أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

La première des sunna

Assise du Shaykh éducateur sidi Mohamed Faouzi Al Karkari (qu’Allâh sanctifie son secret) à Oujda, le samedi 19 mai 2013 :

Nous demandons à Allah ﷻ que ce lieu dans lequel nous nous trouvons ce soir soit un lieu où sera élevé le « Ism al-Moufrad [1] » dans le cœur de ceux qu’Allah aura choisi pour son compagnonnage, sa connaissance et son amour. Dans le cours précédent, nous avions parlé du compagnonnage (suhba) en disant qu’il était soumis à deux conditions imposées à l’aspirant (mourid) et au shaykh : que le shaykh et l’aspirant soient respectivement accompagnateur (sahiban) et accompagné (mashuban) dans le chemin menant à la connaissance d’Allah. Nous avions également évoqué l’extinction de l’aspirant dans les lettres du mot « Faqir ». Nous avons vu que le maître devait se réaliser dans les lettres du mot qui lui est rattaché, le mot « shaykh ». Nous continuerons donc aujourd’hui le sujet que nous avions commencé la semaine passée.

Il existe, entre le shaykh et l’aspirant, un engagement (‘ahd), une proximité et un sentiment d’affection permettant d’accéder à la connaissance d’Allah . Si un seul de ces points venait à disparaître, alors ce serait comme si l’engagement (‘ahd) conclu entre les deux était corrompu. L’aspirant (mourid) est le mouhhib (l’Amoureux) dont le but (qasd) est d’atteindre la connaissance d’Allah. Quant au shaykh, il atteignit cette connaissance et connut les fondements de la voie. Il se devra donc de transmettre cette connaissance dans le cœur de l’aspirant. C’est cela le lien existant entre les deux. Nous avons dit que le faqir devait se réaliser dans les lettres composant son nom, c’est-à-dire dans la lettre « fa/ف » renvoyant au Fana (extinction), puis dans la lettre « qaf/ق » renvoyant à la Proximité (qurb), puis dans la lettre « ya’/ي » renvoyant à la Certitude (yaqin) et enfin dans la lettre « ra/ر » renvoyant à l’agrément (Ridha) et à la soumission (taslim) aux commandements divins. Il en va de même pour le shaykh qui doit se réaliser dans le lettre « shin/ش » qui renvoie à l’action de « boire » (chariban), puis dans la lettre « Ya’ي » renvoyant à la certitude (yaqin) puis enfin dans la lettre « kha’/خ » qui renvoie au vin pré-éternel (khamra azaliya). Nous ajoutons le « kaf/ك » renvoyant à la réalisation (kamil) et le « lam/ل » renvoyant à « lillah/entièrement pour Allah ».

Ici apparaissent deux groupes distincts qui se sont réalisés dans leurs lettres respectives, et par cela, Allah les rassembla par l’engagement de l’amour (‘ahd al-hubb). Le Mot « Amour (hubb) » s’écrit [en arabe] avec deux lettres : le « ha’/ح » et le « ba/ب ». Chacun de nous perçoit les effluves de ce mot « Amour » lorsque nous le renvoyons aux choses que nous aimons. Ainsi, tu verras certains aimer leurs enfants, et lorsque tu les entends parler d’eux, tu les verras parler de l’amour selon ce qu’Allah aura placé dans leur cœur. Certains ont aimé leur épouse, d’autre leurs biens, d’autre encore, après que leur poitrine eut été élargie, ont aimé Allah. Qui dont est le véritable Amoureux ?

Celui qui veut véritablement connaitre le sens de l’Amour, qu’il sache que l’Amoureux est celui qui vend toute chose et qui ne demande rien en contrepartie. Lorsqu’un jeune homme tombe amoureux de sa bien-aimée, tu le vois répondre à tous ses désirs, ne demandant en contrepartie que son agrément. De même, celui qui aime véritablement Allah, il donne tout ce qu’il possède et ne demande que Son agrément.

En considérant la numération arabe et les deux lettres du mot Amour, nous obtenons le chiffre 8 pour la lettre « ha’/ح » et le chiffre 2 pour la lettre « ba/ب », ce qui nous donne 8+2=10. Le 10 renvoie aux dix lectures du Nom de majesté « Allah ». Le nombre dix, s’écrit avec un zéro et un « un », autrement dit l’extinction totale (0) dans l’Unicité (1) (wahdaniya) du Créateur . Il te faut donc t’éteindre par amour et passion dans le Vrai (al-Haqq) , alors il ne subsistera que Lui sans associer. Si tu parviens à cela, ce sera la preuve que ton cœur ne contient que l’Amour pour Allah. Dénué de tout désir du pouvoir, d’avidité ou de passion pour autre que Lui. Il existe donc un compagnonnage (subha) de l’aspirant (mourid) avec le shaykh. Le Mustafa nous a indiqué ce qu’est le compagnonnage lorsqu’Il dit : « Mes compagnons sont pareils aux étoiles quel que soit celui que vous suivez vous serez sur le droit chemin. » [2] Pour être un compagnon, il faut donc être une étoile et l’étoile ne se trouve que dans un ciel élevé « Nous avons effectivement embelli le ciel avec des lampes » [3]. Cette étoile brillant dans le ciel tire sa clarté du soleil et s’il se produisait une éclipse, l’étoile se retrouverait sans Lumière, plongée dans les ténèbres. L’étoile ne produit pas d’elle-même [4] la Lumière mais plutôt, elle tire profit de son prochain. Le shaykh des étoiles est donc le soleil et Allah dit : « chacun vogue dans une orbite. » [5] Si tu vois la Terre orbiter autour du soleil, c’est parce qu’elle le prit en passion et elle se mit à faire une circumambulation autour de lui par le dhikr de l’Un et l’Unique. Par son dhikr autour du Soleil, la Terre tire la vie permettant l’existence sur notre planète. Si un jour le soleil ne connaissait pas d’aube, alors il s’agirait là d’un signe de l’Heure, c’est-à-dire la fin de la vie : une extinction totale.

Le Messager d’Allah nous a transmis cette allusion afin que nous méditions et que nous fassions son dhikr (remémoration) et que dit Allah concernant le dhikr ? Il dit : « Ceux qui debout, assis, couché, se rappellent Allah et qui méditent sur la création des cieux et de la Terre, disant : Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé tout cela en vain. Gloire à Toi ! Garde-nous du châtiment du Feu. » [6]

Ils font donc le dhikr en tout moment. Cependant, ne t’imagine pas que le dhikr ne consiste qu’à mouvoir ta langue. Certains font le dhikr du Nom Allah, d’autres usent des noms divins, et tu les vois faire du dhikr sans arrêt et malgré cela, ils n’en goutent rien. Ceci parce qu’ils leur manquent deux choses : le dhikr de la pensée, et le dhikr de la vision. Le disciple qui désire le véritable dhikr, se doit d’être présent par le dhikr, par la pensée méditative (fikr) et enfin par la vision (nadhar).

Si ces trois éléments sont réunis, alors le disciple fera partie de ceux qui se réalisent dans le verset « Ceux qui méditent sur la création des cieux et de la Terre, disant : Notre Seigneur ! Tu n’as pas créé tout cela en vain. Gloire à Toi ! Garde nous du châtiment du Feu ». « Gloire à toi/subhanak » renvoie à la transcendance absolue du Vrai (al-Haqq) par le « kaf/ك » correspondant aux vingt attributs (sifat) d’Allah comme il est enseigné dans la coryance (‘aqida). Il s’agit du kaf de l’analogie (kaf’ul tashbih) dans la station de l’Ihsan.

« Il n’y a rien qui Lui ressemble. » [7] Et tu ne peux atteindre cela que par le dhikr et la pensée méditative (tafakur). Car le dhikr sans pensée méditative (tafakur) n’est que sécheresse. Les philosophes qui se limitent à la pensée méditative en usent sans l’accompagner par le dhikr. C’est ainsi qu’ils dépassent les limites d’Allah et quiconque dépasse les limites d’Allah ne fait qu’être injuste envers lui-même. L’intellect ne peut saisir quoi que ce soit lorsque la langue est immobile et absente du dhikr du Bien-Aimé (al Habib). Allah nous a donné des fondements dans Son Noble Livre lorsqu’Il dit : « Ceux qui debout, assis, couché, se rappellent Allah. » Par le dhikr du Bien-aimé en tout état, la langue se trouve humidifiée par son inclinaison et sa prosternation dans la bouche. Après que la langue soit devenue humide par le dhikr, s’élèvera la passion de l’intellect (‘aql) pour la pensée méditative, permettant aux gens du raisonnement profond (olo’ al-albab) de méditer sur la création des cieux et de la terre. C’est alors que le cœur de l’intellect et l’esprit s’exclameront d’eux-mêmes « Gloire à Toi !/subhanak ». Une exaltation d’une transcendance absolue due à la vision de Sa Grandeur. C’est ce groupe de personne que l’on appelle les gens d’Allah (ahl Allah). Ils ne voient rien sans y voir Allah avant, après ou dedans. Ceux-là, où qu’ils se tournent, voient la face d’Allah de façon apparente comme le soleil à son zenith car Allah leur a donné une vue perçante (littéralement : une vue de fer) (basar hadid) en récompense de leur dhikr et de leur méditation. Ceci constitue le fondement même du compagnonnage (suhba). « Mes compagnons sont comme les étoiles. » Ceux qui prétendent avoir un shaykh et ceux qui prétendent être shaykh doivent savoir que le shaykh se doit d’être un soleil se levant sur le cœur des gens de la passion et que les disciples se doivent d’être des étoiles conformément au hadith du Mustafa . Si ces deux conditions sont remplies, alors le compagnonnage (suhba) est valide. L’aspirant se doit donc d’avoir une étoile dans son cœur pour pouvoir prendre part au serment d’Allah. Le nom de Majesté « Allah » ne se lit pas à l’aide de feuillets comme tu te l’imagines, non ! Le Nom « Allah » se lit par le serment d’Allah : « Par l’étoile lorsqu’elle descend, Votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur » [8] Ainsi, le compagnonnage des compagnons avec le soleil du Messager d’Allah ne peut être considérer comme égarement et ne peut être concerné par le doute. Quant à toi, quand bien même ton intellect se refuse à cela, ton cœur lui ne désire que l’amour du Vrai (al-Haqq) et les lectures du Nom. Avant de rechercher le nom de Majesté « Allah », il te faut chercher son encre. Et qu’est-ce que l’encre du Nom ? C’est l’étoile descendant dans ton cœur et provoquant en toi « une révélation inspirée » [9]. Gloire à Allah ! Si cette étoile descend dans ton cœur, alors tu feras partie des gens de la révélation sans être prophète. Le wali a droit à la révélation inspirée (wahi al-ilham). Il ne s’agit pas là de pensée créée de toute pièce qui ensuite sera prononcée sous l’effet de la passion. La révélation inspirée ne se produit que lorsqu’il est relié à la Loi d’Allah (shar’ Allah) et il n’y aucune divergence sur cela. Cette révélation inspirée ne se produit que par le suivi de la méthodologie du Mustafa ﷺ. Sans ce suivi, tu ne fais que suivre ta propre passion (hawak) et toute inspiration ne provient que de la nafs alors que, pour accueillir en toi l’étoile brillante (najm al-thaqib) par le soleil du Mustafa , il te faudra lever les voiles de cette nafs.

Sache qu’il existe deux jours du Jugement, un choisi (ikhtiyari) et un subi (ithtirari). Le jugement « subi » est celui de ta mort physique. Quant au jour du jugement choisi, il s’agit de ton désir d’extinction en Allah, de ton désir de mourir par amour en Lui. Si tu réalises cette mort choisie, alors c’est comme si ton jugement avait commencé. Il est rapporté dans le hadith que le messager d’Allah , lorsqu’on l’interrogea sur la vision du Seigneur le jour du Jugement Dernier, dit : « vous le verrez comme le soleil à son zénith ». Nous savons tous à quoi ressemble un soleil à son zénith : sa lumière est éclatante, elle brûle les yeux de quiconque la regarde. Il en va de même pour toi, si ton jugement avait véritablement commencé, et que tu avais réalisé l’extinction en Allah , alors tu verrais un soleil éclatant. Si tel est le cas, alors bienvenu dans la lecture du Nom. Je ne dis pas que tu as lu le Nom, non ! Tu n’auras fait que commencer sa lecture. Puis, dans le même hadith, le Prophète ajouta : « comme une Lune lorsqu’elle est pleine ». Lorsque la Lune est pleine, nous jeunons trois jours que nous appelons les jours blancs, il faut donc que tes jours, ô aspirant, soient blancs et que tes nuits soient des nuits de pleine Lune et si tel est le cas, alors c’est que tu es effectivement entré dans la lecture du Nom. Comment se lit le Nom ? Il se lit par la réception d’une étoile brillante dans le cœur à travers laquelle se produira la révélation-inspirée. Ceci jusqu’à ce que l’étoile devienne semblable à la Lune ou au Soleil comme nous l’a dit le Mustafa .

Observe le Nom « Allah ». Sache que le soleil n’est autre que le point se trouvant au-dessus du alif. De même, au-dessus de la dernière lettre du nom qu’est la lettre « ha » se trouve un « soukoun ». Ce soukoun est vide à l’intérieur alors que le point du alif est plein comme le Soleil à son zénith. Comme nous l’avons dit précédemment, la valeur numérique du mot « amour » en arabe est dix. Le un et le zéro renvoient à l’extinction absolue (0) dans l’Unicité (1). Lorsqu’on écrit le Nom à l’aide d’une feuille et d’un qalam, on l’écrit de la droite vers la gauche, du haut vers le bas. Quant à nous, qui recherchons encore l’étoile et sachant que la recherche de l’étoile se fait par l’extinction dans l’Aimé (al-mahbub), c’est-à-dire al-Mustafa , nous ne sommes que ténèbres. Nous n’avons pas d’étoile et nous n’avons pas atteint la station de l’extinction (maqam al fana), telle est notre réalité. Nous devons donc rechercher la jonction (wasl) menant à l’extinction. Cette extinction est la condition de l’Amour. Devons-nous entrer par le chiffre 1 ou bien par le chiffre 0 ? Il nous faut entrer par le zéro car nous ne sommes qu’évanescence (fana). Allah dit : « Tout sur elle doit disparaître et Il ne restera que la Face de ton Seigneur plein de grâce et de Majesté. » [10] C’est ce niveau d’extinction que tu découvres dans le ha et le soukoun.

Tu commences donc ton cheminement dans les degrés (maratib) du Nom « Allah » par ton entrée dans le ha al-hawiya après avoir réalisé l’extinction. Et si tu entres dans le Ha, tu verras apparaitre un lam, puis un lam et enfin un alif. Le Nom, dans sa considération « mastour », s’écrit de droite à gauche alors que dans le dhikr et la vision, tu le lis par le Ha. Car si tu entrais par le Alif, tu serais considéré comme un associateur (mushrik). En découvrant le alif sans le ha, il se peut que tu prétendes à l’existence (al-wujud) au côté de l’existence de l’Un, de l’Unique, sachant que l’Existence n’appartient qu’à Lui. De même, si tu considères la façon dont est écrit le Nom de Majesté Allah, tu vois que le alif s’écrit de manière séparé (munfasil) et isolé (mun’azil) des deux lam et du ha. Le alif s’est installé dans une Obscurité divine, un chaos (‘ama) séparé de toute chose. Il est rapporté qu’un compagnon demanda au Messager d’Allah  : « Ô Messager d’Allah ! Où se trouvait Notre Seigneur avant la création ? » Et Il répondit : « Il était dans un chaos (‘ama), ni air ne se trouve au-dessus de Lui, ni en dessous et Il créa son trône sur l’eau. » [11] Lorsque nous lisons le Nom sans le alif, nous obtenons la formule « lillah » (pour Allah). C’est après être entré dans le ha, et avoir réalisé ton inexistence que tu pourras goûter à la parole : « La royauté (mulk) est pour Allah (lillah). »

Rabi’a al-‘Adawiya, bien qu’il s’agisse d’une femme, est considérée dans le cheminement (suluk) comme un Homme. En temps normal, si quelqu’un te demande d’où tu viens, tu réponds : « de Oujda… d’al-‘Aroui… » Mais observe comment ceux qui ont réalisé l’extinction en Allah par Amour, réalisant le sens de la proximité, répondent. Lorsqu’on lui demanda d’où venait-elle, elle répondit : « Nous sommes pour Allah (lillah) et c’est vers Lui qu’est notre retour. » C’est comme si, à travers ses paroles, elle informait son interlocuteur qu’elle s’était perdue dans le ha du Nom et qu’elle avait perdu toute existence propre ne laissant l’Existence qu’à l’Un, l’Unique. Autrement dit, par son Amour, elle fut éprise et devint « pour Allah » (lillah). Le alif se lit donc après être entré par le ha al-hawiya et après avoir goûté aux sens profonds contenus dans le lam al-shahada et le lam al-ma’rifa. Si tu parviens à cela, alors tu auras réalisé la connaissance d’Allah ainsi que Sa Proximité.

L’Homme est celui qui réalise l’extinction en Allah. Allah a créé l’Homme selon deux réalités. Il le créa à partir d’une argile sonnante issue de l’assemblage des quatre éléments que sont le feu, l’eau, la terre et l’air et en fit une idole (sanam). Puis, Il y insuffla de Son Souffle, et l’Homme se retrouva avec un esprit. Il y’a donc un corps et un esprit. L’esprit est lié à son Créateur et le corps est lié à son origine. C’est pourquoi le corps de l’Homme est toujours attiré par la terre. C’est également la raison pour laquelle l’Homme aime visiter des parcs naturels pour sentir de l’air pure ou l’odeur du pétrichor car il est lui-même fait d’eau, de terre, d’air et de feu, il aime donc chacun de ces éléments. Au contraire de l’Esprit (rouh), qui lui tend vers le Tout-Miséricordieux (ar-Rahman). Si un mal touche l’Homme dans son corps, tu le vois revenir à l’Esprit et dire : « ô Seigneur, guéris-moi ! », pleurant et prit de passion pour le Tout-Miséricordieux. Et cette passion ne se produit que lorsqu’un mal touche le corps. L’extinction consiste donc à éteindre ce corps qui est une idole et une monture pour les quatre éléments afin de se lier avec l’Esprit du Vrai . L’Homme peut donc se consacrer soit à la terre, soit au ciel. En parlant du ciel et de la terre, nous renvoyons respectivement à cela tout ce qui est élevé (‘olwiy) et bas (sufli). Interroge-toi, vers lequel des deux tends-tu le plus ?

Allah dit dans le hadith qudsi : « Ni mes cieux, ni ma Terre ne purent me contenir, sauf le cœur de mon serviteur croyant. » Ce cœur est celui d’un serviteur croyant (mu’min), croyant en Allah, en ses anges, en ses livres, dans les prophètes envoyés, au jour dernier et au destin qu’Il soit bon ou mauvais. Si ce cœur est véritablement celui d’un croyant, alors il aimera le Tout-miséricordieux et s’élargira pour accueillir le Nom de Majesté Allah. Nous cherchons donc l’Homme qui, lorsque le Nom descend dans son cœur, s’absente de son corps. Si tel est le cas, alors son cœur deviendra pur (safiyan) et spacieux et se transformera en une table sur laquelle on pourra écrire. En cherchant en nous-même, « et Il est en vous-même, ne le voyez-vous donc pas », on trouve le lieu d’écriture où sera écrit le Nom et qu’est-ce que ce lieu ? C’est le Cœur. Et avec quelle encre ? Avec l’étoile brillante (najm thaqib). Nous voilà avec deux éléments : une table et une encre. Il nous faut encore trouver le qalam. Ce qalam correspond à ton corps car, si tu observes avec attention tes caractéristiques physiques, tu verrais que ton corps renvoie à un qalam. Et effectivement, tu écris ta propre vie par tes mains, tes pieds, ta langue et le reste de tes membres. Tu es donc le qalam de ta propre vie. Tout ce que tu avais déjà écrit dans la pré-éternité (azal), tu ne fais aujourd’hui que le reproduire. Tes jambes écrivent et enregistrent les lieux où elles se sont retrouvées, tes mains comptabilisent ce qu’elles ont donnés et ce qu’elles ont prises, ton ouïe écrit ce qu’il a entendu et ta langue ce qu’elle aura prononcé et tes yeux ce qu’ils ont vu. Tu es donc, comme nous l’avons dit, un qalam. Nous avions posé la condition que tu t’absentes entièrement de ce corps. Si donc tu t’absentes de ce corps, alors aucune part de ce corps ne témoignera contre toi, et l’ouïe n’entendra plus rien et la vue ne verra plus rien. Si tu parviens à ce confinement (taqyid) du corps, alors tu seras comme une idole immobile. Et comment peux-tu vivre cela ? En pratiquant la première des sunnah : la khalwa. Dans une khalwa, tu cesses tout mouvement, tu n’entends plus de paroles rapportées, tu ne parles plus et tu cesses de voir ce monde physique. Autrement dit, tu confines ton corps dans une chambre vide de toute chose ou une grotte comme l’a fait le Mustafa ﷺ. C’est ainsi que se fait ton entrée dans l’école Mohammadienne et Ahmedienne. Il apparaitra alors pour toi l’étoile brillante qui fera descendre en toi une inspiration révélée (wahi-ilhami). Tu débuteras ainsi la lecture du Nom « Allah ». Commençant par l’étoile, passant la lettre ha, puis les deux lam et enfin le alif. C’est de cette façon que le cheminant parvient aux fondements de la réalisation dans la connaissance d’Allah, en suivant la Loi (shar’) et un ordre Mohammadien.

Les étoiles ont grandi dans le ciel mais c’est sur Terre que la Vie est apparue. Et pourquoi cela ? Car en elle se trouve le corps d’al-Mustafa , à Médine. Si ce corps Mohammadien et Ahmadien se trouvait sur Jupiter, la Terre aurait été sans vie. La Terre vie par sa rotation sur elle-même, par la rotation de la Lune atour d’elle et par la révolution des deux autours du Soleil. Le Soleil et la Lune sont des exemples de la vision du Vrai comme il nous l’a été enseigné dans le hadith. Ton corps, lui aussi est sur Terre, élève donc ton cœur pour que lui aussi contienne un Soleil et une Lune ! Mais pour que cela se produise, il faut que ton corps soit un corps Mohammadien et Ahmadien ! Et tu ne peux atteindre cela que si tu suis al-Mustafa et sa Sunna dans ses paroles et dans ses actes.

Il en va de même du lien existant entre le shaykh et l’aspirant. Lorsque tu demandes au disciple pourquoi fait-il telle chose, il te répond : « j’ai vu mon shaykh le faire », ou bien « j’ai entendu mon shaykh m’ordonné de le faire » ou encore « je l’ai fait devant mon shaykh et il n’a rien dit » comme s’il s’agissait de takrir. De même, si tu lui demandes pourquoi répète-t-il un certain nombre de fois le dhikr, il te répond : « mon shaykh m’a dit de le répéter tel nombre de fois ».

Dans la shari’a, le suivi par l’action (fi’l) devance celui de la parole (qawl) alors que pour les gens d’Allah, c’est la parole qui devance l’action. Car tant que l’aspirant (mourid) n’est pas dans une jonction constante avec le shaykh, il devra en premier lieu renforcer sa sphère auditive (da’irat as-sam’) jusqu’à ce qu’il saisisse les paroles du shaykh. Dans le cas du suivi par l’action (f’iliyya), le Messager d’Allaha ordonné de ne pas épouser plus de quatre femmes, et malgré cela, s’est-il lui-même limité à quatre épouses ? Non, il en a épousé plus. Tu ne peux pas suivre cette sunna fi’iliya car tu es limité à quatre et ce qui est dans le droit du Mustafan’est pas dans ton droit. Il en va de même entre le disciple et le shaykh. Si le shaykh te dit : « Invoque cent fois tel dhikr » et bien invoque le cent fois et n’ajoute rien. Et s’il te dit : « invoque mille fois », fais-le sans rien ajouter. Ne dis pas : « mon shaykh invoque plus que moi, alors je vais faire comme lui. » Ceci ne concerne peut-être que lui !

Pour que ton corps devienne un corps digne d’élection (mustafawi), il faut d’abord qu’il soit Mohammadien. Pour que ton corps devienne Mohammadien et que tu sois dans un lien (silat) avec Allah, tu dois appliquer les Hadith transmis du Messager d’Allah ﷺ. En ce sens, il dit : « Priez comme vous m’avez vu prier. » [12] Nous devons donc rechercher la vision du Mustafa et l’accompagner d’un pacte (bay’a) établissant un lien spirituel (silat rouhiya) avec le Prophète par le Prophète élu jusqu’à ce que notre corps devienne digne d’élection et que le cœur soit purifié, alors descendra en lui le serment (qassam) du Vrai : « Par l’étoile lorsqu’elle descend. » [13] Si tel est ton cas, alors tu ne seras ni égaré, ni induit en erreur, que ce soit dans ta parole, dans ta connaissance (ma’rifa) et dans ton lien avec Allah. Si, véritablement, nous aimions le Messager d’Allah , alors il nous faut commencer par la première des sunna qui est la khalwa. Il a délaissé son épouse, sa famille, ses amis et s’est dirigé vers la grotte de hira confinant ses mouvements, son ouïe, sa parole, sa vue jusqu’à ce qu’il soit devenu un qalam. C’est alors qu’Allah fit descendre sur son cœur : « Lis. » Il ne s’agit pas de lire l’anglais ou d’apprendre la philosophie, ou encore d’apprendre les mathématiques. La première lecture descendue sur al-Mustafa fut : « Lis par le Nom de ton Seigneur. » [14]

Si donc tu deviens toi-même un qalam [15], le Mustafa descendra à toi par le Nom de ton Seigneur. Commencera alors la lecture issue d’une khalwa Mohammadienne et Ahmadienne confinant l’ouïe, la vue et le déplacement ainsi que la langue. Quant à celui qui écoute et prend sa science à droite et à gauche, qui prend et donne de sa main ce qui ne lui appartient pas, celui-là n’a aucune part dans le qalam Mohammadien et Ahmadien. L’Homme qui pense que cette Lecture s’étudie dans une école ou à l’aide d’une autre méthodologie (minjah) que celle que nous avons évoquée, se méprend et si tel était le cas, le Messager d’Allah aurait été le premier des étudiants dans ce genre d’école, cependant son école était une caverne se trouvant au beau milieu de la montagne de qaf. C’est là que le cœur Mustafawi (al-qalb al-mustafawi) fut lié à l’Esprit primordial (rouh al-amriya) au sujet duquel il fut dit : « J’ai pris une poignée de ma Lumière et je lui ai dit « Sois Muhammad ! » et ainsi Muhammad fut réalisé.


[1] Le nom Allah.
[2] Hadith rapporté par ibn Abdul Barr dans Jami’ul Bayan
[3] Sourate al-Mulk, verset 5.
[4] Il s’agit là de la conception des étoiles d’un point de vue traditionnel.
[5] Sourate Ya-sin, verset 40.
[6] Sourate ali-‘Imran, verset 191.
[7] Sourate ash-Shura, verset 11.
[8] Sourate an-Najm, verset 1 et 2.
[9] Sourate an-Najm, verset 3.
[10] Sourate ar-Rahman, verset 26.
[11] Hadith 3109, Jami’ at-Tirmidhi.
[12] Hadith rapporté par Imam Bukhari.
[13] Sourate anNajm, verset 1.
[14] Sourate a-Alaq, verset 1.
[15] Plume.