fath. Les jours passèrent, et il me dit : « Je l’ai désigné apte à transmettre le wird et à prendre en charge l’éducation des disciples. » Puis, il vint une autre fois me dire : « Tout ce que j’ai (en terme de Connaissance), il l’a aussi : c’est un Shaykh ! ».
Et il nous a très fermement mis en garde : « Prenez garde à ne pas le mettre en colère, gare à vous, gare à vous ! Je jure par Allâh que c’est un Waliy d’entre les Awliya’ Allâh. »

Lorsque sidi al-Hassan eut rejoint son Seigneur, nous avons suivi celui qu’il avait laissé après lui, et nous avons renouvelé notre bay’a avec sidi Mohamed Faouzi al-Karkari. Alors, Allâh nous honora de Ses bienfaits, nous avons pu entrer en Khalwa, nous y avons reçu l’ouverture spirituelle, et j’ai pu atteindre la compréhension de ce à quoi faisait allusion sidi al-Hassan (dans ses cours).

Il s’agit là du dépôt légué par sidi al-Hajj al-Hassan, et je jure par Allâh avoir entendu tout cela de mes propres oreilles. Prenez garde de ne surtout pas mettre en colère sidi Mohamed Faouzi al-Karkari ; et il m’a indiqué qu’il était le Shaykh éducateur, et que la Tariqa deviendrait apparente par lui. Celui qui insulte sidi Mohamed Faouzi al-Karkari ne fait en réalité qu’insulter sidi al-Hajj al-Hassan, et celui qui renie sidi Mohamed Faouzi al-Karkari ne fait que renier sidi al-Hajj al-Hassan : nul autre que Pharaon prend deux Shaykh différents.

Voici le dépôt de sidi al-Hajj al-Hassan al-Karkari laissé au faible serviteur, le faqir Mohamed ibn as-Siniy. Ecrivez le et enterrez-moi avec après ma mort, afin qu’il témoigne en ma faveur au Jour du Jugement. La dounia ne dure pas, ne persiste que la Face d’Allâh.

Sidi al-Hajj al-Hassan, voilà, j’ai transmis ton message, qu’Allâh en soit témoin.

Hajj Hassan ibn as-Siniy
Shaykh Mohamed Faouzi Al-Karkari et sidi ibn Siniy derrière.
sidi shaykh hassan
Shaykh Hassan, le shaykh de sidi ibn Siniy et aussi le maître de notre shaykh.