بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Définition dans la langue arabe
« Dhât ul-chay’ » (l’essence d’une chose) désigne la chose en elle-même.
Selon la définition du dictionnaire arabe al-Mu’jam al-‘Arabiy al-Assâssiy : al-dhat ; réalité de ce qui existe ainsi que de ses composants, contrairement aux accidents qui entrent en existence.
Définition au sein de la Tariqa Karkariya
Al-dhât désigne ce qui est nommé, source de toute chose, qui subsiste par Lui-même, qui ne peut être appréhendé d’aucune manière qui soit, Lui qui ne peut ni être décrit ni par ce qui est néant, ni par ce qui existe. Al-dhât est l’inconnu de l’inconnu, le cœur de ce qui est caché, la raison de l’apparition et de la manifestation des Noms, des Attributs et des éléments de description du divin, manifestations fondées sur des choses en elle-même inexistantes.
« L’Essence divine relève de ce qui est inconnu (ghayb) à propos de l’Unique et dont tous les mots pour en parler sont effectifs d’un certain point de vue mais incomplets selon plusieurs autres. On ne peut la concevoir au travers de la compréhension de mots ou d’expressions et elle ne peut être appréhendée par des signes spécifiques, ceci parce qu’une chose en elle-même ne peut être comprise qu’au travers d’une autre chose, soit similaire, soit contraire… Or il n’est aucune chose dans l’existence qui soit similaire ou contraire à Son Essence. » (Sheykh AbdelKarîm al-Jîliy – Al-Insân ul-Kâmil fi ma’rifati l-Awâkhir wa l-Awâ`il).
La compréhension, la conception et la connaissance d’une chose inconnue ne sont donc accessibles qu’au travers de la comparaison : soit à ce qui est similaire, soit à ce qui est contraire. Or il se trouve qu’en ce qui concerne l’Essence divine, rien de ce qui lui serait similaire ou contraire n’Existe… Par conséquent de deux choses l’une :
La reconnaissance de son incapacité à accéder à la Compréhension est la Compréhension même, et il fut dit en ce sens sous forme de vers :
La reconnaissance de son incapacité à accéder à la Compréhension est la Compréhension même
Et la recherche du Secret de l’Essence du Secret constitue de associationnisme (shirk)
Dans les secrets des aspirations spirituelles humaines se trouvent des aspirations
que ni les djinn ni les anges ne peuvent cerner
Il n’est de véritable Être Existant si ce n’est Allâh Lui-même, et en ce sens Mawlay ‘Abdessalâm ibn Machîch dit un jour à Mawlay Abou al-Hassan al-Shâdhiliy (qu’Allâh soit satisfait d’eux) : « O Abou l-Hassan, affute la vision de la foi et tu verras Allâh en toute chose, auprès de toute chose, avec toute chose, avant toute chose, après toute chose, au-dessus de toute chose, en dessous de toute chose, proche de toute chose et englobant toute chose; d’une proximité qu’Il a Lui-même décrite. Quant à Son Omniprésence englobante, il s’agit d’une qualification qui Lui sied et qui Lui est propre, exempt d’extrémités et de limites, exempt de lieu et de direction, sans que Sa compagnie et Sa proximité ne soient question de distance, et sans que Son Omniprésence n’encercle les créatures… Et efface toute chose par Sa propre description de Lui-même : Il est Al-Awwal (le Premier) et Al-Akhir (le Dernier), Il est Al-Dhâhir (l’Apparent) et Al-Bâtin (le Dernier), huwa huwa huwa… Allâh était et rien n’était avec Lui, et Il est aujourd’hui tel qu’Il a toujours été »
Et l’Imâm al-Jîliy (qaddas Allâhu sirrahu) dit dans l’un de ses poèmes:
L’œil ne peut Le percevoir, ni les limites Le délimiter
pas plus que ne peut Le concevoir la description de celui qui jouit de Sa Proximité
Ses expressions se sont fatiguées et ses signes se sont perdus
son corps s’est effondré, celui dans le cœur duquel le divin S’est manifesté
Une élévation sans espace, un esprit sans ange
un Roi dans le royaume de qui les Lois sont appliquées à la lettre
Un oeil sans vue, une science sans information
une action sans conséquence, ses enseignements ont disparu…
Une Essence absolue, une description singulière
c’est à dire listée, que l’Auteur fait lire scrupuleusement
La pureté de l’existence Lui appartient, et l’immaculé Le comprend
Connaît et à la fois ignore, celui qui s’éveille de son sommeil
Si tu prétends Le Connaître, tu ne Lui reconnais pas Son droit
et si tu Le renies, tu es celui qui Le Connaît par excellence
Mon Secret est Son Lui, quant à mon esprit je l’ai abandonné
mon cœur est Son siège, mon corps Son serviteur
Certes, je Le Connais et en même temps j’ignore qui Il est
et toute personne ayant atteint Sa Connaissance n’a fait en réalité que la perdre
Deux opposés qui furent réunis, et en même temps désunis
une Source qui, lorsque l’eau en jaillit, agite violemment les rivage
Source : Les fondements de la Tariqa Karkariya, Shaykh Mohamed Faouzi Al Karkari, éditions Les 7 Lectures.