بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Siyaha Lille-Avignon &
9 conversions.
Lors de leur dernier séjour à la zawiya au Maroc, sidi Mohamed, sidi Mourad et sidi ‘Ali Issa ont formé le projet de réaliser à trois, tel le triangle de la basmala, une siyaha en France. Le choix de l’itinéraire s’est porté, en raison de sa très forte charge symbolique, sur la Vallée du Rhône, et plus précisément l’itinéraire de Valence-Avignon, en longeant le lit du fleuve du Rhône dans l’axe Nord-Sud. Dans son fameux ouvrage « Le Tabernacle des Lumières », l’imam Ghazali décrit le cœur comme la vallée des connaissances au milieu de laquelle s’écoule l’eau de la connaissance ésotérique que symbolise le fleuve du Rhône qui sépare verticalement le cœur en deux selon la forme du Alif au centre duquel notre Shaykh, sidi Mohamed Faouzi Al-Karkari; place la Lumière lors de la prise de la bay’a (l’engagement).
Cette siyaha à proprement parlé symbolise quant à elle le cheminement du mourid vers son Seigneur exalté soit-Il, le dépouillement matériel et l’agonie progressive de la nafs (égo), nécessaire à l’atteinte de son but ultime : sa réalisation et son extinction (fana) totale en Allâh. De nombreux signes viendront éclairer le chemin tout au long de ce périple.
LE PARCOURS
Sidi ‘Ali Issa a rédigé un résumé pour chaque jour de la pérégrination.
Nous (Sidi Mohamed et Sidi Ali Issa) sommes arrivés à Valence, il est 13h00, Après une rapide promenade en ville, Sidi Mourad nous rejoint à 14h30. Nous prenons la direction du Parc Jouvet où nous réalisons quelques photographies de l’endroit puis nous traversons le Pont Frédéric Mistral sous les violentes bourrasques de Mistral et atteignons la rive droite du Rhône, Notre Siyaha peut enfin commencer.Nous longeons les pistes bordant le Rhône entre le massif des plateaux d’ardèche et les contreforts des Alpes. Nous y croiserons le cadavre d’un serpent (une couleuvre, un signe de l’agonie de notre nâfs peut-être) et arrivons au niveau du barrage de Charmes ou nous camperons quelques centaines de mètres plus loin en aval, sous la pluie.
Notre première nuit sous la tente a été pour le moins arrosée et nous continuons notre périple le long de la rive droite du Rhône. Nous faisons halte pour le déjeuner dans la ville de la Voulte-sur-Rhône et empruntons le viaduc qui enjambe le Rhône pour suivre la rive gauche où nous traversons la réserve naturelle de Printegarde. Nous distinguons à notre droite l’imposant et inquiétant massif du Vercors, paré de teintes sombres. Le soleil sera au rendez-vous toute la journée, avec quelques passges nuageux néanmoins, dans un magnifique cadre verdoyant. Nous faisons halte au niveau de la commune du Pouzin sur la rive gauche du Rhône, au bord du contre canal en contrebas des digues de protection contre les crues.Le site est particulièrement agréable, en pleine nature, éloigné de toute trace de civilisation, de toute pollution sonore, olfactive ou visuelle. Le ciel, entièrement dégagé, nous offre le spectacle d’une immense voûte céleste constellée d’étoiles plus brillantes les unes que les autres sous laquelle nous rendons nos obligations à notre Seigneur Allah exalté soit-il.
Enfin, nous nous autorisons un feu de camp et un repas chaud, la récompense des efforts de la journée mais aussi des munitions pour les journées à venir.
Nous reprenons notre chemin après le café en direction de Montélimar. Nous quittons les bords du Rhône au niveau de la centrale hydroélectrique de Baix/Le-Logisneuf pour longer la mythique Nationale 7 (ancêtre de l’autoroute A7), la « Route du Soleil ». Avant d’entrer dans Montélimar, une automlobiliste nous indique que notre « quatrième » compagnon nous suit… Pour mémoire, nous ne sommes que trois à participer à cette Siyaha, comprenne qui pourra. Mais seul Allah est plus savant. Nous atteignons enfin Montelimar, capitale du Nougat, en fin d’après-midi et après un réapprovisionnement nous traversons la Vieille Ville et décidons de poser notre campement dans un sous-bois proche des rives du fleuve non sans avoir aperçu avant la nuit la marque de sayiduna Ali dans le ciel sous la forme d’un nuage dessinant très distinctement son nom en lettres arabes.
Le lendemain matin, nous quittons Montélimar en direction de Viviers en empruntant la Via Rhôna, une piste piétonne et cycliste spécialement aménagée, pour rejoindre notre première étape de la journée, Viviers, capitale du Vivarais dans la partie Sud de l’Ardèche en empruntant le magnifique Viaduc surplombant le Rhône. Puis après une halte restauratrice et réparatrice, nous voilà au Bourg-Saint-Andéol.
Notre périple du jour a pour destination la Ville de Pont-Saint-Esprit que nous rejoignons en empruntant cette fois-ci pour partie la Via Rhôna, et pour partie, la route départementale jusqu’au’à l’ancien pont érigé en 1265 qui enjambe le Rhône pour rejoindre cette charmante petite bourgade médiévale située sur la rive droite du fleuve. Toujours dans une démarche symbolique, nous réalisons la prière sur le Pont au milieu du lit du Rhône. Pour les férus de symbolique, la visite des monuments religieux de cette ville laisse découvrir de nombreux symboles chrétiens ésotériques pour qui sait observer.
Après une nuit réparatrice passée sur la rive droite du Rhône, et grâce à l’hospitalité des riverains qui ont eu l’extrême gentillesse de nous approvisionner en eau, nous prenons la direction d’Avignon, dernière étape de notre itinéraire, que nous atteignons dans l’après-midi. Dès notre arrivée, nous sentons les effets de la fatigue des précédents jours de marche et nous nous hâtons de trouver un campement pour la soirée. Cette dernière étape se révèlera riche en rencontres et en évènements…
Notre siyaha s’est maintenant achevée avec notre arrivée à Avignon la veille. Avant de reprendre le chemin de nos foyers respectifs dans la soirée, nous décidons de consacrer notre journée à la daawa au gré de notre visite de cette très jolie ville historique et spirituelle, ancienne capitale des Papes installés ici dans le palais érigé par Philippe le Bel, Roi de France, et dont les jardins dominent la vallée du Rhône et le pays avignonais. Un groupe de touristes notamment nous félicite pour la Lumière que nous apportons sur la place du Palais des Papes. Enfin, nous croisons un jeune bénévole humanitaire qui formule le souhait de prononcer la chahada et choisit pour prénom Badr. Plusieurs autres suivront jusqu’à notre départ.
En conclusion, nous espérons que notre aventure vous aura aussi donné l’envie d’expérimenter ce merveilleux moyen de cheminement et de rapprochement vers notre Seigneur qu’est la siyaha.
Si nous devions vous donner quelques conseils, ne vous encombrez pas du superflu, choisissez une bonne paire de chaussures de marche et si possible une paire de khouffains (un excellent moyen d’éviter les ampoules) et un bon bâton (Alif) de marche. Et par dessus tout, remettez-vous en à votre Seigneur, Allah exalté soit-il. Pour notre part, nous ne manquerons pas de vous relater la suite de notre aventure, qui devrait reprendre au point où elle s’est arrêtée, vers d’autres destinations plus au Sud encore, Insha Allah…
LES SIGNES DU SEIGNEUR
La siyaha est un acte d’adoration particulier, unique, où le disciple s’en remet progressivement à son Seigneur de manière complète, jusqu’à se passer de toute cause, n’acceptant ainsi uniquement le secours d’Allâh exalté soit-Il, à l’image de saiyduna Ibrahim (‘alayhi salam) lorsqu’il fût jeté dans le feu. Tel un dialogue permanent avec son Créateur, le disciple prend tout ce qu’il voit et entend (paroles, actions, …) comme un signe d’Allâh exalté soit-Il.
Dès les premier jour les fuqaras croisent un serpent mort sur la route, manifestation de l’agonie de la nafs, le but même de cette pérégrination. Les jours suivant les fuqaras observeront d’autres bêtes mortes sur le chemin (un putois, un chat), manifestant pour chacune d’entre elles un degré de la nafs.
Notre Shaykh, sidi Mohamed Faouzi Al-Karkari (qu’Allâh sanctifie son secret) nous dit souvent que les Saints du passé ont toujours assimilé les animaux à un degré de la nafs (notamment sidi Abdelqadir al Jilaniy qu’Allâh l’agrée). Ainsi un animal domestique évoque que la nafs du cheminant est dans un processus d’éducation et à l’inverse, l’animal sauvage indique une nafs qui se rebelle.
Quand les signes ne proviennent pas de la faune, ils proviennent de la nature et sa flore avec l’apparition du nom « Mohamed » ﷺ et « ‘Ali » (qu’Allâh l’agrée) en arabe de manière claire dans le ciel ou encore le mot « Lahu » apparaissant sur les arbres, la verdure et sur une pierre qu’ils ont pu récupérer. « Lahu » du verset « à Lui appartient la souveraineté des cieux et de la terre » [S57V2].
Et enfin il reste un signe majeur qui mérite d’être mentionné et partagé : alors que les fuqaras discutent avec des agents de police, une femme en voiture s’arrête à leur niveau pour les prévenir que leur 4ème compagnon était plus loin derrière, vêtu du même habit (c’est-à-dire une muraqa’a). Les fuqaras ont rétorqué qu’ils n’étaient que 3 et qu’il s’agissait éventuellement de sidi Mourad qui avait prit un peu de retard. La dame insista et avait la certitude qu’un 4ème, vêtu du même habit se trouvait derrière eux et qu’il fallait attendre.
Le groupe n’a pas eu le réflexe de demander une description physique, reprenant la route surpris et étonnés. Néanmoins nous savons que dans le Coran, le 4ème des 3 est un chien comme cela est mentionné dans la sourate al-Kahf (la Caverne).
CONVERSION À L’ISLAM
À leur arrivée sur Avignon, et en attendant le transport pour le retour, les fuqaras sont interpelés par des touristes et des avignonnais qui, intrigués par le vêtement rapiécé, se mettent à poser des questions. Louange à Allâh, ces discussions ont mené 9 personnes à la prononciation de la chahada (profession de foi).
Parmi eux, Loïc, 21 ans, bénévole dans l’humanitaire, fût très admiratif du vêtement rapiécé, des explications données concernant la Lumière Mohammadienne ainsi que de cette pérégrination. Les disciples de la Tariqa lui ont proposé d’embrasser notre belle religion ce que Loïc accepta et il prononça la chahada à 3 reprises. A sa demande, il lui fût proposé un prénom, celui de « Mohamed », qu’il refusa par gêne et peur de déshonorer ce prénom béni de notre Prophète ﷺ. Il accepta néanmoins le prénom « Badr » après avoir entendu le sens qui y est lié, à savoir la bataille de Badr et bien sûr la pleine lune, symbole de la vision spirituelle dans la voie Karkariya.
Par ailleurs, sidi Badr ouvra la porte de l’islam à 4 de ses amis (aussi bénévoles dans l’humanitaire), qui prononcèrent à leurs tours la chahada. On notera également la conversion de notre désormais frère allemand, Fritz qui, après quelques questions sur l’existence, franchit le pas vers l’Islam.
Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, le trio proposa à chaque échange avec un non-musulman de prononcer la chahada, que personne, gloire à Allâh Le Très-Haut, ne refusa.
Finalement, 9 personnes entreront en Islam ce vendredi 27 et samedi 28 mai 2016, derniers jours de la siyaha.
