بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Commentaire du poème
de Shaykh sidi Ahmad al alawi :

Udhkur Allah ya rafiqi
PARTIE 1

Invoque le Nom de Dieu, mon compagnon
Et oriente-toi vers le sujet de ton désir

Il incombe à celui qui prend pour compagnon un Shaykh authentique, rattaché à l’arbre béni, d’être orienté vers l’invocation d’Allah. Le but de son compagnonnage sera de s’adonner exclusivement au dhikr (invocation) d’Allah (subhanahu wa ta’ala) sans désirer autre que cela. Ce compagnonnage se fera par le suivi des paroles et des actes approuvés du Shaykh. Quant à la personne qui invoque Allah (subhanahu wa ta’ala) et qui s’oriente vers la qibla louée (mahmouda) qu’est le Messager d’Allah ﷺ, qu’elle suive ses recommandations sans jamais s’y soustraire comme l’a rappelé le Shaykh sidi Ahmad al Alawi (radiAllahu ‘anhu) dans les vers cités.

Dirige-toi vers le Vrai et Réel
Les créatures sont en réalité néant

Dirige-toi vers le Vrai (subhanahu wa ta’ala), vers la Ma’rifa (connaissance) d’al Nafi'(le Créateur du Bien), vers la réalisation de la parole du Tawhid qu’est « La ilaha Ila Allah, Muhammad rassoul Allah » et sache que cette création ne possède pas d’Existence propre et qu’elle est évanescente (fana). Quant à celui qui se dirige vers la qibla véritable, al Mustapha ﷺ et qui le suit dans les paroles (qawl), les actes (fi’l) et dans les choses qu’Il a approuvé, celui qui s’est absenté de toutes les choses en dehors d’Allah et dont le cœur est resté lié par les flux lumineux au Vrai (subhanahu wa ta’ala), celui-là obtiendra la Haqiqa. Alors, il saura que sa propre existence et celle de la création ne sont en réalité qu’illusion et que l’Existence n’appartient qu’à l’Unique. Et c’est pourquoi Allah (subhanahu wa ta’ala) dit : « Tout ce qui est sur elle est évanescent, [Seule] subsistera La Face [Wajh] de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse » [Sourate ar-Rahman / verset 26 , 27].

Il n’y a, en réalité, pas d’autre hormis Lui

Si la personne venait à se réaliser et à voir avec la véritable vue qui est la vision intérieure Lumineuse (nouraniya batiniya), au sujet de laquelle il fut dit par le Prophète ﷺ lorsqu’Il se rendait à la mosquée pour effectuer ses prières : « Ô Seigneur ! Mets dans mon cœur de la lumière, dans ma langue de la lumière, dans mon ouïe de la lumière, dans ma vue de la lumière, au-dessus de moi de la lumière, au-dessous de moi de la lumière, à ma droite de la lumière, à ma gauche de la lumière, devant moi de la lumière, derrière moi de la lumière ».

Alors, cette personne se trouvera, du point de vue de la Haqiqa, être le centre (markaz) de la Niche (mishkat) de Lumière, comme si elle se trouvait au milieu d’une sphère de Lumière. Puis, le Prophète ﷺ continua : « et mets dans mon âme de la lumière, intensifie-moi cette lumière, agrandis-moi cette lumière, procure-moi de la lumière, fais de moi une lumière. Ô Seigneur ! Donne-moi de la lumière, mets dans mes nerfs de la lumière, dans ma chair de la lumière, dans mon sang de la lumière, dans mes cheveux de la lumière et dans ma peau de la lumière ». Ainsi, l’être disparaît entièrement dans la Lumière ; seulement alors, il ne sera plus vu autre que la Lumière du Vrai (subhanahu a’za wa jal). Que signifie donc : « Il n’y a, en réalité, pas d’autre hormis Lui » ? C’est à dire qu’il n’y a rien d’autre hormis la Lumière du Seigneur en accord avec ce qu’Allah (ta’ala) dit dans la sourate la Lumière : « Allah est la Lumière des cieux et de la Terre » [sourate la Lumière / verset 35]. Allah (subhanahu wa ta’ala) a donné l’exemple de cette Lumière : « Sa lumière est semblable à une niche ». Il s’agit là d’une indication claire pour celui qui désire faire revenir sa nafs à la réalité (haqiqa) ahmedienne ﷺ et ainsi devenir une lampe éclairante… Les autres exemples cités dans le verset de la Lumière constituent aussi les différentes étapes du cheminement vers Allah.

Si tu venais à réellement rechercher la connaissance de Son Unicité (fardaniya) et à désirer disparaître dans sa Présence (hadra), alors tu perdrais tout ton être ainsi que tous tes attributs et tu te vêtirais des attributs du Vrai (subhanahu wa ta’ala). A l’instar de Sayiduna Mussa (‘alayhi salam), lorsqu’il demanda la vision du Seigneur : « Ô Mon Seigneur, montre-Toi à moi pour que je Te voie ! » [Sourate Al-A’raf, verset 143]. La servitude (ubudiyya) demanda à accéder à la connaissance de la réalité Seigneuriale (rouboubiyya). Ce à quoi il lui fut dit : « Tu ne Me verras pas; mais regarde le Mont : s’il tient en sa place, alors tu Me verras » [Sourate Al-A’raf, verset 143]. Ce Mont qui se trouvait soit à la droite, soit à la gauche de sayiduna Mussa (‘alayhi salam), le soumettant encore aux directions, devint pour lui une qibla. Cependant, lorsque s’est manifesté la Lumière du Vrai dans toute sa réalité, le Mont fut pulvérisé « Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa ». C’est à dire que l’espace et le temps n’eurent plus d’Existence. C’est alors que Sayiduna Mussa (‘alayhi salam) regarda sa réalité intérieure et qu’il vit que lui-même n’avait pas d’existence propre. Après s’être aperçu que la montagne n’avait pas d’existence, il vit que lui-même en était dépourvu, seulement alors « Moussa s’effondra foudroyé » c’est à dire qu’il disparut dans la présence divine, et qu’il n’eut plus la capacité de voir son propre état, ni la capacité de reconnaître sa propre image. Il s’absenta alors des images et du néant de la création et atteignit un degré de compréhension élevé et c’est ainsi qu’il sut qu’il « Il n’y a, en réalité, pas d’autre hormis Lui » et qu’il n’y a, en réalité, que notre Seigneur et que toutes les choses ne sont que des images auxquelles s’est habitué l’œil au point de le voiler de la connaissance de l’origine de ces images qui n’est autre que la Lumière du Vrai (subhanahu wa ta’ala).

Sa majesté s’est manifestée dans les temps anciens

Cette Lumière n’est pas la conséquence d’un accident, elle n’est ni un lieu, ni un état ; il s’agit plutôt d’une Lumière ancienne et prééternelle (azali). Et lorsqu’on observe le verset dans lequel Allah dit « Allah est la Lumière des cieux et de la Terre », on s’aperçoit que le mot Lumière (nour) qui est à la fois un nom d’Allah et un Attribut (siffa) apparaît avant les cieux et la terre, c’est à dire que la Lumière était avant que ne soient les cieux et la Terre. Ainsi, la Lumière est le nom le plus proche du Nom Allah. Et rien n’est plus proche du Nom de la Majesté (ism al Jalala) indiquant l’Essence (dal’ala dhat) « Allah » que l’Attribut de Lumière (siffa annouraniya). Cet Attribut de Lumière qui est dans le qidam (dans les temps anciens), est rapproché et élevé par le Très Connaisseur (al ‘Alim), le Majestueux (al Jalil) (subhanhu wa ta’ala).

Le Shaykh sidi Ahmad al alawi dit : « Sa majesté s’est manifestée dans les temps anciens ». Et comme nous l’avons dit précédemment, cette Lumière est ancienne (qadim) et prééternelle (azali). Et l’attribut (Siffat) ne se sépare jamais de l’Attribué (al Mawsouf) et ceci concerne tous les Attributs du Vrai (subhanahu wa ta ‘ala). Et si l’Attribut venait à être séparé de l’Attribué (mawsouf), cela reviendrait à dire que le Vrai (subhanhu wa ta’ala) est une création, qu’Allah nous protège de cela. Les attributs de la création peuvent se séparer de la créature alors que les attributs du Créateur ne sont jamais séparés de Lui, car « Rien ne Lui est semblable ». De même, rien n’est semblable à Ses attributs, rien n’est semblable à Son Nom, rien n’est semblable à Ses actes… quel que soit la façon dont tu le décris, Il est différent de cela (subhanahu wa ta’ala).

Il s’est manifesté par la séparation

Il s’est manifesté par ce néant que sont les images des choses inexistantes et en a fait des preuves menant à Lui. De sorte que l’homme, par ces images, revienne vers son Seigneur et qu’il puisse méditer « […] sur la création des cieux et de la terre « Notre Seigneur ! Tu n’as point créé cela en vain. Gloire à Toi! Garde-nous du châtiment du Feu » » [Sourate ali Imran – Verset 191]. Cette méditation se fait sur les choses créées et méditer sur cela dans le simple et unique but d’accéder à la connaissance du Créateur mène à la connaissance de l’Unicité divine (tawhid). Quant à la méditation qui s’arrête aux images et qui reste attachée à cette séparation (farq), celle-ci ne mène qu’à la vision de la beauté, alors que la méditation, qui mène de la création vers le Créateur, autrement dit qui mène des ramifications (far’) vers l’origine (asl), ou de la séparation (Farq) vers l’union (jam’), aboutit à la Haqiqa (Vérité spirituelle).

Hélas les gens sont endormis

Ceci est également rapporté dans un Hadith du Prophète ﷺ : « Les gens sont endormis et c’est quand ils meurent qu’ils se réveillent ». C’est à cause de ce sommeil que tu vis comme si tu étais dans un rêve. Et sur base du Hadith du Prophète ﷺ, nous disons que celui qui n’est pas capable de revenir des choses créées vers le Créateur (soubhanahu wa ta’ala) et bien qu’il sache que la connaissance d’Allah ne se limite pas à prier ou à jeûner…non ! La connaissance d’Allah est que tu vives tout le temps dans la folie et que tu sois à chaque instant abasourdi par la grandeur du Vrai (soubhanahu wa ta’ala), comme il a été rapporté du Messager d’Allah ﷺ : « Invoque Allah jusqu’à ce qu’on te traite de fou ». Mais si tu limites ton dhirk à un moment précis, c’est à dire que tu t’y adonnes par exemple une heure par jour, ce moment passé en adoration sera pour toi une jonction (wasl) avec Allah mais en dehors de cette heure, tu es dans l’insouciance et donc endormit.

Dans ce poème, le Shaykh sidi Ahmad al Alawi explique comment atteindre la réalisation à travers la vision, la méditation (fikr) et le dhikr. C’est pourquoi le poème commence par le vers : « Invoque [dhikr] le Nom de Dieu, mon compagnon ». Puis, Shaykh sidi Ahmad al Alawi décrit la méditation (fikr) en disant : « Il s’est manifesté par la séparation ». C’est donc en associant la méditation au dhikr que l’on atteint la remise confiante en Allah et la connaissance divine (ma’rifa).

Ne dévie jamais de la voie
Fais preuve de sérieux pour la suprême station

Celui qui a pris le pacte initiatique (bay’a) en accord avec le verset « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah », alors qu’il ne dévie pas de la voie car si il venait à en dévier, il se retrouverait dans le reniement (nakth) et le degré de ce nakth dépend de l’éloignement de la voie et du fait de ne plus se diriger vers la véritable qibla qui est celle du Prophète ﷺ. Il incombe donc au disciple de faire preuve de sérieux dans le cheminement qui est la pérégrination (siyaha) de l’âme vers le Vrai (subhanahu wa ta’ala).

Fais preuve de sérieux pour la suprême station

C’est à dire vers la station (maqam) la plus élevée, pour l’arrivé à la hadra des Noms qui n’est autre que la Hadra du Seigneur. Cette hadra n’accepte aucun superflu « Dis: « Il est Allah, Unique » ». L’unique, le seul que nous implorons, qui n’a ni engendré ni été engendré. Alors, aucun superflu ne sera accepté qu’il soit intellectuel (‘aqliya), méditatif (fikriya) etc, et si tu prétends que la Présence (Hadra) de l’Unique accepte en son sein un superflu intellectuel, alors dans ce cas, le Messager d’Allah ﷺ n’aurait jamais été créé et ne serait jamais venu avec une nouvelle loi, chacun pourrait dès lors utiliser son propre intellect, si vraiment l’intellect mène au Créateur. Plutôt, cet intellect nous permet de parvenir au Créateur qu’avec l’aide d’un intellect plus grand : celui qui Prophète ﷺ. Cet intellect, celui du Messager d’Allah ﷺ, vient de la hadra fardaniya dont le flux des Lumières a flué dans la hadra du Prophète ﷺ et qui s’est manifesté dans ses paroles (qawl), ses actes (fi’il) et les actes qu’Il a approuvé (takrir). En effet lorsqu’il fut demandé à Aisha (radiAllahu ‘anha) comment était le Messager d’Allah ﷺ, elle répondit: « Il était un coran qui marche ». C’est ainsi qu’apparut le coran par le mouvement des actes… permettant au Vrai (subhanahu wa ta’ala) de transmettre Son Message de façon complète grâce à la grandeur de l’intellect du Prophète ﷺ. Quant à nous, quand bien même on s’imaginerait ou on prétendrait avoir droit à la transmission, nous devons savoir que le Messager d’Allah ﷺ dit : « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset ». Autrement dit, même si nous venions à tenter de transmettre le message, nous ne serions pas capable de transmettre du Prophète ﷺ un verset complet car c’est à lui que revient la prédication du Message.