Chapitre IV

sur son accusation de mécréance par sa parole « ce sont des magiciens » ; sur le danger du takfir ; y est fait aussi l’exposé de ce qu’encourt l’impudent qui insulte les gens de ahlul bayt.

Ben Aissa, s’il s’était tu à ce moment, sa calomnie, son mensonge et sa diffamation n’auraient pas eu de grande conséquence. En effet, toutes les paroles qu’il a dites n’entraînent qu’un grand péché et il suffira pour lui que les gens qu’il a diffamés lui pardonnent pour qu’il soit quitte de ses mensonges.

Or, il a dépassé la mesure et a entraîné sa chute en entrant dans le domaine qui appelle le châtiment dans ce monde et dans l’au-delà sans chance d’y échapper. En effet, devant un parterre de gens l’écoutant, il a osé, toujours sans preuve comme c’est l’apanage des menteurs diffamateurs, dire que les karkaris sont des magiciens.

Il a dit : « ce sont des magiciens ». Il a dit aussi : « qu’ils me fassent leur magie, je n’ai pas peur d’eux »

O paltoquet, nous savons que tu n’as pas peur de nous car tu n’as même pas peur d’Allah ! Si tu ne crains pas ton Seigneur, comment craindrais-tu la créature ? Tu accuses les gens d’actes d’une extrême gravité et quand la preuve t’est demandée, tu disparais et essaie d’effacer les traces de ton forfait. Car accuser les gens d’être des magiciens, ce n’est pas une insulte anodine, c’est les accuser d’être des mécréants !

En effet, dans lisan al ‘arab, ibn Mundhur a dit :

سحر : الأزهري : السحر عمل تقرب فيه إلى الشيطان وبمعونة منه ، كل ذلك الأمر كينونة للسحر ، ومن السحر الأخذة التي تأخذ العين حتى يظن أن الأمر كما يرى وليس الأصل على ما يرى

al Azhariy a dit : « la sorcellerie est un acte par lequel on se rapproche du chaytan pour avoir son appui, et tout cela pour rendre possible cette sorcellerie. Parmi la sorcellerie, se trouve l’envoûtement de l’œil de sorte que la personne pense qu’elle voit la chose telle alors qu’elle n’est pas ainsi réellement »

Dans sa définition linguistique déjà, est établie l’idée que la magie, la sorcellerie implique l’adoration d’autre qu’Allah, en l’occurrence le shaytan. De ce fait, l’imam Malik ainsi que les gens de son madhhab ont qualifié le magicien de mécréant, qu’il pratique la magie ou se contente juste de l’apprendre. Dans son commentaire sur le mukhtasar de Khalil, le qutb Dardir a dit :

وسحر ) عرفه ابن العربي بأنه كلام يعظم به غير الله وينسب إليه المقادير والكائنات ذكره في التوضيح وعلى هذا فقول الإمام رضي الله عنه إن تعلم السحر وتعليمه كفر ، وإن لم يعمل به ظاهر في الغاية إذ تعظيم الشياطين ونسبة الكائنات إليها لا يستطيع عاقل يؤمن بالله أن يقول فيه أنه ليس بكفر وأما إبطاله ، فإن كان بسحر مثله فكذلك وإلا فلا ويجوز الاستئجار على إبطاله حينئذ ، والسحر يقع به تغيير أحوال وصفات وقلب حقائق ، فإن وقع ما ذكر بآيات قرآنية أو أسماء إلهية فظاهر أن ذلك ليس بكفر لكنه يحرم إن أدى إلى عداوة أو ضرر في نفس أو مال وفيه الأدب وإذا حكم بكفر الساحر ، فإن كان متجاهرا به قتل وماله فيء ما لم يتب ، وإن كان يسره قتل مطلقا كالزنديق كما يأتي

« [La magie] Ibn ‘Arabiy l’a définie comme une parole par laquelle l’on vénère autre qu’Allah et qu’on le reconnaît comme source des décrets et des choses existantes, tel que cela est mentionné dans at tawdih. De cela vient l’opinion de l’imam que l’apprentissage de la sorcellerie ainsi que son enseignement sont de la mécréance, même si on ne la pratique pas. Cela est certes évident car vénérer les shayatin et leur attribuer les choses existantes, aucun être intelligent ne pourra en dire qu’il ne s’agit pas de mécréance. Quant à l’annuler, si cela doit se faire par la magie de même, cela n’est pas permis. Sinon, cela est permis et prendre un salaire pour cela est autorisé aussi. La sorcellerie engendre le changement d’un état, des attributs humains ou de la réalité des choses. Si les changements d’états évoqués arrivent par le biais de versets coraniques ou de Noms divins, le plus probant est qu’il ne s’agit pas de mécréance. Mais cela reste interdit si cette utilisation engendre l’inimité ou un préjudice sur la personne, ses biens. Dans ce cas, la personne recevra une correction. Quand la mécréance du sorcier a été établie, s’il le faisait au vu de tous, il sera tué et ses biens seront du butin des musulmans tant qu’il ne s’est pas repenti. S’il se cachait, il sera tué dans l’absolu de la même manière que l’hérétique (zindiq), comme nous l’indiquerons plus loin. »

Le maître al Qarafiy a dit dans al furuq :

، قال الطرطوشي ودليل المالكية قوله تعالى { وما يعلمان من أحد حتى يقولا إنما نحن فتنة فلا تكفر } أي بتعلمه { وما كفر سليمان ولكن الشياطين كفروا يعلمون الناس السحر } ولأنه لا يتأتى إلا ممن يعتقد أنه يقدر به على تغيير الأجسام والجزم بذلك كفر أو نقول هو علامة الكفر بإخبار الشرع فلو قال الشارع من دخل موضع كذا فهو كافر اعتقدنا كفر الداخل ، وإن لم يكن الدخول كفرا ، وإن أخبرنا هو أنه مؤمن لم نصدقه قال فهذا معنى قول أصحابنا إن السحر كفر أي دليل الكفر لا أنه كفر في نفسه كأكل الخنزير وشرب الخمر والتردد إلى الكنائس في أعياد النصارى فنحكم بكفر فاعله

« Al Tartushiy a dit : « la preuve des malikis est la parole d’Allah : « ils n’enseignaient tous deux à personne sans lui dire : « nous sommes une tentation, ne mécrois point ! » c’est-à-dire, par le fait de l’apprendre (la magie). « Sulayman n’a point mécru mais les shayatin ont mécru car ils enseignaient aux gens la magie ». Certes, n’essaie de faire la magie que celui qui croit qu’elle peut changer les corps et avoir cette certitude est de la mécréance. Ou l’on peut dire qu’il s’agit aussi d’un signe de la mécréance par l’information donnée par la révélation. Si le Législateur avait dit : « quiconque entre dans tel lieu est mécréant », nous croirions effectivement que celui qui y entre est mécréant, même si le simple fait d’entrer n’est pas de la mécréance. Si cette personne prétend qu’elle est croyante, nous ne la croirions pas. » Il dit de même : « ceci est le sens de la position de nos compagnons que la sorcellerie est de la mécréance. C’est-à-dire que la preuve de la mécréance ne se trouve pas dans le fait que la magie soit de la mécréance en elle-même. De la même manière, celui qui mange du porc, boit du vin et chemine vers les églises lors des fêtes des chrétiens, nous le jugeons comme mécréant par son geste » »

Voici donc, au cas où tu l’ignorais. Ton accusation contre les karkaris est tout simplement abominable. Toi-même, tu as avoué, malgré que tu sois un menteur, que tu n’as jamais côtoyé un seul karkari. Tu n’as jamais posé tes yeux sur les lieux de leurs rassemblements. Or donc, comment peux-tu savoir s’ils font de la magie ?

Tu viens encore de démontrer que tu es un menteur sans vergogne, un diffamateur invétéré doublé d’un calomniateur pécheur. Tu portes une accusation d’une extrême gravité et nous te donnons l’occasion de prouver qu’il reste une once de vérité de ce qui sort de ta langue.

قُلْ هَاتُواْ بُرْهَانَكُمْ إِن كُنتُمْ صَادِقِينَ

« Dis : « ramenez vos preuves si vous êtes véridiques » »

Nous t’attendons donc. Peut-être en étais-tu ignorant-ce qui ne nous étonnerait pas outre mesure-, la sorcellerie implique forcément d’adorer autre qu’Allah, de consacrer un acte d’adoration au shaytan pour pouvoir atteindre son but. Telle est la définition donnée par les gens de la langue arabe et donnée aussi par les gens du fiqh, selon la compréhension de Malik et de ses compagnons.

Nous te disons donc : où as-tu vu un seul karkari adorer autre qu’Allah pour conclure qu’ils sont tous des magiciens ? Comment sais-tu qu’ils sont magiciens alors que tu avoues ne les avoir jamais rencontrés ?

Et si tu ne réponds pas, sache que cela ne nous étonnera pas non plus, car les menteurs de ton genre ont été déjà identifiés dans la révélation.

فإن لم يستجيبوا لك فاعلم أنما يتبعون أهواءهم ومن أضل ممن اتبع هواه بغير هدى من الله إن الله لا يهدي القوم الظالمين

« S’ils ne te répondent pas, sache qu’ils ne font que suivre leurs passions. Qui est donc plus égaré que celui qui suit sa passion sans aucune guidée venant d’Allah ? Allah ne guide pas les gens injustes. »

En réalité, la seule sorcellerie présente dans cette voie est celle qui lie le cœur du serviteur à son Seigneur et le délie de tout autre.

كلامكم ما احلاه يصغى لصيته     كأنه تسبيح من الملأ الاعلى

لأنه سحر الله للقلب جاذب     والله يحق الحق والباطل فلا

Quoi de plus doux que vos paroles, écoutées en Son honneur
C’est comme s’il s’agissait d’un dhikr provenant de la plus noble assemblée

C’est là la sorcellerie d’Allâh, qui aspire les cœurs
Et Allâh confirme la Vérité, contrairement au faux.

O Ben Aissa, qu’est-ce que cela te fait d’avoir, toi ainsi que les autres menteurs de ton espèce, ceux qui diffament les karkaris sans preuve, qu’est-ce que cela vous fait d’avoir exactement le même discours que ceux qu’Allah a maudits dans le coran pour leur inimité envers ses prophètes ? N’avez-vous point l’impression d’être ceux à qui Allah s’adresse ici :

وَكَذَلِكَ جَعَلْنَا لِكُلِّ نِبِيٍّ عَدُوّاً شَيَاطِينَ الإِنسِ وَالْجِنِّ يُوحِي بَعْضُهُمْ إِلَى بَعْضٍ زُخْرُفَ الْقَوْلِ غُرُوراً وَلَوْ شَاء رَبُّكَ مَا فَعَلُوهُ فَذَرْهُمْ وَمَا يَفْتَرُونَ

« Voici que Nous avons assigné à chaque prophète des ennemis, des shayatin parmi les hommes et les jinns, s’inspirant entre eux des fausses paroles embellies. »

En effet, quel fut le discours de ces gens si ce n’est celui que tiennent les pseudos-sunnites de cette époque ?

Certains accusent les karkaris de sorcellerie sans aucune preuve comme celui fut le lot de tous les prophètes sans exception :

كذلك ما أتى الذين من قبلهم من رسول إلا قالوا ساحر أو مجنون

« Voilà certes que jamais un messager n’est venu à ceux qui étaient avant eux sans qu’ils ne disent : « c’est un magicien ou un fou. » »

De même, ils ont prétendu que les karkaris n’étaient que des va-nus pieds, sans science, sans cheminement, à qui on donnait accès à la Ma’rifah, comme on donnait des perles aux cochons. Eh bien, si vous ne voulez pas de cette Ma’rifah par orgueil, Allah a choisi ceux qui sont humiliés et se sont humiliés et qui, par cela, vous ont dépassé dans l’accès à Allah. Certes, votre discours dans cela n’est qu’a l’image des gens du peuple de sayyidina Nuh ﷺ

قَالُوا أَنُؤْمِنُ لَكَ وَاتَّبَعَكَ الْأَرْذَلُونَ

« Ils dirent : « Allons-nous croire en toi alors que ne te suivent que les plus vils ? » »

De même :

مَا نَرَاكَ إِلاَّ بَشَراً مِّثْلَنَا وَمَا نَرَاكَ اتَّبَعَكَ إِلاَّ الَّذِينَ هُمْ أَرَاذِلُنَا بَادِيَ الرَّأْيِ وَمَا نَرَى لَكُمْ عَلَيْنَا مِن فَضْلٍ بَلْ نَظُنُّكُمْ كَاذِبِينَ

« Nous ne voyons te suivre que ceux qui sont vils parmi nous, à première vue. Nous ne vous voyons aucun mérite sur nous. Plutôt, nous croyons que vous êtes des menteurs ».

D’autres encore, à court d’arguments, ont au moins accepté ce à quoi les karkaris appellent depuis dix ans, à savoir la Lumière d’Allah et sa Ma’rifah. Sauf qu’ils ne peuvent point accepter que cette Ma’rifah ait été dévolue à quelqu’un d’autre qu’eux et de sorte, affirment, toute honte bue, sachant pertinemment qu’ils n’ont jamais eu un quelconque cheminement dans la voie du Tassawuf, que les karkaris ne font que mentir dans leur prétention à voir la lumière et en tirer des connaissances. Ceux-là ne sont qu’à l’image de Fir’awn et de son peuple. Reconnaissant la vérité, ils l’ont dépréciée car elle ne venait pas de leur part :

.فَقَالُوا أَنُؤْمِنُ لِبَشَرَيْنِ مِثْلِنَا وَقَوْمُهُمَا لَنَا عَابِدُونَ

« Ils dirent : « Allons-nous croire à deux hommes comme nous alors que leur peuple nous sont esclaves ? » »

De même :

وَقَالُوا يَا أَيُّهَا السَّاحِرُ ادْعُ لَنَا رَبَّكَ بِمَا عَهِدَ عِندَكَ إِنَّنَا لَمُهْتَدُونَ

« O toi le magicien, appelle ton Seigneur pour nous à propos de ce qu’Il a pris comme engagement auprès de toi et nous serons certes bien-guidés »

O donc Ben Aissa, sache que tes mensonges ne sont qu’une ritournelle que tous les gens des ténèbres de ton espèce répètent depuis le début de l’humanité, depuis qu’Allah a envoyé ses prophètes et ses awliya pour mener les gens vers Sa Lumière. L’accusation de sorcellerie est certes la chose la mieux partagée entre tous ces gens des ténèbres, en plus de leur incapacité, sempiternellement répétée, de rapporter la moindre preuve de leurs allégations.

Or, les awliya ne peuvent être épargnés par les accusations et les mensonges qu’ont vécues les prophètes de la part de leurs contemporains.

أَمْ حَسِبْتُمْ أَن تَدْخُلُواْ الْجَنَّةَ وَلَمَّا يَأْتِكُم مَّثَلُ الَّذِينَ خَلَوْاْ مِن قَبْلِكُم مَّسَّتْهُمُ الْبَأْسَاء وَالضَّرَّاء وَزُلْزِلُواْ حَتَّى يَقُولَ الرَّسُولُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ مَعَهُ مَتَى نَصْرُ اللّهِ

« Ou croyez que vous entrerez au paradis alors que vous n’avez pas enduré pareil que ceux qui étaient avant vous ? Ils ont été touchés par des coups, des maux et ont été secoués jusqu’à ce que le messager et ceux qui étaient avec lui disent : « à quand le secours d’Allah ? » »

De sorte, Ibn ‘Arabiy al Hatimiy dit, dans al futuhat al makkiyyah :

ذهبت أنا وبعض الأبدال إلى جبل قاف، فمررنا بالحية المحدقة به فقال لي البدل: سلم عليها فإنها سترد عليك السلام؛ فسلمنا عليها فردت ثم قالت: من أي البلاد؟ فقلنا: من بجاية فقالت: ما حال أبي مدين مع أهلها؟ فقلنا لها يرمونه بالزندقة. فقالت: عجباً والله لبني آدم! والله ما كنت أظن أن الله عز وجل يوالي عبداً من عبيده فيكرهه أحد! فقلنا لها: ومن أعلمك به؟ فقالت يا سبحان الله، وهل على الأرض دابة تجهله! إنه والله ممن اتخذه الله تعالى ولياً وأنزل محبته في قلوب العباد فلا يكرهه إلا كافر أو منافق

« Je suis allé, avec un des Abdal, jusqu’à la montagne Qaf. Nous passâmes près d’un long serpent et le Badal me dit : « salue le car il te rendra le salam ». Nous le saluâmes et il nous répondit : « vous êtes de quel pays ? » Nous dîmes : « Nous sommes de Bougie (Bijayah) ». Il dit : « comment fait Abu Madyan avec ses habitants ? » Nous dîmes : « Ils le taxent d’être un hérétique (zindiq) ». Il dit alors : « Comment est étonnant le fils d’Adam, par Allah ! Par Allah, je ne pensais pas qu’Allah puisse prendre un de ses serviteurs comme wali et que les gens le détestassent ! » Nous lui dîmes : « Qui t’as informé de lui ? » Il dit : « Ya subhanAllah ! Y a-t-il sur terre une seule bête qui ne le connaisse pas ? Il est, par Allah, de ceux qu’Allah a pris comme waliy et a fait descendre son amour dans le cœur des serviteurs. Ne le déteste qu’un mécréant ou un hypocrite » ».

Si tu vois que le chaykh de nos chuyukh, notre maître Abu Madyan Shu’ayb lui-même fut déclaré mécréant par les gens de son époque, que t’étonne le fait que sidi Muhammad Fawzi al Karkariy subisse le même sort de la part des gens des ténèbres ? Les gens qui ont étendu leurs langues envers les prophètes sont devenus, avec la fin de la prophétie, ceux qui l’étendent contre les awliya. Notre maître le chaykh Ahmed at Tijaniy a dit :

الاعراض عن ولي الوقت كالاعراض عن نبي الوقت

« Celui qui méconnaît le wali de son époque est pareil à celui qui méconnaît le prophète de son époque ».

Prends donc garde à toi et sois certain des choses que tu dis contre quelqu’un dont les preuves de la wilayah sont établies par le coran et la sunnah ! Et si tu étends ta langue vers le takfir, sache donc que tu ne le fais qu’à ton détriment. En effet, le messager d’Allah ﷺ a dit :

من قال لأخيه يا كافر ، فقد باء بها أحدهما

« Quiconque dit à son frère « O toi le mécréant », l’un des deux aura mérité ce qualificatif »

Il dit aussi :

ثلاثة من أصول الإيمان : الكفّ عمن قال لا إله إلا الله، ولا نكفّر مسلمًا بذنب

 « Trois font partie de la base de la foi : s’abstenir de quiconque dit : « point de dieu qu’Allah » et nous ne faisons pas le takfir du musulman pour un péché »

Or, peut-être ne le sais-tu pas, nombre de savants ont pris ce hadith à la lettre et ont statué que celui qui déclare le takfir d’un musulman tout en sachant qu’il déclare la véridicité de l’attestation de foi devient lui-même mécréant. Ainsi, al Ghazaliy a dit :

وأما قول رسول الله صلى الله عليه وسلم ” إذا قذف أحد المسلمين صاحبة بالكفر فقد باء به أحدهما ” معناه أن يكفّره مع معرفته بحاله ، فمن عرف مَنْ غيرَهُ أنه مصدق لرسول الله صلى الله عليه وسلم ، ثم يكفّره فيكون المكفِّرُ كافراً

« Quant à sa parole : « quand un musulman diffame un autre en l’accusant de mécréance, l’un des deux a certes mérité ce qualificatif ». Son sens est qu’il le déclare mécréant en sachant son état. Quiconque sait d’un autre qu’il affirme la vérité du messager d’Allah ﷺ et l’accuse ensuite de mécréance, l’accusateur devient lui-même mécréant ».

De même, dans Rawdah at talibin :

قال المتولي : ولو قال المسلم : يا كافر بلا تأويل ، كفر ; لأنه سمى الإسلام كفرا

Al Mutawala a dit : « si un musulmans dit « O toi le mécréant » sans aucune interprétation, il devient mécréant pour avoir désigné l’Islam comme de la mécréance. »

Or, sache donc que je suis karkari et tu m’as directement accusé d’être un sorcier et un mécréant. Cependant j’atteste qu’il n’y a point de dieu qu’Allah, Unique sans associé dans son Mulk, dans son Malakut et dans son Jabarut. Et j’atteste qu’Il a envoyé son prophète Muhammad ﷺ comme parangon et meilleur de ses créatures, pour les sortir des ténèbres de l’association et du nafs vers la Lumière du Tawhid et de la Ma’rifah. J’en atteste ainsi et qu’Allah juge entre nous deux sur qui ton accusation de mécréance sera vraie !

Car effectivement, tu es tombé tout seul dans un piège qu’Allah t’a tendu pour montrer l’état de ton cœur. Pourquoi t’es-tu empressé de déclarer le takfir de personnes que jamais de ta vie tu n’as vues ? Al Ghazaliy a pourtant dit :

أما الوصية: فان تكف لسانك عن أهل القبلة ما أمكنك، ماداموا قائلين لا إله إلا الله، محمد رسول الله، غير مناقضين لها.

والمناقضة تجويزهم الكذب على رسول الله صلى الله عليه وسلم بعذر، أو غير عذر، فإن التكفير فيه خطر.والسكوت لا خطر فيه

« Mon conseil est que tu t’abstiennes de déclarer la mécréance des gens de la qiblah autant que tu peux tant qu’ils disent « point de dieu qu’Allah, Muhammad est le messager d’Allah » sans faire un acte qui l’annule. L’annulatif est tout simplement le fait qu’ils rendent possible le mensonge à propos du messager d’Allah ﷺ, avec ou sans excuse. Le takfir comporte un danger alors que le silence n’en comporte pas ».

Ceci est certes le conseil avisé qui est donné à toute personne. Mais ce conseil l’est encore plus si ceux à qui tu t’adresses ont la double sacralité de l’Islam et de l’appartenance à la famille du prophète ﷺ, à savoir les ahlul bayt ! Le minimum du respect pour les gens de Ahlul Bayt est de ne point attenter à leur honneur. Et s’il se trouve qu’ils ont commis une quelconque faute, la démarche à suivre est de les conseiller dans l’intimité par déférence envers leur ancêtre, tel que l’ont expliqué les savants.

Mais on ne saurait atteindre une telle attitude d’un vandale comme toi. Tu attentes à l’honneur des musulmans sans vergogne, que peux te faire l’insulte envers les ahlul bayt ? Or, la sunnah est claire sur la sacralité qu’Allah leur a donnée. Dans le hadith :

عن أبي سعيد الخدري عن النبي صلى الله عليه وسلم قال إني أوشك أن أدعى فأجيب وإني تارك فيكم الثقلين كتاب الله عز وجل وعترتي كتاب الله حبل ممدود من السماء إلى الأرض وعترتي أهل بيتي وإن اللطيف الخبير أخبرني أنهما لن يفترقا حتى يردا علي الحوض فانظروني بم تخلفوني فيهما

Selon Abu Sa’id al Khudriy : le messager d’Allah a dit : « Je suis sur le point d’être rappelé et je vais répondre ( à mon Seigneur ). Je laisse parmi vous deux choses lourdes : le livre d’Allah ainsi que ma descendance, les ahlul bayt. Certains, le Doux et Bien-informé m’a informé. Ils ne se sépareront pas jusqu’à être renvoyés au Bassin. Regardez donc comment vous allez me succéder auprès des deux !

De même, dans un hadith comportant un rapporteur faible :

عَنْ أَبِي سَعِيدٍ الْخُدْرِيِّ ، قَالَ : قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ :  » إِنَّ لِلَّهِ حُرُمَاتٍ ثَلاثًا ، مَنْ حَفِظَهُنَّ حَفِظَ اللَّهُ لَهُ أَمْرَ دِينِهِ وَدُنْيَاهُ ، وَمَنْ لَمْ يَحْفَظْهُنَّ ، لَمْ يَحْفَظِ اللَّهُ لَهُ شَيْئًا : حُرْمَةُ الإِسْلامِ ، وَحُرْمَتِي ، وَحُرْمَةُ رَحِمِي

selon Abu Sa’id : le messager d’Allah ﷺ a dit : « Allah a trois choses sacrées. Celui qui les préserve, Allah le préservera dans sa religion ainsi que ses affaires terrestres. Et celui qui n’y prête pas attention, Allah ne le préservera en rien : la sacralité de l’Islam, ma sacralité et la sacralité de ma parenté

Or, tu n’ignores point que nombre des gens de cette tariqa sont de ahlul bayt. En plus d’avoir la noblesse par l’ascendance prophétique, ils ont aussi la noblesse de la wilayah, leurs ancêtres étant des awliya d’entre les mains desquelles sont sortis des fondateurs de tariqa ! Pourquoi n’as-tu pas retenu ta langue ? Il ne te suffit pas d’insulter un waliy, tu insultes de même des membres de ahlul bayt ?

Sache donc que le simple fait que notre chaykh sidi Muhammad Fawziy al Karkariy soit descendant d’un wali te donne une indication de la préservation d’Allah sur sa personne des mauvais penchants du nafs. En effet, dans al bahr al madid :

{ وكان أبوهما صالحًا } ، فيه تنبيه على أن سَعْيَهُ في ذلك كان لصلاح أبيهما، وفيه دليل على أن الله تعالى يحفظ أولياءه في ذريتهم، قيل: كان بينهما وبين الأب الذي حُفظا به سبعة أجداد. قال محمد بن المنكدر: (إن الله تعالى ليحفظ بالرجل الصالح ولده وولد ولده، ومَسربته التي هو فيها، والدويرات التي حولها، فلا يزالون في حفظ الله وستره). وكان سعيد بن المسيب يقول لولده: إني لأزيد في صلاتي من أجلك، رجاء أن أُحْفَظَ فيك

« [et leur père était pieux] s’y trouve la remarque que son action dans cette affaire (Al Khidr) était en considération avec la piété de leur père. S’y trouve la preuve qu’Allah préserve les awliya dans leur descendance. Il a été dit : il y avait entre eux deux et le l’ancêtre pour qui ils ont été préservés sept générations. Muhammad ibn al Munkadir a dit : « Allah certes préserve par le biais d’un homme pieux son enfant ainsi que l’enfant de son enfant de même que le lieu où il habite, ainsi que les familles étant autour de lui. Allah ne cesse d’être dans leur préservation et leur protection ». Sa’id ibn al Musayyab disait à son enfant : « j’augmente ma piété pour toi, en espérant qu’Allah te protège pour cela » ».

Or, tu sauras que notre chaykh est le petit-fils d’un waliy reconnu, muqadamm du chaykh Ahmed ibn Mustafa al ‘Alawiy. Il s’agit du qutb, du khatm, le chaykh Muhammad al Tahir al karkariy. Son statut dans la voie du Tassawuf n’a besoin que d’un seul témoignage et le voici : durant les dernières années de sa vie, le chaykh al ‘Alawiy, malade, lui avait confié la direction spirituelle des disciples ! C’était donc lui qui avait la charge de faire entrer les amoureux dans la khulwah pour leur faire connaître Allah ! Ceci suffit certes comme preuve et cette mention, tu la trouveras dans le livre du chaykh ‘Addah ibn Tounis, al Rawdah al saniyyah.

Cette ascendance aurait suffi, mais rajoute y la mention du pieux d’Allah, le noble Muhammad al Fardiy, père du chaykh précédemment cité. Différemment de toi, cet homme ne sortait de sa langue que la vérité. Par cette véracité, Allah lui donna nombre de prodiges dont l’invocation indubitablement exaucée.

Rajoute à cela le chaykh accompli, l’unique en son temps et au-delà, le chaykh Muhammad ibn ‘Abdil Qadir al Wakiliy, al Karkariy, surnommé ibn Qaddur. Son tombeau se trouve sur la montagne Karkar, d’où son nom, ainsi que celle de sa descendance. Regarde donc Ben Aissa, voici l’origine du nom dont tu te moquais ! Regarde donc et prétends n’avoir pas honte de la récolte de ta langue ! Quand tous les gens le considérèrent comme un sorcier, quand il fut persécuté par la famille et les anciens disciples de son chaykh Mulay Bacha, c’est sur la montagne de Karkar, alors inhabitée, que le chaykh trouva refuge pour se consacrer à l’adoration d’Allah. Il vivait dans les grottes, ainsi qu’une poignée de disciples, mangeant des feuilles d’arbres et jeûnant le reste du temps, comme l’a rapporté le chaykh Muhammad ibn Habib al Buzidiy. C’est dans cette pauvreté extrême et dans cet isolement qu’il formera des hommes d’Allah qui à leur tour abreuveront les assoiffés dans différentes voies, comme la Boutchichiyyah, la Hibriyah, la Darqawiyah Qadduriyyah ou même, la plus connue, la ‘Alawiyyah !

Or, comment prétends-tu qu’avec une telle ascendance Allah fasse tomber un homme dans la mécréance alors qu’il ne fait que suivre leurs pas ?

وَالَّذِينَ آمَنُوا وَاتَّبَعَتْهُمْ ذُرِّيَّتُهُم بِإِيمَانٍ أَلْحَقْنَا بِهِمْ ذُرِّيَّتَهُمْ

« Ceux qui ont cru et dont les descendants les ont suivis dans la foi, nous les réunirons avec leurs descendants. »

Ton insolence n’a d’égal en réalité que ton ignorance. S’il restait en toi une once de science, tu saurais le châtiment qui serait le tien si la loi d’Allah était appliquée encore sur cette terre. Le chaykh Dardir a dit:

( و ) شدد عليه أيضا ( في ) نسبة شيء ( قبيح ) من قول أو فعل ( لأحد ذريته عليه السلام ) ( مع العلم به ) وذريته عليه السلام انحصرت في أولاد فاطمة الزهراء وأما آل البيت من غيرها مع العلم بهم فالظاهر أنه كذلك

« Et on châtiera durement celui qui profère une insulte, par la parole ou le geste, à un des descendants du prophète, en connaissance de cause. Ses descendants sont les enfants de sayyida Fatima az zahra’. Et quant aux autres membres de ahlul bayt, l’avis solide est qu’on aura le même traitement pour celui qui les insulte »

Dans al mi’yar al mu’rib :

في رجل سب شريفا و شهه عليه جماعة جلهم احداث و كان ذلك ف اول ولاية سيدي عيسي الغبرينيي رحمه الله و قيد و بقي زمانا نحو سنة فاجتمع الفقهاء عنده فوقع في قضيته انه يجتهد في ادبه فسجنه سنة و ضربه مائة سوط و ارسله

« à propos d’un homme qui avait insulté un sharif . Tout un groupe avait témoigné de cela, dont la majorité était… C’était au début de la judicature de sidi ‘Isa al Ghubriniy. Il fut détenu et resta ainsi à peu près une année. Les fuqaha se réunirent et ils jugèrent qu’on devrait le corriger sévèrement. On l’emprisonna une année et lui appliqua cent coups de fouet avant de le laisser partir »

De même, l’imam mujtahid Muhammad ibn ‘Arafah fut interrogé sur une personne ayant insulté un sharif et s’étant exilé une année pour échapper à la peine. Il revint cependant. Le chaykh ibn ‘Arafah répondit :

ذلك النفي يقوم مقام السجن و يجتهد فيه القاضي.

فاخرجه القاضي في سقيف دار السلطان و ضربه مائة سوط شديدة. قال القاضي بعد ان كنت عزمت علي ضربه مائتين فرايت من ايلام الضرب ما اقتصرت فيه علي المائة و ارسله

« Cet exil d’une année tient lieu de peine de prison. Cependant, le juge devra le corriger sévèrement ». En effet, le juge le sortit sur le toit du siège du tribunal et lui administra cent coups de fouet bien appliqués. Le juge dit : « j’avais décidé de lui administrer deux cents coups. Mais j’ai vu la douleur qu’il ressent et je me suis arrêté à cent » et il le laissa partir. »

Ceci est donc le châtiment qui te serait appliqué pour, à jamais, te dissuader d’insulter un quelconque parmi les descendants du prophète ﷺ. Mais sache que cette insulte que tu as proférée ouvre pour toi la porte d’un autre crime, qui est autant puni par la shari’ah. Dans les sunan de at Tirmidhiy :

وعن ابن عباس عن النبي صلى الله عليه وسلم قال : إذا قال الرجل للرجل : يا يهودي فاضربوه عشرين ، وإذا قال : يا مخنث فاضربوه عشرين ، ومن وقع على ذات محرم فاقتلوه

Selon ibn ‘Abbas, le prophète ﷺ a dit : « quand un homme dit à un autre : « o toi le juif », donnez lui vingt coups. S’il dit : « O toi l’efféminé», donnez lui vingt coups. Et quiconque commet la fornication avec une personne interdite, tue le !

Ceci n’est qu’une indication car la peine pour celui qui insulte un musulman comme étant un grand pécheur recevra une peine dépendant de l’ijtihad. Dans kafaf al mubtadiy :

و ليس للتعزير حدّ لا و لا… نوع لكن عن الادهم اعدلا

اُّدب من الي اخيه نسبا… ما ليس فيه حاضرا او غائبا

La peine discrétionnaire n’a point de limite ni
de sorte mais elle doit être juste selon les limites

Sera corrigé celui qui impute à son frère
ce qu’il n’a pas fait, qu’il soit présent ou absent.

Dans al Durar, le chaykh Bahram a dit :

]او يا فاسق يا فاجر[ اي أُدب قائل هذه الالفاظ لغيره

« O toi le pervers » « O toi le prévaricateur », c’est-à-dire celui qui tient de telles paroles envers quelqu’un sera corrigé »

Que dire donc de celui qui traite d’autres musulmans de mécréants ?

Dans mawwahibb al jalil :

من تكلم في احد بما لا يمكن فيه و لم يأت ببينة و كل من آذي مسلما بلفظ يضره و يقصد به اذاه فعليه في ذلك الادب البالغ الرادع له. لمثله يقنع رأسه بالسوط او يضرب ظهره بالدرة و ذلك علي قدر قائل و سفاهته و قدر المقول فيه

« Quiconque impute à quelqu’un une chose impossible à son égard sans ramener de preuve, quiconque nuit à un musulman par une parole qui le touche et vise par cela à lui nuire, devra recevoir une correction sévère et qui dissuadera de recommencer. Comme par exemple, on lui couvrira la tête de coups de fouet ou on lui frappera le dos avec un bâton, et tout cela en rapport avec l’accusateur, sa divagation et la teneur de ses paroles. »

Or donc, après les coups de fouet de la science que l’on te porte, la shari’ah impose de te donner des coups de fouet dans le dos pour que tu gardes ta langue. Vas-tu donc te taire ?

Cela aurait peut-être valu mieux pour toi, car ta dernière divagation pourrait avoir des conséquences néfastes pour toi dans l’au-delà.